PLAN 2007-6 - Ordre des ingénieurs du Québec

d'obtenir un bon son, était de faire régner le silence, dit Louis Pageau. Cela n'a
pas été facile, puisqu'il s'agit d'un bâtiment situé en plein centre-ville et dans lequel
on ne pouvait pas faire tout ce qu'on aurait voulu en raison de son caractère patrimonial.
Souvent, la meilleure solution est la plus simple, mais on le découvre après
avoir envisagé les options les plus compliquées. Le problème de l'isolation acoustique
a été résolu simplement en construisant les murs de béton requis afin de rendre
le bâtiment conforme aux normes parasismiques actuelles. »
SYSTÈME DE VENTILATION INNOVATEUR
L'autre grand obstacle avait trait à la ventilation. « Il fallait non seulement bloquer
le bruit provenant de l'extérieur, mais aussi ne pas en créer venant de l'intérieur
de l'édifice, poursuit Louis Pageau. Nous avons réussi à chauffer et à climatiser
la salle sans engendrer de bruit, en installant au pied de chaque siège un puits
d'aération qui diffuse partout dans la salle l'air venant d'une chambre de répartition
d'air - ou plenum - située sous la salle. Ce plenum est un immense espace
vide dans lequel les gaines poussent l'air à très grand débit et à très faible vitesse.
C'est exactement l'inverse des salles de spectacle où l'air est habituellement
poussé du plafond vers le bas par un système de ventilation très puissant. Une innovation
pareille n'a pas été facile à réaliser. D'habitude, les salles de ventilation
sont installées dans une pièce extérieure adjacente au bâtiment ou sur le toit, des
solutions qui étaient impossibles à envisager au Palais Montcalm. Nous avons dû
effectuer de nombreuses recherches pour trouver des équipements qui pouvaient
Le l'aluis Montcalm pendant la renovation
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être adaptés au bâtiment, et les installer de manière à ne produire aucun bruit résiduel. »
Tout a été analysé, soupesé. Rien n'a été laissé au hasard afin que règne le silence
dans la salle de concert. Ainsi, les murs de béton sont recouverts de caissons de contreplaqué
remplis d'un sable volcanique appelé olivine et de panneaux de haute densité
couverts d'un placage d'érable qui ont été fixés à angle et en saillie. Le plancher, également
en béton, est recouvert d'un fini acrylique. Au-dessus de la scène, on a accroché
une canopée. Il s'agit d'un plafond mobile actionné par six moteurs, fait de caissons en
fibres de bois, dont certaines parties sont tapissées de feutre absorbant. La canopée peut
être ajustée en hauteur et en angle de façon à moduler la réverbération du son dans la
salle selon la taille de l'orchestre. Des déflecteurs de son en aluminium sont fixés sous
la canopée entre les caissons de bois.
« Habituellement, les canopées sont soutenues par un système de contrepoids, précise
Louis Pageau. Dans le cas du Palais Montcalm, il a fallu innover, car cette solution
était trop coûteuse pour être retenue. Grâce à un ingénieux système de levage, les
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il
«LE PREMIER OBJECTIF
DE LA RÉNOVATION
DU PALAIS MONTCALM,
AVANT MÊME
D'OBTENIR UN BON
SON, ÉTAIT DE FAIRE
RÉGNER LE SILENCE
DANS LA SALLE DE
CONCERT. »
ingénieurs ont réussi à suspendre cette
structure pesant pas moins de 30 tonnes
à la structure d'acier du toit à un coût ne
représentant que 10 % de celui d'un système
classique de contrepoids. »
La liste des particularités techniques est
loin d'être terminée. Ajoutons que toutes
les salles de mécanique attenantes à la
salle de concert sont isolées par des joints
acoustiques. La majorité des systèmes
mécaniques et électriques sont isolés ou
déposés sur des coussins de néoprène
absorbant les vibrations. Au parterre, à la
corbeille et au balcon, des rideaux dissimulés
dans des niches peuvent recouvrir
la presque totalité des parois de la salle
de façon à ajuster l'acoustique en fonction
du type de spectacle. Enfin, on accède à
la salle de concert par un sas dont les
parois absorbantes évitent toute interférence
sonore.
La rénovation du Palais Montcalm n'est
pas le plus gros projet auquel a collaboré
Louis Pageau au cours de sa carrière. Il
a réalisé d'importants projets de génie
civil aux États-Unis et en Afrique au cours
des quinze ans passés chez Roche. Mais
le Palais Montcalm est le premier projet
qui lui permettait de réunir ses deux
grandes passions, le génie et la musique.
« J'ai étudié la musique pendant plusieurs
années, signale-t-il. Je suis allé au Conservatoire
de musique de Québec et j'ai suivi
des cours particuliers : violon, piano,
chant, et j'ai aussi appris à jouer du saxophone.
» À l'université, Louis Pageau a
finalement choisi le génie. Sans regret
aucun. Car les projets auxquels il a pris part
lui ont toujours permis d'innover.
PLAN : AOÛT-SEPTEMBRE 2007 : : 19