Numéro 60--- ÃTà 2007 - Vho
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GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES / <strong>60</strong> / ÉTÉ <strong>2007</strong><br />
voulons aussi contribuer aux bombardements stratégiques. Nous avons aussi nos B-52, nos Guam et<br />
notre Qatar. Ils n'aimeront pas ce qu'ils vont prendre sur la gueule.<br />
16 août <strong>2007</strong>.<br />
2<br />
UN COUP D'ÉPÉE DANS L'EAU<br />
par Serge Thion<br />
A l'appel des gens du Camps anti-impérialiste, coordonnés par Willi Langthaler et Leonardo<br />
Mazzei, il s'est tenu une conférence intitulée "Avec la Résistance — Pour une paix juste au Moyen-<br />
Orient", les 24 et 25 mars <strong>2007</strong>, à Chianciano Terme, petite station thermale qui se trouve à une<br />
heure de Rome. Des représentants des mouvements de résistance venus d'Iraq, du Liban, des<br />
Philippines, d'Afghanistan, de Palestine, etc. étaient annoncés. Ce projet de conférence avait été mis<br />
en échec par le gouvernement Berlusconi, qui avait refusé en bloc les visas aux différents<br />
intervenants. Cette année, le gouvernement Prodi a laissé faire. Il s'agissait donc de la première<br />
rencontre internationale en Europe à laquelle pouvaient participer des représentants dument<br />
accrédités de ces mouvements de résistance, généralement qualifiés de "terroristes" par la presse<br />
servile qui bat les tambours de l'invasion américaine dans cette région du monde. En principe, cela<br />
aurait dû êre un événement politique considérable.<br />
Le flop en a été d'autant plus net. La presse italienne qui avait violemment critiqué le Campo<br />
pour cette initiative qualifiée de subversive, à l'heure où les contingents militaires italiens, ayant<br />
quitté l'Iraq, se débattent en Afghanistan, et au Liban (dans le cadre de la Finul), a fait un grand<br />
silence sur la tenue et les résultats de la conférence elle-même. Une délégation de la Gazette du Golfe<br />
et des banlieues a pu observer sur place les débats. Voici son sentiment :<br />
Le titre était trompeur : il s'agissait non pas des résistances, mouvements populaires engagés<br />
dans des luttes armées de libération nationale, mais de groupuscules communistes dont l'existence<br />
fantomatique est elle-même douteuse. Ainsi l'Afghanistan était représenté par les "Radicaux de<br />
gauche" et non par le moindre taliban. Que représentent les "radicaux de gauche" à Kaboul ? Sans<br />
doute trois personnes dans un bistrot. Les Irakiens étaient, pour la plupart, membre d'une "Alliance<br />
patriotique" qui n'a jamais fait parler d'elle, sinon par l'intermédiaire du Campo. On pourrait<br />
analyser la liste des intervenants et celle des "soutiens" à la conférence. Il en ressort qu'on a affaire à<br />
des fantômes issus de l'éclatement et de la disparition des partis communistes, certains autrefois fort<br />
importants, qui ne représentent que des drapeaux fanés. On avait affaire à une image virtuelle de ce<br />
qu'ont été les composantes du mouvement communiste international vers les années 50, ou,<br />
remontant plus loin, pour ceux qui ont de bonnes lectures, le Congrès des Peuples d'Orient, qui s'est<br />
tenu à Bakou en 1920. On percevait la lancinante nostalgie des organisateurs et leur refus de voir que<br />
ce mouvement, plutôt que de préfigurer l'avenir, s'enfonce dans les ombres du passé.<br />
On aurait supporté le ressassement de théories politique disparues du terrain depuis trente<br />
ans si elles ne s'étaient accompagnées, chez les Irakiens, de virulentes attaques contre l'Iran. Voilà<br />
des gens, qui passent sans doute leur vie dans les cafés de Damas ou d'Amman, fragments d'une<br />
direction communiste en exil depuis presque un demi-siècle, qui viennent en Italie pour exploser de<br />
haine contre leur voisin. Ces gens n'ont pas eu une seule parole pour exposer de supposées activités<br />
de résistance et il est apparu clairemment qu'ils étaient, à cet égard, des imposteurs purs et simples.<br />
Leurs accès de chauvinisme ont d'ailleurs provoqué des remous dans l'assistance et les organisateurs<br />
ont eu du mal à colmater les brèches. Si, d'un côté, personne n'était là pour chanter les louanges du<br />
régime iranien, ou celles d'un Etat quelconque, personne non plus ne souhaitait reprendre l'antienne<br />
américaine d'une "agression" iranienne en Iraq. Si on ne comprend pas que la politique iranienne est<br />
d'abord déterminée par le souci d'empêcher que l'Iraq serve à nouveau de base à une offensive contre<br />
la République islamique, on se condamne à l'aveuglement. La critique est une chose, le déferlement<br />
du chauvinisme en est une autre, qui explique que Téhéran cherche à prendre des gages.<br />
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