QUI EST VRAIMENT ANGELA MERKEL? - La Tribune
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CITÉ VERTE<br />
LE VÉGÉTAL<br />
COMME GARANT<br />
DE LA SANTÉ<br />
© ERIC LEFEUVRE<br />
Des preuves Des études récentes menées dans plusieurs pays – États-Unis,<br />
Royaume-Uni, France… – apportent la caution scientifique à une vérité de bon<br />
sens : on vit mieux et en meilleure santé dans un environnement plus herbacé…<br />
Pourra-t-on espérer un<br />
jour combler le trou de<br />
la sécurité sociale par la<br />
création de jardins et<br />
d’espaces verts » s’interrogeaient<br />
dans une tribune publiée<br />
par le journal Le Monde (parution<br />
du 28 juillet 2011) Jean-Marc<br />
Bouillon, Président de la Fédération<br />
française du paysage (FFP) et<br />
Emmanuel Mony, Président de<br />
l’Union nationale des entrepreneurs<br />
du paysage (UNEP). <strong>La</strong> question<br />
vaut d’être posée. « Tout le<br />
monde rêve d’un monde plus respectueux<br />
de la nature, de villes plantées<br />
d’arbres et de parcs, d’habitations<br />
qui font la part belle au jardin et au<br />
végétal. Nos enquêtes annuelles<br />
montrent que neuf Français sur dix<br />
expriment un besoin croissant de<br />
nature et sont convaincus de la nécessité<br />
de préserver l’environnement<br />
et de développer les espaces verts.<br />
Au-delà de ces aspirations sociales<br />
fortes, les eets concrets des espaces<br />
MICHEL AUDOUY<br />
PRÉSIDENT DE LA COMMISSION<br />
verts sur la santé – et donc sur les<br />
coûts évités pour la Sécurité Sociale<br />
– sont désormais établis », poursuivaient<br />
encore les auteurs.<br />
De fait, un grand nombre d’études<br />
publiées sur le sujet aboutissent<br />
toutes au même résultat : il existe<br />
un lien direct entre plantes, santé et<br />
bien-être des habitants des villes.<br />
Neuf Français sur dix<br />
expriment un besoin<br />
croissant de nature et<br />
d’espaces verts.<br />
L’Association européenne des entreprises<br />
du paysage (ELCA) a fait<br />
travailler un certain nombre de<br />
chercheurs dans le cadre de séminaires<br />
et d’ateliers. Sur le plan environnemental,<br />
la capacité d’absorption<br />
des feuilles des plantes durant<br />
leur processus de croissance améliore<br />
la qualité de l’air et réduit les<br />
DES MÉTIERS DU PAYSAGE DE VAL’HOR<br />
« L’enjeu, c’est l’harmonie »<br />
Architecte-paysagiste à Paris, Président<br />
de la Commission des métiers<br />
du paysage de Val’hor, Michel<br />
Audouy travaille sur de nombreux<br />
projets d’aménagement de jardins<br />
et d’espaces publics en France et à<br />
l’étranger. Il répond aux questions<br />
de <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong>.<br />
( LA TRIBUNE – Quels sont les vrais<br />
enjeux du végétal en ville ?<br />
Michel Audouy – Il ne s’agit pas de<br />
repeindre tout en vert… Il s’agit de<br />
penser la ville avec son paysage, sa<br />
géographie, son histoire, son milieu<br />
naturel et humain, son écologie.<br />
Le végétal est une question<br />
qualitative, ce n’est pas un matériau<br />
comme le bois ou la pierre,<br />
c’est vivant, cela demande donc<br />
des conditions d’installation<br />
idéales, une qualité des lieux qui<br />
doivent l’accueillir. Lorsque l’on<br />
plante un arbre, par exemple, il<br />
faut s’assurer qu’il pourra se développer<br />
dans le sol et dans l’espace.<br />
De même pour les jardins, ils sont<br />
plus à leur aise sur des sols fermes<br />
que sur des dalles… Le végétal doit<br />
donc avoir sa place dès la conception<br />
des villes ou des quartiers.<br />
C’est un enjeu important pour que<br />
la société vive en harmonie.<br />
On sait maintenant, grâce aux<br />
études, tout ce que le végétal peut<br />
apporter de positif à la santé, mais<br />
déjà sous Haussmann, on plantait<br />
concentrations de dioxyde de carbone<br />
et autres gaz à eets de serre,<br />
et l’ombrage des arbres provoque<br />
une réduction des températures<br />
locales selon des études menées en<br />
Californie. Le professeur Sandrine<br />
Manusset spécialiste d’écologie<br />
humaine, écrit, dans une contribution<br />
aux travaux de l’ELCA : « plusieurs<br />
études ont<br />
révélé une corrélation<br />
entre la faible<br />
distance entre les<br />
parcs et les habitations<br />
et l’obésité infantile.<br />
»<br />
Il existe en effet<br />
un rapport direct entre la densité<br />
d’espaces verts et la pratique d’une<br />
activité physique en milieu urbain.<br />
Mais ce n’est pas tout : des psychologues<br />
de Chicago ont établi que la<br />
présence de seulement quelques<br />
arbres peut réduire la violence familiale<br />
en facilitant les relations<br />
sociales, en créant une atmosphère<br />
des arbres comme un moyen de<br />
lutter contre la densité de la ville.<br />
( Comment faire sa place à la nature<br />
dans les villes de demain ?<br />
C’est vrai qu’il y a beaucoup de débats<br />
autour des villes de demain, de<br />
la métropolisation des territoires.<br />
On va probablement vers une ville<br />
plus dense, mais qui devra intégrer<br />
des espaces ouverts, des morceaux<br />
d’agriculture pour répondre aux<br />
enjeux écologiques et sociaux.<br />
On travaille beaucoup aujourd’hui<br />
sur la question des frontières entre<br />
la ville et la campagne. Ce sont des<br />
espaces inter-<br />
«<strong>La</strong> tendance du<br />
retour au végétal<br />
relève d’une demande<br />
sociale puissante. »<br />
médiaires, des<br />
lisières entre<br />
l’urbain et le<br />
rural. Comment<br />
peut-on<br />
intégrer ces<br />
deux espaces<br />
de façon harmonieuse, préserver<br />
des activités agricoles tout en permettant<br />
aux citadins d’avoir accès<br />
à des chemins de promenades, des<br />
pistes cyclables, voilà une question<br />
intéressante pour tous ceux<br />
qui travaillent dans la filière du<br />
paysage.<br />
favorable à la communication. Les<br />
espaces verts sont donc les premiers<br />
acteurs d’une relation sociale.<br />
En eet, toujours selon les travaux<br />
de Sandrine Manusset, la présence<br />
d’arbres et de pelouses est proportionnellement<br />
liée à l’utilisation des<br />
espaces extérieurs, au taux d’activités<br />
sociales qui y ont lieu et à la<br />
quantité d’activités qu’ils orent.<br />
Les espaces verts influencent les<br />
contacts sociaux entre voisins et<br />
prouvent que la nature joue un rôle<br />
important dans la création de lien<br />
social. Le contact avec la nature est<br />
propice à l’abaissement du niveau<br />
de stress des urbains. Dans la revue<br />
Développement durable et territoire<br />
(décembre 2012), Sandrine Manusset<br />
écrit : « À l’origine de ces résultats<br />
de santé publique, est en jeu la<br />
régulation d’un processus psychologique<br />
bien connu, la “fatigue mentale”,<br />
qui se traduit par un état d’irritabilité<br />
de comportements violents et<br />
agressifs. Or les travaux des cher-<br />
( Cette tendance au retour du végétal<br />
vous semble-t-elle durable ?<br />
<strong>La</strong> tendance est forte, elle est portée<br />
par une demande sociale puissante<br />
qui doit être prise en compte par les<br />
élus et les dirigeants politiques.<br />
Cela ne veut pas dire que les pressions<br />
pour limiter les espaces verts<br />
au profit de la construction<br />
n’existent plus. Les grandes villes<br />
savent y résister peut-être mieux<br />
que les petites communes, car les<br />
premières ont les moyens de mettre<br />
en œuvre des schémas de cohérence<br />
territoriale, de s’appuyer sur<br />
des agences d’urbanisme.<br />
( Quels sont les<br />
sujets les plus importants<br />
de demain<br />
?<br />
Je pense aux<br />
villes petites ou<br />
moyennes dont<br />
les centres se vident progressivement<br />
ou se paupérisent, car les gens<br />
veulent habiter des maisons plus<br />
grandes, avec des jardins. <strong>La</strong> réhabilitation<br />
de ces centres, y faire<br />
entrer la lumière, créer des places,<br />
des espaces verts, des jardins, est un<br />
vrai défi. Cela permettrait de rame-<br />
LA TRIBUNE VENDREDI 17 MAI 2013<br />
© OLLY<br />
ner la population au cœur des villes<br />
et de limiter l’étalement urbain et<br />
de lutter contre la consommation<br />
des espaces agricoles. Mais il y a<br />
d’autres grands sujets qui intéressent<br />
les architectes paysagistes ,<br />
comme la densification des zones<br />
commerciales qui ont provoqué un<br />
grand gaspillage de surfaces, mais<br />
aussi le retour vers les rivières par<br />
la transformation des berges, leur<br />
ouverture à la promenade.<br />
C’est assez encourageant, car cela<br />
traduit la possibilité de penser la<br />
ville avec des éléments du paysage,<br />
bref, de construire la « cité verte ».<br />
Grâce aux Victoires du Paysage,<br />
nous parcourons beaucoup la<br />
France et nous y voyons des expériences<br />
passionnantes. Elles sont le<br />
fait de la commande de maîtres<br />
d’ouvrage qui ont fait des choix de<br />
qualité. Cette réflexion sur la place<br />
de la nature dans la ville, tout ce qui<br />
se développe autour du concept de<br />
trame bleue et verte me semblent<br />
ouvrir des opportunités formidables<br />
pour faire de la ville, demain,<br />
un espace plus écologique et plus<br />
respectueux des milieux naturels<br />
au cœur du végétal. & PROPOS<br />
RECUEILLIS PAR PHILIPPE HOLLIER