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Numéro 60--- ÉTÉ 2007 - Vho

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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />

sinistre domination précédente ; ils avaient été mis en place par le Saruman israélien, et leur défaite<br />

n’était plus qu’une simple question de temps. Mais Dahlan ne représente pas, à lui seul, le Fatah ; il<br />

en va de même de Mahmoud Abbas, intronisé roi du Bantoustan de Ramallah par les Etats-Unis et<br />

Israël. Le véritable Fatah, ce sont Marwan Barghouthi [cette marionnette ? ndt], qui est toujours<br />

encagé dans le Goulag juif, ainsi que d’autres hommes magnifiques et d’autres valeureux combattants<br />

qui ont porté haut le nom de la Palestine, depuis la bataille de Karaméh jusqu’à l’Intifada. Ce sont<br />

eux, le véritable Fatah, et on garde une place pour eux dans la Galerie des Gloires de la Révolution<br />

palestinienne.<br />

Je connais bien les combattants du Fatah ; je les ai rencontrés dans leurs villages, dans les<br />

collines de la Palestine, tandis qu’ils prenaient un bref instant de repos après de nombreuses années<br />

d’exil et de prison. Ce sont de grands hommes, qui ont été tout autant abasourdis par la soumission<br />

honteuse d’Abou Mazen au diktat israélo-américain que quiconque. La victoire des habitants de Gaza<br />

peut les mobiliser pour un ménage en règle de la maison, et leur faire recouvrer les traditions<br />

révolutionnaires qui sont les leurs. Dahlan et Rajoub, ces brutes sécuritaires, ainsi que leurs alliés<br />

politiques, Abou Mazen et Saeb Erekat, ont usurpé – que dis-je, ils ont privatisé – le nom du Fatah,<br />

exactement de la même manière que les gros bonnets du KGB ont privatisé le communisme et que les<br />

élites judéo-mammonites ont privatisé l’entreprise libératrice des pères fondateurs de l’Amérique.<br />

Que les combattants du Fatah ne soient surtout pas affectés par la défaite de Dahlan ! De plus, ils<br />

peuvent poursuivre sur leur lancée et se débarrasser de ces loups-garous qui ont usurpé le beau nom<br />

du Fatah, au service du Shin Bet.<br />

Jonathan Steele nous a rappelé, à juste titre,<br />

[voir http://www.guardian.co.uk/comment/story/0,,2108820,00.html ]<br />

que le fait d’ « armer des insurgés contre des gouvernements démocratiquement élus est une marotte<br />

des Etats-Unis qui ne date pas d’hier, et il n’est nullement accidentel qu’Elliott Abrams, viceconseiller<br />

ès sécurité nationale et architecte manifeste de la subversion anti-Hamas, ait déjà été un<br />

élément clé dans la fourniture par Ronald Reagan d’armes aux Contras qui combattaient le<br />

gouvernement démocratiquement élu du Nicaragua, dans les années 1980 ». Mais ces Contras,<br />

ubiquistes dès lors que survient une révolution – qu’il s’agisse des Chouans de la Vendée, ces Contras<br />

de la Révolution française, des Cosaques du Don, ces Contras de la Révolution russe, de l’Unita de<br />

Savimbi, ces Contras de la Révolution angolaise –, avaient effectivement, quant à eux, quelque vérité<br />

plaidant en leur faveur et ils exprimaient certains intérêts légitimes. C’est la raison pour laquelle<br />

nous approuvons et nous soutenons le caractère miséricordieux de la révolution du Hamas : celui-ci,<br />

en effet, est prêt à travailler à la cause palestinienne en associant à son combat les éléments les plus<br />

sains [ou plutôt : les moins pourris, ndt] du Fatah.<br />

Cependant, il est des leçons que l’on peut – que dis-je, que l’on doit absolument – retenir : la<br />

direction du Fatah a succombé à la tentation israélo-américaine à cause de son idéologie déficiente.<br />

Le nationalisme, cette arme de désintégration massive, a été exportée vers l’Est par les colonisateurs<br />

occidentaux afin de diviser pour mieux conquérir. Jusqu’au 19 ème siècle, l’Orient ignorait ce qu’était le<br />

nationalisme, car il était encore uni par la foi et gouverné par ses dirigeants traditionnels, les<br />

successeurs de Constantin le Grand et de Soliman le Magnifique. T. E. Lawrence a libéré les bacilles<br />

du nationalisme au Hejaz, où il les avait apportés cachés dans sa besace de selle de l’Intelligence<br />

Service, et c’est lui qui a sapé cette belle unité orientale. Il a promis aux Arabes leur indépendance<br />

des « Ottomans honnis », mais rien de bon n’a résulté de leur trahison : les colonisateurs<br />

britanniques, américains, puis, plus tard, sionistes, se sont partagé le butin, tandis que les indigènes<br />

étaient de plus en plus opprimés.<br />

Le nationalisme est par nature, nécessairement, une sorte d’idéologie particulariste du style<br />

« do it yourself ». En Palestine, en Egypte, en Syrie, cela fut compensé par un socialisme<br />

universaliste, mais avec l’évaporation de cet élément socialiste, le Fatah s’est retrouvé avec son seul<br />

nationalisme vicié, condamné à l’échec. « Ce sont des nationalistes, comme nous », disent les<br />

sionistes – de Sharon à Avnery –, en parlant du Fatah. « Ils seront très heureux avec un drapeau, un<br />

hymne national, un compte en banque en Suisse – comme nous ! Ils se contenteront bien d’un<br />

Bantoustan ou deux… »<br />

Mais ce n’est pas demain la veille, que les Palestiniens trahiraient la Palestine pour une illusion<br />

d’indépendance ! Tous les Palestiniens, je veux dire : tous ceux qui habitent en Palestine – natifs et<br />

immigrants - ont besoin de la Palestine dans sa totalité, et non pas des deux pourcents que<br />

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