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Numéro 60--- ÉTÉ 2007 - Vho

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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />

Des soldats israéliens humilient et harcèlent régulièrement les Palestiniens aux<br />

checkpoints ; des colons peignent des inscriptions de haine raciste sur les murs des maisons<br />

arabes à Hébron. A Jérusalem-Ouest, la police a pour habitude de faire des contrôles d’identité,<br />

des passants dont elle pense que ce sont des Arabes.<br />

Certaines localités juives refusent d’accueillir des Arabes, en alléguant des « différences<br />

culturelles ». Le maire d’une colonie juive a même eu le projet d’exiger des Arabes entrant dans<br />

la colonie qu’ils portent un badge les identifiant comme Palestiniens. Dans les années 1990,<br />

l’extrême-droite juive a menacé des commerces (juifs), afin qu’ils licencient leurs salariés<br />

arabes. Et ceux qui se plièrent à cette injonction reçurent un label « Ici, il n’y a pas d’Arabes ».<br />

Certains tentent parfois de camoufler cette haine raciale en combat religieux, mais dans les stades<br />

de football, c’est « Mort aux Arabes » qu’on entend, pas « Mort aux musulmans »<br />

La presse israélienne délaisse largement l’occupation au quotidien, malgré les reportages<br />

de quelques journalistes courageux, qui dénoncent le nombre particulièrement élevé d’enfants<br />

palestiniens tués par l’armée (plus de 650 depuis le début de la deuxième intifada en octobre<br />

2000, dont un quart avaient moins de 12 ans) ; les attaques de Palestiniens par les colons, et<br />

l’humiliation sans cesse renouvelée aux checkpoints.<br />

Le mur de 8 mètres de haut élevé à Jérusalem est presque invisible aux yeux des habitants<br />

de la partie occidentale, juive, de la ville. La topographie étant ce qu’elle est, la plupart des<br />

habitants juifs de la ville ne voient pas ce mammouth de béton qui divise les rues et les familles,<br />

non plus qu’ils ne voient les maisons démolies - exactement de la même façon que la plupart des<br />

blancs d’Afrique du Sud restaient à l’écart des bidonvilles, et restaient sourds à ce qui était<br />

commis en leur nom.<br />

Peu après mon arrivée à Jérusalem, je fus invité à dîner dans une famille juive de gauche. Il<br />

y avait, autour de la table, un éditeur américain, un historien de renom, et plusieurs militants<br />

politiques. On se mit bientôt à parler des Palestiniens, et la conversation dégénéra vite sur la<br />

question de savoir si ces derniers « méritaient » ou pas d’avoir un Etat. L’intifada, et les attentatssuicide<br />

qui l’ont accompagnée, justifiaient, aux yeux de plusieurs, les 37 années d’occupation, et<br />

effaçaient les crimes qu’avait pu commettre à l’encontre des Arabes placés sous sa domination.<br />

Tout cela me rappelait des conversations tenues en Afrique du Sud, et il faut dire aussi que<br />

l’image des Palestiniens, dans l’opinion israélienne, n’est pas très éloignée de celle qu’avaient de<br />

nombreux blancs sud-africains vis-à-vis des noirs. Les sondages montrent que pour beaucoup<br />

d’Israéliens, l’Arabe est « sale », « primitif », « violent », sans considération pour la vie humaine.<br />

Sharon a fait entrer dans ses gouvernements des hommes appelant ouvertement au<br />

nettoyage ethnique, avec des mesures qui dépasseraient nettement les déplacements forcés de<br />

populations auxquels se livra le régime d’apartheid. L’un de ces hommes était le ministre du<br />

Tourisme Rehavam Ze’evi, avocat du « transfert » des Arabes hors d’Israël et des territoires<br />

occupés. Même la presse israélienne le qualifait ouvertement de raciste. Ze’evi fut abattu en<br />

2001 par des Palestiniens, qui déclarèrent que la politique de cette homme en faisait une cible<br />

légitime.<br />

Mais les opinions de Ze’evi ne sont pas mortes avec sa personne. Un député influent du<br />

parti Likoud, Uzi Cohen, a déclaré qu’Israël et ses alliés occidentaux devraient exiger qu’une<br />

partie de la Jordanie soit détachée de ce royaume, et érigée en Etat palestinien, dans lequel les<br />

Arabes des territoires occupés auraient 20 ans pour émigrer « volontairement ». « Au cas où ils<br />

ne partiraient pas, il faudrait envisager leur expulsion par la force », ajouta Cohen. Uzi Cohen est<br />

l’un des 70 parlementaires qui ont déposé une proposition de loi tendant à l’instauration d’une<br />

« Journée nationale du souvenir » de Rehavam Ze’evi, et la création d’une institution destinée à<br />

perpétuer son « message ».<br />

En 2001, Uzi Landau fut nommé par Sharon ministre de la Sécurité, une fonction dont il<br />

profita pour proposer, ouvertement, la déportation des Palestiniens vers la Jordanie, parce qu’ils<br />

étaient un obstacle à l’expansion d’Israël en Cisjordanie.<br />

Sharon ne s’opposait que rarement à de tels discours, et, quand il le faisait, ce n’était pas<br />

pour en condamner le racisme ou l’immoralité. Une fois, Sharon répondit à des membres de son<br />

parti, le Likoud, qui le pressaient de déporter les Palestiniens, qu’il ne pouvait pas le faire, « car<br />

la situation internationale ne serait pas porteuse ».<br />

« On a toujours eu des fanatiques parlant du Grand Israël », commente Krausz, le survivant<br />

du génocide, toujours à Johannesbourg. « Il y a des cinglés qui disent qu’il est écrit dans la Bible<br />

que cette terre est à nous, que Dieu nous l’a donnée. Pour moi, c’est du fascisme ».<br />

Dépossession coloniale<br />

Yossi Sarid, un député israélien de gauche, s’exprimait dans les termes suivants, à propos<br />

d’un ministre qui réclamait le départ forcé des Arabes : « Ses propos me rappellent ceux tenus<br />

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