PLAN 2007-6 - Ordre des ingénieurs du Québec

EDITORIAL
INFRASTRUCTURES :
REPENSER LE SYSTÈME
Le mardi 31 juillet 2007 restera une date marquante dans la mémoire
collective de l'Ordre des ingénieurs du Québec. En ce jour d'été, j'ai eu la
responsabilité de présenter le mémoire de l'Ordre avec ses neuf recommandations
à la Commission d'enquête sur le viaduc de la Concorde (CEVC).
La présentation de l'Ordre a marqué la fin des interventions aux audiences
de la Commission.
Ce n'était alors ni le lieu ni le moment pour l'Ordre de se prononcer
sur le comportement individuel d'ingénieurs concernés par le dossier.
Comme vous le savez, cette responsabilité relève, le cas échéant, du Bureau
du syndic de l'Ordre. Grâce au statut d'intervenant que l'Ordre a demandé
et obtenu, nos services ont suivi attentivement les travaux de la Commission
et ont pris note des différents éléments de preuve présentés.
Alors pourquoi un mémoire de l'Ordre? L'Ordre a déjà mené une
réflexion sur le piètre état des infrastructures et j'ai alors signé une lettre
d'opinion dans les médias (SOS infrastructures : des solutions et éditorial
PLAN, mars 2007, p. 7). Comme citoyen socialement responsable, l'Ordre
veut que les gens se sentent en sécurité lorsqu'ils utilisent des infrastructures
publiques, surtout si cela relève du champ d'intervention de l'ingénieur.
Chaque partie, que ce soit les gouvernements, les ministères, les municipalités,
les constructeurs, les professionnels, doit se sentir concernée. Les
pistes de solutions que l'Ordre propose dans son mémoire visent à éviter
que de tels événements ne se reproduisent et vont donc dans le sens de
l'intérêt public.
Je m'arrêterai dans ces lignes à un ou deux aspects de notre mémoire.
Je vous invite fortement à lire en détail la rubrique Mot d'Ordre, p. 12. Au
cours des audiences de la Commission, il a souvent été question de surveillance
des travaux. Une lecture attentive de notre cadre légal montre
qu'aucune disposition ne prescrit la surveillance par un ingénieur des
travaux de construction d'ouvrages conçus par un ingénieur. C'est une anomalie,
surtout lorsqu'on est en présence d'ouvrages complexes, ou critiques
sur le plan de la sécurité. Nous avons bon espoir que la Commission retiendra
notre recommandation quant à l'obligation de surveillance de ce genre
de travaux de construction par un ingénieur. Il faut remédier à cette faille
dans le système, pour la protection du public. La surveillance des travaux
de construction ou d'installation par un ingénieur devenant obligatoire,
l'Ordre pourrait se doter d'outils pour effectuer un contrôle, notamment
sur les chantiers de construction.
Reste un urgent besoin de traçabilité. L'Ordre recommande la mise en
place obligatoire par les propriétaires d'infrastructures de systèmes permettant
de retracer l'origine, la nature et les responsables de toute modification
effectuée en cours de construction et au cours de la vie d'un ouvrage, de
même que pour toute évaluation ou inspection.
L'analyse globale des travaux de la Commission va également permettre
à l'Ordre de bien cerner les zones d'intervention au profit de la protection
du public et de l'intérêt public et pour lesquelles de nouvelles mesures ou
des renforcements seront à prévoir, le cas échéant, au niveau de la pratique
professionnelle.
D'une manière générale, l'Ordre prône dans ses autres recommandations
une gestion intégrée des infrastructures au moyen de plans
d'intervention et d'investissement à long terme. L'une des principales
mesures porte sur la création d'un organisme public centralisé et fort, une
sorte de chien de garde, dont le mandat principal serait de s'assurer que
les citoyens aient accès à des infrastructures sécuritaires et fonctionnelles.
Nous aurons certainement l'occasion de reparler des infrastructures
publiques, de la prise de conscience collective et du rôle que nous,
ingénieurs, tenons et devons tenir. Retenons que toute crise est une occasion
de changement. À nous de jouer, pour un regain de sécurité et de
rigueur. C'est ce que nous devons à la société québécoise.
Pour commentaires, bulletin@oiq.qc.ca.
Zaki Ghavitian, ing.
Président
INFRASTRUCTURES:
RETHINKING THE SYSTEM
Tuesday, July 31, 2007 will remain an important date in the history of the
Ordre des ingénieurs du Québec. On that summer day, it was my job to
present the OIQ's brief with its nine recommendations to the commission
of inquiry investigating the collapse of the Concorde Overpass. The OIQ's
presentation was the last to be heard at the Commission's public hearings.
Of course it was neither the time nor the place for the OIQ to express
its views on the conduct of any individual engineers involved. That, as you
know, is the responsibility of the Office of the Syndic of the OIQ. With the
intervener status we specially requested, we were able to attentively follow
the work of the Commission and take careful note of the evidence
presented there.
So why did the OIQ submit a brief? We have already discussed the poor
state of our infrastructures and I wrote an op-ed piece (SOS infrastructures:
what can we do) and an editorial that appeared on page 7 of the March
2007 issue of PLAN. As responsible corporate citizen, the OIQ wants people
to feel safe when they use public infrastructures, especially where engineers
have been involved. Every party, including the government itself, its
departments, the municipalities, builders and professionals, has to recognize
its implication. The solutions proposed by the OIQ in its brief are designed
to avoid the recurrence of events like the Concorde collapse and reflect
the public interest.
Now let me just mention one or two aspects of our brief (I urge you
to read it in detail, under the heading Mot d'Ordre on p. 12). During the
Commission hearings, the issue of the supervision of work came up frequently.
A careful reading of our statutory framework does not turn up any
provision requiring an engineer to supervise the construction of works
designed by an engineer. This is a serious anomaly, especially for structures
that are complex or critical in terms of safety. We have good reason
to believe that the Commission will accept our recommendation to make
the supervision of the construction of works of this kind mandatory by an
engineer. This shortcoming in the system must be remedied for the protection
of the public. If supervision of construction or installation work by
an engineer does become obligatory, the OIQ can adopt tools for carrying
out controls, specifically on construction sites.
There is still an urgent need fortraceability. The OIQ recommends that
owners of infrastructures be required to use systems that make it possible
to track the origin, nature and persons responsible for any change made
during the construction or lifetime of a structure, as well as recording any
evaluation or inspection.
An analysis of the Commission's conclusions will enable the OIQ to clearly
identify those areas of intervention to enhance the protection of the public
and the public interest that potentially require new or reinforced measures
involving professional practice.
Generally in its other recommendations, the OIQ proposes the integrated
management of infrastructures based on long-term intervention and
investment plans. It calls for the creation of a strong, centralized public agency,
a kind of watchdog charged with making sure that citizens have access to
infrastructures that are safe and functional.
We will certainly have opportunities to talk more about public infrastructures,
public awareness of them and the current and future roles of
engineers. We should remember that every crisis is an opportunity for change.
It is up to us to use this one to improve safety and rigor. It is something
we owe Québec society.
For comments, bulletin@oiq.qc.ca.
PLAN : AOÛT-SEPTEMBRE 2007 : : 7