QUI EST VRAIMENT ANGELA MERKEL? - La Tribune
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CITÉ VERTE<br />
LA TRIBUNE VENDREDI 17 MAI 2013<br />
UN SECTEUR EN QUÊTE<br />
DE VALORISATION<br />
ET DE RECONNAISSANCE<br />
Compétitivité Face à la concurrence<br />
européenne, les professionnels<br />
français se mobilisent pour revaloriser<br />
leur filière auprès des acteurs locaux.<br />
D<br />
errière les espaces<br />
verts, parcs et jardins<br />
de nos villes, il y a une<br />
filière professionnelle<br />
qui embrasse des métiers<br />
très divers. Horticulteurs, fleuristes,<br />
entrepreneurs du paysage,<br />
paysagistes-concepteurs, distributeurs<br />
forment un ensemble de<br />
50 000 entreprises qui assurent la<br />
production, l’agencement ou la<br />
vente de végétaux d’ornement.<br />
Ce sont les entreprises du paysage<br />
qui fournissent le plus gros<br />
contingent (26 500 sociétés), devant<br />
les fleuristes (14 840 magasins),<br />
les horticulteurs (5 050 entreprises),<br />
les jardineries et<br />
graineteries (1 790), auxquelles il<br />
faut ajouter 1 700 libres-services<br />
agricoles et 762 entreprises de<br />
commerce de gros. L’ensemble de<br />
la profession, regroupée au sein de<br />
Val’hor, réalise un chire d’aaires<br />
annuel de l’ordre de 11 milliards<br />
d’euros, dont les entreprises du<br />
paysage réalisent près de la moitié.<br />
Les dépenses des particuliers en<br />
végétaux d’ornement dépassent les<br />
3 milliards d’euros par an (19 millions<br />
de foyers en France possèdent<br />
un jardin ou une terrasse).<br />
DÉCRYPTAGE<br />
L’activité de la filière est surtout<br />
concentrée sur le marché français<br />
(6 % du chire d’aaires est réalisé<br />
à l’exportation) et celle des entreprises<br />
du paysage se déploie essentiellement<br />
au niveau local et régional<br />
(près de 70 % des ventes). Mais<br />
la problématique principale du<br />
secteur est celle de la concurrence<br />
étrangère. Sa balance commerciale<br />
est très déséquilibrée : 71 millions<br />
d’euros d’exportations de fleurs et<br />
plantes ornementales fraîches, pour<br />
881 millions d’importations…<br />
UNE DÉSASTREUSE COURSE<br />
AUX PRIX BAS<br />
Cette situation est l’une des fragilités<br />
de la profession, comme le<br />
souligne Dominique Douard, président<br />
de Val’hor (lire interview<br />
page 3). Elle est due au fait que les<br />
entreprises hollandaises et allemandes<br />
se sont organisées dans<br />
l’objectif de conquérir les marchés<br />
européens, et ont mis en place des<br />
organisations de production et de<br />
logistique qui leur permettent de<br />
pratiquer des prix très bas.<br />
Toute la profession est donc mobilisée<br />
pour inverser cette tendance.<br />
Le dernier bulletin de conjoncture<br />
« L’approche durable<br />
a tout changé »<br />
Lorsqu’en 2003, Olivier Véron devient formateur pour des apprentis<br />
en BTSA Aménagements paysagers à Hortithèque, le centre<br />
de formation horticole de Seine-Maritime, la gestion des eaux<br />
pluviales et le recyclage des déchets sont encore des terres<br />
– presque – inconnues dans l’enseignement. À l’époque, l’école est<br />
la seule à proposer cette pédagogie dans le nord-ouest de la France.<br />
« Depuis cinq ans, l’approche durable a tout changé, explique l’ancien<br />
paysagiste devenu formateur. Les paysagistes doivent appréhender<br />
cette dimension environnementale, que ce soient les toitures<br />
végétalisées ou les lotissements écologiques. Et nos élèves sont déjà<br />
sensibilisés au développement durable. » En septembre 2013, l’école<br />
changera d’ère en adoptant un nouveau référentiel de formation<br />
de l’enseignement technique pour l’aménagement paysager. Car<br />
l’avenir n’est plus seulement à la conception et à la création, mais<br />
surtout à la gestion et à l’entretien des paysages. &<br />
En France, les dépenses des particuliers en végétaux<br />
d’ornement dépassent les 3 milliards d’euros par an.<br />
établi par Val’hor pour le quatrième<br />
trimestre de 2012 indique la poursuite<br />
d’une croissance modérée<br />
pour la filière, même si le taux de<br />
« transformation » des devis tend à<br />
baisser dans les collectivités et chez<br />
les particuliers, de même que le prix<br />
moyen des opérations. D’où la nécessité<br />
de valoriser la filière auprès<br />
des collectivités locales. Une enquête<br />
réalisée dans le cadre de Cité<br />
Verte montre que 73,5 % des collectivités<br />
locales de plus de 5 000 habi-<br />
Olivier Véron, formateur<br />
en aménagement paysager.<br />
DR<br />
tants ont des projets de rénovation<br />
urbaine, 50,8 %, des projets d’écocité<br />
ou d’écoquartier, 30,6 % ont mis<br />
en place des plans de restauration<br />
et de valorisation de la nature en<br />
ville. Même si la mise en chantier<br />
de logements neufs est en baisse, le<br />
marché des collectivités reste dynamique,<br />
car pour les élus, la valorisation<br />
de la nature est un facteur<br />
d’amélioration des conditions de vie<br />
dans l’espace urbain, elle facilite le<br />
lien social. Autant de sujets auxquels<br />
ils sont très attentifs.<br />
Comment faire en sorte que la filière<br />
française du paysage soit<br />
mieux reconnue et valorisée par les<br />
décideurs locaux ? Val’hor a lancé<br />
depuis plusieurs années toute une<br />
Il y a urgence à<br />
récompenser la qualité<br />
des prestations des<br />
entreprises françaises.<br />
série d’actions de sensibilisation<br />
(les Victoires du paysage, le cercle<br />
Cité Verte, prix de la diversité végétale,<br />
participation aux finales internationales<br />
des Olympiades des<br />
métiers, lancement de la campagne<br />
et du slogan « Les végétaux, design<br />
par nature », participation à la Semaine<br />
du jardinage dans les écoles,<br />
création du Fonds d’initiative d’actions<br />
locales qui finance des opérations<br />
mettant en avant les métiers<br />
et les acteurs de la filière…). Mais il<br />
faut agir aussi sur les conditions<br />
d’accès aux marchés publics des<br />
collectivités, comme le souligne<br />
Michel Le Borgne, patron des pépinières<br />
Drappier, dans le Nord-Pasde-Calais.<br />
Dans son blog, <strong>La</strong> Voix<br />
des Racines, il rappelle que la pratique<br />
systématique du « moins-disant<br />
» dans les appels d’ores des<br />
collectivités produit un eet désastreux<br />
sur les producteurs français<br />
de plantes. Ces pratiques, écrit<br />
Michel Le Borgne, « éliminent petit<br />
à petit les fournisseurs sérieux qui ne<br />
veulent pas brader le travail de leurs<br />
salariés et maintenir la qualité de<br />
leurs prestations ». Et il poursuit :<br />
« Dans une filière comme celle du<br />
paysage, quelles sont les entreprises<br />
qui finissent par financerdouloureu-<br />
sement une part des<br />
investissements<br />
publics achetés en<br />
deçà du prix de revient<br />
? Ce sont les<br />
entreprises de production<br />
de plantes, les pépiniéristes<br />
et les horticulteurs, premiers maillons<br />
de la filière. »<br />
Il y a urgence à faire en sorte que<br />
la filière du paysage français voie<br />
récompensée la qualité de ses productions<br />
et de ses prestations, que<br />
les collectivités privilégient l’emploi<br />
local dans leurs décisions d’investissements.<br />
Un combat qui s’annonce<br />
long et difficile, mais dont dépendent<br />
quelques dizaines de milliers<br />
d’emplois dans les régions. &<br />
DR