QUI EST VRAIMENT ANGELA MERKEL? - La Tribune
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DR<br />
2<br />
CITÉ VERTE<br />
FAIRE POUSSER<br />
LA CAMPAGNE<br />
DANS LES VILLES<br />
Savoir-faire <strong>La</strong>ncée à l’initiative des professionnels<br />
du paysage, Cité Verte travaille à la promotion<br />
de la nature en ville et à la préservation d’une filière<br />
d’exception qui réunit 50 000 entreprises et emploie<br />
plus de 160 000 personnes à travers la France.<br />
À<br />
quoi ressembleront<br />
les villes de demain<br />
? Cette question<br />
n’est pas anecdotique.<br />
Elle va<br />
concerner un nombre croissant<br />
d’habitants de la planète, si les projections<br />
des experts sont justes.<br />
L’urbanisation est un phénomène<br />
mondial. En France, où 80 % de la<br />
population habite déjà en zone<br />
urbaine, les projets de métropoles<br />
commencent à prendre forme, ils<br />
attireront de plus en plus d’habitants<br />
dans et à proximité des villes<br />
ou au sein de réseaux d’agglomérations.<br />
<strong>La</strong> ville attire, en même<br />
L’environnement<br />
végétal est au cœur<br />
du développement<br />
économique et social.<br />
temps qu’elle fait peur. Elle séduit<br />
par son dynamisme, par la diversité<br />
des activités qu’elle permet, par<br />
son rôle de lien social, par la densité<br />
de son offre culturelle et de<br />
Erik Orsenna, philosophe, économiste, ancien<br />
président de l’école nationale supérieure du<br />
paysage, se mobilise pour faire entrer la nature<br />
dans l’espace urbain. Pour lui, « c’est une<br />
question de lien social et de santé mentale ».<br />
loisirs. Elle fait peur à cause des<br />
difficultés de transport, de logement,<br />
des risques d’atteinte à la<br />
qualité de la vie et à l’environnement.<br />
Or, il existe un élément essentiel<br />
susceptible de rassurer et<br />
d’apporter davantage de sérénité<br />
aux habitants des villes : le végétal.<br />
Alphonse Allais voulait mettre les<br />
villes à la campagne. C’est le<br />
contraire qu’il faut faire : apporter<br />
des éléments de la campagne en<br />
ville, c’est-à-dire des paysages et de<br />
la verdure, sous des formes très<br />
diverses, parcs, jardins, plantations,<br />
fleurs, mise en scène des rapports<br />
de la nature et de l’eau…<br />
L’ensemble des<br />
professionnels de<br />
la filière paysage,<br />
réunis au sein de<br />
Val’hor, ont décidé<br />
en 2005 de lancer<br />
une grande initiative<br />
en France,<br />
baptisée Cité Verte. De quoi s’agitil<br />
? De promouvoir la présence de<br />
la nature dans la ville ainsi que les<br />
entreprises de la filière (50 000<br />
sociétés, 11 milliards d’euros de<br />
ERIK ORSENNA<br />
ÉCONOMISTE, ACADÉMICIEN ET PRÉSIDENT DU CERCLE CITÉ VERTE<br />
« Le jardin est une leçon<br />
permanente de philosophie »<br />
« Je me suis impliqué dans la<br />
démarche Cité Verte parce que je<br />
suis passionné par l’articulation<br />
entre la nature et l’être humain.<br />
J’aime cette collaboration. Pour<br />
moi, une ville sans végétal est une<br />
aberration. C’est pourquoi il faut<br />
faire entrer la nature dans l’espace<br />
urbain. C’est une question de lien<br />
social et de santé mentale. Le jardin<br />
est une leçon permanente de<br />
philosophie visible. J’ai toujours<br />
l’impression, lorsque je me promène<br />
dans un jardin, que je suis<br />
chire d’aaires, 160 000 emplois).<br />
Non par des actions commerciales<br />
ou publicitaires, mais dans le cadre<br />
d’une démarche de réflexion sur les<br />
moyens et décisions à mettre en<br />
œuvre pour que le végétal soit davantage<br />
présent dans la ville et que<br />
la production et le savoir-faire français<br />
dans ce domaine soient mieux<br />
valorisés auprès des décideurs locaux.<br />
Au cours de ces deux dernières<br />
années, Cité Verte, animée par un<br />
cercle de membres permanents présidé<br />
par l’écrivain et académicien<br />
Erik Orsenna et composé de professionnels<br />
de la filière et d’experts,<br />
d’économistes, d’architectes et de<br />
philosophes, a tenu des réunions de<br />
travail au cours desquelles ont été<br />
auditionnées de nombreuses personnalités<br />
extérieures, pour explorer<br />
les voies d’une meilleure intégration<br />
de la nature dans la ville.<br />
UN MANIF<strong>EST</strong>E DE 70<br />
PROPOSITIONS CONCRÈTES<br />
De ce travail de fond a émergé un<br />
Manifeste pour une Cité verte, largement<br />
diffusé auprès des pouvoirs<br />
publics, des élus locaux, et<br />
en train de lire ou d’écrire ! Dans<br />
notre monde pris en otage par la<br />
tyrannie du court terme, le jardin<br />
rappelle que le temps existe et<br />
qu’il mérite le respect. C’est un<br />
lieu d’équilibre entre la volonté et<br />
l’humilité.<br />
Mais la mission de Cité Verte<br />
c’est aussi de faire comprendre la<br />
dimension économique du paysage<br />
et du végétal. Ils nous<br />
rendent au centuple ce que nous<br />
leur donnons. Or, la situation économique<br />
de la filière est inquié-<br />
des professionnels, qui s’articule<br />
autour de convictions fortes : les<br />
jardins et les paysages sont des éléments<br />
essentiels de nos vies et de<br />
nos villes ; les entreprises de la filière<br />
disposent de savoirs-faire exceptionnels<br />
; les jardins et paysages<br />
sont au cœur du développement<br />
économique et social ; tous les acteurs,<br />
y compris la puissance publique,<br />
doivent se mobiliser pour<br />
soutenir une filière professionnelle<br />
d’excellence mais fragilisée par une<br />
tante, notamment pour les producteurs<br />
de végétaux. Et d’autres<br />
questions sont en suspens, comme<br />
celle de la réglementation européenne<br />
en matière d’appels<br />
d’ores. Quand vous n’avez pas le<br />
droit de privilégier les produits<br />
locaux, les conséquences économiques,<br />
sociales, culturelles, sont<br />
dramatiques.<br />
Mais je crois que l’économie est<br />
en train de redevenir intelligente.<br />
Pendant longtemps, elle fut une<br />
science véritablement humaine,<br />
LA TRIBUNE VENDREDI 17 MAI 2013<br />
Les espaces paysagers, un moyen de recréer du lien social dans les<br />
grands ensembles urbains, comme sur le plateau de Haye, à Nancy.<br />
concurrence qui n’est pas toujours<br />
juste. Ce manifeste propose dix<br />
actions prioritaires, parmi lesquelles<br />
faire en sorte que chaque<br />
citoyen bénéficie d’un parc ou d’un<br />
jardin à moins de 300 mètres de son<br />
domicile ; consacrer au moins 5 %<br />
de chaque projet urbain à la création<br />
d’aménagements paysagers ;<br />
favoriser les filières courtes dans les<br />
achats de végétaux ; développer des<br />
indicateurs pour mesurer les services<br />
environnementaux, écono-<br />
liée à l’histoire, à la géographie, à<br />
l’anthropologie, à la sociologie.<br />
Les grands économistes classiques<br />
comme Smith ou Ricardo<br />
avaient une vision globale de la<br />
société. Puis on a voulu faire de<br />
l’économie une science « dure »<br />
et la réduire à de pauvres mathématiques.<br />
Or, cela ne marche pas.<br />
Il faut mesurer la richesse avec<br />
d’autres outils que notre PIB. Il<br />
faut y introduire des éléments de<br />
bien-être, de santé, d’accomplissement.<br />
Le paysage et le végétal<br />
ont toute leur place dans cette<br />
conception nouvelle. Ajoutons<br />
qu’ils nous rappellent à l’exigence<br />
d’un développement vraiment<br />
durable où l’on apprend ce qu’est<br />
le respect, ce que peut le recyclage,<br />
et la part d’invisible, de<br />
modeste et d’obstiné derrière tout<br />
ce qu’on voit. »&