PLAN 2007-6 - Ordre des ingénieurs du Québec

DOSSIER INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
Présentation d'une nouveauté
technologique en gestation
dans un laboratoire de
l'Université de Sherbrooke :
l'injecteur sans aiguille...
et sans douleur.
Par Jean-Marc Papineau
L'ingénieur Martin Brouillette n'a pas peur des aiguilles.
Il n'empêche que, s'il n'en tient qu'à lui, les Québécois pourront
recevoir différents vaccins et médicaments par injection
sans aiguille d'ici trois ou quatre ans. Pareille idée ne
date pas d'hier, elle remonte aux années 1950. Pourquoi alors les
aiguilles sont-elles encore aujourd'hui le moyen d'injection par excellence
? Parce que, jusqu'ici, l'injection sans aiguille était paradoxalement
plus douloureuse.
CANON À INJECTION
Cette réalité est révolue, grâce à une nouvelle méthode d'injection
sans douleur utilisant un canon à injection mis au point par
Martin Brouillette. «Nous injectons directement sous l'épiderme,
à une profondeur de moins de 100 jam, là où sont absentes les
cellules responsables de la douleur; celles-ci sont situées dans la
couche la plus profonde de la peau, soit le derme, dit-il. Notre
méthode permet de contrôler la profondeur de pénétration de
l'injection. La profondeur dépend de la taille et de la masse des
particules qui sont prédéterminées ; d'autre part, la vitesse des
particules dépend de la vitesse du gaz, déterminée par la géométrie
et la pression de l'injecteur. »
Exit la douleur ; et sans aiguille, il y a moins de risque qu'une
personne soit blessée et puisse être infectée. De plus, les déchets
médicaux dangereux sont éliminés. Sans parler de réels avantages
sur le plan financier. «Notre méthode d'injection permet d'accélérer
la vaccination massive et de réduire grandement les doses
habituellement nécessaires, puisque c'est dans l'épiderme que se
trouve la plus forte concentration de cellules stimulant la production
d'anticorps, fait valoir Martin Brouillette. Des tests démontrent que
l'on peut réduire de 10 à 1 000 fois la dose normale, selon le type
de vaccin, pour une efficacité équivalente. De telles économies en
temps et en argent sont un gage de viabilité commerciale pour notre
»
L'innovation de Martin Brouillette va arriver sur le marché à
peu près au même moment que l'apparition d'une nouvelle génération
de vaccins. « Basée sur de l'ADN pur, cette nouvelle génération
va remplacer les vaccins actuels qui ne comportent que
des virus atténués, explique-t-il. Notre méthode d'injection
favorisant la réduction des doses jusqu'à un facteur de
1 000 sera d'autant plus intéressante que la fabrication
de l'ADN est extrêmement coûteuse. »
DEUX TECHNOLOGIES BREVETÉES
L'injection sans aiguille repose
sur deux technologies brevetées.
La première permet
d'injecter des médicaments
solides, la seconde, des médicaments
liquides. L'injecteur sans
aiguille peut envoyer dans la
peau n'importe quel médicament,
sous forme de poudre ou