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QUI EST VRAIMENT ANGELA MERKEL? - La Tribune

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© DR<br />

VENDRED 17 MAI 2013 LA TRIBUNE<br />

ROMARIC<br />

GODIN<br />

RÉDACTEUR EN CHEF<br />

ADJOINT<br />

SERVICE ÉCONOMIE<br />

LES ANALYSES 21<br />

SAUVÉS PAR LA HAUSSE<br />

DES SALAIRES ALLEMANDS ?<br />

L’accord salarial conclu mercredi dans la métallurgie est plutôt généreux. Un enjeu<br />

décisif pour la compétitivité allemande et la relance de la croissance en Europe.<br />

<strong>La</strong> pression se renforce sur le patronat<br />

allemand. Avant de conclure, mercredi<br />

15 mai, la dernière phase de négociations<br />

salariales dans la métallurgie,<br />

le syndicat IG-Metall a fait débrayer<br />

près de 10 000 employés dans les<br />

usines du sud de l’Allemagne. <strong>La</strong> mobilisation<br />

a été particulièrement forte dans les usines<br />

BMW de Munich, mais aussi chez Siemens. Le syndicat<br />

réclame pour les 3,7 millions de salariés concernés par<br />

ces négociations une hausse de 5,5 % des salaires sur<br />

douze mois. Le syndicat patronal, Gesamtmetall, qui<br />

voulait se limiter à 2,3 % sur treize mois, a fini par concéder<br />

une hausse des salaires en deux temps : + 3,4 % à<br />

partir du 1 er juillet, puis 2,2 % au 1 er mai 2014.<br />

Ce type de luttes est certes traditionnel mais, cette<br />

année, la situation est un peu diérente. D’abord, parce<br />

que le climat social se dégrade outre-Rhin. Le nombre<br />

de salariés grévistes a plus que doublé en 2012, passant<br />

de 14 259 à 35 702. Le nombre d’heures de travail<br />

perdues a augmenté d’un tiers. Les grèves qu’a connues<br />

la Lufthansa ces dernières semaines ont rappelé que<br />

les salariés allemands pouvaient aussi lutter pour leurs<br />

salaires avec une certaine détermination. Le chef du<br />

comité d’entreprise de Porsche, Uwe Hück, un des<br />

négociateurs d’IG-Metall, a promis dans les colonnes<br />

de la Bild-Zeitung un été de grèves en Allemagne.<br />

Le ton a changé depuis 2010. L’Allemagne sortait<br />

d’une des plus graves récessions de son histoire, avec<br />

un recul en 2009 du PIB de près de 5 %. IG-Metall avait<br />

alors décidé de donner la priorité au maintien de l’emploi<br />

et avait accepté une année « blanche », suivie d’une<br />

hausse modérée en 2011. En 2012, le patronat, fortement<br />

encouragé par le gouvernement fédéral, avait<br />

consenti à un « rattrapage » avec une hausse de 4,3 %<br />

des salaires, justifiée par deux années de forte<br />

croissance outre-Rhin. Cette fois, la situation est plus<br />

complexe, précisément parce que la récession européenne<br />

et le ralentissement allemand peuvent être<br />

utilisés par les deux camps.<br />

LA CONSOMMATION, UN DES PILIERS<br />

DE LA CROISSANCE QU’IL FAUT RENFORCER<br />

Du côté des syndicats, on veut poursuivre le rééquilibrage<br />

du partage de la valeur ajoutée qui est loin d’être<br />

achevé. Depuis 2005, dans l’industrie manufacturière,<br />

la productivité horaire a, selon Destatis, l’Insee allemand,<br />

progressé de 13 %, tandis que le salaire horaire<br />

n’a gagné que 4,8 %. À l’appui de leurs arguments, les<br />

syndicats avancent que la consommation est devenue<br />

un pilier de la conjoncture outre-Rhin et qu’il est dicile<br />

à la première économie européenne de s’en passer.<br />

C’est donc le moment de renforcer cette composante<br />

de la croissance par des augmentations de salaires.<br />

Enfin, il y a l’argument européen : en pleine crise, une<br />

relance de la demande intérieure allemande serait un<br />

élément profitable à tout le continent.<br />

Mais les employeurs allemands ne veulent pas s’en<br />

laisser conter. Le ralentissement de la croissance allemande<br />

cette année, qui passera à 0,4 % selon Bruxelles,<br />

s’explique par la déprime des investissements et par la<br />

baisse des exportations. En augmentant trop les<br />

salaires, on risque d’accélérer le report des investissements<br />

et de dégrader la compétitivité des produits<br />

allemands. Et au final, de dégrader l’emploi. D’autant<br />

que les employeurs savent que, passées les élections<br />

fédérales du 22 septembre prochain, ils devront comp-<br />

ter avec un nouveau salaire minimum – soit unique,<br />

comme le désire la SPD, soit par branches, comme le<br />

veut la CDU. Dans certains secteurs, en fonction des<br />

négociations politiques, la décision risque de peser sur<br />

les coûts des entreprises. Du coup, pour relancer la<br />

machine industrielle, le patronat réclame une augmentation<br />

des salaires moindre et plus diluée dans le temps.<br />

Il estime aussi qu’une relance de la consommation<br />

allemande ne sera guère utile aux autres économies<br />

européennes dont la politique de dévaluation interne<br />

concerne peu les produits de consommation.<br />

Les négociations seront serrées. Le gouvernement<br />

pourrait être tenté de défendre les positions extérieures<br />

des entreprises allemandes dans la mesure où la<br />

consommation devrait tenir. Sans prôner une modération<br />

salariale, comme dans les années 2000, Berlin<br />

pourrait souhaiter marquer symboliquement un coup<br />

d’arrêt aux exigences salariales. Par ailleurs, la pression<br />

politique est moins vive : la SPD ne décolle pas et le<br />

parti de gauche Die Linke ne dépasserait guère les 7 %<br />

des voix, contre 11 % en 2009. Enfin, l’acceptation par<br />

la CDU – et peut-être désormais les libéraux – du principe<br />

d’un salaire minimum doit permettre de faire<br />

accepter une certaine modération.<br />

Pourtant, une hausse des salaires allemands serait<br />

naturelle. Non pas parce qu’elle conduirait à une hausse<br />

de la consommation, mais bien parce qu’elle permettrait<br />

de rendre moins dicile le rattrapage engagé par les<br />

pays du Sud. En eet, une hausse des salaires, en pesant<br />

sur la compétitivité des entreprises allemandes, favoriserait<br />

leurs concurrents européens du Sud qui, eux,<br />

CANDIDATEZ<br />

pratiquent la dévaluation interne. Chacun se<br />

rapprocherait de l’autre. L’Allemagne n’y perdrait pas<br />

forcément en croissance, puisque la consommation des<br />

ménages pourrait prendre le relais et que sa compétitivité<br />

ne serait pas réduite à néant. Mais ce n’est pas là la<br />

logique du gouvernement allemand, qui estime que les<br />

pays du Sud doivent faire des eorts pour se dresser au<br />

niveau de compétitivité de l’Allemagne, sans que celleci<br />

ne renonce à sa position. Autrement dit, il réclame là<br />

une tâche impossible car, si les Allemands ne veulent<br />

pas perdre des parts de marché en rééquilibrant leur<br />

modèle économique, aucun plan d’austérité ni aucune<br />

réforme structurelle ne permettront aux Italiens ou aux<br />

Espagnols de rivaliser avec les Allemands par leurs<br />

propres forces. À moins d’accepter un coût social considérable.<br />

L’évolution des salaires en Allemagne sera une<br />

des clés de compréhension de l’Europe de demain. Et<br />

une des clés pour comprendre l’engagement réel de<br />

Berlin dans le rééquilibrage de la zone euro. <br />

aux Prix de l’Innovation des Placements Financiers.<br />

Le Prix Particulier récompense un produit grand public.<br />

Le Prix institutionnel récompense un produit destiné aux investisseurs avertis,<br />

institutionnels et/ou entreprises.<br />

Ce concours est ouvert à tous les promoteurs de fonds français et internationaux<br />

sur les produits lancés en france entre le début du second semestre 2011 et<br />

le 31 décembre 2012.<br />

Règlement et Conditions de participation sur :<br />

http://victoiresdessicav.latribune.fr ou prixinnovation.sgss@latribune.fr<br />

Dossiers à remettre au plus tard le 31 Mai 2013 : prixinnovation.sgss@latribune.fr<br />

Société Générale<br />

Cédric Santamaria<br />

GIMS/COM/PME<br />

189, rue d’Aubervilliers - 75886 Paris Cedex 18<br />

Le palmarès sera remis le 26 Juin 2013 à l’occasion des 17 emes Victoires des SICAV<br />

et détaillé dans le dossier spécial Victoires des Sicav du 28 juin prochain.<br />

es<br />

victoires<br />

17desSICAV<br />

2013<br />

Les derniers mouvements de grèves à la Lufthansa<br />

ont été particulièrement suivis. [R. ORLOWSKI/GETTY IMAGES/AFP]<br />

Un événement<br />

En partenariat avec

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