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Cytotoxiques : utilisation pratique - 3ème édition (2Mo) - CNHIM

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D o s s i e r<br />

d u C N H I M<br />

Revue d’évaluation sur le médicament<br />

Publication bimestrielle<br />

1998, XIX, 2-3<br />

SOMMAIRE<br />

ÉVALUATION<br />

THÉRAPEUTIQUE<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> :<br />

<strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong><br />

3 ème édition<br />

1998, XIX, 2-3<br />

Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament<br />

ISSN 0223.5242


É chos du <strong>CNHIM</strong><br />

Marie Caroline HUSSON,<br />

Rédacteur en chef,<br />

Directeur du <strong>CNHIM</strong><br />

UTILISATION PRATIQUE DES CYTOTOXIQUES 3 ème ÉDITION,<br />

UN TYRAVAIL PLURIDISCIPLINAIRE<br />

Cette 3ème édition sur l’<strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> des cytotoxiques s’inscrit d’une part dans la ligne éditoriale de la revue Dossier<br />

du <strong>CNHIM</strong>, soutenue par le souhait des lecteurs de voir actualisées régulièrement les informations sur ces thérapeutiques<br />

dont le maniement est en perpétuelle évolution, d’autre part dans la continuité de collaboration avec la Fédération<br />

Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (FNCLCC), collaboration déjà concrétisée dans le bulletin du cancer «<br />

Opérations standards, options et recommandations (SOR) », vol. 82, suppl. 4-1995 et encore très récemment dans un cédérom.<br />

Comme nous le soulignions en 1995 dans un texte cosigné avec T. Philip et M. Marty, la mise en commun des réflexions,<br />

des activités et des expériences entre pharmaciens hospitaliers et médecins hospitaliers répond à un souci de complémentarité<br />

et de synergie évidentes.<br />

Cette complémentarité s’appuie sur les textes réglementaires qui définissent le rôle du pharmacien à l’hôpital, notamment<br />

l’arrêté du 9 août 1991 qui redéfinit le circuit du médicament à l’hôpital et la loi du 8 décembre 1992 qui définit les différents<br />

rôles du pharmacien à l’hôpital.<br />

La mise en commun de ces compétences a le même objectif : l’optimisation du rapport bénéfice /risque des thérapeutiques<br />

médicamenteuses dans l’intérêt du patient.<br />

La nouvelle édition, actualisée, de ce recueil d’informations sur l’<strong>utilisation</strong> des cytotoxiques, rédigée par des pharmaciens<br />

et largement revue par des médecins, d’autres pharmaciens et des membres du corps infirmier, tente de répondre aux<br />

besoins d’informations et aux questions <strong>pratique</strong>s de toutes les personnes prescrivant, préparant, administrant et surveillant<br />

les chimiothérapies anticancéreuses, qu’elles exercent en milieu hospitalier ou extra-hospitalier.<br />

Ces informations sont en accord avec les objectifs des SOR de la FNCLCC. Les standards correspondent aux indications<br />

de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) ou d’une autorisation temporaire d’<strong>utilisation</strong> (ATU) pour les médicaments<br />

encore dépourvus d’AMM, importés ou non, destinés à traiter les maladies graves et/ou rares chez un patient nommément<br />

désigné (ATU nominative) ou à une cohorte de patients (ATU de cohorte).<br />

Les options et recommandations, qui traduisent les protocoles validés au plan national et international, pathologie par<br />

pathologie, font l’objet d’un travail encore en cours. Quelques éléments figurent déjà ici traitant de l’<strong>utilisation</strong> des cytotoxiques<br />

en pédiatrie.<br />

D’autres rubriques ont été totalement revues, les mécanismes d’action et de résistance, la pharmacocinétique, les interactions<br />

médicamenteuses significatives au plan clinique, les stabilités utiles en <strong>pratique</strong>, dans les unités de reconstitution centralisées<br />

notamment. La liste des protocoles a été élargie à tous ceux cités dans les SOR. Enfin, les références bibliographiques<br />

sont intégrées dans le texte chapitre par chapitre.<br />

Pour réaliser ce travail approfondi, actualisé, mais toujours d’intérêt <strong>pratique</strong>, l’équipe de rédaction s’est élargie et des<br />

groupes de travail constitués de membres du GPCO (Groupe de Pharmacologie Clinique Oncologique) et de pharmaciens<br />

de centres anticancéreux ont rejoint les premiers auteurs, sous l’égide du <strong>CNHIM</strong>.<br />

Ce travail, polydisciplinaire et continu, d’intégration des nouvelles connaissances et de synthèse d’expériences validées en<br />

cancérologie, devrait ainsi contribuer à une optimisation de l’<strong>utilisation</strong> de ces médicaments qui restent aujourd’hui les<br />

armes essentielles de la lutte contre le cancer.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 3


«STANDARDS, OPTIONS ET RECOMMANDATIONS»<br />

FEDERATION NATIONALE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER<br />

La Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) et les Centres régionaux de lutte contre le cancer<br />

(CRLCC), en collaboration avec des partenaires des secteurs public (CHU, CHG), privé et certaines sociétés savantes, ont<br />

entrepris depuis 1993 de réaliser des recommandations pour la <strong>pratique</strong> clinique : les « standards, options et recommandations<br />

» (SOR).<br />

UNE ANALYSE CRITIQUE DE LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE DISPONIBLE<br />

L’objectif des « Standards, Opiitons et Recommandations » est donc de définir clairement les interventions en cancérologie<br />

qui sont appropriées, celles qui ne le sont pas et celles pour lesquelles il existe une équivoque. La méthodologie d’élaboration<br />

des SOR repose sur une revue et une analyse critique des données de la littérature scientifique par un groupe d’experts<br />

pluridisciplinaire, permettant de définir sur la base du niveau de preuve scientifique et du jugement argumenté des<br />

experts, des « Standards » des « Options » et des « Recommandations ». Avant publication, les SOR sont revus par des<br />

experts. Les SOR fournissent aux cliniciens susceptibles de prendre en charge des patients atteints de cancer une information<br />

actualisée et critique concernant le diagnostic, le traitement et la surveillance de cette maladie.<br />

DES SUPPORTS VARIES : CEDEROM, MONOGRAPHIES, ARTICLES DE REVUES, INTERNET, QUI DOIVENT PER-<br />

METTRE DE MIEUX FAIRE CONNAITRE LES BONNES PRATIQUES EN CANCEROLOGIE<br />

Les SOR sont publiés sous forme de monographies et d’articles de revue et sur support électronique, sous forme de cédérom.<br />

Une collection dédiée a été créée avec les éditions John Libbey Eurotext. La prochaine monographie consacrée aux<br />

SOR pour la prise en charge intiale des patientes atteintes de tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire, sortira au cours du<br />

printemps 1998. Une dizaine de monographies sont prévues pour 1998. L’espace bimestriel «Standards, Options et<br />

Recommandations» dans le bulletin du Cancer a pour objectif la diffusion des principales recommandations des SOR<br />

auprès des spécialistes de la cancérologie.<br />

Les SOR seront également disponibles sur Internet (http://www.fnclcc.fr) dès septembre 1998.<br />

UN TRAVAIL COLLECTIF QUI ASSOCIE LES CRLCC, LE SECTEUR PUBLIC ET LE SECTEUR PRIVE<br />

Plusieurs « Standards, options et recommandations » ont déjà été publiés en 1995 et 1996. Il concernent la prise en charge<br />

du cancer du sein non métastaque, du cancer du côlon, de l’oesophage, de l’hépatocarcinome, des sarcomes des tissus<br />

mous et de l’ostéosarcome, ainsi que des traitements complémentaires tels que les antiémétiques, les facteurs de croissance<br />

et la prise en charge de la douleur.<br />

Le nouveau cédérom qui vient d’être publié (mars 1998) comprend 25 nouveaux chapitres dont les SOR du cancer de<br />

l’ovaire, du rectum, du rein, le mélanome, la maladie de Hodgkin, certains cancers pédiatriques, la prise en charge des problèmes<br />

infectieux, qinsi qu’une mise à jour des chapitres précédents représentant 6 000 pages Word et 26 000 liens hypertextes.<br />

COLLABORATION AVEC LE <strong>CNHIM</strong><br />

Le médicament est une composante essentielle de la prise en charge des patients atteints de cancer. Le pharmacien est un<br />

professionnel du médicament et ses compétences spécifiques complètent celles du médecin.<br />

La mise en commun des travaux et réflexions de la FNCLCC et du <strong>CNHIM</strong> a pourt objectif l’amélioration de la qualité et<br />

de l’efficience des soins aux patients.<br />

Cette collaboration s’est concrétisée avec la publication en 1995 des « standards, options, et recommandations pour l’<strong>utilisation</strong><br />

<strong>pratique</strong> des anticancéreux » (Bulletin du cancer, 82, suppl. 4, 319s-452s) et très récemment (mars 1998) d’une<br />

version actualisée et enrichie de liens hypertextes dans la deuxième édition du cédérom des SOR. La FNCLCC mettra également<br />

très prochainement à disposition sur son site internet la dernière version de ce Dossier.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 4


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

É d i t o r i a l<br />

Professeur Michel Marty,<br />

Service d’Oncologie Médicale,<br />

Hôpital Saint-Louis, AP-HP<br />

Depuis la deuxième édition du dossier « anticancéreux : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> » la situation des traitements médicaux des<br />

cancers a été marquée par :<br />

1. L’approbation maintenant selon des procédures européennes centralisées ou de reconnaissance mutuelle d’un assez<br />

grand nombre d’agents cytotoxiques souvent caractérisés par une activité significative et un index thérapeutique limité.<br />

Qui plus est, certaines de ces AMM les plus récentes témoignent clairement de la nécessité d’obtenir un accord européen,<br />

fusse au détriment de la lisibilité ou de la pertinence médicale d’un certain nombre d’entre elles.<br />

2. Fait important, certains de ces nouveaux agents ont ouvert des champs de prescription jusqu’alors peu explorés et mal<br />

documentés : traitements de deuxième ligne des cancers colorectaux métastatiques, traitements de deuxième ligne des cancers<br />

ovariens, traitements des cancers du sein résistants aux anthracyclines...<br />

3. Une extension très nette de la <strong>pratique</strong> des traitements médicaux des cancers à la fois du fait des démonstrations apportées<br />

par des études institutionnelles multicentriques des bénéfices de ces traitements, que ce soit en situation adjuvante<br />

(anthracyclines dans le traitement adjuvant des cancers du sein, association 5FU acide folinique dans le traitement des cancers<br />

colorectaux) ou dans le traitement de formes métastatiques (cancers bronchiques, cancers colorectaux, cancers du rein,<br />

mélanomes...), du fait de la demande légitime émanant soit de médecins généralistes ou spécialistes d’organes mieux informés,<br />

soit des patients eux-mêmes.<br />

4. Un remarquable effort de normalisation des <strong>pratique</strong>s médicales et pharmaceutiques, que ce soit par l’adoption de procédures<br />

opératoires standardisées par un assez grand nombre de centres ou par la publication des Standards Options et<br />

Recommandations.<br />

Tout ceci aboutit :<br />

* à une complexité progressivement plus grande des traitements médicaux des cancers, des traitements symptomatiques<br />

associés ;<br />

* à une extension rapide de la population des prescripteurs, dispensateurs, préparateurs et administrateurs impliqués.<br />

A un moment où la sortie de la réserve hospitalière est très largement en discussion ainsi que les conditions dans lesquelles<br />

elle s’effectuerait, la troisième édition de cet ouvrage constitue un document irremplaçable puisque couvrant tous les<br />

aspects du mécanisme d’action de la pharmacocinétique, de la stabilité des conditions de préparation et d’administration<br />

et des associations validées, des traitements médicaux des cancers. Qui plus est, il s’adresse à tous les participants des traitements<br />

médicaux des cancers et leur fournit une base référentielle univoque.<br />

En écrivant cet éditorial, on se prend à penser à la quatrième édition, à l’utilité probable d’un support bureautique, aux<br />

annexes utiles que représenteront des fiches de prescription et de dispensation...<br />

Nous dirons, pour conclure, que cet ouvrage n’a pas son équivalent en Europe et authentifie sans aucun doute la qualité<br />

de la réflexion menée en France sur la prise en charge multidisciplinaire des malades atteints de cancer.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 5


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Liste et<br />

caractéristiques<br />

administratives<br />

des cytotoxiques étudiés<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 9


évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />

Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés<br />

DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />

Altrétamine HEXALEN® Hexaméthylmélamine HMM, HXM RPR ATU<br />

USBiosciences<br />

Amsacrine AMSIDINE® mAMSA, Parke Davis<br />

AMSA<br />

Asparaginase - KIDROLASE® L-ASP, RPR R<br />

- ERWINASE® ASPA, ASA CAMR (GB) ATU - R<br />

BCG IMMUCYST® BCG Pasteur R<br />

Bicalutamide CASODEX® Zénéca Exp<br />

Bléomycine BLÉOMYCINE® BLM, BLEO RPR<br />

Roger Bellon<br />

Busulfan MYLÉRAN® BUS, BSF Glaxo- ATU de<br />

Wellcome cohorte<br />

Carboplatine PARAPLATINE® CBDCA, JM 8 Bristol-Myers R<br />

Squibb<br />

Carmustine BICNU® BCNU Bristol-Myers R<br />

Squibb<br />

Chlorambucil CHLORAMINOPHÈNE® CLB, CAB, Techni-Pharma<br />

CHL<br />

Chlorméthine CARYOLYSINE® Méchloréthamine HN2 Synthélabo<br />

Cisplatine - CISPLATYL® CDDP, RPR R<br />

- CISPLATINE® Asta Médica CisDDP, Asta Médica R<br />

- CISPLATINE® Dakota DDP Sanofi-Winthrop R<br />

- CISPLATINE® Lilly (NSFP) Lilly France R<br />

- CISPLATINE® Pasteur Pasteur R<br />

- CISPLATINE® Qualimed Qualimed R<br />

Cladribine LEUSTATINE® 2-chlorodéoxyadénosine 2-CdA Janssen Cilag R<br />

Cyclophosphamide ENDOXAN Asta® CPA, CPM, Asta Médica<br />

CYP<br />

Cytarabine ARACYTINE® Cytosine-Arabinoside ARA-C Pharmacia R<br />

& Upjohn<br />

CYTARBEL® RPR R<br />

Dacarbazine DÉTICÈNE® DTIC, DIC RPR<br />

Dactinomycine COSMÉGEN® Actinomycine D DACT, ACD, MSD ATU<br />

AMD, ACTD<br />

Daunorubicine CÉRUBIDINE® Daunomycine/ DNR, DRB RPR<br />

Rubidomycine<br />

ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />

NSFP : ne se fait plus<br />

R : réservé aux hôpitaux<br />

Exp : en expérimentation<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 10


évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />

Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 1)<br />

DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />

Daunorubicine DAUNOXOME® NeXstar R<br />

liposomale<br />

Docétaxel TAXOTÈRE® TXT RPR R<br />

Doxorubicine - ADRIBLASTINE® Adriamycine ADR, DOX, Pharmacia R<br />

& Upjohn<br />

- DOXORUBICINE® Dakota ADM Sanofi-Winthrop<br />

- Chlorhydrate de doxorubicine® 2 % Pharmachemic BV<br />

Pharmachemic BV<br />

- Chlorhydrate de doxorubicine® Asta Médica Asta Médica<br />

Doxorubicine CAELYX® Schering-Plough R<br />

liposomale<br />

Édatrexate* 10 EDAT Ciba-Geigy Exp<br />

Elliptinium CÉLIPTIUM® NMHE, Pasteur R<br />

9HME<br />

Épirubicine FARMORUBICINE® 4 Épiadriamycine 4 EA, EDOX Pharmacia R<br />

4 Épidoxorubicine & Upjohn<br />

Estramustine ESTRACYT® Pharmacia<br />

& Upjohn<br />

Étoposide - CELLTOP®* VP 16 Asra Médical R<br />

base - ÉTOPOSIDE® Dakota Sanofi-Winthrop<br />

- ÉTOPOSIDE® Meram RPR R<br />

- ÉTOPOSIDE® Merck Merk générique R<br />

- ÉTOPOSIDE® Pierre Fabre Pierre Fabre R<br />

- ÉTOPOSIDE® Teva Teva Pharm BV R<br />

- VÉPÉSIDE-Sandoz® Novartis R<br />

Étoposide ÉTOPOPHOS Bristol-Myers- R<br />

phosphate<br />

Squibb<br />

Fludarabine FLUDARA® FAMP Schering SA R<br />

5 Fluoro-uracile FLUORO-URACILE® Dakota 5-FU Sanofi-Winthrop<br />

FLUORO-URACILE® Méram<br />

RPR<br />

FLUORO-URACILE® Roche<br />

Roche<br />

FLUORO-URACILE® Teva<br />

Teva Pharm BV<br />

Fluoro-uridine- FLOXURIDINE®** 5-FUDR Roche R-ATU<br />

désoxyribose<br />

Fotémustine MUPHORAN® FTMU Servier R<br />

Gemcitabine GEMZAR® 2,2' difluoro- DFDC Lilly R<br />

déoxycytidine<br />

ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />

R : réservé aux hôpitaux<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 11<br />

Exp : en expérimentation (ne font pas l’objet d’une monographie)<br />

* développement arrêté<br />

** arrêt de fabrication


évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />

Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 2)<br />

DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />

Hydroxyurée HYDRÉA® Hydroxycarbamide HUR, HU Bristol-Myers<br />

Squibb<br />

Idarubicine ZAVÉDOS® DMDR, Pharmacia- R<br />

IDA, IDR & Upjohn<br />

Ifosfamide HOLOXAN® IFM, IFX Asta Médica R<br />

Interféron - INTRONA® IFNα2b Schering-Plough R<br />

- ROFÉRON®-A IFNα2a Roche R<br />

Interleukine 2 PROLEUKIN® Aldesleukine IL2-r Chiron France R<br />

Irinotécan CAMPTO® CPT 11 RPR R<br />

Létrozole FÉMARA® Novartis Pharma<br />

Lomustine BÉLUSTINE® CCNU RPR<br />

Losoxantrone BIANTRAZOLE® DUP 941 Dupont Merck NC<br />

Melphalan ALKÉRAN® MPH, Glaxo-Wellcome R<br />

L-PAM<br />

6-mercaptopurine PURINÉTHOL® 6-MP Glaxo-Wellcome<br />

Méthotrexate - LEDERTREXATE® MTX Wyeth-Lederlé R (Inj,<br />

500 mg)<br />

- MÉTHOTREXATE® Bellon RPR R (Inj,<br />

500 mg)<br />

- MÉTHOTREXATE® Teva Teva Pharm BV<br />

Miltéfosine MILTEX® Héxadécyl- HOC, Asta Médica R<br />

phosphocholine He-PC,<br />

MIL<br />

Mitoguazone MÉTHYL GAG® MGZ, Sanofi-Winthrop<br />

mgGH<br />

Mitomycine C AMÉTYCINE® MTC, Sanofi-Winthrop<br />

MMC<br />

Mitoxantrone NOVANTRONE® MITX, Wyeth-Lederlé<br />

DHAD,<br />

NVT<br />

Oxaliplatine ELOXATINE® LOHP Sanofi-Winthrop R<br />

Paclitaxel TAXOL® TXL Bristol-Myers R<br />

Squibb<br />

Pentostatine NIPENT® 2’-déoxycoformycine DCF Wyeth-Lederlé R<br />

ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />

R : réservé aux hôpitaux<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 12


évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />

Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 3)<br />

DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />

Pirarubicine THÉPRUBICINE® THP-Adriamycine THPA,<br />

RPR<br />

THP<br />

Prednimustine STÉRÉOCYT® PMU, Pharmacia R<br />

PM<br />

& Upjohn<br />

Procarbazine NATULAN® PCZ, Roche<br />

PBZ<br />

Raltitrexed TOMUDEX® Zeneca Pharma R<br />

Rituximab MABTHERA® Roche ATU<br />

Sémustine<br />

Me CCNU<br />

Streptozocine ZANOSAR® Streptozotocine STZ Pharmacia- R<br />

& Upjohn<br />

Téniposide VÉHEM-Sandoz®* VM 26 Novartis Pharma R<br />

6-thioguanine LANVIS® 6 TG Glaxo-Wellcome ATU de<br />

cohorte<br />

Thiotépa THIOTÉPA Lederlé® Triaziridinyl TTP Wyeth-Lederlé R<br />

phosphine sulfure<br />

Topotécan HYCAMTIN® TPT Beecham R<br />

Trétinoïne VÉSANOÏD® Acide tout trans ATRA Roche R<br />

rétinoïque<br />

Vinblastine VELBÉ® Vincaleucoblastine VLB Lilly-France R<br />

VINBLASTINE®<br />

RPR<br />

Roger Bellon<br />

Vincristine VINCRISTINE® Leucocristine VCR RPR R<br />

Roger Bellon<br />

VINCRISTINE®<br />

Pierre Fabre<br />

Pierre Fabre<br />

ONCOVIN®<br />

Lilly-France<br />

Vindésine ELDISINE® VDS, Lilly-France R<br />

DVA<br />

Vinorelbine NAVELBINE® NVB, Pierre Fabre R<br />

VRL<br />

ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />

R : réservé aux hôpitaux<br />

* arrêt de commercialisation ; la spécialité ne sera plus disponible à partir de juin 1998.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 13


évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />

Administration et manipulation<br />

des cytotoxiques<br />

FEU VERT : Conditions nécessaires pour réaliser une cure<br />

PROTECTION DU MANIPULATEUR<br />

RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA MANIPULATION DES EXCRETA<br />

ET DES VOMISSURES DES MALADES RECEVANT DES CYTOTOXIQUES<br />

MESURES DESTINÉES À RESPECTER L'ABORD VASCULAIRE<br />

LORS DE TRAITEMENTS DE COURTE DURÉE : LE RINÇAGE DE VEINE<br />

SYSTÈME D'ADMINISTRATION DES CYTOTOXIQUES LORS DE PERFUSIONS<br />

DE LONGUE DURÉE : PRÉSENTATION, ENTRETIEN, COMPLICATIONS ÉVENTUELLES<br />

ATTITUDE PRATIQUE EN CAS D'EXTRAVASATION DE CYTOTOXIQUES<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 14


Évaluation thérapeutique<br />

Anticancéreux : Utilisation <strong>pratique</strong><br />

FEU VERT : Conditions nécessaires pour réaliser une cure (31, 56, 71)<br />

La prise en charge de la chimiothérapie anticancéreuse ne<br />

se limite pas à la simple administration des médicaments<br />

prescrits ; encore faut-il vérifier certains paramètres avant<br />

l'injection, puis surveiller la tolérance du traitement.<br />

Au moment du diagnostic, avant traitement<br />

Au moment du diagnostic et avant d’entreprendre un traitement<br />

cytotoxique, il convient de :<br />

- éliminer tout syndrome infectieux (bactérien, viral, parasitaire<br />

ou fongique) ; l'existence d'une fièvre peut être aspécifique,<br />

- éliminer toute porte d'entrée aux infections : pathologie<br />

dentaire, par exemple,<br />

- rechercher toute affection cardiaque, pulmonaire, rénale,<br />

ou hépatique et en mesurer le retentissement clinique et<br />

biologique,<br />

- étudier le capital veineux afin de prévoir, au besoin, un<br />

site d'administration central,<br />

- s'assurer de l'absence de grossesse ou d'allaitement, d'un<br />

recours à une contraception adaptée et/ou à la cryoconservation<br />

du sperme.<br />

La veille ou le jour du traitement, un bilan complet, biologique,<br />

radiologique et clinique, doit être réalisé.<br />

Des résultats différents imposent :<br />

- soit de réduire les posologies de 25 à 50 %,<br />

- soit de ne pas administrer un cytotoxique à toxicité spécifique,<br />

par exemple :<br />

. anthracycline et 5-FU en cas d'antécédents cardiovasculaires,<br />

. cisplatine, méthotrexate en cas d'insuffisance rénale,<br />

. vinca-alcaloïdes, cisplatine en cas de neurotoxicité.<br />

Il faut veiller aussi à ne pas dépasser les doses cumulatives<br />

(cf. infra Monographies et Annexe 2).<br />

Pendant l'administration du traitement anticancéreux<br />

Pendant l’administration du traitement cytotoxique, il faut<br />

s'assurer que :<br />

- les traitements adjuvants destinés à protéger le malade des<br />

effets indésirables des médicaments sont bien respectés :<br />

hydratation, protection de la lumière, casque réfrigérant,<br />

antipyrétiques et antiémétiques...,<br />

- l'administration se déroule comme prévu en cherchant à<br />

dépister les symptômes révélateurs d'une extravasation,<br />

- le malade ne présente pas un effet inattendu : spasme coronarien<br />

au fluoro-uracile, hypotension par l’étoposide,<br />

fièvre...<br />

Avant l'administration du traitement anticancéreux<br />

Au moment de prescrire et/ou d'administrer un traitement<br />

cytotoxique, il faut vérifier que :<br />

- le nombre de leucocytes est > 2 ou 3 G/l (1 Giga = 10 9 )*,<br />

- le nombre de polynucléaires neutrophiles est >1,5 ou 2 G/l*,<br />

- le nombre de plaquettes est > 100 ou 150 G/l*,<br />

- le bilan hépatique complet reste dans des limites tolérables :<br />

. bilirubinémie < 20 µmol/l,<br />

. transaminases < 3 N (trois fois la valeur normale),<br />

- le bilan rénal reste normal : créatininémie < 140 µmol/l.<br />

- si nécessaire, il faut retarder la chimiothérapie jusqu'au<br />

retour à des valeurs biologiques correspondant aux normes<br />

précédentes,<br />

* Ces limites, volontairement imprécises, varient selon le<br />

risque hématologique particulier à chaque traitement et la<br />

<strong>pratique</strong> de chaque chimiothérapeute.<br />

Pendant l'intercure<br />

Pendant l’intercure, il faut surveiller les effets retardés des<br />

cytotoxique et prendre immédiatement les mesures qui<br />

s'imposent :<br />

- prendre la température,<br />

- <strong>pratique</strong>r une numération formule sanguine (NFS) au<br />

moment où l'atteinte des lignées sanguines est la plus probable<br />

(7-15 jours en général : cf. Annexe 6) n’est pas indispensable<br />

chez le patient asymptomatique et sauf dans le cas<br />

particulier d’un protocole ; en cas d'aplasie fébrile, il faut le<br />

plus souvent réhospitaliser le malade, en milieu protégé,<br />

jusqu'à récupération d'au moins 1 G/l de leucocytes,<br />

- hépariniser régulièrement les sites implantables,<br />

- prescrire au malade sortant : antiémétiques, bains de<br />

bouche, antidiarrhéiques... en fonction des toxicités des<br />

protocoles administrés,<br />

- surveiller l'apparition de toute toxicité retardée en fonction<br />

des cytotoxiques utilisés (cf. Monographies), ces toxicités<br />

peuvent amener le clinicien à ne plus prescrire le médicament<br />

responsable.<br />

Dossier 1997, XVIII, 5-6<br />

15


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Nature et importance des risques potentiels liés à<br />

la manipulation des médicaments cytotoxiques<br />

Les substances cytotoxiques présentent, au cours de leur<br />

manipulation, des risques d'autant plus préoccupants que<br />

les connaissances suffisantes pour en apprécier rapidement<br />

et avec certitude l'impact sur les manipulateurs et sur l'environnement<br />

ne sont pas disponibles (11, 13, 17, 20, 21, 22).<br />

Les risques résultent essentiellement d'un contact direct<br />

(peau, muqueuse, cornée...) avec la substance anticancéreuse,<br />

ou de son inhalation sous forme d'un aérosol médicamenteux<br />

se formant pendant la préparation, de l'administration<br />

sans précautions particulières ou à la suite d'un accident<br />

(bris de flacon, projection cutanée ou oculaire, piqûre<br />

malencontreuse...).<br />

Les effets indésirables des cytotoxiques pour le manipulateur<br />

peuvent être immédiats ou retardés (25).<br />

1. Toxicité immédiate (27, 38, 55)<br />

1.1. Réactions générales<br />

Rougeur du visage, œdème palpébral, prurit avec rash érythémateux<br />

ou réaction urticante des membres supérieurs,<br />

ulcérations de la muqueuse nasale, réactions asthmatiformes,<br />

nausées ont été rapportés.<br />

Céphalées, vertiges, étourdissements, perte des cheveux,<br />

sont observés également mais de façon épisodique.<br />

1.2. Réactions locales<br />

Des irritations plus ou moins graves dues au contact direct<br />

avec le médicament peuvent être observées, ainsi que des<br />

nécroses cutanées localisées après piqûre malencontreuse.<br />

2. Toxicité retardée (11, 38, 39, 40, 42, 55)<br />

2.1. Atteintes hépatiques<br />

Trois cas d'atteintes hépatiques ont été rapportés, dans une<br />

même publication, chez trois infirmières manipulant des<br />

cytotoxiques. Toutefois, l'imputabilité réelle de ces médicaments<br />

n'a pas été pas établie.<br />

2.2. Effets mutagène et carcinogène potentiels<br />

En fonction d'un risque probable d'effet carcinogène des<br />

cytotoxiques chez les malades traités à long terme, un effet<br />

de même type a été envisagé chez les personnes qui fabriquent,<br />

préparent ou administrent ces médicaments.<br />

PROTECTION DU MANIPULATEUR<br />

(11, 17, 20, 21, 22, 39, 40, 42, 49, 59, 71)<br />

À ce jour, aucun cas de carcinogénicité ou de tératogénicité<br />

n'a été observé. Toutefois, certaines études laissent planer<br />

de lourdes incertitudes car elles font état de :<br />

- détection de certaines substances anticancéreuses ou de<br />

leurs métabolites dans les urines de ceux qui les manipulent<br />

(cyclophosphamide, platine, alkylants) ou dans l'ambiance<br />

de travail (5 fluoro-uracile) (28),<br />

- mutagenèse in vitro, sur des bactéries, induite par l'urine<br />

d'infirmières manipulant ces médicaments (6, 8, 14, 28, 70),<br />

- altérations chromosomiques établies par dénombrement<br />

des échanges de chromatides sœurs.<br />

La pertinence et la validité de ces études sont sujettes à caution<br />

et beaucoup n'ont pu être confirmées par la suite.<br />

Il n'en reste pas moins que les agents anticancéreux restent<br />

suspects. D'autant qu'il existe une possibilité de toxicité<br />

cumulée pour l'organisme, capable d'entraîner des lésions<br />

d'abord non apparentes cliniquement, mais qui, lorsqu'elles<br />

le deviennent, sont sérieuses et souvent irréversibles. Ainsi,<br />

un risque carcinogène à long terme ne peut être écarté en<br />

l'état actuel de nos connaissances (58). Il est même démontré<br />

dans le cas des alkylants notamment chez les patients traités.<br />

2.3. Effets sur la descendance (60, 62, 68)<br />

Des études finlandaises et françaises rapportent une augmentation<br />

du nombre des malformations (une étude) et des<br />

avortements (deux études) chez les personnes exposées aux<br />

cytotoxiques. Récemment, une augmentation de l'incidence<br />

des grossesses extra-utérines (2 %) lors de l'exposition aux<br />

substances anticancéreuses pendant le premier trimestre<br />

(une étude) a été rapportée.<br />

Les effets sur la spermatogenèse ou les fonctions testiculaires<br />

chez les manipulateurs mâles ne semblent pas avoir<br />

fait l'objet d'études particulières mais ne peuvent être écartés<br />

en fonction des données connues chez les malades traités.<br />

Les connaissances actuelles sont insuffisantes pour prouver<br />

de façon formelle que les cytotoxiques exposent ceux qui<br />

les manipulent aux effets néfastes suspectés. Toutefois, des<br />

faisceaux de présomptions sont suffisants pour déclarer que<br />

les agents anticancéreux doivent être manipulés avec d'extrêmes<br />

précautions.<br />

La nature de ces précautions diffère suivant l'importance du<br />

"contact". Il n'y a pas de comparaison possible entre des<br />

centres ou des unités de soins hautement spécialisés en cancérologie<br />

et des services hospitaliers ne réalisant qu'un<br />

nombre restreint de chimiothérapies. Par ailleurs, il<br />

convient de tenir compte de la toxicité des produits manipulés<br />

qui ne présentent pas tous le même danger.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

16


Évaluation thérapeutique<br />

La quantification de l'importance de ces effets n'est pas<br />

aisée. Il est possible de faire appel à des notions subjectives :<br />

- niveau I : préparation et administration occasionnelles,<br />

- niveau II : préparation et administration en quantité modérée,<br />

- niveau III : préparation et administration de façon intensive.<br />

L'importance du contact, quantifiée par l’indice de contact<br />

cytotoxique (ICC), peut également être appréciée (66) :<br />

nR + nA<br />

ICC =<br />

nH<br />

nR : nombre de reconstitutions ou de préparations réalisées<br />

par une même personne pendant une période déterminée.<br />

nA : nombre d'administrations réalisées par une même personne<br />

pendant la même période.<br />

nH : nombre d'heures de travail de la personne durant la<br />

période déterminée.<br />

Exemple : pour 10 préparations (si une cure comprend la<br />

reconstitution de plusieurs cytotoxiques, chacun d’entre<br />

eux compte pour 1) et injections par une même infirmière<br />

pendant une semaine de travail de 39 heures :<br />

10 + 10<br />

ICC =<br />

39<br />

Cet indice ne peut prétendre avoir une valeur scientifiquement<br />

établie et n'est donc donné qu'à titre indicatif. Son seul<br />

mérite est de permettre de distinguer de façon chiffrée les 3<br />

niveaux précédents :<br />

- niveau I : indice < 1<br />

- niveau I : compris entre 1 et 3<br />

- niveau III : indice > 3<br />

Son défaut essentiel est qu'il ne tient pas compte du degré<br />

de risque qui diffère suivant la nature des médicaments, ni<br />

d’une éventuelle toxicité cumulative.<br />

Un niveau de risque coté III justifie l'existence d'une unité<br />

de reconstitution centralisée.<br />

Pour un niveau de risque coté II, une unité de reconstitution<br />

centralisée est souhaitable. Faute de mieux, la reconstitution<br />

des médicaments anticancéreux devrait être faite sous<br />

hotte à flux laminaire vertical ou caisson étanche.<br />

Pour un niveau de risque coté I, les dispositions précédentes<br />

sont souhaitables. Faute de mieux, il est indispensable de<br />

mettre en œuvre des mesures de précaution minimales.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />

des médicaments anticancéreux :<br />

recommandations minimales niveau I<br />

(2, 26, 53, 54, 64, 66, 74)<br />

Les risques réels ou potentiels liés à la manipulation des<br />

médicaments cytotoxiques nécessitent de mettre en œuvre<br />

des mesures de protection adaptées à l'importance du risque.<br />

Lorsque la manipulation est occasionnelle (niveau I), il ne<br />

semble pas indispensable, même si cela reste souhaitable,<br />

d'avoir recours à une reconstitution sous hotte ou isolateur.<br />

Des précautions minimales sont cependant à respecter qui<br />

concernent :<br />

- la bonne connaissance des médicaments utilisés,<br />

- les locaux de préparation,<br />

- le matériel : vêtements, plan de travail, matériel de travail,<br />

- le personnel qui manipule ou administre les médicaments,<br />

- les méthodes de travail (reconstitution, administration),<br />

- l'environnement.<br />

Les conditions préalables aux bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />

des médicaments cytotoxiques sont les suivantes.<br />

1. Nécessité de bien connaître<br />

les cytotoxiques utilisés<br />

Aucune manipulation de cytotoxiques ne devrait être entreprise<br />

sans que soient connues des données indispensables<br />

(cf monographies) :<br />

- présentation : poudre, liquide...,<br />

- solvant de reconstitution : nature, volume,<br />

- stabilité, conditions optimales de conservation,<br />

- compatibilité avec le matériel utilisé : verre, poche souple,<br />

filtre, site implantable...<br />

- attitude à adopter en cas de contact accidentel.<br />

2. Locaux de préparation<br />

La chimiothérapie doit être préparée dans une pièce réservée,<br />

si possible, à cet usage et présentant les caractéristiques<br />

suivantes :<br />

- isolée et calme,<br />

- fenêtres pouvant être fermées de façon étanche pendant la<br />

préparation,<br />

- à l'abri des courants d'air (éviter tout mouvement d'air trop<br />

important),<br />

- entretien et désinfection faciles,<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

17


Évaluation thérapeutique<br />

- présence d’une surface de préparation lisse, non absorbante<br />

et lavable,<br />

- présence d'un réfrigérateur et de rangements adaptés au<br />

stockage des produits fragiles,<br />

- présence de tout le matériel nécessaire et des produits<br />

indispensables à la préparation elle-même et à la sécurité du<br />

personnel.<br />

Il est interdit de fumer, manger, boire dans ce local.<br />

L'accès de la pièce, particulièrement pendant la phase de<br />

reconstitution, est réservé au(x) seul(s) manipulateur(s) et<br />

interdit aux autres personnes grâce à un panneau ou un logo<br />

spécifique tel que celui retenu par la société française de<br />

pharmacie clinique.<br />

Il convient d'éviter les termes : danger, cancer, toxique...<br />

présentant un caractère inutilement dramatisant.<br />

Exemple de panneau :<br />

MANIPULATION DE PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />

ENTRÉE RÉGLEMENTÉE<br />

Exemple de logo :<br />

3. Matériel<br />

En dehors des médicaments eux-mêmes, les manipulateurs<br />

doivent avoir à leur disposition immédiate un ensemble de<br />

matériel approprié à leur manipulation.<br />

3.1. Vêtements<br />

- Blouses à manches longues et poignets tricotés réservées<br />

à cet usage.<br />

- Masques de protection jetables de type chirurgical.<br />

- Éventuellement calot.<br />

- Lunettes de protection enveloppantes ou écran de protection<br />

en plastique.<br />

- Gants à usage unique stériles ou non. Les gants, qu'ils<br />

soient en vinyle ou en latex, peuvent être perméables à certains<br />

cytotoxiques dans des conditions expérimentales assez<br />

éloignées des conditions habituelles d'emploi. La logique<br />

veut qu'un maximum de précautions soient prises en utilisant<br />

des gants épais (44, 53).<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Les gants chirurgicaux en latex destinés habituellement aux<br />

orthopédistes sont les plus souvent préconisés. Malgré leur<br />

épaisseur, le manipulateur conserve une bonne sensation<br />

tactile ; de plus, ils possèdent des manchettes longues.<br />

Compte tenu de l'amélioration de qualité des gants vinyle et<br />

d'un risque d’hypersensibilité au latex, cette préférence peut<br />

être discutée.<br />

Assez souvent, deux paires de gants mises l'une sur l'autre<br />

sont préconisées (deux paires latex ou une paire latex<br />

recouverte d'une paire de vinyle). Pour un travail sous hotte,<br />

des gants non poudrés doivent être préférés.<br />

3.2. Protection du plan de travail<br />

- Champs de soin (stérile ou non) comportant une face<br />

absorbante et une face imperméable.<br />

- Conteneurs à large ouverture de même type que ceux retenus<br />

pour la collecte des aiguilles souillées et du matériel<br />

contondant. Ils doivent être remplis, au plus, au trois quarts<br />

de leur capacité, fermés de façon inviolable et incinérés.<br />

- Sacs pour la collecte des déchets.<br />

3.3. Matériel de travail<br />

- Compresses stériles.<br />

- Papier absorbant (cellulose...).<br />

- Seringues verrouillables de contenances diverses,<br />

seringues et tubulures opaques.<br />

- Aiguilles à usage unique de grand calibre.<br />

- Prises d'air hydrophobes.<br />

- Flacons stériles vides.<br />

- Antiseptiques.<br />

- Alcool à 70 %.<br />

- Solution ophtalmique de rinçage oculaire.<br />

- Matériel de transport rigide ainsi que diverses étiquettes si<br />

la chimiothérapie est préparée dans une zone centrale.<br />

Il peut être <strong>pratique</strong> et judicieux de confectionner un nécessaire<br />

comprenant le matériel utile.<br />

3.4. Personnel en contact avec les médicaments anticancéreux<br />

Le personnel affecté à la manipulation des cytotoxiques doit<br />

faire l'objet (55) :<br />

- d'une sélection préalable qui vise à écarter, après décision<br />

locale de la médecine du travail et/ou du comité d'hygiène<br />

et de sécurité, les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi<br />

que les personnes qui présentent une intolérance reconnue à<br />

ces médicaments,<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

18


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

- d'une formation <strong>pratique</strong> et d'une information complète<br />

destinées à faire comprendre la nécessité de respecter dans<br />

son intégralité le protocole établi ; des sensibilisations<br />

périodiques sont souhaitables,<br />

- d'une surveillance médicale particulière.<br />

La nécessité d'une planification des périodes de manipulations<br />

dans les centres réalisant un nombre important de chimiothérapies<br />

(niveau III) fait l'objet de divergences d'opinions.<br />

Certains préconisent de ne pas affecter à ce type d'activité<br />

une même personne.<br />

Cette recommandation est discutable puisqu'elle laisse planer<br />

un doute sur les mesures de protection mises en œuvre.<br />

En outre, il semble admis que les fautes de manipulations<br />

diminuent souvent avec l'habitude. En conséquence, il<br />

appartient à chaque centre de choisir sa politique en la<br />

matière.<br />

Quelle que soit la décision, il est important de tenir un état<br />

journalier et nominatif des activités de préparation et du<br />

personnel qui les <strong>pratique</strong>.<br />

3.5. Méthodes de travail (reconstitution, administration)<br />

* Bonnes <strong>pratique</strong>s de reconstitution des médicaments<br />

cytotoxiques (67)<br />

Elles supposent que soient réunies les conditions énoncées<br />

auparavant :<br />

- protection de la zone de travail par un champ de soin,<br />

- lavage antiseptique des mains,<br />

- habillage : blouses à manches longues et poignets serrés,<br />

masques, lunettes, calot éventuellement, gants à usage<br />

unique (cf Matériels de travail) ; ces derniers seront régulièrement<br />

changés si la manipulation dure longtemps.<br />

** Cas des préparations en ampoules (67)<br />

- Faire descendre dans le corps de l'ampoule, par simple<br />

percussion, tout le produit situé dans la pointe.<br />

- Désinfecter la pointe de l'ampoule.<br />

- Entourer celle-ci d’une compresse afin d'éviter, au<br />

moment de la brisure, la projection de médicament ou une<br />

coupure au niveau des gants ou des doigts.<br />

- Prélever la quantité nécessaire dans une seringue d'un<br />

volume au moins supérieur de 25 % au volume à injecter.<br />

- Recueillir le volume en excès et chasser l'air dans une<br />

compresse stérile.<br />

- Désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement et la<br />

jeter, sans la recapuchonner ou la tordre, dans un conteneur<br />

à large ouverture adapté à cet usage.<br />

- Adapter sur la seringue à embout verrouillable («luer<br />

lock») une aiguille munie de son cache protecteur ou un<br />

bouchon, avant l'usage qui doit en être fait.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

19<br />

** Cas des préparations en flacon type pénicilline<br />

— Mise en solution des poudres (35, 67)<br />

- Désinfecter le bouchon du flacon.<br />

- Prélever dans une seringue à embout verrouillable la<br />

quantité de solvant utile. Prévoir une seringue de contenance<br />

au moins supérieure de 25 % au volume à injecter.<br />

- Transvaser lentement le solvant dans le flacon par petites<br />

fractions qu’il faut faire couler doucement le long des<br />

parois en ayant soin d'entourer le goulot et l'embase de<br />

l'aiguille d'une compresse stérile afin d'éviter toute dispersion<br />

d'aérosol médicamenteux dans l'atmosphère.<br />

Cette opération crée, si le volume de solvant est important,<br />

une surpression qu'il est préférable de compenser par les<br />

techniques classiques :<br />

. soit utiliser une prise d'air hydrophobe dont le percuteur<br />

est placé au–dessus du liquide ; après ajout du solvant, aspirer<br />

dans la seringue une bonne quantité d'air du flacon afin<br />

d'y créer une pression négative. L'air peut être maintenu<br />

dans la seringue ou rejeté dans un flacon stérile vide,<br />

. soit utiliser un dispositif de transfert muni d'un filtre : dispensing<br />

pin (Bruneau), cytosafe (Bioser),<br />

. soit injecter du solvant par petite fraction mais en aspirant<br />

un peu d'air du flacon entre chaque ajout. L'air aspiré sera,<br />

au total, égal au volume de solvant transvasé ; il peut être<br />

maintenu dans la seringue ou rejeté dans un flacon stérile vide.<br />

- Agiter le flacon de façon à dissoudre totalement la poudre<br />

tout en maintenant piquée dans le bouchon l'aiguille solidaire<br />

de sa seringue. Certains cytotoxiques (cyclophosphamide,<br />

ifosfamide) nécessitent une longue agitation. Ne pas<br />

chauffer pour accélérer la dissolution.<br />

— Prélèvement après dissolution éventuelle (67)<br />

- La technique de prélèvement dépend de la méthode de<br />

compensation utilisée :<br />

. avec une prise d'air hydrophobe : éviter que du liquide<br />

n’entre en contact avec le filtre,<br />

. avec un système de transfert : aucune difficulté particulière,<br />

. avec la technique de l'aspiration d'air (cf supra) : il y ajout<br />

d'une quantité d'air emprisonné dans la seringue et aspiration<br />

d'une quantité équivalente de liquide et ainsi de suite<br />

jusqu'à aspiration de la quantité nécessaire ; l'excès d'air est<br />

rejeté dans le flacon.<br />

- Retirer avec précaution l'aiguille solidaire de sa seringue<br />

en ayant soin de placer une compresse stérile autour du goulot.<br />

- Ajuster précisément le volume en rejetant l'excès de liquide<br />

dans une compresse stérile.<br />

- Désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement et la<br />

jeter, sans la recapuchonner ou la tordre, dans un conteneur<br />

à large ouverture adapté à cet usage.<br />

- Adapter sur la seringue à embout verrouillable (« luer lock »)<br />

une aiguille munie de son cache protecteur ou un bouchon,<br />

suivant l'usage qui doit en être fait.


Évaluation thérapeutique<br />

Toute préparation correctement identifiée et datée doit être<br />

administrée dans les instants qui suivent.<br />

Tout transport d'une unité centrale de reconstitution au service<br />

utilisateur doit être fait dans un conteneur rigide. Une<br />

étiquette attire l'attention des utilisateurs sur le caractère de<br />

la préparation.<br />

Exemple :<br />

PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />

RESPECTEZ LE PROTOCOLE DE PROTECTION<br />

** Addition d'un médicament à un liquide de rinçage<br />

ou de perfusion<br />

- Maintenir en place ou placer un champ de soin.<br />

- Prélever le produit comme énoncé ci-dessus.<br />

- Ne pas désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement.<br />

- Désinfecter le bouchon du flacon de perfusion ou de la<br />

poche (si nécessaire).<br />

- Transvaser le contenu de la seringue en ayant soin d'entourer<br />

l'aiguille et le bouchon d'une compresse stérile pendant<br />

toute la durée de l'opération et particulièrement lors du<br />

retrait de l'aiguille. Pour les flacons, si le volume à transvaser<br />

est important, utiliser une prise d'air hydrophobe.<br />

- Procéder aux opérations habituelles : mélange, mirage,<br />

étiquetage.<br />

* Bonnes <strong>pratique</strong>s d'administration des médicaments<br />

cytotoxiques<br />

** Médicaments injectables<br />

Lors de l’administration de cytotoxiques, les mesures vestimentaires<br />

peuvent être moins rigoureuses que lors de la<br />

reconstitution pour ne pas alarmer le malade ou son entourage,<br />

et limitées, au minimum, au port de gants (une ou<br />

deux paires) et une blouse à manches longues et poignets<br />

serrés.<br />

— Flacons ou poches de perfusion<br />

- Pour la connexion<br />

. Expliquer le geste au malade.<br />

. Vérifier la limpidité.<br />

. Désinfecter le bouchon.<br />

. Brancher le perfuseur en ayant soin d'entourer le percuteur<br />

d'une compresse stérile.<br />

. Procéder à l'amorçage du dispositif en recueillant le liquide<br />

dans un récipient approprié. Cette technique provoque<br />

une perte de médicament. En conséquence, certains préconisent<br />

de réaliser l'amorçage par un petit flacon de solvant<br />

seul puis de brancher la perfusion.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

. Connecter tubulure et dispositif intraveineux en utilisant<br />

toujours des embouts verrouillables.<br />

. Régler le débit.<br />

- Pour la déconnexion<br />

. Procédure d'habillage identique.<br />

. Faire un rinçage de veine. Certains préconisent de brancher<br />

un flacon de solvant seul pour purger la tubulure et éviter<br />

ainsi toute perte de cytotoxiques.<br />

. Fermer le système de réglage de débit.<br />

. Clamper l'extrémité distale de la tubulure.<br />

- Désolidariser perfuseur et dispositif intraveineux en maintenant<br />

une compresse stérile au niveau de l'embout du perfuseur.<br />

. Procéder à l'évacuation des déchets de manière à protéger<br />

l'environnement (cf. infra).<br />

— Seringue à débit constant<br />

Bien penser à utiliser une compresse stérile dans toutes les<br />

manœuvres de connexion et de déconnexion.<br />

— Injection intratubulaire<br />

Utiliser de préférence un perfuseur muni d'un robinet à trois<br />

voies, sinon entourer l'aiguille et le site d'injection d'une<br />

compresse stérile.<br />

Procéder à l'injection entre deux rinçages.<br />

** Médicaments per os<br />

— Éviter de manipuler à mains nues gélules et comprimés.<br />

Si tel a été le cas, procéder à un lavage des mains suivi d'un<br />

rinçage abondant.<br />

— Ne jamais broyer les comprimés ni ouvrir les gélules.<br />

La possibilité d'une dispersion de particules dans l'atmosphère<br />

est trop importante et implique les risques d'inhalation<br />

ou d'irritation locale déjà évoqués.<br />

Cette précaution rend aléatoire tout ajustement précis de<br />

posologie par voie orale. Si le déconditionnement est imposé<br />

par les circonstances (pédiatrie, autogreffe de moelle<br />

osseuse), cette <strong>pratique</strong> doit faire l'objet d'une préparation<br />

en site central avec les précautions du niveau II ou du<br />

niveau III, en ayant soin de choisir, dans ces conditions, une<br />

enceinte à flux laminaire sans recirculation d'air.<br />

— Si des ampoules injectables sont utilisées pour l'administration<br />

orale, les plus grandes précautions doivent être<br />

prises lors de la manipulation (gants, lunettes, blouses à<br />

poignets serrés) et le transport vers le malade. Utiliser un<br />

verre réservé à cette <strong>utilisation</strong> qui sera détruit à l'arrêt de la<br />

cure. En l'absence de données précises sur la fixation potentielle<br />

des médicaments sur la cellulose ou le plastique, les<br />

gobelets à usage unique ne peuvent être conseillés.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

20


Évaluation thérapeutique<br />

** Instillation intravésicale<br />

— La veille de l'intervention, préparer le patient, expliquer<br />

le soin, la restriction hydrique, éventuellement l'alcalinisation<br />

des urines nécessaires.<br />

— Pour la reconstitution et l'instillation, la tenue vestimentaire<br />

et le protocole de manipulation sont identiques à la<br />

voie injectable.<br />

— Réaliser la dilution terminale avant instillation intravésicale<br />

:<br />

- soit dans une seringue adaptée (de Guyon, avec embout<br />

cathéter),<br />

- soit dans un flacon ou une poche de solvant seul pour lavage<br />

vésical sur lequel est branché un nécessaire à lavage<br />

vésical.<br />

— Relier le dispositif, avec les règles d'hygiène habituelles,<br />

à la sonde vésicale à double courant.<br />

- Instiller la solution préalablement tiédie, purger la sonde<br />

puis la clamper ou la retirer.<br />

— Laisser dans la vessie le temps prescrit (habituellement<br />

2 heures) puis faire uriner le malade.<br />

— Après l'instillation, le faire boire abondamment.<br />

— En cas de contact accidentel avec les urines (malade luimême,<br />

personnel soignant), laver abondamment les zones<br />

touchées.<br />

** Applications locales<br />

Utiliser des gants à usage unique.<br />

3.6. Mesures de protection de l'environnement (13)<br />

* Matériel à usage unique<br />

Après reconstitution ou administration :<br />

- collecter l'ensemble du matériel contondant dans des<br />

conteneurs rigides étudiés pour cet usage,<br />

- enrouler dans le champ de soin tous les autres produits<br />

ayant servi aux opérations et les placer dans un double sac<br />

rigide (type sac Poupinel‚) et fermer solidement à l'aide de<br />

sparadrap industriel ou par soudure ; l'étiqueter de façon<br />

appropriée.<br />

Exemple :<br />

PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />

À INCINÉRER SANS OUVRIR<br />

Traiter l'ensemble selon le protocole local d'élimination des<br />

déchets contaminés.<br />

* Flacons<br />

** Vides<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Ils peuvent être traités de la même façon que le matériel à<br />

usage unique.<br />

** Contenant encore du médicament cytotoxique<br />

— Ils sont à collecter dans un emballage étanche et incassable<br />

du même type que celui pouvant être utilisé pour le<br />

matériel à usage unique.<br />

— Leur destruction peut se faire par incinération à condition<br />

de n'avoir recours qu'à des fours homologués et brûlant<br />

à une température supérieure ou égale à 1 200°C.<br />

En raison de la variété des installations et des difficultés<br />

techniques, il n'est pas possible de garantir l'absence de<br />

résidus volatils carcinogènes dans les fumées.<br />

— Des techniques sûres et fiables sont publiées par l'OMS<br />

et garantissent l'absence de résidus carcinogènes. Elles sont<br />

cependant difficiles à mettre en œuvre et les réactifs quelquefois<br />

plus dangereux que les produits cytotoxiques euxmêmes.<br />

— Elles devraient être réservées à des centres manipulant<br />

de fortes quantités de cytotoxiques et disposant d'un personnel<br />

spécifiquement formé à cette tâche.<br />

— Il faut se méfier de réactions simples publiées ici ou là,<br />

ou qui, bien qu'assurant l'inactivation du médicament,<br />

aboutissent à la formation de résidus pouvant conserver un<br />

pouvoir carcinogène.<br />

* Projection sur les vêtements<br />

— Ôter immédiatement les vêtements souillés et les placer<br />

dans un sac (ou double sac) étanche et solide. Faire suivre<br />

le circuit prévu pour le traitement du linge en contact avec<br />

un malade infecté.<br />

— Si le liquide a traversé la blouse, suivre le protocole<br />

adapté à la projection cutanée.<br />

* Blessure du manipulateur (autopiqûre, coupure..)<br />

** Aiguilles ayant servi uniquement à la préparation ou à<br />

une injection intratubulaire<br />

— Lavage à l'eau puis au savon de la zone touchée suivi<br />

d'un rinçage abondant.<br />

— Conseil ou consultation médicale le cas échéant.<br />

— Éventuellement applications des conseils prévus pour<br />

une extravasation.<br />

— Surveillance de la zone touchée pendant 3 semaines.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

21


Évaluation thérapeutique<br />

** Aiguilles ayant servi à l'injection intraveineuse ou à<br />

toute autre injection en contact avec le sang du malade<br />

— Protocole identique<br />

— Prendre en compte, éventuellement, l'existence d'une<br />

pathologie associée (hépatite, VIH).<br />

Sur le plan <strong>pratique</strong>, la déclaration auprès du médecin du<br />

travail est obligatoire. Il est recommandé d’utiliser et d’appliquer<br />

les recommandations du GERES (cf infra).<br />

* Bris de flacon, renversement, écrasement au sol<br />

d'un comprimé<br />

Il convient d’isoler la zone contaminée, de préparer le matériel<br />

adapté (gants, masque, matériel absorbant, sacs ou<br />

conteneurs épais) et de mettre deux paires de gants.<br />

** Pour les liquides<br />

— Utiliser un matériel absorbant adapté à l'importance du<br />

renversement. L'ouate de cellulose, les pansements absorbants<br />

répondent parfaitement à ce besoin.<br />

— Procéder au ramassage méticuleux des particules de<br />

verre et du liquide.<br />

— Mettre l'ensemble du matériel utilisé et les débris ramassés<br />

dans un double sac non traversable (type sac Poupinel).<br />

— Procéder à l'élimination par incinération.<br />

** Pour les solides<br />

— Faire de même avec un matériel absorbant humidifié.<br />

— Laver à plusieurs reprises la zone où a eu lieu l'incident,<br />

avec un détergent, suivi d'un rinçage.<br />

Sauf pour les anthracyclines, ne pas utiliser d'eau de Javel<br />

qui risque d'entraîner la formation de dérivés toxiques.<br />

Bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />

des médicaments cytotoxiques :<br />

recommandations minimales niveaux II et III<br />

1. Généralités<br />

Chaque fois que possible, il est souhaitable (niveau I),<br />

recommandé (niveau II) ou nécessaire (niveau III) d'instituer<br />

des conditions optimales pour la reconstitution des<br />

cytotoxiques en milieu hospitalier.<br />

Elles peuvent faire appel :<br />

- pour le niveau I ou II : à de simples hottes à flux d'air laminaire<br />

vertical réservées à cet usage, situées directement<br />

dans le service ou dans un lieu spécifique, en particulier le<br />

service pharmaceutique,<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

- pour le niveau II et III, voire le niveau I : à une structure<br />

centralisée de préparation des cytotoxiques.<br />

Cette structure fonctionne généralement sous la responsabilité<br />

des pharmaciens, avec un personnel spécifiquement<br />

entraîné à cette tâche. Elle est composée :<br />

- soit d'une salle blanche ou d'une salle propre comprenant<br />

des hottes à flux d'air laminaire vertical. En l'absence de<br />

normes, il est difficile de fixer rigoureusement une frontière<br />

entre salle blanche et salle propre et de définir, in fine,<br />

quelle solution retenir. Chaque établissement doit mener sa<br />

réflexion et retenir une solution compatible avec la rigueur,<br />

le bon sens et les contraintes économiques (la perfection en<br />

termes de niveau de contamination bactériologique est plus<br />

du niveau industriel qu'hospitalier)<br />

- soit d'isolateurs (travail en isotechnie).<br />

Ce type de structure nécessite une formation théorique et<br />

technique spécifique. Il ne peut être question, ici, de se substituer<br />

à ces dernières mais simplement de donner des informations<br />

générales destinées à faire connaître cette activité à<br />

ceux qui ne la <strong>pratique</strong>nt pas. Certaines données peuvent<br />

être reprises et adaptées dans le cas de préparations effectuées<br />

directement dans le service.<br />

2. Principe d'organisation du travail<br />

en unité centralisée<br />

Toutes les procédures doivent être écrites.<br />

2.1. Personnel<br />

Le personnel affecté à la manipulation descytotoxiques doit<br />

faire l'objet :<br />

- d'une sélection préalable qui vise à écarter, selon des procédures<br />

à établir localement avec la médecine du travail<br />

et/ou le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de<br />

travail (CHS-CT), les femmes enceintes ou qui allaitent<br />

ainsi que les personnes qui présentent une intolérance<br />

reconnue à ces médicaments,<br />

- d'une formation <strong>pratique</strong> et d'une information complète<br />

destinées à faire comprendre la nécessité de respecter dans<br />

son intégralité le protocole établi ; des sensibilisations<br />

périodiques sont souhaitables,<br />

- d'une surveillance médicale particulière.<br />

La nécessité d'une planification des périodes de manipulations<br />

dans les centres réalisant un nombre important de chimiothérapies<br />

(niveau III) fait l'objet de divergences d'opinions.<br />

Certains préconisent de ne pas affecter à ce type d'activité<br />

une même personne.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

22


Évaluation thérapeutique<br />

Cette recommandation est discutable puisqu'elle laisse planer<br />

un doute sur les mesures de protection mises en œuvre.<br />

En outre, il semble admis que les fautes de manipulations<br />

diminuent souvent avec l'habitude. En conséquence, il<br />

appartient à chaque centre de choisir sa politique en la<br />

matière.<br />

Quelle que soit la décision, il est important de tenir un état<br />

journalier et nominatif des activités de préparation et du<br />

personnel qui les <strong>pratique</strong>.<br />

2.2. Prescriptions<br />

La prescription est constituée d'une ordonnance :<br />

- nominative, datée et signée par le prescripteur,<br />

- contenant les renseignements sur le malade : nom, prénom,<br />

âge, poids, taille, surface corporelle,<br />

- détaillant le protocole : nom des médicaments, posologie,<br />

voie, vecteurs d'administration, date et heure de l'administration,<br />

- donnant des souhaits quant au mode de présentation :<br />

seringue, poche...<br />

Le support peut être informatisé.<br />

2.3. Analyse de la prescription<br />

L’analyse de la prescription est un acte pharmaceutique.<br />

Un dossier est ouvert pour chaque malade.<br />

Il faut vérifier la prescription par rapport au protocole<br />

prévu. Chaque différence doit faire l'objet d'un contrôle.<br />

Il est utile de comptabiliser les doses de cytotoxiques prescrites,<br />

car certains cytotoxiques présentent des toxicités<br />

cumulatives.<br />

- la durée de stabilité préconisée,<br />

- le double de l'étiquette,<br />

- le numéro d'ordonnancier.<br />

2.5. Contrôle<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Il comprend au minimum :<br />

- la concordance entre les produits utilisés et la prescription<br />

par contrôle des flacons utilisés,<br />

- les calculs effectués,<br />

- la limpidité de la solution et une estimation grossière du<br />

volume,<br />

- l'étiquetage.<br />

2.6. Expédition vers l'unité de soins<br />

Les préparations sont acheminées dans les unités de soins<br />

avec un soin rigoureux selon des méthodologies adaptées à<br />

chaque hôpital.<br />

Le stockage dans les unités de soins doit être individualisé<br />

et un contrôle par la pharmacie permet de récupérer les produits<br />

non utilisés pour les recycler ou pour les détruire.<br />

3. Préparation sous hotte<br />

à flux d'air laminaire vertical (3, 64, 66)<br />

La hotte peut être soit dans un service de soins, soit dans<br />

une salle propre ou blanche (local protégé des contaminations<br />

extérieures). La hotte est réservée à la seule manipulation<br />

des cytotoxiques.<br />

3.1. Les locaux<br />

* La salle propre (cf supra)<br />

2.4. Feuilles de fabrication<br />

Chaque préparation fait l'objet d'une fiche de fabrication qui<br />

reprend :<br />

- les identifications complètes du malade, du prescripteur et<br />

du service,<br />

- la date de fabrication et le "préparateur responsable",<br />

- les médicaments utilisés : nature, dosage, nombre et<br />

numéro de lot,<br />

- le solvant de reconstitution et celui de dilution ainsi que<br />

les quantités utilisées de chacun,<br />

- le contenant : poche, flacon, seringue, cassette,<br />

- la concentration finale,<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

23<br />

* La salle blanche<br />

Une salle blanche doit répondre à quatre critères :<br />

- hermétisme,<br />

- surpression,<br />

- facilité de nettoyage,<br />

- conformité à la norme AFNOR X44-102.<br />

3.2. Organisation du travail<br />

* Sas d'entrée<br />

Le personnel après avoir mis une tenue adaptée (pyjama,<br />

casaque chirurgicale, masque, gants et coiffe) et procédé à<br />

un lavage chirurgical des mains doit pénétrer dans la salle<br />

blanche par un sas d’entrée.


Évaluation thérapeutique<br />

* Matériel<br />

Le matériel est introduit après décontamination.<br />

Tout le matériel nécessaire à la reconstitution doit être préparé<br />

à l'avance. Tout ce qui est introduit dans la hotte doit<br />

être stérile.<br />

* Choix de la hotte<br />

Le choix devra se porter sur des hottes de type 2A répondant<br />

à la norme AFNOR X44-101, à flux d'air vertical et<br />

présentant une vitre de façade, assurant la protection du<br />

manipulateur des risques d'inhalation ou de projection oculaire.<br />

70 % de l'air sont recyclés après filtration sur filtre<br />

HEPA‚ et 30 % dans la pièce remplacés par l'air pénétrant<br />

en avant du plan de travail constituant ainsi une veine de<br />

garde protégeant le manipulateur.<br />

Les hottes ne doivent pas être surdimensionnées sous peine<br />

de risquer une entrée d'air extérieur non filtré : volume total<br />

< 0,5 m 3 et profondeur : < 75 cm.<br />

* Utilisation de la hotte<br />

Il ne faut pas :<br />

- arrêter la hotte entre 2 préparations,<br />

- y introduire du matériel non stérile ou non décontaminé,<br />

- encombrer le volume de travail, ce qui perturbe l'écoulement<br />

laminaire,<br />

- y introduire les produits nécessaires à deux fabrications<br />

différentes,<br />

- utiliser le flux pour d'autres types de préparations que<br />

celles des cytotoxiques.<br />

Des contrôles périodiques doivent être institués :<br />

- vitesse du flux,<br />

- contrôle bactériologique,<br />

- contrôle du colmatage des filtres.<br />

4. Préparation avec un isolateur (45, 64)<br />

Compte tenu du coût et de la spécificité du type d'appareillage,<br />

il ne peut être question que d'un travail en unité<br />

centrale qui doit être localisée dans un local pharmaceutique.<br />

L'isotechnie, ou travail en isolateur, a la particularité de ne<br />

pas demander de locaux particuliers puisque l'aire de travail<br />

stérile est parfaitement isolée de l'extérieur.<br />

Néanmoins, par simple bon sens, il est prudent de placer<br />

l'isolateur dans une pièce relativement vaste afin d'y stocker<br />

les produits nécessaires à la préparation et à l'entretien du<br />

matériel.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

* Équipement des locaux : unité d'isotechnie<br />

L'unité d'isotechnie comprend différentes parties.<br />

** Un isolateur principal<br />

C'est une "bulle" en PVC souple maintenue par une structure<br />

métallique, gonflée d'air stérile et munie de filtres d'entrée<br />

et de sortie d'air. À l'intérieur se trouve une surface de<br />

travail, des modules de rangement, un réfrigérateur.<br />

Cette enceinte est munie d’hémiscaphandres ventilés dans<br />

lesquels vont se placer les manipulateurs. Ceux-ci enfilent<br />

des gants en latex épais (parfois revêtus de gants vinyle)<br />

pour réaliser les préparations.<br />

D'autres modèles d'enceintes existent dans lesquels l'hémiscaphandre<br />

ne sert qu'à la préparation du matériel nécessaire<br />

à la fabrication. Cette dernière est faite grâce à des gants<br />

latéraux.<br />

** Un isolateur satellite mobile<br />

Rigoureusement identique au précédent, quoique de plus<br />

petite taille et ne comprenant pas d’hémiscaphandre, il permet<br />

de stériliser le matériel et les médicaments destinés à<br />

être introduits dans l'isolateur central.<br />

La connexion entre isolateur principal et satellite est possible<br />

par une double porte de transfert étanche qui permet<br />

de mettre en communication les deux isolateurs stériles<br />

sans jamais rompre cette stérilité.<br />

** Des conteneurs de transfert<br />

Ces conteneurs de petite taille permettent également d'introduire,<br />

par un système de connexion identique au précédent,<br />

des produits stérilisés à l'intérieur de l'isolateur principal.<br />

Ils permettent également d'évacuer les déchets des préparations<br />

de la journée.<br />

Les isolateurs sont stérilisés suivant les besoins par des<br />

vapeurs d'acide peracétique à 10 %, lequel est évacué par<br />

poussée d'air stérile.<br />

** Travail en isolateur<br />

Le travail en isolateur ne demande pas de condition opératoire<br />

particulière.<br />

Il faut cependant une bonne habitude pour travailler avec<br />

des gants relativement épais et surtout de sérieuses qualités<br />

d'organisation pour être sûr de ne rien avoir oublié.<br />

Les gants sont nettoyés tous les jours et la bulle habituellement<br />

toutes les semaines.<br />

** Contrôle<br />

- Contrôle bactériologique de stérilité de la bulle.<br />

- Intégrité des gants ou de la bulle.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

24


Évaluation thérapeutique<br />

Conduite à tenir en cas d’incidents liés à la manipulation<br />

des cytotoxiques<br />

Des incidents sont possibles lors de toute manipulation de<br />

médicaments. Dans le cas des cytotoxiques, ils prennent un<br />

relief particulier et nécessitent de mettre en œuvre immédiatement<br />

des mesures simples et connues de tous : personnel<br />

pharmaceutique, infirmiers, aides-soignants...<br />

Des consignes écrites, la présence immédiate du matériel<br />

nécessaire facilitent le respect des mesures préconisées.<br />

1. Projection cutanée<br />

En cas de projections cutanées lors de la reconstitution des<br />

cytotoxiques, il convient de :<br />

- laver abondamment à l'eau puis au savon doux suivi d'un<br />

rinçage abondant,<br />

- utiliser une pommade adoucissante (cold cream), en cas de<br />

sensation de brûlure,<br />

- faire une déclaration d'accident de travail et de consulter<br />

la médecine du travail.<br />

Il est à noter qu’il est facile d'éviter les projections cutanées<br />

par le respect des mesures d'habillement.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

- Préparer le matériel adapté : gants, masque, matériel<br />

absorbant, sacs ou conteneurs épais.<br />

- Mettre deux paires de gants et deux masques.<br />

4.2. Cas des liquides<br />

- Utiliser un matériel absorbant adapté à l'importance du<br />

renversement. L'ouate de cellulose, les pansements absorbants<br />

répondent parfaitement à ce besoin.<br />

- Procéder au ramassage méticuleux des particules de verre<br />

et du liquide. Mettre l'ensemble du matériel utilisé et les<br />

débris ramassés dans un double sac non traversable (type<br />

sac Poupinel) et procéder à l'élimination par incinération.<br />

4.3. Cas des solides<br />

- Faire de même que pour les liquides avec un matériel<br />

absorbant humidifié.<br />

- Laver à plusieurs reprises la zone avec un détergent suivi<br />

d'un rinçage.<br />

Sauf pour les anthracyclines, ne pas utiliser d'eau de Javel<br />

qui risque d’entraîner la formation de dérivés toxiques.<br />

2. Projection oculaire<br />

En cas de projections cutanées lors de la reconstitution des<br />

cytotoxiques, il convient de :<br />

- laver immédiat à l'eau du robinet (au moins 5 minutes) ou<br />

avec une solution ophtalmique de rinçage oculaire type<br />

DACRYOSÉRUM®...<br />

- faire une déclaration d'accident de travail et de consulter<br />

la médecine du travail.<br />

- en cas de projection sur les lunettes, nettoyer celles-ci<br />

abondamment à l'aide d'un détergent, puis procéder à un<br />

lavage abondant.<br />

Le port de lunettes de protection enveloppantes évite ces<br />

incidents.<br />

3. Contact avec les gants<br />

Changer immédiatement les gants.<br />

4. Attitude immédiate en cas de bris de flacon<br />

ou d’écrasement de comprimés ou de gélules (5, 74)<br />

4.1. Généralités<br />

- Isoler la zone contaminée.<br />

5. Attitude immédiate en cas de réception<br />

de cartons contenant des flacons endommagés<br />

- Isoler le(s) cartons(s) suspect(s).<br />

- Enfiler deux paires de gants à usage unique et se munir de<br />

2 masques chirurgicaux en cas de produits pulvérulents.<br />

- Se protéger les avant-bras (blouse à poignets serrés).<br />

- Placer les récipients cassés ou contaminés dans des conteneurs<br />

épais (type sac Poupinel) qui seront étiquetés puis<br />

incinérés. Exemple :<br />

PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />

A INCINÉRER SANS OUVRIR<br />

- Placer les emballages souillés dans un ou deux cartons<br />

rigides et de taille supérieure qui seront étiquetés et détruits<br />

de la même façon.<br />

- Se débarrasser des masques et gants de même.<br />

- Se laver les mains à l'eau savonneuse à deux reprises et<br />

rincer abondamment.<br />

- Avertir le fabricant pour qu'il renforce la qualité de l'emballage<br />

ou qu'il revoie les conditions de livraison.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

25


Évaluation thérapeutique<br />

6. Destruction des produits périmés<br />

Il faut envisager avec le laboratoire fabricant ou distributeur<br />

la meilleure méthode de destruction ou, mieux, la reprise<br />

des médicaments périmés pour destruction (10).<br />

Elle peut se faire par incinération à condition de n'avoir<br />

recours qu'à des fours homologués et brûlant à une température<br />

supérieure à 1 200°C. En raison de la variété des installations<br />

et des difficultés techniques, il n'est pas possible<br />

de garantir l'absence de résidus volatils carcinogènes dans<br />

les fumées.<br />

En conséquence, cette méthode est contestée par certains<br />

qui préconisent plutôt une destruction chimique.<br />

Des techniques sûres et fiables, publiées par l'OMS, garantissent<br />

l'absence de résidus carcinogènes.<br />

Elles sont cependant difficiles à mettre en œuvre et les réactifs<br />

sont quelquefois plus dangereux que les cytotoxiques<br />

eux-mêmes. Elles devraient être réservées à des centres<br />

manipulant de fortes quantités de cytotoxiques et disposant<br />

d'un personnel spécifiquement formé à cette tâche. Il faut se<br />

méfier de réactions simples publiées ici ou là et qui, bien<br />

qu'assurant l'inactivation du médicament, aboutissent à la<br />

formation de résidus gardant un pouvoir carcinogène ou<br />

mutagène.<br />

Recommandations concernant la réception, le<br />

rangement et la délivrance des cytotoxiques par la<br />

pharmacie<br />

L'équipe pharmaceutique ne doit pas être oubliée dans les<br />

mesures de sécurité, même dans les services qui ne procèdent<br />

pas à une reconstitution centralisée des médicaments<br />

cytotoxiques.<br />

L'ensemble du personnel pouvant être en contact avec ces<br />

produits, pour quelle que raison que ce soit, doit être sensibilisé,<br />

sans dramatisation, aux précautions particulières<br />

qu'ils nécessitent lors de leur rangement ou de leur délivrance<br />

et particulièrement si un incident se produit (bris de<br />

flacon, colis endommagé...).<br />

Ces mesures ne sont en fait qu'un renforcement des mesures<br />

habituelles.<br />

1. Réception et rangement<br />

des médicaments cytotoxiques<br />

1.1. Établir une liste exhaustive des médicaments concernés<br />

par ces mesures.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Parmi les autres médicaments présentant un risque réel bien<br />

que moindre en cas de bris de flacon, il peut être cité :<br />

CYMÉVAN®, FOSCARNET®, PENTACARINAT®,<br />

MITHRAMYCINE®, neuroleptiques, aminosides, anesthésiques<br />

volatils.<br />

Il faut insister sur les produits normalement en stock dans<br />

l'établissement (prendre par exemple la liste publiée par<br />

Dossier).<br />

Lors d'une commande et tout particulièrement s'il s'agit d'un<br />

produit nouveau ou inhabituel, apposer sur le double de la<br />

commande servant à la réception une marque (exemple :<br />

tampon ”Précautions”) visant à renforcer la vigilance du<br />

réceptionnaire.<br />

Il faut regrouper lors du stockage l'ensemble des cytotoxiques<br />

dans un endroit isolé des autres médicaments, et y<br />

apposer les consignes de sécurité et la conduite à tenir en<br />

cas de bris de flacon ou écrasement de comprimés.<br />

1.2. Distribution<br />

Lors de la distribution, il convient de :<br />

- prendre son temps,<br />

- lire attentivement le nom et le dosage (ne pas accepter de<br />

prescription en sigle) et comparer éventuellement la demande<br />

avec le protocole déposé à la pharmacie,<br />

- placer obligatoirement les flacons et ampoules dans un<br />

récipient de collecte (plateau, haricot, sac, carton...), ne pas<br />

toucher les comprimés avec les mains,<br />

- utiliser un conteneur rigide ou un sac de plastique portant<br />

les noms du service et du malade nécessaires pour la manipulation<br />

des médicaments pour l'envoi au service.<br />

Exemple :<br />

PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />

RESPECTEZ LE PROTOCOLE DE PROTECTION<br />

1.3. Attitude immédiate en cas de bris de flacon ou d'écrasement<br />

de comprimés ou de gélules<br />

Cf supra Protection du manipulateur.<br />

1.4. Attitude immédiate en cas de réception de cartons<br />

contenant des flacons endommagés<br />

Cf supra Protection du manipulateur.<br />

1.5. Destruction des produit périmés<br />

Cf supra Protection du manipulateur.<br />

Cette liste ne se limite pas forcément aux seuls cytotoxiques.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

26


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA MANIPULATION DES EXCRETA ET<br />

DES VOMISSURES DES MALADES RECEVANT DES CYTOTOXIQUES (9, 32, 40, 69)<br />

Généralités<br />

Les mesures destinées à protéger le personnel manipulant<br />

les cytotoxiques sont maintenant bien établies. Il est loin<br />

d'en être ainsi à l'égard des excreta (urines, selles) et vomissures<br />

qui peuvent également être source d'incidents chez<br />

une catégorie de personnel moins sensibilisée aux risques<br />

que les infirmiers ou les préparateurs en pharmacie.<br />

Le risque tient au fait qu'une grande majorité des médicaments<br />

cytotoxiques se retrouve inchangée, ou sous forme de<br />

métabolites actifs, dans l'urine ou les selles et, vraisemblablement,<br />

dans la salive et la sueur des malades traités.<br />

En outre, les médicaments administrés par voie orale peuvent<br />

se retrouver dans les vomissures consécutives à leur prise.<br />

Les risques sont encore plus importants si les médicaments<br />

cytotoxiques sont administrés par voie intravésicale.<br />

Il est donc tout à fait pertinent de prévoir un protocole de<br />

protection destiné à protéger le personnel en contact avec<br />

les excreta et les vomissures des malades traités par cytotoxiques.<br />

Plus que sur des données bien établies, il repose<br />

sur le simple bon sens.<br />

Information du personnel<br />

Une information simple, non dramatisante, est la condition<br />

indispensable à la compréhension des précautions à<br />

prendre.<br />

Il n'y a, à l'heure actuelle, aucun fait permettant d'envisager<br />

une toxicité autre que locale pour les personnes manipulant<br />

les excreta.<br />

Le personnel ne doit pas oublier son devoir de réserve à<br />

l'égard du malade qui peut ignorer la nature des médicaments<br />

administrés.<br />

Mesures de protection vestimentaire<br />

1. Gants (65)<br />

Le port de gant (une ou deux paires) est la mesure minimale<br />

à respecter. La nature des gants (vinyle ou latex) fait toujours<br />

l'objet de discussion (cf supra Protection du manipulateur).<br />

Toutefois les gants en latex semblent présenter certains<br />

avantages : ils sont plus confortables, peuvent être<br />

épais, avoir des manchettes longues et serrées au poignet. `<br />

La possibilité de mettre une double paire de gants (vinyle<br />

sur latex) est envisageable.<br />

2. Blouse à poignets serrés<br />

Elle assure une protection supplémentaire en cas de renversement<br />

d'urine et de ce fait son port est fortement conseillé.<br />

En outre, elle permet de compenser le défaut d'ajustement<br />

des gants au niveau des poignets.<br />

En aucun cas la manipulation des excreta ne devra se faire<br />

avec un vêtement à manches courtes.<br />

3. Masque chirurgical et lunettes de protection<br />

L'<strong>utilisation</strong> d'un masque et de lunettes de protection est une<br />

mesure logique.<br />

Cependant elle est peu réalisable en <strong>pratique</strong> dans la<br />

chambre puisqu'elle contribue à créer un climat d'anxiété<br />

chez le malade ou l'entourage. En conséquence, ils ne<br />

devront être portés que lors du transvasement des excreta<br />

hors de la chambre ou en cas d'administration intravésicale<br />

des cytotoxiques.<br />

Matériel de recueil des excreta<br />

Le matériel de recueil (bassin, urinoir, bocal) après <strong>utilisation</strong>,<br />

est rincé abondamment à l'eau du robinet puis lavé<br />

avec un détergent habituel et à nouveau rincé. L'eau de<br />

Javel, autrefois conseillée, semble à éviter puisqu'elle peut<br />

entraîner la formation de composés toxiques avec certains<br />

anticancéreux et altère le matériel en acier inoxydable.<br />

Le matériel "contaminé" peut être identifié avec un signe de<br />

reconnaissance discret mais suffisant pour attirer l'attention<br />

du personnel sur les précautions à prendre.<br />

Élimination des excreta et vomissures<br />

Aucune règle n'est clairement établie.<br />

Certains préconisent l'incinération des excreta. Cette procédure<br />

semble abusive.<br />

Beaucoup de malades traités par cytotoxiques sont autonomes<br />

et vont dans les toilettes du service ou de la chambre.<br />

Il n'y a donc pas de raison de réserver un traitement particulier<br />

aux excreta.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

27


Évaluation thérapeutique<br />

Durée pendant laquelle il est nécessaire de respecter<br />

les mesures de protection<br />

Le temps pendant lequel les mesures de protection sont<br />

conseillées dépend de plusieurs facteurs (cf Tableau).<br />

1. Le médicament<br />

Il faut prendre en compte la demi-vie d'élimination, les<br />

voies d'élimination, le métabolisme, l'importance de l'absorption,<br />

et la causticité du médicaments anticancéreux.<br />

Si le médicament est donné pendant plusieurs jours, il<br />

convient d'additionner la durée de la cure et la durée préconisée.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

2. Le malade<br />

Une insuffisance rénale ou hépatique sont susceptibles de<br />

retarder l'élimination de certains médicaments.<br />

Une constipation ou une diarrhée peuvent modifier le temps<br />

de présence du médicament dans les selles.<br />

3. Traitements associés<br />

Certains traitements peuvent modifier l'élimination rénale,<br />

biliaire ou fécale des médicaments.<br />

MESURES DESTINÉES À RESPECTER L'ABORD VASCULAIRE<br />

LORS DE TRAITEMENTS DE COURTE DURÉE : LE RINÇAGE DE VEINE<br />

La majorité des anticancéreux est administrée par voie<br />

intraveineuse.<br />

Toutes les mesures susceptibles de protéger le faible capital<br />

veineux disponible doivent être mises en œuvre compte<br />

tenu du fait que les cures successives de médicaments généralement<br />

agressifs vont l'éprouver.<br />

Le matériel<br />

Les injections intraveineuses directes doivent être exceptionnelles<br />

et remplacées par des injections dans la tubulure<br />

de perfusion (injection dite intratubulaire).<br />

L'abord vasculaire est réalisé à l'aide d'un cathéter central<br />

ou d'un cathéter court. Des ailettes facilitent le maintien du<br />

dispositif qui doit être total. Chez ces malades, la mise en<br />

place du matériel doit être réservée à un personnel infirmier<br />

expérimenté.<br />

Le site d'abord vasculaire peut être protégé de l'environnement<br />

par un film dermique transparent ou un pansement<br />

spécifique (type VECAFIX®, PRIMAPORE®...) permettant<br />

une visualisation du point d'injection.<br />

Tout œdème ou réaction anormale (rougeur, allergie...)<br />

entraîne l'arrêt immédiat de l'injection afin de ne pas risquer<br />

les graves conséquences d'une extravasation (utiliser des<br />

antiseptiques ne colorant pas les tissus). Cependant, certains<br />

anticancéreux : fluorouracile, doxorubicine, daunorubicine...<br />

entraînent parfois une intolérance locale qui ne doit<br />

pas être confondue avec une extravasation (cf Attitude <strong>pratique</strong><br />

en cas d’extravasation d’anticancéreux).<br />

La zone d'injection<br />

Elle est <strong>pratique</strong>ment limitée aux avant-bras.<br />

Les veines situées à proximité des tendons, nerfs, artères<br />

(pli du coude, poignet) ou dans un champ d'irradiation ainsi<br />

que dans une zone soumise à un évidement ganglionnaire<br />

lymphatique sont à éviter. Les ponctions doivent se succéder<br />

de façon que la dernière piqûre soit en amont de celle<br />

qui la précède (du poignet vers le coude).<br />

Aucune injection ne doit être faite en amont d'un prélèvement<br />

sanguin en raison des risques de porosité de la veine.<br />

Ceux-ci, ou leur répétition, doivent être limités aux examens<br />

indispensables. Chaque fois que possible, des examens<br />

dans d'autres territoires vasculaires ou au bout des<br />

doigts sont réalisés.<br />

Chez les malades traités pour cancer du sein, les injections<br />

dans le bras controlatéral à la lésion sont recommandées.<br />

Cette précaution est destinée à éviter le risque, sans doute<br />

faible, d'œdème lymphatique du membre supérieur, compliqué<br />

parfois de thrombophlébite.<br />

Entre les ponctions, des pommades protectrices vasculaires<br />

peuvent être recommandées.<br />

Généralités<br />

Les traitements anticancéreux intensifs, inducteurs d'aplasies<br />

profondes et prolongées, imposent de disposer chez les<br />

patients d'un abord veineux fiable de longue durée et permettant<br />

l'administration des diverses thérapeutiques pour<br />

une bonne surveillance biologique.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

28


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Durée des mesures de protection nécessaires dans les selles et les urines.<br />

DCI Nom déposé Durée pendant laquelle les mesures Remarques<br />

de protection sont nécessaires (jours)<br />

Urines Selles<br />

Altrétamine HEXALEN® 3 0 per os : prudence en<br />

cas de vomissures*<br />

BCG IMMUCYST® 6 -<br />

Bléomycine BLÉOMYCINE Bellon® 3 -<br />

Busulfan MYLÉRAN® 12-24 h inutile per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Carboplatine PARAPLATINE® 1-3 -<br />

Carmustine BICNU® 4 -<br />

Chlorméthine<br />

CARYOLYSINE®<br />

Chlorambucil CHLORAMINOPHÈNE® 2 - per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Cisplatine CISPLATYL®, 7 -<br />

CISPLATINE®<br />

Cyclophosphamide ENDOXAN Asta® 3-4 6-7<br />

Cytarabine ARACYTINE® 24 h<br />

CYTARBEL®<br />

Dactinomycine LYOVAC® 5 8<br />

Dacarbazine DÉTICÈNE® 2 -<br />

Daunorubicine CÉRUBIDINE® 2-6 7 urines rouges<br />

Docétaxel TAXOTERE® - 7<br />

Doxorubicine ADRIBLASTINE® 6 7 urines rouges<br />

DOXORUBICINE®<br />

Elliptinium CÉLIPTIUM® 7 7<br />

Épirubicine FARMORUBICINE® 6-7 5-7 urines rouges<br />

Étoposide VÉPÉSIDE Sandoz®, 4 7 per os : prudence en<br />

CELLTOP®,<br />

cas de vomissures<br />

ETOPOSIDE®<br />

Fluorouracile FLUOROURACILE® 1-2 1 per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Fotémustine MUPHORAN® 2 2<br />

* désinfection par un volume égal d’hypochlorite de sodium à 0,5 %<br />

et laissée en contact pendant 15 minutes avant élimination.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 29


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Durée des mesures de protection nécessaires dans les selles et les urines (suite)<br />

DCI Nom déposé Durée pendant laquelle les mesures Remarques<br />

de protection sont nécessaires (jours)<br />

Urines Selles<br />

Gemcitabine GEMZAR® 1-2<br />

Hydroxyurée HYDRÉA® 2 - per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Ifosfamide HOLOXAN® 2-4 7<br />

Lomustine BÉLUSTINE® 4 - per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Melphalan ALKÉRAN® 2 6-7 per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Mercaptopurine PURINÉTHOL® 2 5 per os : prudence en<br />

cas de vomissures<br />

Mitomycine C AMÉTYCINE® 3 7<br />

Méthotrexate LEDERTREXATE® 3 7 per os : prudence en<br />

MÉTHOTREXATE®<br />

cas de vomissures<br />

présent dans la salive<br />

Mitoxantrone NOVANTRONE® 6 7 urines bleu-vert<br />

Oxaliplatine ELOXATINE® 4<br />

Pentostatine NIPENT® 60 -<br />

Pirarubicine THÉPRUBICINE® 3 6 urines bleu-vert<br />

Procarbazine NATULAN® 2 -<br />

Raltitrexed TOMUDEX® 5-7<br />

Streptozocine ZANOSAR® 3 -<br />

Téniposide VÉHEM® Sandoz 4 7<br />

Thioguanine LANVIS® 5 5<br />

Thiotépa THIOTEPA Lederlé® per os 1 -<br />

IV 3 à 4<br />

Topotécan HYCAMTIN® 5-7<br />

Vinblastine VELBÉ® 4 7 Précautions prolongées<br />

VINBLASTINE Bellon®<br />

au-delà de 7 jours pour<br />

les selles en cas de constipation<br />

induite<br />

Vincristine ONCOVIN® 4 7-10 idem<br />

VINCRISTINE®<br />

Vindésine ELDISINE® 5 idem<br />

Vinorelbine NAVELBINE® - 7<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 30


Évaluation thérapeutique<br />

Information du malade<br />

Avant le début de l'injection, le patient est informé qu'il doit<br />

immédiatement signaler toute réaction anormale au niveau<br />

du territoire perfusé, telle que sensation de brûlure, picotement,<br />

douleur...<br />

Le rinçage de veine<br />

Avant toute injection, 5 à 20 ml de solution de perfusion<br />

sont injectés puis une petite quantité de sang est aspirée afin<br />

de vérifier le bon positionnement de l'aiguille et l'absence<br />

de fuite. Au moindre doute, le dispositif est ôté et le malade<br />

repiqué à un autre endroit.<br />

Le cytotoxique est ensuite injecté lentement (environ 5 ml<br />

par minute) dans le site d'injection du perfuseur en respectant<br />

toutes les mesures destinées à protéger le manipulateur<br />

(seringue à verrou, compresses stériles pour le retrait de<br />

l'aiguille, gants, blouse à poignet serré... cf infra Annexe).<br />

Aspirer du sang régulièrement dans la seringue pour tester<br />

le retour.<br />

Après injection, 10 à 50 ml de solution de perfusion sont<br />

perfusés afin d'entraîner le cytotoxique dans le torrent circulatoire<br />

et rincer l'endothélium veineux.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Si plusieurs cytotoxiques sont à injecter, il faut utiliser des<br />

seringues différentes.<br />

Il est souvent préconisé de commencer par le cytotoxique le<br />

plus irritant (cf infra Attitude <strong>pratique</strong> en cas d’extravasation<br />

de cytotoxiques) et d'aller par ordre décroissant de toxicité.<br />

Cet ordre est suggéré par le fait que le malade est plus<br />

attentif en début de traitement et que l'intégrité vasculaire<br />

tend à décroître à chaque séquence d'administration de<br />

cytotoxiques.<br />

Cette mesure, quelquefois contestée, ne se justifie plus lorsqu'il<br />

est important d'injecter des cytotoxiques selon une<br />

séquence particulière.<br />

Un rinçage de veine est pratiqué entre chaque injection.<br />

En cas d'extravasation, adopter le protocole détaillé dans le<br />

chapitre : Attitude <strong>pratique</strong> en cas d'extravasation de médicaments<br />

cytotoxiques(cf infra).<br />

Malgré ces précautions et du fait de la répétition des injections,<br />

le réseau veineux devient souvent d'accès quasi<br />

impossible.<br />

Le recours à des techniques désormais courantes est logique<br />

dès qu’il est su que le malade est susceptible de recevoir<br />

une chimiothérapie répétée : cathéters centraux tunnellisés<br />

ou non, chambres implantables...<br />

SYSTÈME D'ADMINISTRATION DES CYTOTOXIQUES LORS DE PERFUSIONS DE<br />

LONGUE DURÉE : PRÉSENTATION, ENTRETIEN, COMPLICATIONS ÉVENTUELLES<br />

(12, 18, 19, 24, 29, 30, 41, 48, 50, 51)<br />

L'abord veineux périphérique, malgré la facilité du geste<br />

technique, ne répond pas à cet impératif puisque le capital<br />

veineux disponible, <strong>pratique</strong>ment limité à l'avant-bras, se<br />

dégrade rapidement.<br />

L'abord veineux central répond mieux aux nécessités imposées<br />

par l'administration au long cours des médicaments<br />

cytotoxiques. Il économise le capital veineux et apporte un<br />

"confort" relatif au malade traité.<br />

Toutefois la pose et la maintenance de tout système exige<br />

une technicité et une asepsie rigoureuse en raison du risque<br />

de complications hémorragiques, infectieuses et thromboemboliques.<br />

- sous-clavière : relativement facile pour la pose et la tunnellisation<br />

mais exposant aux risques d'épanchements liquidiens<br />

ou gazeux...<br />

- jugulaire interne : moins dangereuse, mais plus difficile<br />

sur le plan technique et exposant plus souvent le malade aux<br />

complications infectieuses,<br />

- fémorale : facile quant au geste technique mais exposant<br />

plus facilement aux risques de thrombose en raison du trajet<br />

important dans la veine cave inférieure.<br />

Les différents systèmes d’administration<br />

1. Cathéters longs extériorisés<br />

Le choix du matériel est fonction de la voie d'abord, de la<br />

durée du traitement, du rythme des cycles, des médicaments<br />

utilisés et de son coût.<br />

L'accès veineux peut être réalisé par voie :<br />

1.1. Description<br />

Les matériaux constitutifs des cathéters longs extériorisés<br />

doivent être choisis pour leur inertie vis-à-vis des tissus :<br />

polyéthylène, silicone, polyuréthane. Leur biocompatibilité<br />

avec les médicaments perfusés est rarement connue.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

31


Évaluation thérapeutique<br />

L'abord central, dans un gros tronc veineux ou artériel, est<br />

mis en place sous anesthésie locale ou générale au moyen<br />

d'un introducteur.<br />

Certains cathéters sont à double ou triple lumière et permettent<br />

l'administration simultanée ou séquentielle de<br />

médicaments ayant des débits ou des viscosités différents<br />

ou présentant des incompatibilités physicochimiques. La<br />

pose de ces cathéters majore le risque de complication<br />

infectieuse.<br />

D'autres cathéters, dits "à manchon" ou de Broviac-<br />

Hickmann, présentent à l'extrémité du trajet sous-cutané de<br />

tunnellisation, juste avant l'émergence cutanée, un manchon<br />

de Dacron®. Dans les jours suivants la pose, le manchon est<br />

colonisé par les cellules conjonctives du tissu sous-cutané<br />

permettant un très bon maintien du cathéter, donc un risque<br />

de déplacement et d'ablation réduit. Le système constitue<br />

également une barrière efficace contre la colonisation du<br />

trajet de tunnellisation. En contrepartie leur retrait nécessite<br />

un acte chirurgical.<br />

1.2. Manipulation<br />

La manipulation des cathéters longs extériorisés comprend :<br />

- la préparation du matériel nécessaire au soin et à l'habillement,<br />

- le port de masque, le lavage des mains et le port de gants<br />

d'examen stériles,<br />

- la décontamination cutanée selon le protocole habituel du<br />

service,<br />

- la recherche d'un reflux sanguin avant l'injection de médicaments<br />

; en cas d'absence de reflux, il faut injecter du chlorure<br />

de sodium à 0,9 % en vérifiant l'absence de fuite mais<br />

ne jamais injecter de force,<br />

- le rinçage au chlorure de sodium à 0,9 % après chaque<br />

manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque injection<br />

de médicament,<br />

- une héparinisation (cf infra),<br />

- la réfection du pansement selon le protocole suivant :<br />

. désinfecter le point d'émergence cutanée, puis la partie<br />

externe du cathéter et enfin la peau,<br />

. rincer, sécher,<br />

. fixer le cathéter puis le recouvrir d'un pansement stérile,<br />

. recouvrir aussi le point de ponction d'un pansement stérile<br />

ce qui permet l'héparinisation du cathéter sans obligation<br />

de refaire totalement le pansement.<br />

1.3. Surveillance<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Lors de l’<strong>utilisation</strong> d’un cathéter long extériorisé il faut<br />

surveiller :<br />

- le maintien du cathéter en vérifiant que la longueur externe<br />

du cathéter n'a pas diminué et que la fixation est bonne,<br />

- l’état cutané en vérifiant l'absence de douleur, de rougeur,<br />

de chaleur...<br />

- la température en pratiquant une hémoculture en cas de fièvre,<br />

- la perméabilité du cathéter et l’existence de fuite : il faut<br />

prévenir le médecin en cas d'anomalies.<br />

Remarques<br />

— Pour limiter les risques infectieux, le cathéter peut être<br />

tunnellisé sous la peau afin de faire ressortir le point de<br />

ponction cutané à distance du point de pénétration vasculaire.<br />

Pour éviter tout déplacement ou ablation, volontaire<br />

ou non, la pose de fils de maintien est indispensable.<br />

— Chez le nouveau-né et le nourrisson, il est prudent de<br />

choisir des cathéters de calibre le plus faible possible afin<br />

de réduire les complications infectieuses. Dans ce cas, des<br />

cathéters centraux simples (non tunnellisés ou sans manchon)<br />

peuvent être utilisés.<br />

2.1. Description<br />

2. Chambres à cathéter implantable<br />

(ou sites implantables)<br />

Une chambre à cathéter implantable ou site implantable est<br />

un dispositif implanté sous la peau et permettant des injections<br />

intraveineuses, intra-artérielles ou autres, répétées ou<br />

discontinues par simple injection sous-cutanée.<br />

Il est composé de 2 parties : un réservoir ou chambre et un<br />

cathéter.<br />

* Réservoir ou chambre<br />

Le réservoir se trouve directement en position sous-cutanée.<br />

Il peut être en acier inoxydable, en titane ou de préférence<br />

en silicone, en polyuréthane ou en résine.<br />

Il comporte des dispositifs de fixation. Sa partie supérieure<br />

est constituée d'un septum épais pouvant être perforé à multiples<br />

reprises, sans risque de fuite, par des aiguilles spéciales<br />

dites de Huber. De nombreux modèles d'aiguilles<br />

existent, certaines permettant un maintien solide à la chambre.<br />

Certains gestes sont à ne jamais effectuer :<br />

- faire des manœuvres de désobstruction sous pression (cf infra),<br />

- en cas d’un éventuel déplacement du cathéter : ne jamais<br />

injecter avant d'avoir vérifié sa position grâce à un contrôle<br />

radiologique.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

32<br />

* Cathéter<br />

Un cathéter en polyuréthane ou en silicone relie le réservoir<br />

au site central qui peut être intraveineux, intra-artériel,<br />

intrapéritonéal, intrarachidien, péridural ou intraventriculaire.<br />

Le plus souvent le cathéter est indépendant du réservoir<br />

pour faciliter la pose.


Évaluation thérapeutique<br />

Un système de verrouillage assure une étanchéité et une<br />

solidité parfaite au niveau de la jonction avec la chambre.<br />

2.2. Pose<br />

La pose d’une chambre à cathéter implantable est un acte<br />

chirurgical réalisé sous anesthésie générale ou locale. Pour<br />

un opérateur entraîné, l'intervention dure une quinzaine de<br />

minutes.<br />

Certains systèmes nécessitent, pour la pose du cathéter, un<br />

introducteur de gros calibre. Cette technique n'est pas sans<br />

risque chez les malades d'oncologie du fait de la fréquence<br />

de nombreux troubles de l'hémostase : thrombopénies,<br />

thrombopathies, coagulopathies de consommation.<br />

2.3. Manipulation<br />

La manipulation des cathéters longs extériorisés demande<br />

une rigueur extrême ; elle comprend :<br />

- la préparation du matériel nécessaire au soin et à l'habillement,<br />

- le port de masque, le lavage des mains et le port de gants<br />

d'examen stériles,<br />

- après vérification de l'état cutané et repérage du lieu d'injection<br />

par palpation et désinfection cutanée, le ponctionnement<br />

de la chambre par une aiguille de Huber ; pour les perfusions<br />

continues, il faut utiliser une aiguille coudée ou un<br />

dispositif permettant une accroche solide,<br />

- la vérification de la perméabilité du système,<br />

- le rinçage au chlorure de sodium isotonique après chaque<br />

manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque produit<br />

injecté,<br />

- le rinçage au chlorure de sodium à 0,9 % après chaque<br />

manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque injection<br />

de médicament,<br />

- une héparinisation (cf infra),<br />

- la réfection du pansement.<br />

2.4. Surveillance<br />

Lors de l’<strong>utilisation</strong> d’une chambre à cathéter implantable<br />

il faut surveiller :<br />

- la bonne position de la chambre par simple palpation,<br />

- l’état cutané en vérifiant l'absence de douleur, de rougeur,<br />

de chaleur...<br />

- le maintien de la perméabilité du système, par injection<br />

d'une solution d'héparine (5 ml d'une solution à 100 UI/ml),<br />

Il faut prévenir le médecin en cas d'anomalie.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

3. Pompes pour chimiothérapie<br />

Les systèmes précédents peuvent être connectés à une<br />

pompe qui améliore la sécurité, la régularité d'administration<br />

et la tolérance des médicaments voire leur efficacité<br />

pour certains.<br />

Le confort du malade en est le plus souvent amélioré.<br />

Les pompes destinées à un malade alité sont homologuées<br />

dans les catégories "appareils d'injection et de perfusion".<br />

En revanche, les pompes portables destinées à un patient<br />

ambulatoire pour injection continue et programmée sont<br />

homologuées dans la catégorie "injecteur pour chronothérapie".<br />

Les principaux types de pompe sont les pousse-seringues,<br />

les pompes externes, les pompes implantables et les diffuseurs.<br />

3.1. Pousse-seringue<br />

Les pousse-seringues possèdent un moteur qui entraîne le<br />

piston de la seringue selon un débit programmable (0,01 à<br />

50 ml/heure).<br />

3.2. Pompes externes<br />

Les pompes externes sont, comme leur nom l'indique,<br />

situées à l'extérieur de l'organisme dans une poche accrochée<br />

à une ceinture.<br />

Type CORMED®<br />

Les pompes externes de type CORMED® ont une autonomie<br />

de 72 heures. Elles permettent une perfusion continue<br />

de bonne qualité grâce à la présence d’une pompe péristaltique.<br />

Leur réservoir contient 60 ml. Le réglage du débit se<br />

fait par un dispositif annexe et peut aller de 10 à 50 ml par<br />

24 heures.<br />

Leur principal inconvénient est l'absence de système d'alarme.<br />

Type DELTEC CADD 1®<br />

Les pompes externes de type DELTEC CADD 1® peuvent<br />

être programmées de 0,1 à 299 ml/ 24 heures. Leur autonomie<br />

est de 5 à 10 jours. Leur réservoir a une capacité de 50<br />

à 100 ml, avec extension possible jusqu’à 250 ml.<br />

Elle sont pourvues d'un système d'alarme.<br />

3.3. Pompes implantables<br />

Les pompes implantables assurent un meilleur confort des<br />

patients mais sont limitées à la chimiothérapie intra-artérielle<br />

régionale. Elles sont très onéreuses.<br />

Comme les chambres implantables, elles sont constituées<br />

d'un réservoir et d'un cathéter.<br />

Placé sous anesthésie générale, le cathéter est connecté à la<br />

circulation artérielle hépatique. Le remplissage du réservoir<br />

est réalisé par voie sous-cutanée toutes les 2 ou 3 semaines.<br />

Le débit est de 1 à 10 ml/jour avec possibilité de bolus pour<br />

certaines. Il en existe 2 types.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

33


Évaluation thérapeutique<br />

Type INFUSAID®<br />

Les pompes implantables de type INFUSAID® ne possèdent<br />

pas de moteur mais un réservoir de fréon comprimé en<br />

équilibre avec sa phase liquide. Une membrane sépare ce<br />

réservoir du compartiment dans lequel est placé le médicament<br />

cytotoxiques. Le fréon, en se détendant, appuie sur la<br />

membrane et entraîne la perfusion du médicament. Le<br />

réservoir peut contenir 50 ml de solution et le débit est voisin<br />

de 2 à 2,5 ml/ 24 heures. Le problème essentiel réside,<br />

du fait de la présence de fréon, dans la variabilité du débit<br />

en fonction de paramètres multiples : température externe<br />

ou corporelle, altitude, pression artérielle ou atmosphérique.<br />

Type MEDTRONIC®<br />

Les pompes implantables de type MEDTRONIC® possèdent<br />

un moteur péristaltique commandé par un microprocesseur.<br />

Ce mécanisme peut être réglé par télémétrie. Le<br />

débit n'est pas influencé par les paramètres externes. Le<br />

réservoir de médicament a une contenance de 18 ml. Ce<br />

type de pompe dispose d'un système d'alarme.<br />

3.3. Complications des pompes pour chimiothérapie<br />

- Occlusion ou déplacement du cathéter.<br />

- Hépatite toxique, cholangite sclérosante, ulcères gastroduodénaux.<br />

- Arrêt de la pompe ou variation de débit avec risque de surdosage.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Il en existe à l'heure actuelle plusieurs modèles. Le choix du<br />

diffuseur se fait sur trois caractéristiques fixées à l'avance :<br />

- volume (de 48 à 250 ml),<br />

- débit (de 0,5 à 250 ml/h),<br />

- autonomie (de 1 à 120 heures).<br />

La dilution du médicament doit être ajustée en fonction du<br />

diffuseur choisi.<br />

Sur certains modèles, il est possible d'effectuer des bolus<br />

s'ajoutant à la perfusion continue de base.<br />

4.2. Manipulation des réservoirs en latex<br />

Le réservoir est rempli à l'aide d'une seringue à verrou dans<br />

laquelle a été réalisée la dilution du médicament. Après<br />

connexion de celle-ci sur le site de remplissage, la base du<br />

piston est placée sur le plan de travail et une forte pression<br />

verticale est exercée de haut en bas sur le corps de la<br />

seringue pour effectuer le transfert de la solution.<br />

Le diffuseur est prêt à l'emploi après retrait de la seringue,<br />

purge et mise en place du protecteur.<br />

4.3. Surveillance<br />

Elle porte essentiellement sur le réglage du débit qui peut<br />

s'accroître en cas d'hyperthermie. Dans ce cas, le corps du<br />

diffuseur doit être placé dans un sac afin d'empêcher le<br />

contact cutané.<br />

4. Diffuseurs<br />

Héparinisation et désobstruction des cathéters<br />

Baxter : INFUSEUR®, INTERMATE®<br />

Zambon Biomedica : HOMEPUMP®<br />

Frésénius : THERATRON®<br />

1.1. But<br />

1. Héparinisation des cathéters<br />

4.1. Description<br />

Les diffuseurs pour chimiothérapie sont portables, autonomes,<br />

non réutilisables, inscrits au TIPS (tarif interministériel<br />

des prestations sanitaires).<br />

Ces dispositifs externes fonctionnent sans apport d'énergie<br />

extérieure et permettent l'administration de médicaments<br />

par voie intraveineuse, à débit constant. Ils comprennent :<br />

- soit un réservoir en latex en forme de ballon et un corps en<br />

plastique le protégeant ; soit une seringue de 60 ml dont le<br />

piston est poussé sous l’action d’un dégagement d’hydrogène<br />

produit par une réaction électrochimique,<br />

- une tubulure de raccordement munie d'un régulateur de<br />

débit et d'un filtre.<br />

L’héparinisation des cathéters vise à éviter l'obstruction<br />

cruorique du cathéter.<br />

1.2. Comment ?<br />

Il faut injecter l'héparine sodique dans la lumière du cathéter<br />

ou dans la chambre implantable préalablement rincée<br />

par du chlorure de sodium isotonique afin d’éviter une précipitation<br />

éventuelle avec les médicaments cytotoxiques,<br />

notamment les anthracyclines.<br />

1.3. Quand ?<br />

L’héparine doit être injectée près chaque manipulation :<br />

injection, perfusion, prélèvement sanguin, transfusion.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

34


Évaluation thérapeutique<br />

L’héparinisation doit se faire toutes les 4 à 6 semaines pour<br />

les cathéters totalement implantés.<br />

Entre les cures de chimiothérapie, elle doit être pratiquée<br />

tous les 15 jours pour les cathéters à émergence cutanée.<br />

1.4. Quelle solution injecter ?<br />

La concentration optimale des solutions d'héparine à utiliser<br />

n'est pas codifiée de façon formelle. Actuellement les<br />

plus utilisées varient de 100 à 500 unités/ml. Des ampoules<br />

ou des flacons prêts à l'emploi et contenant 100 UI/ml<br />

(ampoules DAKOTA® de 5 ml) ou 333 UI/ml (flacons<br />

SOLUDIA® de 5 ml) sont commercialisés. Ils portent la<br />

mention "Ne pas injecter" ou "pour rinçage du cathéter central"<br />

afin d'éviter toute confusion avec l'héparine à dose thérapeutique.<br />

1.5. Technique<br />

Après <strong>utilisation</strong> du système d'administration centrale, il<br />

convient de :<br />

- rincer le cathéter avec 10 ml de chlorure de sodium isotonique,<br />

- fermer le cathéter avec un bouchon obturateur à membrane,<br />

- désinfecter la membrane,<br />

- injecter au travers 500 à 1000 UI d'héparine sodique.<br />

Au moment du retrait de l'ensemble de la seringue et de<br />

l’aiguille, il faut veiller à maintenir une pression sur le piston<br />

de la seringue afin d'éviter tout reflux sanguin dans la<br />

lumière du cathéter.<br />

2. Désobstruction des cathéters<br />

2.1. Gestes à ne pas effectuer<br />

Lors de la désobstruction des cathéters, il ne faut jamais<br />

tenter de :<br />

- désobstruer un cathéter sous pression : le cathéter risque<br />

de se fissurer, de se rompre et de migrer dans la circulation<br />

sanguine (embolie de cathéter),<br />

- utiliser de seringue de faible volume (seringue de 1 ou 2<br />

ml, voire seringue à insuline) : leur <strong>utilisation</strong> est très dangereuse<br />

en raison de la très forte pression qu'elles permettent<br />

d'exercer sur un cathéter "bouché".<br />

2.2. Procédure à suivre<br />

En <strong>pratique</strong>, la procédure à suivre est la suivante :<br />

* Tenter une désobstruction à l’héparine : 5000 UI d'héparine<br />

sodique dans 3 ml de chlorure de sodium isotonique.<br />

Attendre 5 minutes.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

* En cas d'échec de l’héparinisation tenter une désobstruction<br />

à l'UROKINASE® :<br />

- préparer une seringue contenant 10 ml de chlorure de<br />

sodium isotonique et une contenant 8 ml de solution<br />

d'UROKINASE® à 5000 UI/ml (2 ml d'UROKINASE<br />

Choay 100 000 UI® + 6 ml de chlorure de sodium isotonique).<br />

- ouvrir le cathéter, en respectant les précautions d’asepsie,<br />

le clamper, injecter, sans forcer, 1 à 2 ml de la solution<br />

d'UROKINASE® diluée et laisser en contact 20 à 30<br />

minutes ; des manœuvres d'aspiration et de réinjection<br />

douces à l'aide de la seringue d’UROKINASE® sont possibles,<br />

- en cas d'échec, utiliser une préparation d'UROKINASE®<br />

pure sous contrôle médical,<br />

- dès que le sang reflue de nouveau dans la lumière du<br />

cathéter, le rincer avec la seringue de chlorure de sodium<br />

isotonique.<br />

En cas de nouvel échec, il ne faut pas insister. L'obstruction,<br />

vraisemblablement consécutive à l'injection de médicaments<br />

incompatibles doit être considérée comme définitive.<br />

La seule solution consiste à ôter le système et à en reposer<br />

un nouveau.<br />

Complications infectieuses liées aux abords veineux<br />

centraux (61)<br />

Les infections liées aux abords veineux centraux représentent<br />

près d'un quart des infections nosocomiales. Un cathéter<br />

sur dix en moyenne va s'infecter dont la moitié avec une<br />

bactériémie décelable.<br />

1.1. Localisation du cathéter<br />

1. Facteurs de risque<br />

La voie jugulaire expose plus à l'infection que la voie sousclavière.<br />

1.2. Nature du cathéter<br />

Le risque est décroissant suivant que le cathéter est en chlorure<br />

de polyvinyle, en téflon, en polyuréthane ou en silicone.<br />

Le risque infectieux semble identique suivant que le cathéter<br />

est de type Hickman, chambre implantable ou simple.<br />

En revanche les cathéters multilumières exposent le malade<br />

à un risque supérieur.<br />

1.3. Durée de présence dans l'organisme<br />

L'incidence des complications infectieuses est corrélée à la<br />

durée d'implantation du système d'administration centrale.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

35


Évaluation thérapeutique<br />

2. Origine des infections<br />

Les infections liées aux abords veineux centraux résultent<br />

le plus souvent de leur colonisation le long du trajet<br />

sous–cutané par la flore saprophyte au niveau de l'émergence<br />

cutanée. La colonisation du cathéter par sa lumière<br />

interne, depuis les sites de branchement, est également fréquente.<br />

Les bactéries viennent s'agréger à la surface du matériel<br />

d'autant plus facilement que certaines (staphylocoques coagulase<br />

négative) entraînent, à la surface interne, la formation<br />

d'une substance polysaccharidique (glycolyx ou slime).<br />

3. Diagnostic des infections<br />

Le diagnostic clinique des infections liées aux abords veineux<br />

centraux n'est pas aisé en l'absence de suppuration<br />

franche au point d'émergence cutanée. Il repose sur l'existence<br />

d'une inflammation douloureuse du trajet sous-cutané<br />

et/ou l'existence d'un syndrome fébrile inexpliqué par<br />

ailleurs et confirmé éventuellement par la découverte, à<br />

l'hémoculture, d'une bactériémie.<br />

L'affirmation de cette infection n'est obtenue qu'après mise<br />

en culture de l'extrémité du cathéter. Différentes techniques<br />

existent (Maki, Cleri, Scherertz...).<br />

Cette <strong>pratique</strong> nécessite l'ablation du cathéter qui, dans bien<br />

des cas, aurait pu être laissé en place puisque non infecté<br />

d'où l'intérêt de développer des techniques comme les<br />

hémocultures semi-quantitatives sur cathéter.<br />

4. Épidémiologie bactérienne<br />

Actuellement il semble que la majorité des infections documentées,<br />

liées aux abords veineux centraux sont dues aux<br />

Staphylocoques coagulase négatif (S. epidermidis surtout<br />

puis saprophyticus, hominis et hæmolyticus) qui peuvent<br />

être responsables de septicémies.<br />

Les autres germes les plus fréquemment rencontrés sont<br />

Staphylococcus aureus, les bactéries à Gram négatif en particulier<br />

: bacille pyocyanique et Acinetobacter, les Candida<br />

(species, tropicalis, krusei...). Il convient de remarquer également<br />

l'incidence et la gravité croissante des infections à<br />

Bacillus species et des infections polymicrobiennes.<br />

5. Attitudes thérapeutiques<br />

Dès qu'une infection liée au système d'administration centrale<br />

est suspectée, deux attitudes sont de règle :<br />

- instituer une antibiothérapie systématique empirique,<br />

- rechercher le germe et le foyer infectieux.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Les autres gestes dépendent de la gravité de l'infection et<br />

amènent le médecin à s'interroger sur la nécessité du retrait<br />

du dispositif central. Le retrait du cathéter ne doit pas être<br />

systématique.<br />

En cas de choc septique, et en dehors de toute autre origine<br />

vraisemblable, le retrait du cathéter ne se discute pas. Il est<br />

accompagné d'une recherche bactériologique comme précédemment<br />

exposé et d'une mise sous antibiothérapie, particulièrement<br />

si le malade est aplasique.<br />

En dehors du choc septique, il est possible d'adopter la<br />

même attitude. Mais il peut être envisagé de changer le<br />

cathéter ou de le laisser en place sous contrôle d'une antibiothérapie<br />

systématique à large spectre. Cette attitude doit<br />

être réévaluée après 48 à 72 heures en fonction de l'état clinique<br />

du malade et des résultats bactériologiques.<br />

Si l'état infectieux s'améliore et si les cultures sont négatives,<br />

le cathéter peut être laissé en place, mais l'antibiothérapie<br />

doit être maintenue jusqu'à disparition de la fièvre et<br />

retour des neutrophiles à des chiffres acceptables.<br />

En cas de staphylocoque coagulase négatif, le retrait du<br />

cathéter ne se justifie que si l'état infectieux persiste malgré<br />

l'introduction d'une antibiothérapie adaptée associant, selon<br />

des combinaisons empiriques, différents antistaphylococciques<br />

(glycopeptides, rifampicine, fosfomycine, acide<br />

fusidique, fluoroquinolones...) et éventuellement des bêtalactamines<br />

à large spectre, voire des aminosides.<br />

Lorsque les infections sont causées par d'autres germes<br />

notamment Pseudomonas, levures, Bacillus, l'ablation est<br />

considérée comme l'attitude la plus sage associée à une<br />

antibiothérapie poursuivie 15 à 30 jours.<br />

Dans le cas où le dispositif d'administration central est<br />

maintenu en place, la technique du "verrou antibiotique" est<br />

souvent préconisée. Elle consiste à placer chaque jour dans<br />

la lumière du cathéter 2 ml de chlorure de sodium isotonique<br />

mélangé à un antibiotique aminosidique ou glycopeptidique<br />

à concentration suffisante (ex : 3 à 5 mg d'amikacine).<br />

Dans le cas des cathéters multilumières, le verrou<br />

doit être réalisé dans chacune d'entre elles.<br />

Malgré quelques complications toujours possibles, la technologie<br />

actuelle permet de dispenser aux malades leur chimiothérapie<br />

anticancéreuse à domicile ou en hospitalisation<br />

de jour sans les priver ou les éloigner trop longtemps de leur<br />

environnement familial, affectif ou professionnel, mais en<br />

les éloignant des germes hospitaliers sélectionnés et multirésistants.<br />

Le respect d’une technique appropriée d'injection doit permettre<br />

de prévenir le risque d’extravasation.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

36


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

ATTITUDE PRATIQUE EN CAS D'EXTRAVASATION D’ANTICANCÉREUX<br />

Une extravasation survient au cours d'1 à 5 % des traitements<br />

chimiothérapeutiques et peut conduire à des complications<br />

sévères si un traitement n'est pas entrepris dès la<br />

prise de conscience de l'incident.<br />

Reconnaissance d'une extravasation<br />

et de ses complications<br />

Une extravasation doit être suspectée en cas de :<br />

- patient se plaignant de brûlures, de picotements, de douleur<br />

ou de tout autre symptôme au point d'injection,<br />

- induration ou œdème au point d'injection,<br />

- absence de retour sanguin après aspiration par la seringue.<br />

(4, 7, 9, 15, 23, 33, 34, 37, 47, 57, 63, 73)<br />

La réaction nécrotique survient dans la première semaine et<br />

peut évoluer sur 3 à 6 semaines, voire plus.<br />

Les conséquences d'une extravasation au niveau du poignet,<br />

du dos de la main, de la surface antérieure de l'avant-bras ou<br />

sur un "gros bras" sont à redouter tout particulièrement.<br />

Les phénomènes liés à l'extravasation d'un médicament<br />

anticancéreux ne doivent pas être confondus avec une intolérance<br />

locale propre à certains produits (fluorouracile, daunorubicine,<br />

doxorubicine...).<br />

Risques potentiels des anticancéreux<br />

Ces réactions locales peuvent évoluer vers une simple réaction<br />

inflammatoire jusqu'à une nécrose dermo-hypodermique<br />

ou un placard scléreux pouvant atteindre les tendons<br />

et les os.<br />

Il est habituel de distinguer 3 niveaux de risques liés à l'extravasation<br />

des anticancéreux : survenue de nécroses<br />

sévères, d’irritation ou absence de réactions sévères. Les<br />

médicaments non cités dans le tableau ci-dessous doivent,<br />

par mesure de prudence, être considérés comme à risque<br />

sévère.<br />

Risques liés à l’extravasation des anticancéreux<br />

Médicaments responsables de nécroses sévères (médicaments dits vésicants)<br />

Actinomycine (DACTINOMYCINE®) Doxorubicine (ADRIBLASTINE®) Pirarubicine (THÉPRUBICINE®)<br />

Amsacrine (AMSIDINE®) Elliptinium (CÉLIPTIUM®) Plicamycine (MITHRAMYCINE®)<br />

Carboplatine* (PARAPLATINE®) Épirubicine (FARMORUBICINE®) Vinblastine (VELBÉ®)<br />

Chlorméthine (CARYOLYSINE®) Idarubicine (ZAVEDOS®) Vincristine (ONCOVIN®)<br />

Cisplatine* (CISPLATYL®) Mitomycine (AMÉTYCINE®) Vindésine (ELDISINE®)<br />

Daunorubicine (CÉRUBIDINE®) Mitoxantrone* (NOVANTRONE®) Vinorelbine (NAVELBINE®)<br />

Médicaments responsables d'irritation<br />

Carmustine (BICNU®) Ifosfamide (HOLOXAN®) Pentostatine (NIPENT®)<br />

Cyclophosphamide (ENDOXAN®) Melphalan (ALKÉRAN®) Streptozocine (ZANOSAR®)<br />

Dacarbazine (DÉTICÈNE®) Oxaliplatine (ELOXATINE®) Téniposide (VÉHEM Sandoz®)<br />

Docétaxel (TAXOTÈRE®) Paclitaxel (TAXOL®) Thiotépa (THIOTÉPA Lederle®)<br />

Médicaments n'entraînant pas de réactions sévères<br />

Asparaginase (KIDROLASE®) Étoposide (VÉPÉSIDE Sandoz®, Méthotrexate (MÉTHOTREXATE®,<br />

Bléomycine (BLÉOMYCINE®) CELLTOP®) LEDERTREXATE®)<br />

Cladribine (LEUSTATINE®) Fluorouracile (FLUOROURACILE®) Mitoguazone (MÉTHYL GAG®)<br />

Cytarabine (ARACYTINE®, Fludarabine (FLUDARA®) Raltitrexed (TOMUDEX®)<br />

CYTARBEL®) Gemcitabine (GEMZAR®) Topotécan (HYCAMTIN®)<br />

Daunorubicine liposomale<br />

Irinotécan (CAMPTO®)<br />

(DAUNOXOME®)<br />

(*) Avis divergents quant à l'importance du risque.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

37


Évaluation thérapeutique<br />

Conduite en cas d'extravasation (33, 34)<br />

1. Traitement immédiat<br />

Le traitement doit être immédiat<br />

Il doit tenir compte de la sévérité de la réaction réelle ou<br />

anticipée en fonction du tableau précédent et peut être divisée<br />

en 3 séries de mesures.<br />

2. Protocole général<br />

en l'absence d'antidote spécifique<br />

Le protocole développé ci-dessous est donné à titre<br />

d’exemple ; d'autres peuvent être envisagés.<br />

Il est à mettre en route pour tout cytotoxique quel que soit<br />

le niveau de risque et est habituellement considéré comme<br />

suffisant pour les médicaments cytotoxiques irritants ou<br />

n'entraînant pas de risque sévère.<br />

2.1. Arrêt de la perfusion<br />

2.2. Conserver le dispositif d'injection en place (aiguille,<br />

microfuseur, cathéter...). Si le dispositif a été ôté, il faut<br />

commencer le protocole concerné (cf supra<br />

Recommandations concernant la réception, le rangement et<br />

la délivrance des médicaments cytotoxiques par la pharmacie).<br />

2.3. Aspirer, si possible, 3 à 5 ml de sang pour retirer le<br />

maximum de cytotoxiques<br />

2.4. Injecter par l'aiguille 5 à 10 ml de chlorure de sodium<br />

isotonique afin de diluer le médicament<br />

2.5. À l'aide d'une aiguille courte aspirer, par voie souscutanée,<br />

le maximum de liquide infiltré.<br />

Cette mesure douloureuse, non recommandée par tous les<br />

spécialistes, peut être réalisée sous couvert d'un spray ou<br />

d'une crème anesthésique locale.<br />

2.6. Délimiter les contours du territoire extravasé par un<br />

crayon dermographique indélébile (certains préconisent de<br />

prendre une photographie)<br />

2.7. Prévenir immédiatement un médecin et envisager<br />

l'administration d'un antidote spécifique s'il existe (cf<br />

protocole spécifique) ou la suite des mesures à mettre en<br />

œuvre. Noter sur le dossier du malade tous les paramètres<br />

importants : médicament extravasé, concentration, volume<br />

extravasé estimé, territoire, état du site...<br />

2.8. En l'absence de mesures spécifiques retirer le dispositif<br />

d'injection si celui-ci a été conservé (cf supra<br />

Héparinisation et désobstruction des cathéters)<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

2.9. Si possible, faire en sorte que le territoire extravasé<br />

soit élevé au–dessus du niveau du cœur (une nuit pour un<br />

hospitalisé, bras en écharpe, 2 jours pour un malade ambulatoire).<br />

2.10. Appliquer fréquemment (toutes les 2 heures par<br />

exemple) sur la zone extravasée une pommade calmante :<br />

hydrocortisone 1 %, pommade antiœdémateuse, héparinoïdes<br />

(HÉMOCLAR®...), liniment oléo-zincique, cold cream<br />

(crème à l’argent) (63).<br />

2.11. Exercer une surveillance clinique au bout de 24 et 48<br />

heures puis chaque semaine pendant au moins 6 semaines.<br />

3. Mesures complémentaires générales<br />

Les mesures complémentaires générales au protocole cidessus<br />

consistent simplement en l'application fréquente de<br />

pansements froids ou chauds au niveau de la zone d'extravasation.<br />

Les pansements froids sont recommandés puisqu'ils empêchent,<br />

du fait de la vasoconstriction réflexe, la dispersion du<br />

médicament. Ils favorisent l'action des antidotes quand ils<br />

existent mais semblent inefficaces dans le cas des vinca<br />

alcaloïdes. Dans ce cas, les pansements chauds, qui facilitent<br />

la dispersion du cytotoxique, sont préconisés. Certains<br />

alternent pansements froids (1 à 2 heures après l'administration<br />

de l'antidote), puis pansements chauds pendant 1 à 2<br />

jours.<br />

4. Protocole complémentaire au protocole général<br />

pour les médicaments vésicants<br />

La littérature médicale est riche en conduites spécifiques<br />

face à l'extravasation de certains cytotoxiques. Le bénéfice<br />

réel de ces mesures n'est pas toujours démontré.<br />

4.1. Protocole concernant la daunorubicine, la doxorubicine,<br />

l’épirubicine et la pirarubicine (16)<br />

* Instillation d’un corticoïde<br />

Au niveau 8 du protocole général, il faut instiller un corticoïde.<br />

Exemples : dexaméthasone ou bétaméthasone 4<br />

mg/ml : 1 ml ; hémisuccinate d'hydrocortisone 100 mg/ml :<br />

1 à 2 ml. Cette administration se fait par voie intraveineuse<br />

par l'intermédiaire du dispositif d'injection et/ou localement<br />

par voie sous-cutanée ou intradermique et ceci tout autour<br />

du territoire d'extravasation (5 à 6 injections "en pomme<br />

d'arrosoir").<br />

* Application locale de DMSO<br />

Une application de DMSO (50 à 99 %) - 15 ml sur une<br />

compresse ou un pansement absorbant maintenu en place<br />

15 minutes, à renouveler toutes les 4 à 6 heures au moins<br />

pendant 48 heures - peut être envisagé.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

38


Évaluation thérapeutique<br />

Certains auteurs préconisent d'associer au DMSO de l'alpha–tocophérol<br />

(10 %).<br />

Le malade sera averti que le DMSO rend l'haleine fétide (7).<br />

La disponibilité du produit semblant être très aléatoire, cette<br />

solution risque de ne pouvoir être réalisée à l'avenir.<br />

* Application de pansements froids.<br />

Les trois mesures sont habituellement mises en œuvre successivement.<br />

Le bicarbonate de sodium, quelquefois préconisé, semble<br />

être en réalité plus toxique que bénéfique car il est luimême<br />

responsable de nécrose.<br />

4.2. Protocole concernant les vinca alcaloïdes<br />

- Insister sur le point 4 du protocole général : instillation de<br />

chlorure de sodium isotonique pour diluer le médicament<br />

extravasé.<br />

- Au point 8 du protocole général : hyaluronidase 250 UI/ml :<br />

1 ml par voie sous-cutanée tout autour de la lésion (cinq à<br />

six injections en "pomme d'arrosoir" pour faciliter la diffusion<br />

du médicament.<br />

- Application de pansements chauds.<br />

Ces trois mesures sont à mettre en œuvre successivement.<br />

* Actinomycine, chlorméthine, mitomycine C<br />

- Au point 8 du protocole général administration de 4 ml de<br />

sodium 0, 17 M (4 ml de thiosulfate de sodium à 10 % + 6<br />

ml d'eau ppi).<br />

Cette administration se fera par voie intraveineuse par l'intermédiaire<br />

du dispositif d'injection et/ou localement par<br />

voie sous-cutanée ou intradermique et ceci tout autour du<br />

territoire d'extravasation (cinq à six injections "en pomme<br />

d'arrosoir").<br />

- Application de pansements froids.<br />

Ces 2 mesures sont à mettre en œuvre successivement.<br />

* Plicamycine<br />

- Édétate de sodium (tétracémate disodique) 50 mg/ml 3 ml<br />

par voie IV lente par le dispositif d'injection et/ou par voie<br />

sous-cutanée ou intradermique tout autour du territoire<br />

extravasé (cinq à six injections en "pomme d'arrosoir").<br />

- Application de pansements froids.<br />

Ces 2 mesures, non admises par tous, sont à mettre en<br />

œuvre successivement.<br />

* Antidotes<br />

Les antidotes peuvent être mis à la disposition des services<br />

sous forme d'une trousse d'urgence (cf tableau ci-après) :<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Antidotes mis à la disposition des services sous forme<br />

d’une trousse d’urgence.<br />

- Thiosulfate de sodium 10 % 10 ml 2 ampoules<br />

- Hyaluronidase 250 UI/ml 2 ampoules<br />

- Dexaméthasone<br />

ou Bétaméthasone 4 mg/ml<br />

2 ampoules<br />

- Eau ppi 10 ml 2 ampoules<br />

- NaCl 0,9 % - 10 ml 5 ampoules<br />

- DMSO 50 à 99 % 100 ml<br />

- Aiguilles 16 5/10e 10 unités<br />

- Aiguilles 40 9/10e 10 unités<br />

- Seringues 1, 2, 5, 10 ml 3 de chaque<br />

- Lime 1 de chaque<br />

* Irradiation locale<br />

Elle permet de diminuer la réaction inflammatoire et ainsi<br />

ses conséquences trophiques. La <strong>pratique</strong> de cette irradiation<br />

ne dispense pas des mesures précédentes mais peut être<br />

complémentaire.<br />

Elle doit impérativement être réalisée de façon très précoce,<br />

c'est-à-dire au mieux dans les 4 heures suivant l'accident et<br />

au pire dans les 24 premières heures. Il est proposé de faire<br />

3 à 4 séances, de 1,5 Grays, chacune trois à quatre jours de<br />

suite. À cette dose, aucun effet indésirable ne serait à<br />

craindre.<br />

* Conduite en cas de complications tardives<br />

Un traitement chirurgical comportant l'ablation des tissus<br />

nécrosés ou sclérosés suivi de greffe est parfois nécessaire<br />

pour redonner la mobilité au membre atteint.<br />

* Cas particulier de l'extravasation après administration<br />

en chambre implantable (57)<br />

Le risque d'extravasation après injection de médicaments<br />

cytotoxiques en chambre implantable est relativement fréquent.<br />

Celui-ci est d'autant plus grand en cas de :<br />

- administration nocturne : le malade endormi peut exercer<br />

involontairement une traction sur le tube de connexion,<br />

- chambre avec un septum mince,<br />

- <strong>utilisation</strong> d'aiguille normale ou d'aiguille à pointe de<br />

Huber non coudée à 90°.<br />

L'extravasation est responsable de lésions, identiques à<br />

celles exposées précédemment, avoisinant le dispositif d'injection.<br />

La tendance actuelle, en cas d'extravasation, est de faire<br />

systématiquement et très rapidement (moins de 3 heures)<br />

appel au chirurgien pour un nettoyage de la lésion.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

39


Évaluation thérapeutique<br />

Aucune autre règle de conduite bien définie ne semble<br />

démontrée.<br />

Il peut cependant être proposé :<br />

- le retrait de la chambre si le produit injecté est considéré<br />

comme toxique ; l'implantation d'une nouvelle chambre se<br />

fera dans une autre partie de l'organisme,<br />

- l'aspiration du maximum de liquide extravasé et de celui<br />

restant dans la chambre,<br />

- l'application du protocole général et du protocole complémentaire<br />

spécifique aux médicaments vésicants en les adaptant<br />

au dispositif.<br />

Références bibliographiques<br />

1- Anonyme. Circulaire 678 du 3 mars 1987 relative à la<br />

manipulation des médicaments anticancéreux en milieu<br />

hospitalier. BO 8712.<br />

2 - American Society of Hospitals Pharmacy. ASHP technical<br />

assistance bulletin on handling cytotoxic and hazardous<br />

drugs. Am J Hosp Pharm 1990 ; 47 : 1033-60.<br />

3 - Arriudarre CH. Procédure de préparation centralisée des<br />

formes injectables d'anticancéreux. Rev ADPHSO 1986 ; 11 :<br />

47-51.<br />

4 - Bacovsky R. Antineoplastic extravasation : prevention<br />

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Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

41


Évaluation thérapeutique<br />

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Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

42


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Prévention et traitement<br />

des principaux effets indésirables<br />

liés au cancer et à son traitement<br />

ALOPÉCIE<br />

INFECTION<br />

MYÉLOTOXICITÉ<br />

NAUSÉES-VOMISSEMENTS<br />

MUCITE, STOMATITE<br />

TRAITEMENT DE LA DOULEUR<br />

TRAITEMENT DES HYPERCALCÉMIES<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 43


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

ALOPÉCIE (6, 33)<br />

L'alopécie, totale ou partielle, est un des effets indésirables<br />

fréquemment rencontré lors de certaines chimiothérapies<br />

cytotoxiques.<br />

Elle est toujours réversible mais représente un obstacle psychologique<br />

sérieux à une bonne observance du traitement.<br />

La chute de cheveux débute 10 jours après le début de la<br />

chimiothérapie. L'effet maximal n'apparaît qu'au bout d'1 à<br />

2 mois.<br />

Après l'arrêt de la chimiothérapie, la repousse des cheveux<br />

demande plusieurs semaines à plusieurs mois. La texture et<br />

la couleur de la chevelure peut-être modifiée.<br />

Des mesures préventives doivent donc être mises en place :<br />

- informer le patient sur la réversibilité de l'alopécie,<br />

- préconiser l'achat d'une perruque avant le début du traitement<br />

(celles-ci sont remboursées par la Sécurité Sociale),<br />

- prévenir la chute des cheveux par l'<strong>utilisation</strong> d'un casque<br />

réfrigérant lors de la chimiothérapie.<br />

Le casque doit être mis en place 5 à 10 minutes avant le<br />

début de l'injection et maintenu jusqu'à deux heures après<br />

son arrêt.<br />

Les oreilles doivent être protégées par un coton ou autre<br />

pansement.<br />

L'efficacité est imprévisible, celle-ci dépend du temps de<br />

perfusion, de la dose administrée et du cytotoxiques utilisé.<br />

Elle semble modeste en cas de polychimiothérapie comportant<br />

plusieurs agents alopéciants.<br />

Certaines contre-indications théoriques s'opposent à l'<strong>utilisation</strong><br />

du casque réfrigérant :<br />

- cancer anaplasique des bronches,<br />

- métastases crâniennes (cutanées ou osseuses),<br />

- tumeurs à doublement rapide (leucémies),<br />

- tumeurs cérébrales,<br />

- tumeurs ayant un fort potentiel métastatique au niveau<br />

cérébral.<br />

Actuellement les inconvénients et les limites de l'efficacité<br />

de ce type de prévention ne lui laisse qu'une place très<br />

modeste.<br />

Risques d’alopécie et chimiothérapie<br />

Grade 0 : non alopéciant<br />

Chlorambucil<br />

Pentostatine<br />

Cisplatine<br />

Streptozocine<br />

Fotémustine<br />

Thioguanine<br />

Mercaptopurine<br />

Thiotépa<br />

Oxaliplatine<br />

Grade 1 : peu alopéciant<br />

Altrétamine<br />

Fluorouracile<br />

Busulfan<br />

Gemcitabine<br />

Carboplatine<br />

Hydroxyurée<br />

Carmustine<br />

Lomustine<br />

Cladribine<br />

Mitomycine<br />

Chlorméthine<br />

Procarbazine<br />

Elliptinium<br />

Grade 1-2 : peu à moyennement alopéciant<br />

Asparaginase<br />

Melphalan<br />

Bléomycine<br />

Mitoxantrone<br />

Dactinomycine<br />

Raltitrexed<br />

Fluorouracile*<br />

Grade 2 : moyennement alopéciant<br />

Amsacrine<br />

Méthotrexate<br />

Cytarabine<br />

Téniposide<br />

Dacarbazine<br />

Vincristine<br />

Irinotécan<br />

Vinblastine<br />

Grade 2-3 : moyennement à très alopéciant<br />

Cyclophosphamide<br />

Topotécan<br />

Ifosfamide<br />

Vinorelbine<br />

Pirarubicine<br />

Grade 3 : très alopéciant<br />

Daunorubicine<br />

Épirubicine<br />

Docétaxel<br />

Paclitaxel<br />

Doxorubicine<br />

* en perfusion continue<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

44


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

INFECTION (7, 8, 9, 18)<br />

Généralités<br />

Le risque infectieux est majeur chez le malade cancéreux.<br />

Il représente une cause fréquente de mortalité.<br />

1. Agents infectieux impliqués<br />

Tous les agents infectieux peuvent être rencontrés (bactéries,<br />

virus, champignons, parasites) mais les infections bactériennes<br />

demeurent de loin les plus fréquentes (90 %).<br />

À coté des infections bactériennes, il est observé une prédominance<br />

des candidoses et des aspergilloses pour les<br />

infections mycosiques, de l’herpès et du CMV pour les<br />

infections virales, et de Pneumocystis carinii pour les<br />

infections parasitaires.<br />

Le risque d'infections majeures est lié à la profondeur<br />

(nadir) de la neutropénie ainsi qu'à sa durée. Ces deux facteurs<br />

dépendent de la posologie, du mode d'administration<br />

et/ou des associations de cytotoxiques utilisés.<br />

Les nadirs et les délais de récupération sont notés dans les<br />

monographies et correspondent à un traitement en monothérapie<br />

à dose usuelle.<br />

2. Origine des infections<br />

L'origine des infections est surtout d'ordre thérapeutique :<br />

- mécanique : <strong>utilisation</strong> de cathéters centraux et de sondes,<br />

notamment lors de l’alimentation entérale ou parentérale,<br />

- liée à la chimiothérapie ou la radiothérapie neutropéniantes<br />

: la toxicité hématologique des agent cytotoxiques<br />

est quasi constante aboutissant à une neutropénie voire une<br />

aplasie qui est :<br />

. soit spontanément réversible : aplasie transitoire,<br />

. soit durable après greffe de moelle ou consécutive à une<br />

atteinte métastatique de la moelle osseuse.<br />

3. Neutropénie, agranulocytose, aplasie<br />

Les termes de neutropénie, d’agranulocytose et d’aplasie<br />

sont définis par les taux de leucocytes et de neutrophiles :<br />

- Neutropénie :<br />

leucocytes < 2 G/l, neutrophiles < 1 G/l<br />

- Agranulocytose :<br />

leucocytes < 1 G/l, neutrophiles < 0,5 G/l<br />

- Aplasie :<br />

Hb < 6,5 g/dl, neutrophiles < 0,5 G/l, plaquettes < 100 G/l<br />

(G = Giga = 10 9 )<br />

Signes d’appel d’une infection<br />

Les signes d’appel d’une infection sont :<br />

- une hyperthermie > 38,5°C ou une hypothermie,<br />

- des frissons.<br />

Prévention<br />

Le prévention des infections reposent sur :<br />

- des mesures d'hygiène :<br />

. générales,<br />

. buccales (cf. fiche hygiène buccale).<br />

. soin de cathéter,<br />

- le suivi de la numération formule sanguine,<br />

- une antibiothérapie par voie orale à large spectre dès la<br />

suspicion d'une infection.<br />

Traitement (8, 9, 11, 18, 35, 36)<br />

1. Agranulocytose - Aplasie transitoire<br />

1.1. Conduite à tenir<br />

Le conduite à tenir consiste en :<br />

- une hospitalisation (3 jours minimum) en cas d'hyperthermie<br />

supérieure à 38,5 °C,<br />

- un isolement du malade en chambre stérile, avec port de<br />

masques, de calots, de surchaussures, limitation des visites<br />

et apports extérieurs, et lavage des mains,<br />

- une surveillance clinique : pouls, TA, température, diurèse,<br />

- une surveillance biologique : NFS, ionogramme à l'entrée,<br />

- la recherche du germe impliqué en pratiquant :<br />

. une hémocultures en cas de température > 38,5 °C ou < 36 °C<br />

ou de frissons (deux hémocultures espacées d'au maximum<br />

4 à 6 heures),<br />

. d’autres prélèvements bactériologiques et mycologiques<br />

au niveau de la sphère ORL (bouche, gorge), des urines<br />

(ECBU), des selles (coproculture), du vagin et de cathéter.<br />

1.2. Traitement<br />

* Une antibiothérapie est mise en œuvre après la réalisation<br />

de 3 hémocultures.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

45


Évaluation thérapeutique<br />

Elle consiste en l’association systématique de bêtalactamine<br />

et d'aminoside à forte dose ; si nécessaire, elle est adaptée<br />

en fonction du germe, ou en cas d'altération de l'état<br />

général, après 2 à 4 jours de traitement.<br />

* Autres traitements anti-infectieux éventuels :<br />

- Aciclovir (ZOVIRAX®),<br />

- Amphotéricine B (FUNGIZONE®),<br />

- Ganciclovir (CYMÉVAN®), Foscarnet (FOSCAVIR®),<br />

- Cotrimoxazole (BACTRIM®, EUSAPRIM®).<br />

* Soins locaux : cathéter, hygiène buccale (bain de bouche).<br />

1.3. Prophylaxie secondaire par les facteurs de croissance<br />

hématopoïétique<br />

En cas de retraitement par la même chimiothérapie, une<br />

prescription à titre de prophylaxie secondaire de facteurs de<br />

croissance hématopoïétique (G ou GM-CSF) est à discuter<br />

à une posologie de 5 µg/kg/j (cf infra)<br />

2. Aplasie durable<br />

(avec ou sans greffe de cellules souches hématopoïétiques)<br />

2.1. Conduite à tenir<br />

Le conduite à tenir consiste en :<br />

- une hospitalisation 30 à 100 jours en cas de greffe de<br />

moelle, voire plus dans d'autres cas,<br />

- un isolement en chambre stérile éventuellement avec lit<br />

sous flux laminaire stérile.<br />

2.2. Traitement<br />

* Une antibiothérapie consistant en une association systématique<br />

de bêtalactamine/aminoside/vancomycine/aciclovir<br />

à adapter en fonction du germe, est mise en œuvre.<br />

* Décontamination digestive.<br />

* Transfusions de culots globulaires. Le traitement de<br />

l'aplasie est complété par des transfusions de culots globulaires<br />

(Hb < 10 g/dl) et plaquettaires si nécessaire.<br />

3. Traitement préventif par les<br />

facteurs de croissance hématopoïétique<br />

Deux facteurs de croissance hématopoïétique (FCH) sont<br />

actuellement commercialisés (14, 15, 20) :<br />

- le G-CSF (granulocyte colony stimulating factor) NEU-<br />

POGEN®, GRANOCYTE®,<br />

- le GM-CSF (granulocyte macrophage colony stimulating<br />

factor) LEUCOMAX®.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Ceux-ci sont préconisés en préventif afin de réduire la<br />

durée de neutropénies sévères induites par les chimiothérapies<br />

neutropéniantes et ainsi d'en limiter leurs complications.<br />

Leurs modalités d'<strong>utilisation</strong>s font l'objet d'une monographie<br />

spécifique présentée ci-dessous.<br />

G-CSF<br />

DCI Filgrastime<br />

Sigle G-CSF<br />

Nom déposé NEUPOGEN® (1)<br />

Laboratoires Amgen - Roche<br />

Classe Cytokine<br />

Facteur de croissance hématopoïétique<br />

Classe ATC L03AA02<br />

DCI Lénograstime<br />

Sigle G-CSF<br />

Noms déposés GRANOCYTE® 13 (2)<br />

GRANOCYTE® 34 (2)<br />

Laboratoire RPR<br />

Classe Cytokine<br />

Facteur de croissance hématopoïétique<br />

Classe ATC L03AA10<br />

Prêt à l’emploi (1) À reconstituer (2)<br />

1. Renseignements généraux et galéniques<br />

1.1. Présentation<br />

* Filgrastime (NEUPOGEN®)<br />

- Solution injectable à 30 MU (0,3 mg)<br />

+ solution tampon qsp 1 ml.<br />

- Solution injectable à 48 MU (0,48 mg)<br />

+ solution tampon qsp 1,6 ml<br />

Présentation en flacon ou en seringue à usage unique.<br />

* Lénograstime (GRANOCYTE®)<br />

- Lyophilisat :<br />

. GRANOCYTE® 13 : 105 µg (13,4 MUI),<br />

. GRANOCYTE® 34 : 263 µg (33,6 MUI),<br />

Solvant : eau ppi 1 ml.<br />

- Substances auxiliaires : sérum albumine humaine, mannitol,<br />

polysorbate 80, solution tampon<br />

1.2. Conservation<br />

* Filgrastime (NEUPOGEN®)<br />

- Au réfrigérateur, entre + 2°C et + 8° C.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

46


Évaluation thérapeutique<br />

* Lénograstime (GRANOCYTE®)<br />

- Du lyophilisat : entre +2°C et +8°C.<br />

- De la solution reconstituée : 24 h entre + 2°C et + 8°C.<br />

- Ne pas congeler.<br />

- Ne pas agiter, formation de mousse.<br />

2.1. Mécanisme d’action<br />

2. Propriétés pharmacologiques<br />

Le G-CSF ("Granulocyte Colony Stimulating Factor") - filgrastime<br />

ou lénograstime -, est un facteur de croissance<br />

hématopoïétique stimulant spécifiquement la croissance et<br />

le développement de la lignée neutrophile.<br />

Le filgrastim est un G-CSF humain recombinant non glycosylé,<br />

contrairement au lénograstim.<br />

2.2. Pharmacocinétique<br />

- L’absorption complète en 6 heures.<br />

- Le métabolisme et l’élimination ne sont pas modifiées<br />

après administration répétée.<br />

3. Effets indésirables<br />

- Douleurs osseuses.<br />

- Myalgies.<br />

- Réactions au point d'injection en cas d’injection SC : il<br />

faut donc changer les sites d'injection quotidiennement.<br />

4.1. Indications<br />

4. Renseignements thérapeutiques<br />

Réduction de la durée des neutropénies sévères et de leurs<br />

complications :<br />

- telles qu'elles surviennent lors de l'emploi de chimiothérapies<br />

cytotoxiques connues pour être associées à une incidence<br />

significative de neutropénies fébriles,<br />

- chez les patients recevant une chimiothérapie myélosuppressive<br />

suivie de greffe de moelle,<br />

- collection de cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) (†),<br />

soit après une chimiothérapie myélosuppressive, soit à<br />

l’état stable.<br />

† : les cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) ou cellules<br />

souches du sang font partie avec les cellules souches<br />

de la moelle, des cellules souches hématopoïétiques.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Remarque : L'innocuité de l'emploi de G-CSF n'a pas été<br />

démontrée avec les agents anticancéreux doués de myélotoxicités<br />

cumulatives ou prédominant sur la lignée plaquettaire<br />

(nitroso-urées, mitomycine C).<br />

4.2. Mode d’administration<br />

* Voie SC<br />

* Perfusion IV de 30 minutes<br />

- pour le filgrastime après dilution dans une solution de glucose<br />

à 5 % ; pour des concentrations inférieures à 15 µg/ml<br />

(1,5 MU), ajouter 0,2 ml d'une solution d’albumine humaine<br />

à 20 %,<br />

- pour le lénograstime, après dilution dans une solution de<br />

chlorure de sodium à 0,9 % jusqu'à une concentration > 2,5<br />

µg/ml (1 flacon dans 100 ml de solvant).<br />

4.3. Posologies<br />

* Après chimiothérapies cytotoxiques<br />

- Pour le filgrastime : 5 µg/kg/j (0,5 MU/kg/j).<br />

- Pour le lénograstime : 150 µg/m 2 /j.<br />

La première injection doit être effectuée au plus tôt 24<br />

heures après la fin de la chimiothérapie (en général 3 à 7<br />

jours). La durée de traitement est voisine de 10-14 jours. Il<br />

faut continuer le traitement jusqu'à ce que la date attendue<br />

du nadir soit passée et que le taux de neutrophiles soit revenu<br />

à une valeur normale. En cas de nadir éloigné, il<br />

convient d’encadrer le nadir.<br />

* Après chimiothérapie myélosuppressive suivie de greffe<br />

de moelle<br />

- Pour le filgrastime : jusqu'à 10 µg/kg/j (1 MU/kg/j).<br />

- Pour le lénograstime : 150 µg/m 2 /j.<br />

La première injection doit être réalisée au minimum 24<br />

heures après la fin de la chimiothérapie et au maximum 24<br />

heures après la greffe de moelle osseuse.<br />

Le traitement est de 28 jours maximum.<br />

* Collections de cellules hématopoïétiques sanguines<br />

- Après chimiothérapie : 5 µg/kg/j jusqu’à la fin des cytaphérèses.<br />

- Seul : 10 µg/kg/j pendant 6 jours.<br />

4.4. Contre-indications<br />

- Administration de G-CSF en même temps que la chimiothérapie<br />

cytotoxique.<br />

- Administration de G-CSF dans les pathologies myéloïdes.<br />

- En cas d’hypersensibilité aux divers constituants.<br />

Note : Le G-CSF est réservé à l'usage hospitalier.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

47


Évaluation thérapeutique<br />

GM-CSF<br />

DCI Molgramostime<br />

Sigle GM-CSF<br />

Nom déposé LEUCOMAX®<br />

Laboratoires Novartis Pharma SA - Schering-Plough<br />

Classe Cytokine<br />

Facteur de croissance hématopoïétique<br />

Classe ATC L03AA03<br />

Réservé à l’usage hospitalier<br />

À reconstituer<br />

1. Renseignements généraux et galéniques<br />

1.1. Présentation<br />

- Flacons de lyophilisat :<br />

. 150 µg (16,7 MUI),<br />

. 400 µg (74,4 MUI),<br />

. 300 µg (33,3 MUI),<br />

. 700 µg (77 MUI).<br />

- Solvant : 1 ml d'eau ppi<br />

- Substances auxiliaires :<br />

. solution tampon,<br />

. sérum albumine humaine 1 mg,<br />

. mannitol 50 mg,<br />

. polyoxyéthylène glycol 0,10 mg.<br />

1.2. Reconstitution<br />

- Le reconstitution du GM-CSF se fait avec 1 ml d'eau pour<br />

préparation injectable.<br />

- Pour perfusion en IV, il faut effectuer la dilution de la spécialité<br />

dans des poches ou des flacons de 25, 50 ou 100 ml<br />

d’une solution de chlorure de sodium à 0,9 % ou de glucose<br />

à 5 %. Il faut conserver une concentration supérieure ou<br />

égale à 7 µg/ml.<br />

- Il ne faut pas agiter : risque de formation de mousse.<br />

1.3. Conservation<br />

- De la spécialité : entre + 2°C et + 8°C, à l'abri de la lumière<br />

- De la solution reconstituée : 24 heures entre + 2°C et + 8°C.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

1.2. Pharmacocinétique : Non renseigné<br />

3. Effets indésirables<br />

- Fièvre, rashs, hypotension artérielle, nausées, œdème,<br />

douleurs osseuses et diarrhées.<br />

- Hypersensibilité retardée : bronchoconstriction - angioœdème<br />

--> traitement symptomatique.<br />

- Réactions au site d'injection : il faut changer de point de<br />

ponction quotidiennement.<br />

4.1. Indications<br />

4. Renseignements thérapeutiques<br />

Réduction de la durée des neutropénies sévères et de leurs<br />

complications :<br />

- lors de chimiothérapies cytotoxiques connues pour être<br />

associées à une incidence significative de neutropénies<br />

fébriles,<br />

- chez les patients recevant une thérapie myélosuppressive<br />

suivie de greffe de moelle (autogreffe),<br />

- en cas de traitement par ganciclovir chez les patients présentant<br />

une rétinite à CMV liée au SIDA afin de maintenir<br />

la dose efficace de ganciclovir en cas de contre-indication<br />

ou d'échec à un traitement alternatif.<br />

Les allogreffes ne sont pas une indication du LEUCOMAX®.<br />

4.2. Mode d’administration<br />

* Voie SC<br />

* Perfusion lente de 4 à 6 heures après dilution dans au<br />

moins 25 ml d’une solution de chlorure de sodium à 0,9 %<br />

ou de glucose à 5 %.<br />

L'<strong>utilisation</strong> d'un filtre de 0,22 µm est recommandée.<br />

4.3. Posologies<br />

* Chimiothérapie anticancéreuse : 5 à 10 µg/kg/j en SC.<br />

Le traitement doit être commencé au plus tôt 24 h après l'arrêt<br />

de la chimiothérapie et poursuivi pendant 7 à 10 jours.<br />

La posologie initiale conseillée est de 5 µg/kg/j.<br />

2.1. Mécanisme d’action<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

2. Propriétés pharmacologiques<br />

Le "Granulocyte Macrophage Colony Stimulating Factor"<br />

est un facteur de croissance hématopoïétique multipotent,<br />

agissant sur plusieurs lignées cellulaires dont plus particulièrement<br />

les granulocytes et les macrophages.<br />

Le molgramostime n'est pas glycosylé.<br />

48<br />

* Greffe de moelle osseuse : 10 µg/kg/j par voie IV de 4 à<br />

6 heures débutant le lendemain de la greffe et jusqu’à l’obtention<br />

d’un taux de neutrophiles ≥ 1 G/l pendant 30 jours<br />

maximum.<br />

* Rétinite à CMV liée au Sida : 5 µg/kg/j par voie SC pendant<br />

5 jours puis adapter en fonction du nombre de neutrophiles<br />

et de leucocytes.


Évaluation thérapeutique<br />

4.4. Contre-indications<br />

- Antécédents de purpura thrombopénique idiopathique.<br />

- Hypersensibilité aux différents composants.<br />

- Hémopathies myéloïdes.<br />

4.5. Incompatibilités physicochimiques<br />

L'<strong>utilisation</strong> du système Port-A-Cath n'est pas recommandée<br />

(adsorption).<br />

4.6. Recommandations d’<strong>utilisation</strong> des facteurs de croissance<br />

hématopoïétique<br />

(d’après les SOR de la FNCLCC et les auteurs)<br />

Ces recommandations d’<strong>utilisation</strong> des facteurs de croissance<br />

hématopoïétique (FCH) ont été élaborées en fonction<br />

des mentions légales de l’AMM, éclairées par les recommandations<br />

de la FNCLCC.<br />

* Chimiothérapie anticancéreuse<br />

— Premier cycle de chimiothérapie anticancéreuse<br />

La posologie des agents anticancéreux, administrés seuls ou<br />

en association, doit être connue car ces médicaments sont<br />

responsables de neutropénies sévères ; l’incidence des neutropénies<br />

fébriles rapportées doit être démontrée supérieure<br />

à 40 % dans les essais publiés.<br />

Il doit, de plus, être tenu compte de certains facteurs de<br />

risques individuels associés tels que :<br />

- un âge supérieur à 65 ans,<br />

- des antécédents de radiothérapie étendue,<br />

- une sérologie VIH,<br />

- des antécédents de chimiothérapie de plus de 6 mois et/ou<br />

d’intensification thérapeutique suivie de greffe de cellules<br />

hématopoïétiques sanguines (CHS).<br />

— Cure antérieure après un épisode de neutropénie fébrile<br />

(avec complication ayant nécessité une hospitalisation) ou<br />

prophylaxie secondaire<br />

La première démarche est de diminuer, au cycle suivant, la<br />

posologie des anticancéreux connus pour être les plus myélotoxiques,<br />

et non d’ajouter un FCH.<br />

En cas de chimiothérapie justifiant un strict respect de la<br />

dose intensité, la prescription de FCH est validée, et possible<br />

en préventif pour toutes les cures suivantes.<br />

— À titre curatif (traitement de la neutropénie fébrile ou de<br />

ses complications infectieuses à partir du moment où elles<br />

sont déclarées)<br />

À n’envisager que pour les malades présentant une neutropénie<br />

sévère (PNN < 500/µl), fébrile, prolongée, compliquée<br />

d’une infection tissulaire avérée (pneumopathie...) ou<br />

à haut risque septique (syndrome septique, infection fongique<br />

systémique...).<br />

— Posologie<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

- NEUPOGEN® (G-CSF) : 5 µg/kg/j.<br />

. Pour les malades de moins de 80 kg, la posologie est de<br />

300 µg/j, soit un flacon de NEUPOGEN® 30 par jour.<br />

. Pour les malades de plus de 80 kg, la posologie est de 480<br />

µg/j, soit un flacon de NEUPOGEN® 48 par jour.<br />

- GRANOCYTE® 34 (G-CSF) : 150 µg/m 2 /j.<br />

La posologie est de 263 µg soit un flacon par jour.<br />

Pour les enfants de moins de 0,80 m 2 , il faut utiliser un flacon<br />

de GRANOCYTE® 13.<br />

- LEUCOMAX® (GM-CSF) : 5 µg/kg/j.<br />

— Débuter le FCH entre 24 et 72 heures suivant la fin de<br />

la chimiothérapie.<br />

— Arrêter le FCH dès le retour à la normale des PNN, soit<br />

1000/µl, après passage du nadir.<br />

— Aucune <strong>utilisation</strong> concomitante des FCH avec la chimiothérapie<br />

n’est admise par l’AMM, ainsi qu’avec les<br />

cytotoxiques dotés d’une myélotoxicité cumulative ou prédominante<br />

sur la lignée plaquettaire (mitomycine C, nitrosourée).<br />

* Recueil des cellules hématopoïétiques sanguines<br />

Le recueil des cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) à<br />

l’aide de FCH est possible soit au décours d’une chimiothérapie,<br />

soit à l’«état stable» avec du G-CSF seul.<br />

— Après chimiothérapie : 5 µg/kg/j ou 150 µg/m 2 /j à débuter<br />

24 à 72 heures après la fin de la chimiothérapie et jusqu’au<br />

dernier jour de cytaphérèse.<br />

— À l’état stable (seul le G-CSF possède une AMM dans<br />

cette indication) : 10 µg/kg/j pendant 6 jours.<br />

* Greffe de cellules souches hématopoïétiques<br />

En cas d’autogreffe de moelle, la prescription de FCH est<br />

licite.<br />

En cas d’autogreffe de CHS, l’intérêt des FCH reste à<br />

démontrer formellement, mais semble identique à celui<br />

obtenu après greffe de moelle autologue.<br />

Le GM-CSF n’est pas indiqué au cours des allogreffes.<br />

— Le schéma de traitement par FCH est identique et doit<br />

être arrêté jusqu’à un chiffre de PNN d’au moins 500/µl.<br />

— En cas d’inefficacité, une posologie de 10 µg/kg/j est<br />

possible.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

49


Évaluation thérapeutique<br />

* Cas particuliers<br />

— Leucémies aiguës myéloïdes<br />

L’<strong>utilisation</strong> des FCH dans cette indication n’est pas recommandée<br />

dans le cadre de l’AMM car l’administration de ces<br />

facteurs exposerait à un risque théorique de stimulation des<br />

clones leucémiques exprimant des récepteurs aux FCH.<br />

Depuis, plusieurs études randomisées ont été menées, montrant<br />

une diminution significative de la durée de la neutropénie<br />

lors de l’administration primaire de FCH après chimiothérapie<br />

d’induction.<br />

— Syndromes mélodysplasiques<br />

L’<strong>utilisation</strong> transitoire des FCH semble intéressante en cas<br />

de neutropénie profonde avec infections graves et/ou récurrentes.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

— Pédiatrie : les recommandations d’<strong>utilisation</strong> semblent<br />

être applicables aux enfants.<br />

* Recommandations <strong>pratique</strong>s<br />

— Les flacons de FCH sont à conserver entre + 2°C et<br />

+ 8°C, sans les congeler.<br />

— Ne pas agiter les flacons (risque de formation de mousse).<br />

— Ne pas conserver un flacon ouvert.<br />

MYÉLOTOXICITÉ (29)<br />

La toxicité hématologique est la plus précoce et la plus fréquente<br />

des toxicités aiguës des médicaments cytotoxiques.<br />

Son mécanisme en est univoque : destruction des cellules<br />

souches hématopoïétiques en voie de différenciation, alors<br />

que les cellules souches autorenouvelables sont épargnées.<br />

Cette toxicité sera donc le plus souvent réversible, non<br />

cumulative et dose-dépendante ; sauf pour les nitroso-urées<br />

(carmustine, lomustine, fotémustine), la mitomycine C, le<br />

busulfan et le carboplatine qui présentent des toxicités<br />

cumulatives, retardées et durables. L'association de plusieurs<br />

substances myélotoxiques majore la toxicité hématologique.<br />

Anémie<br />

L'atteinte de la lignée érythrocytaire est inconstante. Des<br />

signes de dysérythropoïèse, notamment une macrocytose<br />

sont souvent associées.<br />

Elle est définie par un taux d'hémoglobine pondérale inférieure<br />

à 11 g/dl chez la femme et 12 g/dl chez l'homme. Un<br />

taux de 10 g/dl doit le plus souvent être maintenu par transfusion<br />

de concentrés érythrocytaires ou de culots globulaires.<br />

Une transfusion de 2 culots globulaires (200-250 ml pour<br />

les unités adultes, 100-125 ml pour les enfants) par 24<br />

heures est entreprise dès que le taux d'hémoglobine devient<br />

inférieur à 8 g/dl. Elle devra suivre les règles de sécurité<br />

transfusionnelle : vérification du groupe sanguin au chevet<br />

du malade, surveillance tensionnelle, thermique, clinique<br />

stricte tout au long de la transfusion, une numération de<br />

contrôle sera effectuée en fin de transfusion afin de vérifier<br />

son efficacité.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

50<br />

Certains concentrés peuvent avoir des caractéristiques particulières<br />

en fonction d'indications spécifiques : appauvris<br />

en leucocytes, déleucocytés, déplasmatisés, phénotypés,<br />

irradiés et/ou ayant subi une recherche de Cytomégalovirus.<br />

L'anémie apparaît le plus souvent tardivement après plusieurs<br />

semaines de traitement. Elle est d'installation progressive<br />

et souvent bien supportée.<br />

Des anémies causées par une hémolyse aiguë sont plus<br />

rares et témoignent d'une toxicité spécifique de 2 agents<br />

anticancéreux :<br />

- l’elliptinium responsable de l’apparition d'anticorps antielliptinium.<br />

Toxicité fréquente (40 %) en cas de schéma<br />

d'administration hebdomadaire,<br />

- la mitomycine C responsable de micro-angiopathie<br />

thrombotique après administration systémique, et d’une<br />

hémolyse intravasculaire apparaissant à des doses cumulatives<br />

de 60 mg/m 2 .<br />

Les sels de platine peuvent, par leur toxicité rénale, provoquer<br />

une anémie. Le traitement préventif ou curatif par un<br />

facteur de croissance de la lignée érythrocytaire, l’érythropoïétine<br />

(EPREX®, RECORMON®), est possible.<br />

Il doit être administré dès le début de la chimiothérapie, si<br />

le taux d’hémoglobine est inférieur à 11 g/dl, à la dose initiale<br />

de 450 UI/kg/semaine (en 3 à 7 injections par semaine<br />

par voie SC), jusqu’à 3 semaines après l’arrêt des cures.<br />

Une adaptation posologique est possible :<br />

- si la réponse est majeure (augmentation du taux d’hémoglobine<br />

> 2 g/dl), la posologie sera diminuée de moitié,<br />

- si le taux d’hémoglobine atteint 14 g/dl, il faut arrêter le<br />

traitement et ne le reprendre à demi dose qu’à partir de 12 g/dl.


Évaluation thérapeutique<br />

Leuconeutropénie<br />

La leuconeutropénie est la première manifestation de la<br />

myélosuppression. Sa gravité dépend de sa sévérité et de sa<br />

durée ; elle s'accompagne d'accidents infectieux dès que la<br />

neutropénie descend au dessous de 1 G/l.<br />

Elle peut être prévenue par l’administration de facteurs de<br />

croissance hématopoïétique (G-CSF, GM-CSF) (cf fiche<br />

Infections).<br />

Lymphopénie<br />

Une immunodépression peut intervenir parallèlement à la<br />

neutropénie, mais est quantitativement plus brève et moins<br />

sévère. L'appréciation du déficit induit est difficile car non<br />

corrélé au chiffre des leucocytes.<br />

Les manifestations cliniques sont d'origine infectieuse :<br />

mycosiques, virales ou parasitaires.<br />

Une administration continue à faible dose entraîne un déficit<br />

immunitaire plus grand qu'une administration discontinue.<br />

Aucun traitement n'existe à l'heure actuelle.<br />

La réparation après arrêt du traitement est lente : 10 à 12<br />

mois pour récupérer une population lymphoïde fonctionnelle.<br />

Les médicaments les plus fréquemment impliqués sont les<br />

alkylants notamment le cyclophosphamide, potentialisés<br />

par une radiothérapie et/ou une pathologie sous-jacente (cf<br />

annexe 6 Toxicité médullaire), ainsi que la pentostatine et la<br />

cladribine qui provoquent une lymphopénie persistante<br />

nécessitant une surveillance attentive des risques infectieux.<br />

Thrombopénie<br />

La thrombopénie apparaît pour des doses généralement plus<br />

élevées que celles neutropéniantes, sauf en cas d'atteinte<br />

préférentielle de la lignée mégacaryocytaire.<br />

Le risque hémorragique n'est pas corrélé au chiffre de plaquettes,<br />

mais il devient important quand ce chiffre descend<br />

au dessous de 30 G/l, et est majoré en cas de fièvre, de<br />

méningite et chez les enfants.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Il est utilisé soit des concentrés standards (unité contenant<br />

au moins 5.10 10 plaquettes sous un volume de 25 à 60 ml,<br />

prescription de 6 à 10 UP par 24 heures en fonction du<br />

poids du malade), soit des concentrés unitaires ou CUP<br />

obtenus par cytaphérèse d'un seul donneur (au moins 4.10 10<br />

plaquettes sous un volume inférieur à 50 ml).<br />

La transfusion de concentrés unitaires permet de limiter les<br />

phénomènes d’allo-immunisation.<br />

Le nadir des thrombopénies est souvent retardé par rapport<br />

à celui des leucopénies (2 à 4 semaines). La récupération de<br />

valeurs normales est plus lente : jusqu'à 6 semaines pour les<br />

nitroso-urées, la mitomycine C et le carboplatine.<br />

Une réduction de 30 % des doses est préconisée en cas de<br />

toxicité sévère (Grade 2 : 50-75 G/l) et symptomatique lors<br />

de traitements antérieurs.<br />

Une réduction partielle du stock de cellules souches totipotentes<br />

(radiothérapie étendue, chimiothérapie intensive)<br />

doit toujours être prise en compte.<br />

Potentiel thrombopénique des anticancéreux<br />

Médicaments les plus thrombopéniants : G2-G3<br />

Nitroso-urées : Carmustine, lomustine, fotémustine<br />

Mitomycine C<br />

Carboplatine<br />

Busulfan<br />

Chlorambucil<br />

Médicaments modérément thrombopéniants G1-G2<br />

Anthracyclines<br />

Anthracène-diones<br />

Amsacrine<br />

Cytarabine<br />

Une réduction des doses d'anticancéreux doit être envisagée<br />

en fonction du taux plaquettaire :<br />

- diminution de 50 % si le taux de plaquettes est < 50 G/l<br />

- diminution de 25 % si le taux de plaquettes est < 100 G/l<br />

Une transfusion de concentrés standards plaquettaires sera<br />

donc entreprise en cas de thrombopénie inférieure à 30 G/l<br />

et/ou de signes hémorragiques : hémorragie du fond de<br />

l'oeil, hématurie, pétéchies,....<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

51


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Généralités<br />

NAUSÉES - VOMISSEMENTS<br />

(1, 2, 5, 12, 13, 17, 19, 25, 27, 28, 32, 34, 38, 39, 40)<br />

Tableau I : Potentiel émétisant des anticancéreux<br />

Les anticancéreux présentent un potentiel émétisant<br />

variable, tant sur le plan de la sévérité des manifestations<br />

que sur les délais et la durée d'apparition des nausées et<br />

vomissements.<br />

L'<strong>utilisation</strong> des polychimiothérapies associant un ou plusieurs<br />

cytotoxiques à fort potentiel émétisant rend <strong>pratique</strong>ment<br />

systématique l'adjonction d'un traitement antiémétique.<br />

Deux notions sont à retenir dans le traitement antiémétique<br />

adjuvant :<br />

- le potentiel émétisant propre de chaque anticancéreux,<br />

- le délai et la durée d'apparition des symptômes.<br />

Au mécanisme direct d'induction des nausées et vomissements<br />

par les anticancéreux, s'ajoutent des vomissements<br />

dit d'anticipation.<br />

Chez un tiers des patients ayant déjà reçu au moins trois ou<br />

quatre cures d'anticancéreux, les nausées et vomissements<br />

se produisent dans la journée qui précède le début de la chimiothérapie,<br />

c'est à dire à l'arrivée à l'hôpital.<br />

Potentiel émétisant des anticancéreux<br />

Cf Tableau I<br />

Délai d’apparition et durée des symptômes<br />

En règle générale, les nausées et/ou vomissements débutent<br />

de une à quelques heures après le début de la chimiothérapie.<br />

Parfois, les nausées et/ou vomissements peuvent être immédiats<br />

(actinomycine D, chlorméthine).<br />

Dans d'autres cas, le délai d'apparition peut être retardé :<br />

cisplatine, cyclophosphamide pour lesquels le maximum de<br />

vomissement se situe entre 12 et 24 heures après le début de<br />

la chimiothérapie et peut se poursuivre au delà de 24 heures.<br />

La durée des symptômes persiste en général de quelques<br />

heures à 48 heures.<br />

Cas particulier du cisplatine<br />

Les nausées et vomissements surviennent généralement 1 à<br />

6 heure(s) après le début de la chimiothérapie.<br />

Mais les symptômes peuvent être retardés au delà de<br />

24 heures et persister jusqu'à une semaine après le début de<br />

la chimiothérapie.<br />

Très forte: fréquence > 90 %<br />

Chlorméthine Cisplatine (≥ 75 mg/m 2 )<br />

Cytarabine (dose >500 mg/m 2 ) Dacarbazine<br />

Streptozocine<br />

Actinomycine D<br />

Carboplatine<br />

Cisplatine (< 75 mg/m 2 )<br />

Interleukine 2 (en IV)<br />

Méthotrexate<br />

(dose > 200 mg/m 2 )<br />

Amsacrine<br />

Daunorubicine<br />

Épirubicine<br />

Fluorouracile<br />

Gemcitabine<br />

Mitomycine<br />

Oxaliplatine<br />

Raltitrexed<br />

Bléomycine<br />

Cytarabine (faible dose)<br />

Étoposide<br />

Ifosfamide<br />

Melphalan<br />

Méthotrexate (faible dose)<br />

Paclitaxel<br />

Téniposide<br />

Vincristine<br />

Vinblastine<br />

Busulfan<br />

Thioguanine<br />

Forte (60 à 90 %)<br />

Modérée (30 à 60 %)<br />

Basse (10 à 30 %)<br />

Altrétamine<br />

Carmustine<br />

Cyclophosphamide<br />

Lomustine<br />

Plicamycine<br />

Procarbazine<br />

Asparaginase<br />

Doxorubicine<br />

Fludarabine<br />

Fotémustine<br />

Irinotécan<br />

Mitoxantrone<br />

Pentostatine<br />

Topotécan<br />

Très basse (< 10 %)<br />

Cladribine<br />

Docétaxel<br />

Hydroxyurée<br />

Interleukine 2 (en SC)<br />

Mercaptopurine<br />

Navelbine<br />

Tamoxifène<br />

Thiotépa<br />

Vindésine<br />

Chlorambucil<br />

* fréquence des vomissements en % de patients atteints.<br />

D’après les données de CRAIG et al (13).<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

52


Évaluation thérapeutique<br />

Traitement<br />

1. Classes pharmacothérapeutiques utilisées<br />

Antihistaminiques : Diphénhydramine (DRAMAMINE®)<br />

Anticholinergiques : Scopolamine (VAGANTYL®)<br />

Neuroleptiques<br />

— Phénothiazines :<br />

- chlorpromazine (LARGACTIL®)<br />

- métopimazine (VOGALÈNE®)<br />

— Butyrophénones<br />

- halopéridol (HALDOL®)<br />

- dropéridol (DROLEPTAN®)<br />

— Benzamides<br />

- métoclopramide (PRIMPÉRAN®, ANAUSIN®)<br />

- alizapride (PLITICAN®)<br />

Antidopaminergiques : Dompéridone (MOTILIUM®)<br />

Corticostéroïdes<br />

- Dexaméthasone (SOLUDÉCADRON®)<br />

- Méthylprednisolone (SOLUMÉDROL®)<br />

- ACTH (SYNACTHÈNE®)<br />

Antagonistes des récepteurs 5 HT3 de la sérotonine<br />

- Ondansétron ( ZOPHREN®)<br />

- Granisétron (KYTRIL®)<br />

- Tropisétron (NAVOBAN®)<br />

- Dolasétron (ANZEMET®) (en cours de commercialisation)<br />

2. Protocoles d’<strong>utilisation</strong> des antiémétiques<br />

2.1. En monothérapie<br />

Les antiémétiques, quand ils sont utilisés seuls, sont habituellement<br />

utilisés à forte dose (cf tableau II).<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

2.3. Traitements associés (Prémédication)<br />

Anxiolytiques type benzodiazépine : lorazépam<br />

(TÉMESTA®), clorazépate dipotassique (TRANXÈNE®),<br />

alprazolam (XANAX®).<br />

Dans les vomissements d'anticipation, ils sont administrés<br />

la veille de la chimiothérapie.<br />

Recommandation de prescriptions des antiémétiques<br />

(d’après les «Standards, Options et Recommandations de la<br />

FNCLCC et auteurs du <strong>CNHIM</strong>)<br />

1. Chimiothérapie fortement émétisante<br />

(y compris les conditionnements de greffe)<br />

1.1. Première cure<br />

* Préventif en IV et/ou associé à un corticoïde :<br />

- ondansétron 8 mg (possibilité d’administrer 24 mg en cas<br />

de cisplatine à dose > 75 mg/m 2 ),<br />

- ou granisétron 3 mg,<br />

- ou tropisétron 5 mg,<br />

- associé à un corticoïde.<br />

* En cas d’échec immédiat :<br />

- sétron, 1 à 2 prises maximum,<br />

- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />

habitudes.<br />

* Relais per os :<br />

- ondansétron 8 mg x 2/j,<br />

- ou tropisétron 5 mg x 1/j,<br />

- pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />

1.2. Cures suivantes<br />

* Si le traitement préventif de la première cure s’est<br />

révélé efficace : il faut refaire la même prévention.<br />

2.2. En bithérapie<br />

Les associations corticoïde/neuroleptique sont les plus<br />

employées. Exemples :<br />

— Dexaméthasone/chlorpromazine,<br />

— Méthylprednisolone/alizapride :<br />

- Avant le début de la chimiothérapie :<br />

Méthylprednisolone : 500 mg en perfusion sur 20 à 30 min<br />

Alizapride : 4 mg/kg en perfusion sur 15 min<br />

- 4 heures et 8 heures après le début de la chimiothérapie :<br />

Alizapride : 4 mg/kg en perfusion sur 15 min<br />

- 8 heures après la dernière perfusion<br />

Alizapride : 50 mg relais per os<br />

- Les jours suivants la chimiothérapie<br />

Alizapride : 50 mg toutes les 8 h per os<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

53<br />

* En cas de vomissements anticipés : il faut entreprendre<br />

une prémédication anxiolytique (benzodiazépines).<br />

* En cas d’échec :<br />

— Préventif en IV :<br />

- changer de sétron,<br />

- augmenter les doses d’ondansétron à 16 ou 24 mg en association<br />

à un corticoïde,<br />

- ajout de neuroleptiques et/ou d’anxiolytiques.<br />

* En cas d’échec immédiat<br />

- sétron, 2 prises maximum,<br />

- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />

habitudes.


Évaluation thérapeutique<br />

* Relais per os<br />

- ondansétron 8 mg x 2/j ou tropisétron 5 mg x 1/j pendant<br />

2 à 3 jours (5 jours maximum) + corticoïdes per os,<br />

- neuroleptiques per os ou par voie rectale QSP (le recours<br />

au phénobarbital doit être réservé aux cas très résistants, à<br />

cause du risque de régurgitation).<br />

2. Chimiothérapie moyennement émétisante<br />

2.1. Première cure<br />

* Préventif en IV :<br />

- ondansétron 8 mg ou granisétron 3 mg ou tropisétron 5 mg<br />

- un corticoïde : 10 mg de dexaméthasone ou 60 mg de<br />

méthylprednisolone.<br />

* Préventif per os :<br />

- ondansétron : 1 comprimé 8 mg, 2 heures avant,<br />

- ou granisétron :<br />

. 1 comprimé unique à 2 mg dans l’heure qui précède<br />

le début de la chimiothérapie,<br />

. ou 1 comprimé à 1 mg dans l’heure qui précède le début<br />

de la chimiothérapie et 1 comprimé à 1 mg 12 heures<br />

après le début de la chimiothérapie (± 4 heures).<br />

* En cas d’échec immédiat :<br />

- sétron, 1 à 2 prises maximum,<br />

- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />

habitudes.<br />

* Relais per os :<br />

neuroleptiques per os ou par voie rectale QSP.<br />

2.2. Cures suivantes<br />

* Si le traitement préventif de la première cure s’est<br />

révélé efficace : il faut refaire la même prévention<br />

* Prémédication : benzodiazépines.<br />

* En cas d’échec :<br />

— Préventif et/ou curatif en IV ou per os :<br />

- changer de sétron,<br />

- augmenter les doses d’ondansétron à 16 ou 24 mg,<br />

- association aux corticoïdes,<br />

- ajout de neuroleptiques et/ou d’anxiolytiques.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

3. Chimiothérapie faiblement émétisante<br />

3.1. Première cure et cures suivantes<br />

* Préventif et/ou curatif en IV : alizapride, métoclopramide<br />

ou métopimazine selon les habitudes.<br />

* En cas d’échec : passer à un sétron.<br />

4. Chimiothérapie fractionnée sur plusieurs jours<br />

Préférer les neuroleptiques plus ou moins associés aux corticoïdes.<br />

Les sétrons sont à réserver aux jours où sont perfusés les<br />

anticancéreux connus pour être fortement émétisants.<br />

5. Enfants<br />

Les enfants de plus de 2 ans doivent être traités par ondansétron<br />

(AMM) :<br />

- IV lente de 5 mg/m 2 ,<br />

- puis relais per os : 4 mg (de 10 à 25 kg) ou 8 mg (> 25 kg)<br />

pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />

Le granisétron et le tropisétron sont à réserver aux jeunes<br />

adultes de plus de 15 ans.<br />

6. Radiothérapie<br />

Les sétrons indiqués dans la prévention et le traitement des<br />

nausées et vomissements induits par la radiothérapie cytotoxique<br />

fortement émétisante (abdomen, irradiation corporelle<br />

totale) sont :<br />

- l’ondansétron (comprimé, solution injectable IV),<br />

- le granisétron (solution injectable IV).<br />

7. Vomissements anticipés<br />

Les vomissements anticipés peuvent être traités par les<br />

anxiolytiques (benzodiazépines).<br />

— Relais per os : ondansétron 8 mg x 2/j ou tropisétron<br />

5 mg x 1/j pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

54


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Tableau II : Exemples de protocoles d’<strong>utilisation</strong> des antiémétiques (en monothérapie)<br />

Neuroleptiques<br />

— Métoclopramide (PRIMPÉRAN®, ANAUSIN®) : 1 à 3 mg/kg - et jusqu’à 10 mg/kg/j - per os, voie rectale, IM, IV<br />

en perfusion sur 15 minutes, à renouveler toutes les 2 à 4 heures.<br />

— Métopimazine (VOGALENÈ®) : jusqu'à 15 mg per os, 5 à 10 mg voie rectale, 10 mg par voie IM ou IV lente, à<br />

renouveler toutes les 4 à 6 heures.<br />

— Alizapride (PLITICAN®) : 2 à 4 mg/kg per os, IM, perfusion IV sur 15 minutes à renouveler toutes les 4 à 6 heures.<br />

Sétrons<br />

— Ondansétron (ZOPHREN®) :<br />

* En préventif chez l'adulte :<br />

- En monothérapie<br />

. Une injection unique de 8 mg en IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie.<br />

Jusqu'à 32 mg en cas de risque émétogène extrême : en une injection unique IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie<br />

ou de la radiothérapie ou répartis en 1 injection de 8 mg avant le début de la chimiothérapie suivie d'une perfusion<br />

continue sur 24 heures (1 mg/h).<br />

Relais per os : 1 comprimé de 8 mg 2 fois par jour pendant 2 à 3 jours jusqu'à 5 jours.<br />

. Ou 1 comprimé de 8 mg 2 heures avant la chimiothérapie moyennement émétisante ou de la radiothérapie.<br />

- En association aux corticoïdes : cette association est recommandée afin d'améliorer la réponse et le maintien<br />

de l'efficacité antiémétique au fil des cures de chimiothérapie.<br />

Une injection unique de 8 mg d’ondansétron en IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie en association<br />

avec dexaméthasone 16 mg en I,. ou méthylprednisolone 120 mg en IV.<br />

Relais per os par 1 comprimé de 8 mg d'ondansétron 2 fois par jour pendant 2 à 3 jours et pouvant aller jusqu'à 5 jours en<br />

monothérapie ou éventuellement en association avec des corticoïdes (exemple : méthylprednisolone 16 mg per os 2 fois<br />

par jour pendant 5 jours).<br />

*En préventif chez l'enfant de plus de 2 ans :<br />

Une injection unique d'ondansétron à raison de 5 mg/m 2 en perfusion sur 15 minutes. 30 minutes avant le début de la chimiothérapie.<br />

Relais per os par 1 comprimé de 4 mg (enfant de 10 à 25 kg) ou 2 comprimés à 4 mg (enfant de plus de 25 kg) 2 fois par<br />

jour et jusqu'à 5 jours. Il existe une forme sirop, dosé à 4 mg/5 ml, pour les malades ayant des difficultés à avaler.<br />

— Granisétron (KYTRIL®) : ampoule injectable de 3 mg/ml en perfusion IV. Dilution dans 20 à 50 ml d’une solution de<br />

glucose à 5 % ou 10 % ou de chlorure de sodium à 0,9 % ou de soluté de Hartman, ou de lactate de sodium ou de mannitol.<br />

* En préventif :<br />

- une ampoule de 3 mg est à administrer en perfusion 5 minutes avant le début de la chimiothérapie. En cas de nausées et<br />

vomissements, injection d’une 2ème ampoule.<br />

- 1 comprimé unique de 2 mg, 1 heure avant la chimiothérapie moyennement émétisante.<br />

- Ou 1 comprimé de 1 mg, 1 heure avant la chimiothérapie moyennement émétisante et un autre 12 heures plus tard.<br />

* En curatif :<br />

- en l'absence de traitement préventif préalable : une à trois doses de 3 mg espacées d'au moins dix minutes,<br />

- en cas de traitement préventif préalable : une à deux doses de 3 mg espacées d'au moins dix minutes.<br />

La dose maximale journalière est de 9 mg, soit 3 perfusions de 3 mg par 24 heures.<br />

— Tropisétron (NAVOBAN®) : 1 ampoule injectable de 5 mg, dans 100 ml d’une solution isotonique en perfusion de 15<br />

à 30 minutes, ou en IV lente (> 1 minute) avant le début de la chimiothérapie.<br />

Relais per os : 1 gélule le matin au lever pendant 2 à 3 jours, jusqu’à 5 jours.<br />

- Remarques<br />

. Le phénobarbital se montre très efficace sur les nausées et les vomissements. Cependant, du fait de son effet sédatif, les<br />

risques de régurgitation dans les bronches sont importants.<br />

. Chez l'enfant, tous les protocoles antiémétiques sont utilisables avec une adaptation de dose.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 55


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Critères de choix d’un protocole antiémétique<br />

MUCITE, STOMATITE (10, 21, 31, 22, 23, 24, 26, 30, 31, 37, 41)<br />

Mucite, stomatite<br />

La bouche est chez les cancéreux particulièrement fragile.<br />

Les lésions buccales (mucite, gingivostomatite, hémorragie...)<br />

et dentaires sont fréquentes et peuvent être causées par :<br />

- le cancer lui-même, en raison de l'insuffisance médullaire,<br />

de l’immunodépression ou de l'évolution du processus tumoral,<br />

- la thérapeutique mise en œuvre, particulièrement la radiothérapie<br />

et la chimiothérapie.<br />

Les mesures d'hygiène buccale, préventives et/ou curatives,<br />

visent à maintenir une qualité de vie chez le malade cancéreux<br />

en évitant, notamment, les dysphagies, et à empêcher<br />

que la cavité buccale ne soit une porte d'entrée d'une infection.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> impliqués<br />

1. <strong>Cytotoxiques</strong> le plus souvent impliqués<br />

Bléomycine, busulfan, chlorméthine, cytarabine, dactinomycine,<br />

daunorubicine, doxorubicine, épirubicine, fluorouracile,<br />

hydroxyurée, idarubicine, méthotrexate, pirarubicine,<br />

plicamycine, streptozocine, zorubicine.<br />

2. Autres cytotoxiques<br />

Les autres cytotoxiques peuvent induire les lésions buccales<br />

à des degrés variables.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

56


Évaluation thérapeutique<br />

Mesures préventives<br />

1. Remise en état de la denture<br />

Elle doit se faire avant tout début de traitement et si l'état du<br />

malade le permet (malade non aplasique...).<br />

1.1. Extraction des dents à haut risque infectieux, des chicots,<br />

et des dents branlantes dans les 15 jours à 3 semaines<br />

précédants la première cure de chimiothérapie ou d'irradiation.<br />

Une absence complète d'hygiène buccale fait préférer l'exérèse<br />

à la réparation.<br />

1.2. Détartrage, pulpectomie, soins parodontaux et<br />

apprentissage du brossage hygiénique des dents.<br />

1.3. Réajustement parfait des prothèses et des bagues d'orthodontie.<br />

Dans le cas de l'irradiation, les gencives se modifient<br />

et peuvent rendre le port de prothèse douloureux.<br />

2.1. Nettoyage des dents<br />

2. Soins de la bouche<br />

- Si le taux des plaquettes est supérieur à 30 G/l, le nettoyage<br />

se fait par brossage régulier des dents avec une brosse<br />

souple (type chirurgical) et à l'aide d'un gel fluoré.<br />

L’<strong>utilisation</strong> d’un fil dentaire est recommandée.<br />

- Si le taux des plaquettes est inférieur à 30 G/l, le nettoyage<br />

s'effectue à l'aide d'un coton tige et d’un hydropulseur<br />

(prescription spécialisée).<br />

2.2. Bains de bouche<br />

Les bains de bouche s’effectuent à l’aide de produit commercialisé<br />

ou d'eau bicarbonatée (2,5 g/100 ml) ou de formules<br />

plus complexes.<br />

Ils sont à répéter 3 à 6 fois par jour.<br />

Exemples de formules de bains de bouche :<br />

a) - Carbonate monosodique 1,4 % 100 ml<br />

- Amphotéricine B (FUNGIZONE®) 40 ml<br />

suspension buvable<br />

- Bain de bouche commercialisé 75 ml<br />

- Xylocaïne à 5 %, en cas de 24 ml<br />

dysphagie importante<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

b) - Carbonate monosodique 1,4 % 250 ml<br />

- Nystatine (MYCOSTATINE®) 1 à 3<br />

suspension buvable<br />

flacons<br />

- Collargol 1 %<br />

(solution colloïdale à conserver<br />

1 cuillère<br />

dans un flacon coloré en raison de à soupe<br />

son altération à la lumière<br />

péremption courte : 1 semaine)<br />

3. Maintien de la salivation<br />

Le maintien de la salivation est le plus sûr moyen d'empêcher<br />

le développement des caries.<br />

Il est assuré en faisant sucer des glaçons, des cristaux de<br />

citrate de sodium placés sous la langue, et l’<strong>utilisation</strong> de<br />

stimulants de la salivation (pilocarpine, teinture de<br />

Jaborandi ou produits commercialisés), de la salive artificielle.<br />

Cas particulier de la radiothérapie : l'irradiation des aires<br />

ganglionnaires cervicales affecte les 2 parotides et entraîne<br />

une hyposialorrhée favorisant la survenue de caries<br />

sérieuses.<br />

Des applications locales de gel fluoré à 2 % (FLUOCA-<br />

RIL® bifluoré) sont préconisées.<br />

Dans une gouttière de résine thermoformée adaptée à la<br />

denture du malade est introduit régulièrement le gel fluoré.<br />

Il faut appliquer et maintenir cette gouttière 5 à 10 minutes,<br />

le soir de préférence. Il convient ensuite de brosser ou nettoyer<br />

à nouveau les dents (cf supra) jusqu'à disparition complète<br />

de la coloration rouge.<br />

4. Traitement antifongique<br />

Le fluconazole (TRIFLUCAN®), par voie systémique, est<br />

le seul antifongique actuellement utilisé en prévention des<br />

mucites et stomatites dues aux anticancéreux.<br />

Ses effets indésirables sont rares.<br />

Sa posologie est variable, habituellement de 50 à 100<br />

mg/jour.<br />

Mesures curatives<br />

1. Bains de bouche antifongiques (cf supra)<br />

Dans le cas des lésions secondaires à l'emploi du méthotrexate,<br />

il est possible d'ajouter une ampoule d'acide folinique<br />

dans chaque bain de bouche ou de l'administrer en<br />

sublingual.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

57


Évaluation thérapeutique<br />

* Traitement local<br />

2. Traitements antifongiques<br />

- Nystatine locale (100 000 U 4 fois par jour à continuer 2<br />

jours après éradication des lésions)<br />

- Clotrimazole (TRIMYSTEN®) (10 mg, 5 fois par jour<br />

pendant 14 jours).<br />

* Traitement général<br />

Fluconazole, 3 à 6 mg/kg/jour pendant 10 jours, le traitement<br />

est poursuivi en cas d'aplasie.<br />

Il ne faut pas pas utiliser de formes galéniques contenant du<br />

sucre<br />

Aciclovir (ZOVIRAX®)<br />

3. Traitement antiviral<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

4. Traitement antibiotique approprié<br />

5. Traitement de la douleur<br />

** Irrigation locale des zones ulcérées par le chlorure de<br />

sodium à 0,9 %.<br />

** Application de différentes substances :<br />

- gel de lidocaïne,<br />

- gel de diphénhydramine (non commercialisé),<br />

- sucralfate (1 g dans 100 ml de liquide conservé 2 minutes<br />

dans la bouche 4 à 6 fois par jour),<br />

- bêta carotène,<br />

- allopurinol...<br />

Toutefois l'efficacité et la sécurité d’emploi de ces agents ne<br />

sont pas toujours établies.<br />

TRAITEMENT DE LA DOULEUR (4)<br />

La douleur cancéreuse pose un problème important au<br />

cours de la thérapie du cancéreux. 75 % des cancéreux ressentent<br />

des douleurs dont l'intensité est variable suivant le<br />

type et le stade du cancer.<br />

Sa fréquence élevée, notamment au stade terminal de la<br />

maladie, impose une prise en charge et une maîtrise parfaite<br />

du traitement antalgique.<br />

Il apparaît cependant que la douleur cancéreuse est encore<br />

trop souvent négligée ou traitée de façon inadéquate.<br />

Un traitement antalgique bien conduit permet de maîtriser<br />

les douleurs chez 90 % des patients.<br />

Nature de la douleur cancéreuse<br />

La douleur cancéreuse est toujours de nature complexe.<br />

Elle résulte non seulement de composantes physiques (stimuli<br />

physiques nocifs), mais aussi de composantes psychologiques<br />

tel la dépression due au contexte de la maladie<br />

associant la fatigue, l'insomnie, la perte de position sociale,<br />

l'anxiété...<br />

Les causes de la douleur cancéreuse<br />

1. Cause principale<br />

La cause principale de la douleur est l'extension de la<br />

tumeur :<br />

- extension locale de la tumeur source d'inflammation, d'infection,<br />

d'envahissement et de compressions vasculaires,<br />

lymphatiques (phlébites, lymphangites) des troncs nerveux<br />

(névralgies) ou d'organes creux et rétropéritonéaux,<br />

- extension régionale ou métastatique au niveau des os<br />

longs et du rachis avec risques de fractures ou de tassements<br />

vertébraux.<br />

2. Cause secondaire<br />

Les causes secondaires moins fréquentes sont des douleurs<br />

associées au traitement du cancer :<br />

- post chirurgicales : thoracotomies, amputations, mastectomies...<br />

- post chimiothérapie : polynévrites, rhumatismes cortisoniques,<br />

- post radiothérapie : fibroses engainant les tissus nerveux,<br />

- soins locaux.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

58


Évaluation thérapeutique<br />

3. Autres causes<br />

D'autres facteurs sont également associés :<br />

- dégradation de l'état général (dentition, infections, immobilisation),<br />

- facteurs psychologiques participant au déclenchement, à<br />

l'amplification ou à l'entretien des processus douloureux.<br />

Mécanisme de la douleur cancéreuse<br />

Deux types de mécanisme sont rencontrés et peuvent<br />

coexister.<br />

1. La douleur d'origine somatique<br />

Les douleurs d’origine somatique sont des douleurs par<br />

excès de nociception dues à une hyperstimulation des neurorécepteurs<br />

et/ou des faisceaux de conduction.<br />

La douleur est de type névralgique avec une topographie<br />

précise et des caractères bien définis. L'exemple type est la<br />

compression ou l'envahissement tumoral.<br />

2. Les douleurs de déafférentation<br />

Les douleurs de déafférentation résultent d'une faillite des<br />

systèmes de contrôle entraînant des sensations de brûlures<br />

ou de torsion profonde, aggravées par des paroxysmes douloureux<br />

se traduisant en outre par des troubles sensitifs<br />

(hypo-esthésies, dysesthésies), des phénomènes d'hyperpathie<br />

(douleur retardée excessive et prolongée lors d'une stimulation)<br />

ou de causalgies (troubles vasomoteurs associés).<br />

Traitement de la douleur cancéreuse<br />

A tous les stades de la maladie, il faut traiter la douleur.<br />

Un tiers des patients soumis à un traitement cytotoxique<br />

ressentent une douleur, et plus des deux tiers des malades à<br />

un stade avancé de la maladie.<br />

La douleur cancéreuse peut et doit être traitée.<br />

1. Évaluation de la douleur<br />

La première étape du traitement est l'évaluation de la douleur<br />

chez le cancéreux. Elle est essentielle et consiste à<br />

déterminer la cause de la douleur :<br />

- douleur provoquée par le cancer lui-même,<br />

- douleur provoquée par le traitement (douleur cicatricielle<br />

chronique post-opératoire, stomatite après chimiothérapie...),<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

- douleur liée à l'état de faiblesse (constipation, escarres...),<br />

- douleur sans rapport avec le cancer (arthrose).<br />

Aux stades avancés de la maladie, le malade souffre de plus<br />

d'un de ces syndromes.<br />

2. Évaluation de l'état psychologique<br />

À la douleur, se superposent anxiété, crainte de la mort et<br />

dépression. Le traitement antalgique devra être associé à un<br />

traitement psychotrope adapté, l'échec du traitement pouvant<br />

être lié à la négligence du contexte psychologique du<br />

sujet.<br />

3. Stratégies thérapeutiques<br />

La stratégie thérapeutique du traitement de la douleur est à<br />

adapter à chaque patient.<br />

Le traitement doit d'abord s'intéresser à l'étiologie mais les<br />

effets observables sont rarement immédiats. Ainsi un traitement<br />

symptomatique est instauré dès que possible.<br />

Il faut cependant remarquer que toutes les douleurs ne<br />

répondent pas de la même façon aux antalgiques.<br />

Les douleurs par déafférentation ne répondent généralement<br />

pas aux antalgiques ordinaires. Elles sont souvent<br />

atténuées par les antidépresseurs. Elles peuvent de plus être<br />

associées à des douleurs pongitives ou fulgurantes qui<br />

répondent bien à un anticonvulsivant.<br />

Les malades souffrant de douleur par déafférentation présentent<br />

en général un syndrome mixte où l'association antalgique/antidépresseur/anticonvulsivant<br />

peut être nécessaire.<br />

Des mesures non médicamenteuses doivent être envisagées<br />

quand elles sont possibles et pourront être entreprises en<br />

association à un traitement analgésique :<br />

- radiothérapie pour les douleurs osseuses métastatiques ou<br />

de compression,<br />

- blocs neurolytiques et neurochirurgicaux.<br />

4. Règles de prescriptions<br />

Les règles de prescription des analgésiques suivent 2<br />

concepts de base :<br />

- l'administration selon un horaire fixe,<br />

- l'administration par paliers.<br />

4.1. Administration selon un horaire fixe<br />

Il ne faut jamais <strong>pratique</strong>r "d'administration à la demande".<br />

La dose est ajustée à la douleur ressentie et augmentée progressivement<br />

jusqu'au soulagement.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

59


Évaluation thérapeutique<br />

L'administration de la dose suivante doit être faite avant que<br />

l'effet de la dose précédente ait cessé.<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

L'<strong>utilisation</strong> des adjuvants ne doit pas être systématique<br />

mais adaptée à chaque malade.<br />

4.2. Administration par palier (cf Tableau I)<br />

L'OMS définit trois paliers d'analgésiques :<br />

- la classe des non-opioïdes,<br />

- la classe des opioïdes faibles associés ou non à un non opioïde,<br />

- la classe des opioïdes forts.<br />

En premier lieu sont utilisés les non-opioïdes.<br />

Si ceux-ci se montrent insuffisants aux doses et fréquences<br />

recommandées, il est nécessaire de passer au palier supérieur<br />

opioïdes faibles associés à un non-opioïde.<br />

Si le traitement reste toujours inefficace, il faut passer au<br />

palier supérieur des opioïdes forts.<br />

Adjuvants utilisés (cf Tableau II)<br />

A chacun des paliers du traitement antalgique de base peuvent<br />

être ajoutés un ou plusieurs traitements adjuvants :<br />

- soit parce que la douleur ne répond pas aux antalgiques<br />

communs (douleurs par déafférentation),<br />

- soit pour améliorer d'autres symptômes pouvant apparaître<br />

chez les cancéreux.<br />

Techniques neurolytiques ou neurochirurgicales<br />

Les techniques neurolytiques ou neurochirurgicales visent à<br />

remplacer les traitements morphiniques quand ils ne permettent<br />

plus, malgré une bonne <strong>utilisation</strong>, le contrôle de la<br />

douleur cancéreuse. Elles varient avec le type de cancer :<br />

- cancer à développement unilatéral : cordotomie spino-thalamique<br />

au niveau cervical ou dorsal,<br />

- cancer du bassin ou du périnée : phénolisation intrathécale,<br />

- cancer du pancréas ou de l'estomac : alcoolisation du ganglion<br />

splanchnique,<br />

- cancer de la tête ou du cou : thermocoagulation sélective<br />

du trijumeau ou du nerf glossopharyngien,<br />

- cancer hormonodépendants avec métastase osseuse :<br />

hypophysiolyse par voie transnasale.<br />

L'antalgie obtenue par ces techniques est le plus souvent de<br />

courte durée n'excédant pas un an du fait de la progression<br />

tumorale.<br />

TRAITEMENT DES HYPERCALCÉMIES (3, 16)<br />

Étiologie<br />

L'hypercalcémie est la perturbation métabolique la plus fréquente<br />

associée aux néoplasies : 60 % des hypercalcémies<br />

sont d'origine maligne.<br />

Elle est observée au cours de l'évolution de lymphomes,<br />

myélomes, leucémies, cancer du poumon et du sein...<br />

60 % des malades ayant des métastases osseuses peuvent<br />

présenter une perturbation du métabolisme ostéoclasique ;<br />

parfois aucune localisation secondaire n'est retrouvée.<br />

Les signes cliniques sont toujours très évocateurs, et sont<br />

proportionnels à la gravité de l'hypercalcémie.<br />

Dès que la calcémie atteint 2,62 mmol/l (avec une protidémie<br />

normale), il est noté :<br />

- des troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs<br />

abdominales),<br />

- une anorexie,<br />

- des troubles neurologiques (apathies, troubles du comportement,<br />

obnubilation),<br />

- des troubles électrolytiques avec déshydratation, polyurie,<br />

polydypsie,<br />

- des troubles cardiaques, une hypertension,<br />

- une insuffisance rénale,<br />

- un coma.<br />

Une hypercalcémie sévère est définie par une calcémie voisine<br />

de 3,5 mmol/l et nécessite un traitement immédiat.<br />

Toute hypercalcémie non traitée peut être très grave.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

60


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Tableau I : Antalgiques utilisés dans le traitement de la douleur cancéreuse<br />

Médicament Doses efficaces Fréquence d'administration<br />

1 er palier : non-opioïdes<br />

- Aspirine - 250 à 1000 mg - toutes les 4 à 6 heures<br />

- Paracétamol (DOLIPRANE®, - 500 à 1000 mg - toutes les 4 à 6 heures,<br />

EFFERALGAN®)<br />

seul ou en association<br />

- Naproxène (APRANAX®, - 500 mg - toutes les 12 heures<br />

NAPROSYNE®)<br />

- Indométacine (INDOCID®) 100 à 200 mg - en 3 prises par jour<br />

2 ème palier : opioïdes faibles<br />

- Dihydrocodéine (DICODIN®) - 60 mg - toutes les 12 heures<br />

- Codéine + paracétamol - 30 à 150 mg en association - toutes les 4 à 6 heures<br />

(EFFERALGAN-CODÉINE®)<br />

avec 250 à 500 mg d'aspirine<br />

ou 500 mg de paracétamol<br />

- Dextropropoxyphène (ANTALVIC®) - 50 à 130 mg en association - toutes les 4 à 6 heures<br />

- Dextropropoxyphène + paracétamol avec 250 à 600 mg d'aspirine<br />

(DIANTALVIC®, PROPOFAN®)<br />

ou 500 mg de paracétamol<br />

3 ème palier : opioïdes forts<br />

- Buprénorphine (TEMGÉSIC®) orale, - dose de départ : 0,2 - 0,4 mg - toutes les 6 à 8 heures<br />

sublinguale, IV, IM, SC, intrarachidien<br />

- Morphine<br />

. par voie orale (solution buvable - pas de plafond de dose : - toutes les 4 heures pour la<br />

et formes à libération prolongée de 5 mg à plus de 200 mg forme buvable,<br />

MOSCONTIN®, SKÉNAN®) dose de départ : 5 à 10 mg - toutes les 12 heures pour les<br />

formes à libération prolongée<br />

. par voie rectale - 1 à 60 mg<br />

. par voie parentérale (SC, IM) - tiers ou demi de la dose utile<br />

par voie orale<br />

. par voie intrarachidienne - 1 à 2 mg par jour<br />

(morphine sans conservateur)<br />

. par voie intracérébro-ventriculaire - 0,2 à 0,4 mg<br />

(morphine sans conservateur)<br />

- Nalbuphine (NUBAIN®) - 10 à 20 mg SC, IM, IV - toutes les 3 à 6 heures<br />

dose maximale 160 mg/jour<br />

- Péthidine (DOLOSAL®) 50 à 100 mg - toutes les 3 heures<br />

- Fentanyl (DUROGÉSIC®) En cours de commercialisation, il pourrait constituer une alternative<br />

Système transdermique<br />

aux morphiniques per os quand la voie orale n'est pas disponible.<br />

(patch) dosés à 25-50-75-100 µg/h<br />

Son efficacité serait comparable aux formes administrées par voie orale<br />

et injectable avec une bonne tolérance.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 61


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Tableau II : Médicaments adjuvants utilisés dans le traitement de la douleur cancéreuse<br />

Médicament Indication Posologie<br />

Anticonvulsivants<br />

- Carbamazépine - douleur par déafférentation - 100 mg/j en début de traitement, augmentation de<br />

(TÉGRÉTOL®)<br />

posologie tous les 3 à 4 jours jusqu'à une dose<br />

maximum de 400 mg à 1200 mg<br />

- Clonazépam - douleur par déafférentation - 0,2 à 3 mg/j, augmentation progressive de la posologie<br />

(RIVOTRIL®)<br />

- Phénytoïne - douleur par déafférentation - début de traitement 100 mg/j ; augmentation par<br />

(DI-HYDAN®)<br />

paliers de 20 à 50 mg pour atteindre une dose totale<br />

ne dépassant pas 250 à 300 mg<br />

Neuroleptiques<br />

- Chlorpromazine - à visée anxiolytique : - 0 à 25 mg toutes les 4 heures<br />

(LARGACTIL®)<br />

diminution de l'anxiété<br />

exacerbant la douleur<br />

- Halopéridol - syndrome d'agitation - jusqu'à 10 mg, 2 à 3 fois par jour<br />

(HALDOL®)<br />

confusionnel<br />

- antiémétique - 1 mg, 1 à 2 fois par jour<br />

Anxiolytiques<br />

- Diazépam - utile dans les douleurs - dose d'attaque : 5 à 10 mg<br />

(VALIUM®) dues à un spasme musculaire dose d'entretien : 2 à 10 mg au coucher<br />

2 à 3 fois par jour<br />

- Hydroxyzine - anxiolytique, - 10 mg, 3 fois par jour<br />

(ATARAX®) antihistaminique H1 jusqu'à 25 mg toutes les 4 heures voire plus<br />

antiémétique,<br />

- potentialise l'effet antalgique<br />

de la morphine<br />

Antidépresseurs<br />

- Amitriptyline - traitement de la dépression - 150 à 200 mg par jour<br />

(LAROXYL®) - traitement antalgique des - début : 10 à 25 mg en une fois au coucher,<br />

douleurs dysesthésiques par augmentation lente jusqu'à 50 à 75 mg<br />

déafférentation<br />

- Clomipramine - traitement antalgique des - début : 10 à 25 mg, augmentation lente<br />

(ANAFRANIL®) douleurs dysesthésiques par jusqu'à 150 mg/j au maximum<br />

déafférentation<br />

Corticostéroïdes<br />

- Prednisolone - analgésique adjuvant - 10 mg x 3 par jour<br />

(SOLUPRED®)<br />

- Dexaméthasone - compression nerveuse - 4 mg par jour<br />

(DÉCADRON®) - augmentation de la pression - 4 mg x 4 par jour<br />

intracrânienne<br />

- compression médullaire - jusqu'à 100 mg par jour au début, puis 16 mg<br />

pendant la radiothérapie<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 62


Évaluation thérapeutique<br />

Traitement<br />

Le traitement palliatif de l'hypercalcémie ne doit pas retarder<br />

la mise en œuvre d'un traitement antitumoral qui par son<br />

efficacité préviendra l'éventuelle survenue de nouveaux<br />

épisodes d'hypercalcémie (habituellement réapparition de<br />

l'hypercalcémie dans le délai de 1 à 8 semaines).<br />

En cas d'hypercalcémie ou d'ostéolyse importante, il est<br />

prudent d'administrer du gluconate de calcium.<br />

Le nitrate de gallium, actuellement commercialisé aux<br />

USA, va sans doute venir augmenter l'arsenal thérapeutique<br />

dans cette pathologie. Son intérêt semble résider dans le<br />

maintien à plus long terme d'une calcémie normale. Des<br />

études comparatives seront nécessaires pour en évaluer<br />

l'impact.<br />

1. Traitement initial<br />

Le traitement initial, avant la commercialisation des<br />

diphosphonates, consistait en :<br />

- une réhydratation,<br />

- l'administration de diurétiques de l'anse (furosémide :<br />

LASILIX®) afin de faciliter l'élimination urinaire du calcium,<br />

- l'administration soit de calcitonine (CALSYN®, CALCI-<br />

TAR®, CIBACALCINE®), soit de corticoïdes, soit de<br />

Plicamycine (MITHRACINE®) (toxicités hématologique<br />

et rénale limitantes), soit de phosphore.<br />

Ces thérapeutiques présentent l'inconvénient d'avoir un<br />

effet hypocalcémiant limité, rapide mais de courte durée.<br />

De nombreux effets indésirables leur étant imputables, leur<br />

emploi nécessite un strict suivi clinique.<br />

Cf Tableau I<br />

2.1. Mécanisme d’action<br />

2. Diphosphonates<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

2.3. Indications<br />

Les diphosphonates sont indiqués dans le traitement initial<br />

des hypercalcémies sévères d'origine maligne. La durée du<br />

traitement devra être limitée au temps nécessaire à la normalisation<br />

de la calcémie, sans risquer l'hypocalcémie. Le<br />

traitement ne doit être entrepris qu'associé à une réhydratation<br />

optimale.<br />

Le pamidronate est le seul à posséder une AMM dans le<br />

traitement du myélome multiple de stade IV, avec ou sans<br />

lésion osseuse à la posologie de 90 mg tous les mois en perfusion<br />

IV.<br />

2.4. Posologie<br />

La posologie du pamidronate peut être adaptée au chiffre de<br />

la calcémie initiale<br />

Le relais de la voie parentérale par voie orale est possible<br />

avec le clodronate : à la posologie de<br />

- CLASTOBAN® gélule à 400 mg<br />

2,4 à 3,6 g/j en 2 à 3 prises en dehors des repas avec de l’eau<br />

(pas de laitage) :<br />

. hypercalcémies malignes : 6 à 8 gélules de 400 mg,<br />

. ostéolyses malignes : 4 gélules par jour<br />

- LYTOS®, comprimé à 520 mg<br />

2 comprimés en 1 prise, à distance des repas.<br />

- BONDRONAT®, solution à 2 mg, à diluer pour perfusion<br />

intraveineuse :<br />

hypercalcémie induite par des tumeurs avec ou sans métastases<br />

: 2 à 4 mg.<br />

Remarque<br />

La commercialisation du DIDRONEL® IV a été suspendue<br />

courant 1993.<br />

Les diphosphonates inhibent la résorption osseuse en s'opposant<br />

à l'action de divers facteurs stimulants l'activité<br />

ostéoclasique (prostaglandines, parathormone, cytokines...).<br />

2.2. Effets indésirables<br />

Les principaux effets indésirables sont des nausées et<br />

vomissements.<br />

Des cas de leucoses ont été décrits avec le clodronate, des<br />

lymphopénies avec le pamidronate. Ce dernier provoque<br />

des hyperthermies transitoires au deuxième jour durant 24 à<br />

48 heures.<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3<br />

63


Évaluation thérapeutique<br />

<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />

Tableau I : Comparaison des diphosphonates injectables<br />

DCI Clodronate Clodronate Pamidronate Acide ibandronique<br />

Nom déposé LYTOS® CLASTOBAN® ARÉDIA® BONDRONAT®<br />

Présentation ampoule ampoule ampoule ampoule<br />

300 mg/10 ml 300 mg/5 ml 15 mg/5 ml, 2 mg/2 ml<br />

90 mg/10 ml<br />

Voie IV IV IV IV<br />

Conservation Température Température Température Température<br />

ambiante ambiante ambiante ambiante<br />

Posologie 300 mg/j jusqu'au 300 mg/j jusqu'au Cure d'un seul jour La dose est fonction de<br />

retour à la normale retour à la normale La dose est fonction de la calcémie* :<br />

de la calcémie de la calcémie la calcémie : - hypercalcémie sévère<br />

7 jours maximum 7 jours maximum Calcémie Dose totale (≥ 3 mmol/l) : 4 mg<br />

Un protocole de Un protocole de initiale recommandée - hypercalcémie modérée<br />

1500 mg sur 1 jour 1500 mg sur 1 jour mmol/l mg/l par 1 cure (mg) (< 3 mmol/l) : 2 mg<br />

semble possible semble possible 3 120 15-30<br />

3-3,5 120-140 30-60 * calcémie corrigée en<br />

3,5-4 140-160 60-90 fonction de l’albumine<br />

> 4 > 160 90<br />

Perfusion unique ou en 2<br />

ou 3 doses dans la journée :<br />

la dose de 90 mg peut être<br />

répartie en 2 jours consécutifs<br />

Modalité 500 ml de 500 ml de 250 à 500 ml NaCl 0,9 % 500 ml NaCl 0,9 %<br />

d'admini- NaCl 0,9 % NaCl 0,9 % ou de G5 % ou de G5 %<br />

stration Perfusion 2 heures Perfusion 2 heures Perfusion de 2 à 24 heures Perfusion 2 heures<br />

ou 2 perfusions de 2 à 6 heures<br />

Début 48 heures 48 heures 48 heures NR<br />

significatif<br />

La cure peut être répétée<br />

effet hypo-<br />

en cas de récidive ou de<br />

calcémiant<br />

persistance de l'hypercalcémie<br />

Délai 2-5 jours 4 à 5 jours 4 jours 4 à 7 jours<br />

moyen de<br />

normalisation<br />

de la calcémie<br />

NR : non renseigné<br />

Dossier 1998, XIX, 2-3 64

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