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Les recherches en "genre et développement" pour des ... - Belgium

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nathalie holvo<strong>et</strong><br />

que les SAP ont <strong>en</strong> partie échoué parce qu’ils étai<strong>en</strong>t majoritairem<strong>en</strong>t basés sur <strong>des</strong><br />

assomptions aveugles au g<strong>en</strong>re. Le travail était par exemple considéré comme un<br />

facteur de production homogène facilem<strong>en</strong>t échangeable <strong>en</strong>tre hommes <strong>et</strong> femmes.<br />

Afin de réaliser la croissance économique tout <strong>en</strong> économisant sur les coûts salariaux,<br />

les SAP ont par exemple t<strong>en</strong>té de remplacer le travail masculin par le travail féminin,<br />

<strong>en</strong> supposant automatiquem<strong>en</strong>t que c<strong>et</strong>te substitution irait de pair avec davantage<br />

de participation <strong>des</strong> hommes au travail domestique (reproductif). La main-d’œuvre<br />

féminine a été motivée par une légère augm<strong>en</strong>tation salariale (les salaires <strong>des</strong> femmes<br />

restant <strong>en</strong>core inférieurs à ceux <strong>des</strong> hommes). En réalité, les femmes ont toutefois<br />

semblé réagir beaucoup moins que prévu à ces incitants salariaux. L’analyse <strong>des</strong> causes<br />

sous-jac<strong>en</strong>tes indique rapidem<strong>en</strong>t que la répartition du travail masculin <strong>et</strong> féminin<br />

dans une atmosphère productive <strong>et</strong> reproductive était beaucoup plus déterminée par<br />

<strong>des</strong> relations de g<strong>en</strong>re sous-jac<strong>en</strong>tes - l’<strong>en</strong>semble de normes <strong>et</strong> de valeurs qui fix<strong>en</strong>t<br />

les limites de qui peut faire quoi - que par <strong>des</strong> facteurs économiques. Seulem<strong>en</strong>t dans<br />

ces cas où les familles n’étai<strong>en</strong>t financièrem<strong>en</strong>t pas à même de suivre les normes de<br />

« g<strong>en</strong>re » existantes, on a constaté une augm<strong>en</strong>tation de la participation <strong>des</strong> femmes<br />

au marché du travail. Ceci ne signifiait cep<strong>en</strong>dant pas que c<strong>et</strong>te augm<strong>en</strong>tation allait<br />

égalem<strong>en</strong>t de pair avec un mouvem<strong>en</strong>t inversé de plus de participation <strong>des</strong> hommes<br />

au travail domestique (activités reproductives). Là où les SAP ont augm<strong>en</strong>té la<br />

participation <strong>des</strong> femmes sur le marché du travail, ils ont du même coup installé<br />

la double journée de travail, ce qui fait que le temps de travail total (économie de<br />

marché <strong>et</strong> <strong>des</strong> soins) <strong>des</strong> femmes a augm<strong>en</strong>té.<br />

Une deuxième assomption aveugle au g<strong>en</strong>re est la conceptualisation du ménage <strong>en</strong><br />

tant qu’unité. Lors de l’élaboration de la politique, on partait/part souv<strong>en</strong>t du fait<br />

que le ménage constitue une sorte d’unité harmonieuse, où tous les membres de<br />

la famille réuniss<strong>en</strong>t leurs rev<strong>en</strong>us <strong>et</strong> où le chef de ménage ti<strong>en</strong>t toujours compte<br />

<strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> autres membres de la famille dans le cadre de ses décisions. <strong>Les</strong><br />

responsables politiques qui considèr<strong>en</strong>t le ménage comme une unité ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

pas l’utilité d’adresser <strong>des</strong> mesures politiques à <strong>des</strong> individus bi<strong>en</strong> déterminés (<strong>et</strong><br />

souv<strong>en</strong>t plus difficilem<strong>en</strong>t accessibles) au sein du ménage. Ceci implique que le flux<br />

d’informations depuis <strong>et</strong> vers les individus se déroule par l’intermédiaire du chef de<br />

ménage - dans la majorité <strong>des</strong> cas, un homme. En pratique, il apparaît cep<strong>en</strong>dant que<br />

le modèle du ménage unitaire n’existe bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t pas, <strong>et</strong> que le ménage, tout comme<br />

la société, est un lieu où cohabit<strong>en</strong>t <strong>des</strong> individus qui ont souv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> préfér<strong>en</strong>ces<br />

très diverg<strong>en</strong>tes, qui ne réuniss<strong>en</strong>t pas nécessairem<strong>en</strong>t leurs rev<strong>en</strong>us (intégraux), qui<br />

sont chacun responsables de certaines décisions bi<strong>en</strong> déterminées, ou qui arriv<strong>en</strong>t à<br />

<strong>des</strong> décisions communes <strong>en</strong> négociant. Celui qui dispose du plus grand pouvoir de<br />

décision voit ses préfér<strong>en</strong>ces se refléter dans les décisions finales. Dans de tels cas,<br />

ne pr<strong>en</strong>dre que le « chef de ménage » comme point d’information <strong>pour</strong> l’<strong>en</strong>semble<br />

du ménage ne peut que conduire à une image très partielle <strong>et</strong> unilatérale du statut de<br />

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