Numéro 60--- ÃTà 2007 - Vho
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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />
ne seriez-vous pas amené à reprendre la lutte contre un régime ou un gouvernement qui se<br />
comporterait de la sorte ?<br />
Alors pourquoi ne pourrait-on pas combattre un régime, le régime sioniste, qui est<br />
discriminatoire, raciste et colonialiste ? Personne n'envisage un nouvel holocauste juif. Les<br />
antisionistes ne veulent qu'un seul Etat non confessionnel, non ethnique, non raciste en Palestine,<br />
pour les juifs et les Palestiniens. Un Etat qui ne serait pas différent de tous ceux qui sont<br />
authentiquement démocrates à travers le monde.<br />
Monsieur le Président,<br />
Il se trouve que j'ai étudié le sionisme. C'est donc sur la base d'une étude attentive de cette<br />
idéologie politique que je vous écris. Je vous rappelle certains faits :<br />
En premier lieu, la collaboration des sionistes, de droite comme de gauche, avec les<br />
antisémites comme avec les fascistes et les nazis. Il s'est agi d'une collaboration longue et<br />
extrêmement dommageable pour les juifs non sionistes, qui étaient à cette époque-là la très grande<br />
majorité des juifs. Bien que la chose puisse sembler incroyable, la collaboration des sionistes avec les<br />
fascistes, les nazis et les antisémites, historiquement attestée, était fondée sur une logique d'échange<br />
criminel aux dépens des juifs. Les sionistes ont appuyé les régimes fascistes et antisémites avant et<br />
pendant le seconde guerre mondiale en leur demandant en échange de leur permettre d'amener des<br />
juifs en Palestine pour réaliser leur projet colonial. Les juifs qui n'acceptaient d'émigrer en Palestine<br />
étaient abandonné à leur sort. Les antisémites étaient bien contents de se débarrasser des juifs de<br />
cette façon-là. Il n'est pas vrai que les antisémites soient des antisionistes, comme vous l'avez dit,<br />
mais c'est justement le contraire. On ne mettra pas en doute, je l'espère, ce qu'a dit, il y a quelques<br />
années, l'écrivain israélien Yehoshua :<br />
« Les gentils ont toujours encouragé le sionisme, dans l'espoir quil les aiderait à se<br />
débarrasser des juifs qui vivent parmi eux. Encore aujourd'hui, et de manière perverse, un<br />
antisémite se doit d'être sioniste. » ( 2 )<br />
L'écrivain israélien oublie pourtant de dire que les sionistes, eux aussi, de manière perverse,<br />
ont encouragé les antisémites à éloigner les juifs de leur pays en les confiant à des militants sionistes<br />
disposés à les faire parvenir en Palestine. Un vrai sioniste est un ami des antisémites.<br />
Cet aspect honteux de l'histoire du sionisme remonte à son fondateur lui-même, Théodore<br />
Herzl. En août 1903, Herzl s'est rendu en Russie pour une série de rencontres avec le comte Plehve,<br />
ministre antisémite du tsar Nicholas II, et Witte, ministre des finances. Ces rencontres eurent lieu<br />
moins de quatre mois après le pogrom de Kichinev dont Plehve était directement responsable. Herzl<br />
proposa une alliance, fondée sur un désir commun de voir la plus grande partie des juifs quitter la<br />
Russie et, à plus court terme les dissuader de rejoindre les mouvements socialiste et communiste. Au<br />
début de la première rencontre, le 8 août, Plehve déclara qu'il se considérait comme « un ardent<br />
défenseur du sionisme ». Comme Herzl commençait à décrire les objectifs du sionisme, le comte<br />
l'interrompit en lui disant : « Vous prêchez un convaincu ».<br />
Au cours d'une autre rencontre avec Witte, le fondateur du sionisme a cru devoir déclarer<br />
ouvertement : « J'avais l'habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : s'il y avait moyen de<br />
noyer six ou sept millions de juifs dans la Mer Noire, j'en serais parfaitement satisfait ; mais comme<br />
ce n'est pas possibe, nous devons les laisser vivre ». Et quand Herzl se prit à espérer quelques<br />
encouragements du gouvernement russe, Witte lui répondit : « Mais nous encourageons les juifs à<br />
émigrer, par exemple en leur donnant des coups de pied au cul ». ( 3 )<br />
La rencontre aboutit à une promesse de Plehve et du gouvernement russe de donner « un<br />
appui moral et matériel au sionisme dans la mesure où ses actions pratiques serviraient à diminuer la<br />
population juive en Russie ». ( 4 )<br />
« Si nous [les sionistes] — disait Jacob Klatzkin – n'admettons pas que les autres aient le droit<br />
d'être antisémites, alors nous nous refusons le droit d'être nationalistes. Si notre peuple désire vivre,<br />
et le mérite, sa propre existence nationale, il est naturel qu'il se perçoive comme un corps étranger<br />
obligé de rester dans les nations entre lesquelles il vit, un corps étranger qui insiste pour avoir sa<br />
propre identité distincte et qui est par conséquent obligé de réduire la sphère de sa propre existence.<br />
Il est donc juste qu'ils [les antisémites] luttent contre nous pour sauvegarder leur intégrité nationale.<br />
2 Jewish Chronicle, 22 janvier 1982.<br />
3 Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? Paris, Petite collection Maspero, 1981, p. 174-5.<br />
4 Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? cit. p. 174.<br />
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