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Numéro 60--- ÉTÉ 2007 - Vho

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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />

édito<br />

1<br />

SITUATION DE L'IRAQ<br />

L'Iraq vu par les Américains<br />

Point n'est besoin d'attendre le rapport du brav'général Petraeus. L'envoi des renforts, au<br />

début de <strong>2007</strong>, n'a eu aucun effet sensible. La "sécurité" s'est plutôt dégradée. Aucun des objectifs de<br />

la politique américaine ne s'est rapproché. Il aura même fallu entrer, à reculons, dans une<br />

négociation avec les Iraniens. Impasse et stagnation. Dubya Bush approche de sa dernière année à la<br />

Maison Blanche avec un bilan que l''opinion américaine comprend tous les jours davantage comme<br />

désastreux.<br />

Les néocons sont peu à peu éjectés de l'orbite présidentielle. Des rêves de constitution d'une<br />

force d'intervention rapide et efficace, à la Rumsfeld, une police mondiale, il ne reste rien: ils se sont<br />

fracassés sur l'immense bureaucratie militaire américaine, toujours incapable de mettre plus d'un<br />

homme sur dix au combat, et toujours prompte à se réfugier vers les moyens techniques du<br />

bombardement à distance plutôt que daffronter le combat d'homme à homme, réservé en général aux<br />

Marines, à condition que cela ne dure pas plus de quelques semaines. Le moral des troupes est<br />

toujours fragile et quelques pertes les mettent tout de suite sur le flanc. On trouve facilement aux<br />

Etats-Unis des cow-boys qui dégainent vite, des tueurs psychopathes, des brutes policières, mais des<br />

soldats disciplinés qui tiennent au feu, cela ne se trouve pas. Le recours désormais massif aux<br />

mercenaires qui remplissent les tâches autrefois dévolues aux militaires, ne change rien à l'affaire. Ils<br />

ne sont engagés, pour le moment, que dans des tâches subalternes. Et il n'y a pas de raisons de<br />

penser que des armées entièrement privées seraient plus valeureuses que des armées fondées sur le<br />

patriotisme. On ne peut pas reproduire partout le modèle des Gurkhas. Le prolo d'origine latino, qui<br />

remplace le Noir comme piétaille, ne combat que pour sa carte verte. Le reste l'indiffère.<br />

Le but politique s'est entièrement dérobé : mettre en place un gouvernement "ami" des Etats-<br />

Unis s'est révélé une tâche impossible. Les seuls "amis" des Etats-Unis, dans la région, sont les<br />

Kurdes, prostitués traditionnels, qui ont toujours préféré se vendre aux uns pour lutter contre les<br />

autres, et réciproquement. Cette "amitié" des Kurdes est devenu singulièrement embarassante<br />

puiqu'elle suscite les raisons d'une intervention turque. Le gouvernement de Baghdad ne dépasse pas<br />

la zone verte et il est assis sur le baril de poudre de ses propres contradictions. Il ne peut pas<br />

surnager tout seul. Il n'est qu'une fiction en perpétuel ballottage.<br />

Le grand problème, et maintenant le seul véritable, c'est le retrait, une opération très<br />

compliquée puisqu'elle doit camoufler sa propre réalité. Ho Chi Minh disait qu'il fallait dérouler le<br />

tapis rouge devant l'ennemi contraint à l'évacuation. La difficulté viendra du fait qu'il n'existe pas<br />

d'entité irakienne susceptible de garantir la sécurité du retrait et la fiction du rôle achevé : laisser<br />

derrière soi un gourvernement "ami". Le parallèle avec le Viêt-Nam montre bien où le bât blesse.<br />

L'Iraq vu par les Irakiens<br />

La situation créée par la destruction du mausolée des Imams de la mosquée de Samarra, le 22<br />

février 2006, évolue très vite. A l'époque, la ville était quadrillée par les Américains et l'attentat a été<br />

préparé pendant le couvre-feu. Un témoin a entendu les perpétrateurs parler anglais. Ceux qui ont<br />

allumé le détonateur de la guerre confessionnelle étaient soit les Américains, soit les Israéliens. Je<br />

connais bien l'endroit. J'ai parlé avec toutes sortes de gens, y compris les gardiens du mausolée.<br />

Aucun Irakien n'aurait jamais songé à commettre un tel acte. L'ignominie poussée à ce point ne<br />

pouvait germer que dans des exprits machiavéliques, décidés à couler l'Iraq, faute de pouvoir s'en<br />

emparer.<br />

— 3 —

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