QUI EST VRAIMENT ANGELA MERKEL? - La Tribune
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18<br />
LE GRAND<br />
CHANTIER<br />
TERRITOIRES / FRANCE<br />
LA TRIBUNE VENDREDI 17 MAI 2013<br />
Les pépinières d’entreprises spécialisées se multiplient, en plein centre de l’agglomération strasbourgeoise,<br />
au bénéfice d’inventeurs d’équipements médicaux et des sciences de la vie. <strong>La</strong> collectivité investit aux côtés<br />
des industriels pour s’inscrire, au niveau mondial, parmi les pôles d’excellence.<br />
Strasbourg déroule le tapis rouge<br />
pour les start-up techmeds<br />
OLIVIER MIRGUET, À STRASBOURG<br />
Les chirurgiens sont<br />
invités à dîner dans<br />
l’Écurie royale ! Le<br />
chantier de réhabilitation<br />
des anciens haras<br />
de Strasbourg, ensemble patrimonial<br />
classé du XVIII e siècle, est en<br />
voie d’achèvement. Sur 8 000 m 2 ,<br />
dans cet écrin en pierres de taille<br />
et à portée de vue de la cathédrale,<br />
les inventeurs viendront dès le<br />
mois d’octobre développer des<br />
start-up « techmeds ».<br />
L’aile gauche du haras, un ancien<br />
manège équestre, sera aménagée<br />
en hôtel d’entreprises, un biocluster<br />
prévu pour accueillir une<br />
vingtaine de PME. Au centre, derrière<br />
une façade en pierres de<br />
taille, les praticiens franchiront<br />
un portail monumental pour se<br />
restaurer et se reposer dans un<br />
environnement luxueux, décoré<br />
de cuir sellier et de bois. En cuisine,<br />
le chef étoilé Marc Haeberlin<br />
animera une brasserie de<br />
160 places. Cinquante-cinq chambres<br />
d’un hôtel 4 étoiles accueilleront<br />
les chirurgiens de passage<br />
à Strasbourg, stagiaires de l’Institut<br />
de recherche contre les cancers<br />
de l’appareil digestif (Ircad).<br />
TRANSFORMER EN BUSINESS<br />
LES AC<strong>QUI</strong>S UNIVERSITAIRES<br />
Ce projet à 25 millions d’euros,<br />
financé par l’Ircad sur fonds privés<br />
et par endettement, doit beaucoup<br />
au soutien politique de la<br />
collectivité. « Grâce à cet institut,<br />
on a la chance d’être en avance<br />
dans la recherche médicale, reconnaît<br />
Roland Ries, sénateur et<br />
maire (PS) de Strasbourg. Il y a<br />
4 000 chirurgiens de haut niveau<br />
qui viennent chaque année se<br />
former aux techniques de chirurgie<br />
mini-invasive. Ces gens-là, on ne<br />
les fait pas dormir dans un deuxétoiles<br />
! »<br />
Craignant de voir l’Ircad se<br />
développer dans des filiales à<br />
Taïwan et à São Paulo, au détriment<br />
de Strasbourg, Roland Ries<br />
a écarté toutes les propositions<br />
concurrentes de réaectation des<br />
haras, à l’abandon depuis plus de<br />
dix ans.<br />
Des défenseurs du patrimoine se<br />
sont élevés contre cette privatisation.<br />
Des amateurs de chevaux et<br />
de poneys rêvaient de réintroduire<br />
des clubs d’équitation en<br />
Ces anciens haras, ensemble patrimonial classé du XVIII e siècle réaménagé en hôtel d’entreprises,<br />
accueilleront dès le mois d’octobre les chirurgiens de passage à Strasbourg, stagiaires de l’Institut<br />
de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad). [ DENU-PARADON ARCHITECTES]<br />
«Quand<br />
les créateurs<br />
ne sont pas<br />
accompagnés,<br />
ils peuvent<br />
être aspirés ailleurs.<br />
Il faut se battre<br />
pour les garder. »<br />
ROLAND RIES, SÉNATEUR<br />
ET MAIRE (PS) DE STRASBOURG<br />
centre-ville. L’Ircad, porteur d’un<br />
projet de développement économique<br />
en ligne avec les stratégies<br />
d’innovation des collectivités,<br />
proposait d’encaisser une partie<br />
des bénéfices de l’hôtel et du restaurant<br />
pour rembourser son<br />
emprunt. Banco : Roland Ries a<br />
accordé un bail emphytéotique de<br />
cinquante-deux ans à l’institut de<br />
recherche. « L’enjeu est d’assurer<br />
la traduction économique de ce<br />
développement universitaire largement<br />
reconnu, comme en témoigne<br />
le prix Nobel de médecine obtenu<br />
par Jules Hoffmann en 2011 »,<br />
explique le maire. Le chirurgien<br />
et fondateur de l’Ircad, Jacques<br />
Marescaux promet 150 emplois,<br />
dès l’ouverture en octobre.<br />
Fourni par les spécialistes allemands<br />
Karl Storz et Siemens en<br />
équipements hybrides pour des<br />
opérations robotisées mini-invasives<br />
et guidées par l’image, l’Ircad<br />
est devenue la référence mondiale<br />
dans les développements<br />
high-tech de la chirurgie laparoscopique,<br />
une spécialité née en<br />
France, déjà, en 1988. Jacques<br />
Marescaux veut faire éclore à<br />
Strasbourg des nuées de jeunes<br />
champions, comme Insimo, startup<br />
incubée à l’hôpital, porteuse<br />
d’un projet de simulation du corps<br />
humain en 3D, ou Protip, inventeur<br />
strasbourgeois d’un larynx<br />
artificiel en titane poreux.<br />
LES JEUNES POUSSES<br />
JOUXTERONT DES GÉANTS<br />
À quelques centaines de mètres<br />
des haras, sur le site de l’hôpital<br />
civil, le chirurgien-businessman<br />
porte depuis avril 2011 le projet<br />
de l’Institut hospitalo-universitaire<br />
(IHU) dédié à la chirurgie<br />
mini-invasive guidée par l’image.<br />
Ce bâtiment, une construction<br />
neuve sur 10 500 m 2 (26 millions<br />
d’euros de financements publics),<br />
sera prêt en 2015, doté par Karl<br />
Storz et Siemens de sept salles<br />
d’opération expérimentales. Un<br />
étage sera réservé à l’hébergement<br />
de trente autres start-up.<br />
« Les jeunes pousses vont se<br />
retrouver parmi des géants.<br />
Quand un projet est bon, il ne rencontre<br />
pas de problème de financement<br />
», estime Jacques Marescaux,<br />
écartant les critiques<br />
récurrentes sur la faiblesse des<br />
structures de capital-développement<br />
en Alsace.<br />
DES FONDS RÉGIONAUX<br />
CONSOLIDÉS<br />
Le volet financier de l’accompagnement<br />
des start-up biotech et<br />
médicales posait en eet un problème<br />
dans la région, malgré la<br />
labellisation en 2005 du pôle de<br />
compétitivité « Innovations thérapeutiques<br />
», devenu « Alsace<br />
Biovalley », et ses 2 000 emplois<br />
déjà créés. <strong>La</strong> Sodiv, société de<br />
diversification de l’ex-bassin<br />
potassique dans la périphérie de<br />
Mulhouse, et le fonds régional<br />
Alsace Création n’ont jamais<br />
investi massivement dans ce<br />
secteur jugé trop risqué.<br />
<strong>La</strong> création en 2011 de Conectus,<br />
structure de maturation et de<br />
valorisation au sein des universités,<br />
pose de nouvelles bases dans<br />
le financement de l’innovation.<br />
« <strong>La</strong> santé, dans nos opérations,<br />
représente les deux tiers des brevets,<br />
contrats et licences, calcule<br />
Nicolas Carboni, président de<br />
Conectus. <strong>La</strong> faille entre la<br />
recherche publique et l’entreprise<br />
va être comblée à la fin de 2013<br />
avec la restructuration et la consolidation<br />
de diérents fonds régionaux<br />
d’innovation, autour d’une<br />
structure de gestion dédiée. »<br />
Pour éviter l’embouteillage à la<br />
sortie des labos, la ville de Strasbourg<br />
participe à la création<br />
d’autres lieux d’accueil des startup.<br />
Le bâtiment pH8, un<br />
immeuble loué précédemment à<br />
l’École nationale d’administration,<br />
a été requalifié en pépinière<br />
d’entreprises, pour 1 million d’euros,<br />
divisé en cellules d’une vingtaine<br />
de mètres carrés occupées<br />
par des jeunes pousses techmed<br />
et des sociétés de recherche.<br />
Cet hiver, la communauté<br />
urbaine a négocié le rachat, pour<br />
18 millions d’euros, d’une friche<br />
médicale, sur trois hectares, dans<br />
l’enceinte des hôpitaux universitaires.<br />
En 2017, elle promet d’y<br />
construire un technoparc qui<br />
orira, à terme, 30 000 m 2 à des<br />
centres de recherche dans les<br />
technologies médicales.<br />
« Quand les créateurs ne sont<br />
pas accompagnés, ils peuvent être<br />
aspirés ailleurs. Le danger, c’est la<br />
fuite des cerveaux. Il faut se battre<br />
pour les garder », martèle Roland<br />
Ries.