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Numéro 60--- ÉTÉ 2007 - Vho

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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />

préparer une unité de 30 "volontaires" pour débarquer sur les côtes d'Israël. Intrigués par cet<br />

article, Ginor et Remez ont commencé leurs investigations. Contacté par téléphone, l'officier<br />

soviétique en question leur a raconté qu'il devait débarquer à Haïfa en mai 1967.<br />

Cette première découverte a été suivie par d'autres trouvailles, tout aussi stupéfiantes.<br />

Malgré la volonté soviétique de dissimuler son implication dans la guerre de 1967, plusieurs<br />

indices ont fini par apparaître au grand jour, y compris dans des publications officielles. En<br />

épluchant les numéros du journal du Ministère de la Défense du Bélarus, Isabella est ainsi tombée<br />

sur le témoignage d'un officier, qui commandait une unité d'infanterie de marine. Il relatait<br />

comment celle-ci, basée en Egypte à la veille du conflit, avait vainement tenté de traverser le<br />

canal de Suez, armée de lanceurs portables de missiles Katyousha...Bombardée par l'armée de l'air<br />

israélienne, son unité avait été décimée. L'auteur de l'article, qui voulait rendre hommage à ses<br />

compagnons d'armes disparus, n'indiquait pas la date des événements relatés, mais il est clair<br />

d'après le contexte que cet épisode se situait au début de la guerre des Six jours. Par la suite, Ginor<br />

et Remez ont réussi, par un travail de fourmi, à identifier d'autres témoignages de soldats de<br />

l'armée soviétique, qui se trouvaient dans la région à la veille du conflit.<br />

Un plan conjoint entre l'URSS et l'Egypte<br />

La conclusion qui ressort de leurs recherches - qui sont loin d'être achevées - est contraire à<br />

toute l'historiographie traditionnelle : selon Remez et Ginor, il est désormais clair que l'Union<br />

soviétique avait élaboré dès 1966 un plan conjoint avec l'Egypte, visant à entraîner Israël dans la<br />

guerre. Selon ce plan, Israël devait être provoqué à attaquer le premier, pour être considéré<br />

comme l'agresseur au regard du droit international, ce qui aurait permis à l'URSS d'intervenir<br />

ensuite pour défendre son protégé égyptien.<br />

Un des aspects les plus révolutionnaires de leurs conclusions est lié au facteur nucléaire. En<br />

1956 déjà, lors de la campagne de Suez, l'URSS était intervenue en menaçant Israël d'une attaque<br />

nucléaire, si l'offensive conjointe franco-anglo-israélienne contre l'Egypte ne prenait pas fin. Du<br />

point de vue soviétique, cette menace avait porté ses fruits. En 1962, lors de la crise des missiles<br />

de Cuba, l'URSS avait obtenu le retrait des missiles américains de Turquie, en échange du<br />

démantèlement de ses missiles à Cuba. Ce rappel chronologique montre que l'URSS était prête à<br />

intervenir de manière très agressive pour défendre ce qu'elle considérait comme ses intérêts<br />

vitaux.<br />

Dans ce contexte, la possibilité qu'Israël se dote de l'arme nucléaire était considérée comme<br />

très préoccupante par l'URSS. Celle-ci avait tenté de faire pression pour qu'Israël adhère au<br />

Traité de non prolifération nucléaire, sans succès. Dès cette époque, l'Etat hébreu avait adopté sa<br />

position officielle, qui ne s'est pas modifiée depuis : "Nous ne serons pas les premiers à introduire<br />

l'arme nucléaire dans la région".<br />

Au lendemain de la guerre des Six Jours, le journal Haaretz avait publié les plans de guerre<br />

égyptiens, saisis dans le Sinaï, d'où il ressortait que les deux objectifs militaires principaux de<br />

l'attaque aérienne égyptienne - prévue pour le 26 mai - étaient les centrales atomiques de<br />

Dimona et Nahal Soreq. La carte de l'armée égyptienne ne faisait pas état de centrales nucléaires,<br />

mais indiquait que ces deux sites étaient protégés par des missiles "Hawk" antiaériens.<br />

Comme l'explique Gidéon Remez, il existe de nombreux témoignages indiquant que les<br />

Soviétiques étaient très inquiets de la capacité d'Israël de parvenir à fabriquer une arme atomique<br />

et se livraient à des estimations de l'état d'avancement du programme nucléaire israélien. Selon<br />

les estimations des renseignements militaires soviétiques, la date butoir était l'année 1967. Un<br />

autre facteur qui a contribué à précipiter les événements était le cinquantième anniversaire de la<br />

Révolution de 1917. Selon des témoignages recueillis par Remez et Ginor, l'URSS souhaitait<br />

obtenir une victoire militaire pour célébrer dignement l'anniversaire de la "grande révolution"<br />

d'octobre.<br />

Tous ces facteurs réunis expliquent pourquoi l'URSS avait mis au point un plan offensif<br />

contre Israël, prévoyant l'intervention de forces maritimes et terrestres, et prenant en compte la<br />

possibilité d'une Troisième Guerre mondiale... Pour certains chercheurs israéliens, il est difficile à<br />

admettre que l'URSS ait pris ce risque. Mais comme le fait remarquer Remez, le facteur nucléaire<br />

justifiait le risque de l'affrontement avec les Etats-Unis aux yeux de l'URSS, obsédée par l'idée<br />

qu'Israël puisse devenir un maillon dans l'anneau occidental qui l'enserrait...<br />

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