Cytotoxiques : utilisation pratique - 3ème édition (2Mo) - CNHIM
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D o s s i e r<br />
d u C N H I M<br />
Revue d’évaluation sur le médicament<br />
Publication bimestrielle<br />
1998, XIX, 2-3<br />
SOMMAIRE<br />
ÉVALUATION<br />
THÉRAPEUTIQUE<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> :<br />
<strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong><br />
3 ème édition<br />
1998, XIX, 2-3<br />
Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament<br />
ISSN 0223.5242
É chos du <strong>CNHIM</strong><br />
Marie Caroline HUSSON,<br />
Rédacteur en chef,<br />
Directeur du <strong>CNHIM</strong><br />
UTILISATION PRATIQUE DES CYTOTOXIQUES 3 ème ÉDITION,<br />
UN TYRAVAIL PLURIDISCIPLINAIRE<br />
Cette 3ème édition sur l’<strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> des cytotoxiques s’inscrit d’une part dans la ligne éditoriale de la revue Dossier<br />
du <strong>CNHIM</strong>, soutenue par le souhait des lecteurs de voir actualisées régulièrement les informations sur ces thérapeutiques<br />
dont le maniement est en perpétuelle évolution, d’autre part dans la continuité de collaboration avec la Fédération<br />
Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (FNCLCC), collaboration déjà concrétisée dans le bulletin du cancer «<br />
Opérations standards, options et recommandations (SOR) », vol. 82, suppl. 4-1995 et encore très récemment dans un cédérom.<br />
Comme nous le soulignions en 1995 dans un texte cosigné avec T. Philip et M. Marty, la mise en commun des réflexions,<br />
des activités et des expériences entre pharmaciens hospitaliers et médecins hospitaliers répond à un souci de complémentarité<br />
et de synergie évidentes.<br />
Cette complémentarité s’appuie sur les textes réglementaires qui définissent le rôle du pharmacien à l’hôpital, notamment<br />
l’arrêté du 9 août 1991 qui redéfinit le circuit du médicament à l’hôpital et la loi du 8 décembre 1992 qui définit les différents<br />
rôles du pharmacien à l’hôpital.<br />
La mise en commun de ces compétences a le même objectif : l’optimisation du rapport bénéfice /risque des thérapeutiques<br />
médicamenteuses dans l’intérêt du patient.<br />
La nouvelle édition, actualisée, de ce recueil d’informations sur l’<strong>utilisation</strong> des cytotoxiques, rédigée par des pharmaciens<br />
et largement revue par des médecins, d’autres pharmaciens et des membres du corps infirmier, tente de répondre aux<br />
besoins d’informations et aux questions <strong>pratique</strong>s de toutes les personnes prescrivant, préparant, administrant et surveillant<br />
les chimiothérapies anticancéreuses, qu’elles exercent en milieu hospitalier ou extra-hospitalier.<br />
Ces informations sont en accord avec les objectifs des SOR de la FNCLCC. Les standards correspondent aux indications<br />
de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) ou d’une autorisation temporaire d’<strong>utilisation</strong> (ATU) pour les médicaments<br />
encore dépourvus d’AMM, importés ou non, destinés à traiter les maladies graves et/ou rares chez un patient nommément<br />
désigné (ATU nominative) ou à une cohorte de patients (ATU de cohorte).<br />
Les options et recommandations, qui traduisent les protocoles validés au plan national et international, pathologie par<br />
pathologie, font l’objet d’un travail encore en cours. Quelques éléments figurent déjà ici traitant de l’<strong>utilisation</strong> des cytotoxiques<br />
en pédiatrie.<br />
D’autres rubriques ont été totalement revues, les mécanismes d’action et de résistance, la pharmacocinétique, les interactions<br />
médicamenteuses significatives au plan clinique, les stabilités utiles en <strong>pratique</strong>, dans les unités de reconstitution centralisées<br />
notamment. La liste des protocoles a été élargie à tous ceux cités dans les SOR. Enfin, les références bibliographiques<br />
sont intégrées dans le texte chapitre par chapitre.<br />
Pour réaliser ce travail approfondi, actualisé, mais toujours d’intérêt <strong>pratique</strong>, l’équipe de rédaction s’est élargie et des<br />
groupes de travail constitués de membres du GPCO (Groupe de Pharmacologie Clinique Oncologique) et de pharmaciens<br />
de centres anticancéreux ont rejoint les premiers auteurs, sous l’égide du <strong>CNHIM</strong>.<br />
Ce travail, polydisciplinaire et continu, d’intégration des nouvelles connaissances et de synthèse d’expériences validées en<br />
cancérologie, devrait ainsi contribuer à une optimisation de l’<strong>utilisation</strong> de ces médicaments qui restent aujourd’hui les<br />
armes essentielles de la lutte contre le cancer.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 3
«STANDARDS, OPTIONS ET RECOMMANDATIONS»<br />
FEDERATION NATIONALE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER<br />
La Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) et les Centres régionaux de lutte contre le cancer<br />
(CRLCC), en collaboration avec des partenaires des secteurs public (CHU, CHG), privé et certaines sociétés savantes, ont<br />
entrepris depuis 1993 de réaliser des recommandations pour la <strong>pratique</strong> clinique : les « standards, options et recommandations<br />
» (SOR).<br />
UNE ANALYSE CRITIQUE DE LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE DISPONIBLE<br />
L’objectif des « Standards, Opiitons et Recommandations » est donc de définir clairement les interventions en cancérologie<br />
qui sont appropriées, celles qui ne le sont pas et celles pour lesquelles il existe une équivoque. La méthodologie d’élaboration<br />
des SOR repose sur une revue et une analyse critique des données de la littérature scientifique par un groupe d’experts<br />
pluridisciplinaire, permettant de définir sur la base du niveau de preuve scientifique et du jugement argumenté des<br />
experts, des « Standards » des « Options » et des « Recommandations ». Avant publication, les SOR sont revus par des<br />
experts. Les SOR fournissent aux cliniciens susceptibles de prendre en charge des patients atteints de cancer une information<br />
actualisée et critique concernant le diagnostic, le traitement et la surveillance de cette maladie.<br />
DES SUPPORTS VARIES : CEDEROM, MONOGRAPHIES, ARTICLES DE REVUES, INTERNET, QUI DOIVENT PER-<br />
METTRE DE MIEUX FAIRE CONNAITRE LES BONNES PRATIQUES EN CANCEROLOGIE<br />
Les SOR sont publiés sous forme de monographies et d’articles de revue et sur support électronique, sous forme de cédérom.<br />
Une collection dédiée a été créée avec les éditions John Libbey Eurotext. La prochaine monographie consacrée aux<br />
SOR pour la prise en charge intiale des patientes atteintes de tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire, sortira au cours du<br />
printemps 1998. Une dizaine de monographies sont prévues pour 1998. L’espace bimestriel «Standards, Options et<br />
Recommandations» dans le bulletin du Cancer a pour objectif la diffusion des principales recommandations des SOR<br />
auprès des spécialistes de la cancérologie.<br />
Les SOR seront également disponibles sur Internet (http://www.fnclcc.fr) dès septembre 1998.<br />
UN TRAVAIL COLLECTIF QUI ASSOCIE LES CRLCC, LE SECTEUR PUBLIC ET LE SECTEUR PRIVE<br />
Plusieurs « Standards, options et recommandations » ont déjà été publiés en 1995 et 1996. Il concernent la prise en charge<br />
du cancer du sein non métastaque, du cancer du côlon, de l’oesophage, de l’hépatocarcinome, des sarcomes des tissus<br />
mous et de l’ostéosarcome, ainsi que des traitements complémentaires tels que les antiémétiques, les facteurs de croissance<br />
et la prise en charge de la douleur.<br />
Le nouveau cédérom qui vient d’être publié (mars 1998) comprend 25 nouveaux chapitres dont les SOR du cancer de<br />
l’ovaire, du rectum, du rein, le mélanome, la maladie de Hodgkin, certains cancers pédiatriques, la prise en charge des problèmes<br />
infectieux, qinsi qu’une mise à jour des chapitres précédents représentant 6 000 pages Word et 26 000 liens hypertextes.<br />
COLLABORATION AVEC LE <strong>CNHIM</strong><br />
Le médicament est une composante essentielle de la prise en charge des patients atteints de cancer. Le pharmacien est un<br />
professionnel du médicament et ses compétences spécifiques complètent celles du médecin.<br />
La mise en commun des travaux et réflexions de la FNCLCC et du <strong>CNHIM</strong> a pourt objectif l’amélioration de la qualité et<br />
de l’efficience des soins aux patients.<br />
Cette collaboration s’est concrétisée avec la publication en 1995 des « standards, options, et recommandations pour l’<strong>utilisation</strong><br />
<strong>pratique</strong> des anticancéreux » (Bulletin du cancer, 82, suppl. 4, 319s-452s) et très récemment (mars 1998) d’une<br />
version actualisée et enrichie de liens hypertextes dans la deuxième édition du cédérom des SOR. La FNCLCC mettra également<br />
très prochainement à disposition sur son site internet la dernière version de ce Dossier.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 4
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
É d i t o r i a l<br />
Professeur Michel Marty,<br />
Service d’Oncologie Médicale,<br />
Hôpital Saint-Louis, AP-HP<br />
Depuis la deuxième édition du dossier « anticancéreux : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> » la situation des traitements médicaux des<br />
cancers a été marquée par :<br />
1. L’approbation maintenant selon des procédures européennes centralisées ou de reconnaissance mutuelle d’un assez<br />
grand nombre d’agents cytotoxiques souvent caractérisés par une activité significative et un index thérapeutique limité.<br />
Qui plus est, certaines de ces AMM les plus récentes témoignent clairement de la nécessité d’obtenir un accord européen,<br />
fusse au détriment de la lisibilité ou de la pertinence médicale d’un certain nombre d’entre elles.<br />
2. Fait important, certains de ces nouveaux agents ont ouvert des champs de prescription jusqu’alors peu explorés et mal<br />
documentés : traitements de deuxième ligne des cancers colorectaux métastatiques, traitements de deuxième ligne des cancers<br />
ovariens, traitements des cancers du sein résistants aux anthracyclines...<br />
3. Une extension très nette de la <strong>pratique</strong> des traitements médicaux des cancers à la fois du fait des démonstrations apportées<br />
par des études institutionnelles multicentriques des bénéfices de ces traitements, que ce soit en situation adjuvante<br />
(anthracyclines dans le traitement adjuvant des cancers du sein, association 5FU acide folinique dans le traitement des cancers<br />
colorectaux) ou dans le traitement de formes métastatiques (cancers bronchiques, cancers colorectaux, cancers du rein,<br />
mélanomes...), du fait de la demande légitime émanant soit de médecins généralistes ou spécialistes d’organes mieux informés,<br />
soit des patients eux-mêmes.<br />
4. Un remarquable effort de normalisation des <strong>pratique</strong>s médicales et pharmaceutiques, que ce soit par l’adoption de procédures<br />
opératoires standardisées par un assez grand nombre de centres ou par la publication des Standards Options et<br />
Recommandations.<br />
Tout ceci aboutit :<br />
* à une complexité progressivement plus grande des traitements médicaux des cancers, des traitements symptomatiques<br />
associés ;<br />
* à une extension rapide de la population des prescripteurs, dispensateurs, préparateurs et administrateurs impliqués.<br />
A un moment où la sortie de la réserve hospitalière est très largement en discussion ainsi que les conditions dans lesquelles<br />
elle s’effectuerait, la troisième édition de cet ouvrage constitue un document irremplaçable puisque couvrant tous les<br />
aspects du mécanisme d’action de la pharmacocinétique, de la stabilité des conditions de préparation et d’administration<br />
et des associations validées, des traitements médicaux des cancers. Qui plus est, il s’adresse à tous les participants des traitements<br />
médicaux des cancers et leur fournit une base référentielle univoque.<br />
En écrivant cet éditorial, on se prend à penser à la quatrième édition, à l’utilité probable d’un support bureautique, aux<br />
annexes utiles que représenteront des fiches de prescription et de dispensation...<br />
Nous dirons, pour conclure, que cet ouvrage n’a pas son équivalent en Europe et authentifie sans aucun doute la qualité<br />
de la réflexion menée en France sur la prise en charge multidisciplinaire des malades atteints de cancer.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 5
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Liste et<br />
caractéristiques<br />
administratives<br />
des cytotoxiques étudiés<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 9
évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />
Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés<br />
DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />
Altrétamine HEXALEN® Hexaméthylmélamine HMM, HXM RPR ATU<br />
USBiosciences<br />
Amsacrine AMSIDINE® mAMSA, Parke Davis<br />
AMSA<br />
Asparaginase - KIDROLASE® L-ASP, RPR R<br />
- ERWINASE® ASPA, ASA CAMR (GB) ATU - R<br />
BCG IMMUCYST® BCG Pasteur R<br />
Bicalutamide CASODEX® Zénéca Exp<br />
Bléomycine BLÉOMYCINE® BLM, BLEO RPR<br />
Roger Bellon<br />
Busulfan MYLÉRAN® BUS, BSF Glaxo- ATU de<br />
Wellcome cohorte<br />
Carboplatine PARAPLATINE® CBDCA, JM 8 Bristol-Myers R<br />
Squibb<br />
Carmustine BICNU® BCNU Bristol-Myers R<br />
Squibb<br />
Chlorambucil CHLORAMINOPHÈNE® CLB, CAB, Techni-Pharma<br />
CHL<br />
Chlorméthine CARYOLYSINE® Méchloréthamine HN2 Synthélabo<br />
Cisplatine - CISPLATYL® CDDP, RPR R<br />
- CISPLATINE® Asta Médica CisDDP, Asta Médica R<br />
- CISPLATINE® Dakota DDP Sanofi-Winthrop R<br />
- CISPLATINE® Lilly (NSFP) Lilly France R<br />
- CISPLATINE® Pasteur Pasteur R<br />
- CISPLATINE® Qualimed Qualimed R<br />
Cladribine LEUSTATINE® 2-chlorodéoxyadénosine 2-CdA Janssen Cilag R<br />
Cyclophosphamide ENDOXAN Asta® CPA, CPM, Asta Médica<br />
CYP<br />
Cytarabine ARACYTINE® Cytosine-Arabinoside ARA-C Pharmacia R<br />
& Upjohn<br />
CYTARBEL® RPR R<br />
Dacarbazine DÉTICÈNE® DTIC, DIC RPR<br />
Dactinomycine COSMÉGEN® Actinomycine D DACT, ACD, MSD ATU<br />
AMD, ACTD<br />
Daunorubicine CÉRUBIDINE® Daunomycine/ DNR, DRB RPR<br />
Rubidomycine<br />
ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />
NSFP : ne se fait plus<br />
R : réservé aux hôpitaux<br />
Exp : en expérimentation<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 10
évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />
Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 1)<br />
DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />
Daunorubicine DAUNOXOME® NeXstar R<br />
liposomale<br />
Docétaxel TAXOTÈRE® TXT RPR R<br />
Doxorubicine - ADRIBLASTINE® Adriamycine ADR, DOX, Pharmacia R<br />
& Upjohn<br />
- DOXORUBICINE® Dakota ADM Sanofi-Winthrop<br />
- Chlorhydrate de doxorubicine® 2 % Pharmachemic BV<br />
Pharmachemic BV<br />
- Chlorhydrate de doxorubicine® Asta Médica Asta Médica<br />
Doxorubicine CAELYX® Schering-Plough R<br />
liposomale<br />
Édatrexate* 10 EDAT Ciba-Geigy Exp<br />
Elliptinium CÉLIPTIUM® NMHE, Pasteur R<br />
9HME<br />
Épirubicine FARMORUBICINE® 4 Épiadriamycine 4 EA, EDOX Pharmacia R<br />
4 Épidoxorubicine & Upjohn<br />
Estramustine ESTRACYT® Pharmacia<br />
& Upjohn<br />
Étoposide - CELLTOP®* VP 16 Asra Médical R<br />
base - ÉTOPOSIDE® Dakota Sanofi-Winthrop<br />
- ÉTOPOSIDE® Meram RPR R<br />
- ÉTOPOSIDE® Merck Merk générique R<br />
- ÉTOPOSIDE® Pierre Fabre Pierre Fabre R<br />
- ÉTOPOSIDE® Teva Teva Pharm BV R<br />
- VÉPÉSIDE-Sandoz® Novartis R<br />
Étoposide ÉTOPOPHOS Bristol-Myers- R<br />
phosphate<br />
Squibb<br />
Fludarabine FLUDARA® FAMP Schering SA R<br />
5 Fluoro-uracile FLUORO-URACILE® Dakota 5-FU Sanofi-Winthrop<br />
FLUORO-URACILE® Méram<br />
RPR<br />
FLUORO-URACILE® Roche<br />
Roche<br />
FLUORO-URACILE® Teva<br />
Teva Pharm BV<br />
Fluoro-uridine- FLOXURIDINE®** 5-FUDR Roche R-ATU<br />
désoxyribose<br />
Fotémustine MUPHORAN® FTMU Servier R<br />
Gemcitabine GEMZAR® 2,2' difluoro- DFDC Lilly R<br />
déoxycytidine<br />
ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />
R : réservé aux hôpitaux<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 11<br />
Exp : en expérimentation (ne font pas l’objet d’une monographie)<br />
* développement arrêté<br />
** arrêt de fabrication
évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />
Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 2)<br />
DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />
Hydroxyurée HYDRÉA® Hydroxycarbamide HUR, HU Bristol-Myers<br />
Squibb<br />
Idarubicine ZAVÉDOS® DMDR, Pharmacia- R<br />
IDA, IDR & Upjohn<br />
Ifosfamide HOLOXAN® IFM, IFX Asta Médica R<br />
Interféron - INTRONA® IFNα2b Schering-Plough R<br />
- ROFÉRON®-A IFNα2a Roche R<br />
Interleukine 2 PROLEUKIN® Aldesleukine IL2-r Chiron France R<br />
Irinotécan CAMPTO® CPT 11 RPR R<br />
Létrozole FÉMARA® Novartis Pharma<br />
Lomustine BÉLUSTINE® CCNU RPR<br />
Losoxantrone BIANTRAZOLE® DUP 941 Dupont Merck NC<br />
Melphalan ALKÉRAN® MPH, Glaxo-Wellcome R<br />
L-PAM<br />
6-mercaptopurine PURINÉTHOL® 6-MP Glaxo-Wellcome<br />
Méthotrexate - LEDERTREXATE® MTX Wyeth-Lederlé R (Inj,<br />
500 mg)<br />
- MÉTHOTREXATE® Bellon RPR R (Inj,<br />
500 mg)<br />
- MÉTHOTREXATE® Teva Teva Pharm BV<br />
Miltéfosine MILTEX® Héxadécyl- HOC, Asta Médica R<br />
phosphocholine He-PC,<br />
MIL<br />
Mitoguazone MÉTHYL GAG® MGZ, Sanofi-Winthrop<br />
mgGH<br />
Mitomycine C AMÉTYCINE® MTC, Sanofi-Winthrop<br />
MMC<br />
Mitoxantrone NOVANTRONE® MITX, Wyeth-Lederlé<br />
DHAD,<br />
NVT<br />
Oxaliplatine ELOXATINE® LOHP Sanofi-Winthrop R<br />
Paclitaxel TAXOL® TXL Bristol-Myers R<br />
Squibb<br />
Pentostatine NIPENT® 2’-déoxycoformycine DCF Wyeth-Lederlé R<br />
ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />
R : réservé aux hôpitaux<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 12
évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />
Liste et caractéristiques administratives des cytotoxiques étudiés (suite 3)<br />
DCI Nom déposé Autre dénomination Sigle Laboratoire Statut<br />
Pirarubicine THÉPRUBICINE® THP-Adriamycine THPA,<br />
RPR<br />
THP<br />
Prednimustine STÉRÉOCYT® PMU, Pharmacia R<br />
PM<br />
& Upjohn<br />
Procarbazine NATULAN® PCZ, Roche<br />
PBZ<br />
Raltitrexed TOMUDEX® Zeneca Pharma R<br />
Rituximab MABTHERA® Roche ATU<br />
Sémustine<br />
Me CCNU<br />
Streptozocine ZANOSAR® Streptozotocine STZ Pharmacia- R<br />
& Upjohn<br />
Téniposide VÉHEM-Sandoz®* VM 26 Novartis Pharma R<br />
6-thioguanine LANVIS® 6 TG Glaxo-Wellcome ATU de<br />
cohorte<br />
Thiotépa THIOTÉPA Lederlé® Triaziridinyl TTP Wyeth-Lederlé R<br />
phosphine sulfure<br />
Topotécan HYCAMTIN® TPT Beecham R<br />
Trétinoïne VÉSANOÏD® Acide tout trans ATRA Roche R<br />
rétinoïque<br />
Vinblastine VELBÉ® Vincaleucoblastine VLB Lilly-France R<br />
VINBLASTINE®<br />
RPR<br />
Roger Bellon<br />
Vincristine VINCRISTINE® Leucocristine VCR RPR R<br />
Roger Bellon<br />
VINCRISTINE®<br />
Pierre Fabre<br />
Pierre Fabre<br />
ONCOVIN®<br />
Lilly-France<br />
Vindésine ELDISINE® VDS, Lilly-France R<br />
DVA<br />
Vinorelbine NAVELBINE® NVB, Pierre Fabre R<br />
VRL<br />
ATU : autorisation temporaire d'<strong>utilisation</strong><br />
R : réservé aux hôpitaux<br />
* arrêt de commercialisation ; la spécialité ne sera plus disponible à partir de juin 1998.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 13
évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3ème éd.<br />
Administration et manipulation<br />
des cytotoxiques<br />
FEU VERT : Conditions nécessaires pour réaliser une cure<br />
PROTECTION DU MANIPULATEUR<br />
RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA MANIPULATION DES EXCRETA<br />
ET DES VOMISSURES DES MALADES RECEVANT DES CYTOTOXIQUES<br />
MESURES DESTINÉES À RESPECTER L'ABORD VASCULAIRE<br />
LORS DE TRAITEMENTS DE COURTE DURÉE : LE RINÇAGE DE VEINE<br />
SYSTÈME D'ADMINISTRATION DES CYTOTOXIQUES LORS DE PERFUSIONS<br />
DE LONGUE DURÉE : PRÉSENTATION, ENTRETIEN, COMPLICATIONS ÉVENTUELLES<br />
ATTITUDE PRATIQUE EN CAS D'EXTRAVASATION DE CYTOTOXIQUES<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 14
Évaluation thérapeutique<br />
Anticancéreux : Utilisation <strong>pratique</strong><br />
FEU VERT : Conditions nécessaires pour réaliser une cure (31, 56, 71)<br />
La prise en charge de la chimiothérapie anticancéreuse ne<br />
se limite pas à la simple administration des médicaments<br />
prescrits ; encore faut-il vérifier certains paramètres avant<br />
l'injection, puis surveiller la tolérance du traitement.<br />
Au moment du diagnostic, avant traitement<br />
Au moment du diagnostic et avant d’entreprendre un traitement<br />
cytotoxique, il convient de :<br />
- éliminer tout syndrome infectieux (bactérien, viral, parasitaire<br />
ou fongique) ; l'existence d'une fièvre peut être aspécifique,<br />
- éliminer toute porte d'entrée aux infections : pathologie<br />
dentaire, par exemple,<br />
- rechercher toute affection cardiaque, pulmonaire, rénale,<br />
ou hépatique et en mesurer le retentissement clinique et<br />
biologique,<br />
- étudier le capital veineux afin de prévoir, au besoin, un<br />
site d'administration central,<br />
- s'assurer de l'absence de grossesse ou d'allaitement, d'un<br />
recours à une contraception adaptée et/ou à la cryoconservation<br />
du sperme.<br />
La veille ou le jour du traitement, un bilan complet, biologique,<br />
radiologique et clinique, doit être réalisé.<br />
Des résultats différents imposent :<br />
- soit de réduire les posologies de 25 à 50 %,<br />
- soit de ne pas administrer un cytotoxique à toxicité spécifique,<br />
par exemple :<br />
. anthracycline et 5-FU en cas d'antécédents cardiovasculaires,<br />
. cisplatine, méthotrexate en cas d'insuffisance rénale,<br />
. vinca-alcaloïdes, cisplatine en cas de neurotoxicité.<br />
Il faut veiller aussi à ne pas dépasser les doses cumulatives<br />
(cf. infra Monographies et Annexe 2).<br />
Pendant l'administration du traitement anticancéreux<br />
Pendant l’administration du traitement cytotoxique, il faut<br />
s'assurer que :<br />
- les traitements adjuvants destinés à protéger le malade des<br />
effets indésirables des médicaments sont bien respectés :<br />
hydratation, protection de la lumière, casque réfrigérant,<br />
antipyrétiques et antiémétiques...,<br />
- l'administration se déroule comme prévu en cherchant à<br />
dépister les symptômes révélateurs d'une extravasation,<br />
- le malade ne présente pas un effet inattendu : spasme coronarien<br />
au fluoro-uracile, hypotension par l’étoposide,<br />
fièvre...<br />
Avant l'administration du traitement anticancéreux<br />
Au moment de prescrire et/ou d'administrer un traitement<br />
cytotoxique, il faut vérifier que :<br />
- le nombre de leucocytes est > 2 ou 3 G/l (1 Giga = 10 9 )*,<br />
- le nombre de polynucléaires neutrophiles est >1,5 ou 2 G/l*,<br />
- le nombre de plaquettes est > 100 ou 150 G/l*,<br />
- le bilan hépatique complet reste dans des limites tolérables :<br />
. bilirubinémie < 20 µmol/l,<br />
. transaminases < 3 N (trois fois la valeur normale),<br />
- le bilan rénal reste normal : créatininémie < 140 µmol/l.<br />
- si nécessaire, il faut retarder la chimiothérapie jusqu'au<br />
retour à des valeurs biologiques correspondant aux normes<br />
précédentes,<br />
* Ces limites, volontairement imprécises, varient selon le<br />
risque hématologique particulier à chaque traitement et la<br />
<strong>pratique</strong> de chaque chimiothérapeute.<br />
Pendant l'intercure<br />
Pendant l’intercure, il faut surveiller les effets retardés des<br />
cytotoxique et prendre immédiatement les mesures qui<br />
s'imposent :<br />
- prendre la température,<br />
- <strong>pratique</strong>r une numération formule sanguine (NFS) au<br />
moment où l'atteinte des lignées sanguines est la plus probable<br />
(7-15 jours en général : cf. Annexe 6) n’est pas indispensable<br />
chez le patient asymptomatique et sauf dans le cas<br />
particulier d’un protocole ; en cas d'aplasie fébrile, il faut le<br />
plus souvent réhospitaliser le malade, en milieu protégé,<br />
jusqu'à récupération d'au moins 1 G/l de leucocytes,<br />
- hépariniser régulièrement les sites implantables,<br />
- prescrire au malade sortant : antiémétiques, bains de<br />
bouche, antidiarrhéiques... en fonction des toxicités des<br />
protocoles administrés,<br />
- surveiller l'apparition de toute toxicité retardée en fonction<br />
des cytotoxiques utilisés (cf. Monographies), ces toxicités<br />
peuvent amener le clinicien à ne plus prescrire le médicament<br />
responsable.<br />
Dossier 1997, XVIII, 5-6<br />
15
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Nature et importance des risques potentiels liés à<br />
la manipulation des médicaments cytotoxiques<br />
Les substances cytotoxiques présentent, au cours de leur<br />
manipulation, des risques d'autant plus préoccupants que<br />
les connaissances suffisantes pour en apprécier rapidement<br />
et avec certitude l'impact sur les manipulateurs et sur l'environnement<br />
ne sont pas disponibles (11, 13, 17, 20, 21, 22).<br />
Les risques résultent essentiellement d'un contact direct<br />
(peau, muqueuse, cornée...) avec la substance anticancéreuse,<br />
ou de son inhalation sous forme d'un aérosol médicamenteux<br />
se formant pendant la préparation, de l'administration<br />
sans précautions particulières ou à la suite d'un accident<br />
(bris de flacon, projection cutanée ou oculaire, piqûre<br />
malencontreuse...).<br />
Les effets indésirables des cytotoxiques pour le manipulateur<br />
peuvent être immédiats ou retardés (25).<br />
1. Toxicité immédiate (27, 38, 55)<br />
1.1. Réactions générales<br />
Rougeur du visage, œdème palpébral, prurit avec rash érythémateux<br />
ou réaction urticante des membres supérieurs,<br />
ulcérations de la muqueuse nasale, réactions asthmatiformes,<br />
nausées ont été rapportés.<br />
Céphalées, vertiges, étourdissements, perte des cheveux,<br />
sont observés également mais de façon épisodique.<br />
1.2. Réactions locales<br />
Des irritations plus ou moins graves dues au contact direct<br />
avec le médicament peuvent être observées, ainsi que des<br />
nécroses cutanées localisées après piqûre malencontreuse.<br />
2. Toxicité retardée (11, 38, 39, 40, 42, 55)<br />
2.1. Atteintes hépatiques<br />
Trois cas d'atteintes hépatiques ont été rapportés, dans une<br />
même publication, chez trois infirmières manipulant des<br />
cytotoxiques. Toutefois, l'imputabilité réelle de ces médicaments<br />
n'a pas été pas établie.<br />
2.2. Effets mutagène et carcinogène potentiels<br />
En fonction d'un risque probable d'effet carcinogène des<br />
cytotoxiques chez les malades traités à long terme, un effet<br />
de même type a été envisagé chez les personnes qui fabriquent,<br />
préparent ou administrent ces médicaments.<br />
PROTECTION DU MANIPULATEUR<br />
(11, 17, 20, 21, 22, 39, 40, 42, 49, 59, 71)<br />
À ce jour, aucun cas de carcinogénicité ou de tératogénicité<br />
n'a été observé. Toutefois, certaines études laissent planer<br />
de lourdes incertitudes car elles font état de :<br />
- détection de certaines substances anticancéreuses ou de<br />
leurs métabolites dans les urines de ceux qui les manipulent<br />
(cyclophosphamide, platine, alkylants) ou dans l'ambiance<br />
de travail (5 fluoro-uracile) (28),<br />
- mutagenèse in vitro, sur des bactéries, induite par l'urine<br />
d'infirmières manipulant ces médicaments (6, 8, 14, 28, 70),<br />
- altérations chromosomiques établies par dénombrement<br />
des échanges de chromatides sœurs.<br />
La pertinence et la validité de ces études sont sujettes à caution<br />
et beaucoup n'ont pu être confirmées par la suite.<br />
Il n'en reste pas moins que les agents anticancéreux restent<br />
suspects. D'autant qu'il existe une possibilité de toxicité<br />
cumulée pour l'organisme, capable d'entraîner des lésions<br />
d'abord non apparentes cliniquement, mais qui, lorsqu'elles<br />
le deviennent, sont sérieuses et souvent irréversibles. Ainsi,<br />
un risque carcinogène à long terme ne peut être écarté en<br />
l'état actuel de nos connaissances (58). Il est même démontré<br />
dans le cas des alkylants notamment chez les patients traités.<br />
2.3. Effets sur la descendance (60, 62, 68)<br />
Des études finlandaises et françaises rapportent une augmentation<br />
du nombre des malformations (une étude) et des<br />
avortements (deux études) chez les personnes exposées aux<br />
cytotoxiques. Récemment, une augmentation de l'incidence<br />
des grossesses extra-utérines (2 %) lors de l'exposition aux<br />
substances anticancéreuses pendant le premier trimestre<br />
(une étude) a été rapportée.<br />
Les effets sur la spermatogenèse ou les fonctions testiculaires<br />
chez les manipulateurs mâles ne semblent pas avoir<br />
fait l'objet d'études particulières mais ne peuvent être écartés<br />
en fonction des données connues chez les malades traités.<br />
Les connaissances actuelles sont insuffisantes pour prouver<br />
de façon formelle que les cytotoxiques exposent ceux qui<br />
les manipulent aux effets néfastes suspectés. Toutefois, des<br />
faisceaux de présomptions sont suffisants pour déclarer que<br />
les agents anticancéreux doivent être manipulés avec d'extrêmes<br />
précautions.<br />
La nature de ces précautions diffère suivant l'importance du<br />
"contact". Il n'y a pas de comparaison possible entre des<br />
centres ou des unités de soins hautement spécialisés en cancérologie<br />
et des services hospitaliers ne réalisant qu'un<br />
nombre restreint de chimiothérapies. Par ailleurs, il<br />
convient de tenir compte de la toxicité des produits manipulés<br />
qui ne présentent pas tous le même danger.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
16
Évaluation thérapeutique<br />
La quantification de l'importance de ces effets n'est pas<br />
aisée. Il est possible de faire appel à des notions subjectives :<br />
- niveau I : préparation et administration occasionnelles,<br />
- niveau II : préparation et administration en quantité modérée,<br />
- niveau III : préparation et administration de façon intensive.<br />
L'importance du contact, quantifiée par l’indice de contact<br />
cytotoxique (ICC), peut également être appréciée (66) :<br />
nR + nA<br />
ICC =<br />
nH<br />
nR : nombre de reconstitutions ou de préparations réalisées<br />
par une même personne pendant une période déterminée.<br />
nA : nombre d'administrations réalisées par une même personne<br />
pendant la même période.<br />
nH : nombre d'heures de travail de la personne durant la<br />
période déterminée.<br />
Exemple : pour 10 préparations (si une cure comprend la<br />
reconstitution de plusieurs cytotoxiques, chacun d’entre<br />
eux compte pour 1) et injections par une même infirmière<br />
pendant une semaine de travail de 39 heures :<br />
10 + 10<br />
ICC =<br />
39<br />
Cet indice ne peut prétendre avoir une valeur scientifiquement<br />
établie et n'est donc donné qu'à titre indicatif. Son seul<br />
mérite est de permettre de distinguer de façon chiffrée les 3<br />
niveaux précédents :<br />
- niveau I : indice < 1<br />
- niveau I : compris entre 1 et 3<br />
- niveau III : indice > 3<br />
Son défaut essentiel est qu'il ne tient pas compte du degré<br />
de risque qui diffère suivant la nature des médicaments, ni<br />
d’une éventuelle toxicité cumulative.<br />
Un niveau de risque coté III justifie l'existence d'une unité<br />
de reconstitution centralisée.<br />
Pour un niveau de risque coté II, une unité de reconstitution<br />
centralisée est souhaitable. Faute de mieux, la reconstitution<br />
des médicaments anticancéreux devrait être faite sous<br />
hotte à flux laminaire vertical ou caisson étanche.<br />
Pour un niveau de risque coté I, les dispositions précédentes<br />
sont souhaitables. Faute de mieux, il est indispensable de<br />
mettre en œuvre des mesures de précaution minimales.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />
des médicaments anticancéreux :<br />
recommandations minimales niveau I<br />
(2, 26, 53, 54, 64, 66, 74)<br />
Les risques réels ou potentiels liés à la manipulation des<br />
médicaments cytotoxiques nécessitent de mettre en œuvre<br />
des mesures de protection adaptées à l'importance du risque.<br />
Lorsque la manipulation est occasionnelle (niveau I), il ne<br />
semble pas indispensable, même si cela reste souhaitable,<br />
d'avoir recours à une reconstitution sous hotte ou isolateur.<br />
Des précautions minimales sont cependant à respecter qui<br />
concernent :<br />
- la bonne connaissance des médicaments utilisés,<br />
- les locaux de préparation,<br />
- le matériel : vêtements, plan de travail, matériel de travail,<br />
- le personnel qui manipule ou administre les médicaments,<br />
- les méthodes de travail (reconstitution, administration),<br />
- l'environnement.<br />
Les conditions préalables aux bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />
des médicaments cytotoxiques sont les suivantes.<br />
1. Nécessité de bien connaître<br />
les cytotoxiques utilisés<br />
Aucune manipulation de cytotoxiques ne devrait être entreprise<br />
sans que soient connues des données indispensables<br />
(cf monographies) :<br />
- présentation : poudre, liquide...,<br />
- solvant de reconstitution : nature, volume,<br />
- stabilité, conditions optimales de conservation,<br />
- compatibilité avec le matériel utilisé : verre, poche souple,<br />
filtre, site implantable...<br />
- attitude à adopter en cas de contact accidentel.<br />
2. Locaux de préparation<br />
La chimiothérapie doit être préparée dans une pièce réservée,<br />
si possible, à cet usage et présentant les caractéristiques<br />
suivantes :<br />
- isolée et calme,<br />
- fenêtres pouvant être fermées de façon étanche pendant la<br />
préparation,<br />
- à l'abri des courants d'air (éviter tout mouvement d'air trop<br />
important),<br />
- entretien et désinfection faciles,<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
17
Évaluation thérapeutique<br />
- présence d’une surface de préparation lisse, non absorbante<br />
et lavable,<br />
- présence d'un réfrigérateur et de rangements adaptés au<br />
stockage des produits fragiles,<br />
- présence de tout le matériel nécessaire et des produits<br />
indispensables à la préparation elle-même et à la sécurité du<br />
personnel.<br />
Il est interdit de fumer, manger, boire dans ce local.<br />
L'accès de la pièce, particulièrement pendant la phase de<br />
reconstitution, est réservé au(x) seul(s) manipulateur(s) et<br />
interdit aux autres personnes grâce à un panneau ou un logo<br />
spécifique tel que celui retenu par la société française de<br />
pharmacie clinique.<br />
Il convient d'éviter les termes : danger, cancer, toxique...<br />
présentant un caractère inutilement dramatisant.<br />
Exemple de panneau :<br />
MANIPULATION DE PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />
ENTRÉE RÉGLEMENTÉE<br />
Exemple de logo :<br />
3. Matériel<br />
En dehors des médicaments eux-mêmes, les manipulateurs<br />
doivent avoir à leur disposition immédiate un ensemble de<br />
matériel approprié à leur manipulation.<br />
3.1. Vêtements<br />
- Blouses à manches longues et poignets tricotés réservées<br />
à cet usage.<br />
- Masques de protection jetables de type chirurgical.<br />
- Éventuellement calot.<br />
- Lunettes de protection enveloppantes ou écran de protection<br />
en plastique.<br />
- Gants à usage unique stériles ou non. Les gants, qu'ils<br />
soient en vinyle ou en latex, peuvent être perméables à certains<br />
cytotoxiques dans des conditions expérimentales assez<br />
éloignées des conditions habituelles d'emploi. La logique<br />
veut qu'un maximum de précautions soient prises en utilisant<br />
des gants épais (44, 53).<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Les gants chirurgicaux en latex destinés habituellement aux<br />
orthopédistes sont les plus souvent préconisés. Malgré leur<br />
épaisseur, le manipulateur conserve une bonne sensation<br />
tactile ; de plus, ils possèdent des manchettes longues.<br />
Compte tenu de l'amélioration de qualité des gants vinyle et<br />
d'un risque d’hypersensibilité au latex, cette préférence peut<br />
être discutée.<br />
Assez souvent, deux paires de gants mises l'une sur l'autre<br />
sont préconisées (deux paires latex ou une paire latex<br />
recouverte d'une paire de vinyle). Pour un travail sous hotte,<br />
des gants non poudrés doivent être préférés.<br />
3.2. Protection du plan de travail<br />
- Champs de soin (stérile ou non) comportant une face<br />
absorbante et une face imperméable.<br />
- Conteneurs à large ouverture de même type que ceux retenus<br />
pour la collecte des aiguilles souillées et du matériel<br />
contondant. Ils doivent être remplis, au plus, au trois quarts<br />
de leur capacité, fermés de façon inviolable et incinérés.<br />
- Sacs pour la collecte des déchets.<br />
3.3. Matériel de travail<br />
- Compresses stériles.<br />
- Papier absorbant (cellulose...).<br />
- Seringues verrouillables de contenances diverses,<br />
seringues et tubulures opaques.<br />
- Aiguilles à usage unique de grand calibre.<br />
- Prises d'air hydrophobes.<br />
- Flacons stériles vides.<br />
- Antiseptiques.<br />
- Alcool à 70 %.<br />
- Solution ophtalmique de rinçage oculaire.<br />
- Matériel de transport rigide ainsi que diverses étiquettes si<br />
la chimiothérapie est préparée dans une zone centrale.<br />
Il peut être <strong>pratique</strong> et judicieux de confectionner un nécessaire<br />
comprenant le matériel utile.<br />
3.4. Personnel en contact avec les médicaments anticancéreux<br />
Le personnel affecté à la manipulation des cytotoxiques doit<br />
faire l'objet (55) :<br />
- d'une sélection préalable qui vise à écarter, après décision<br />
locale de la médecine du travail et/ou du comité d'hygiène<br />
et de sécurité, les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi<br />
que les personnes qui présentent une intolérance reconnue à<br />
ces médicaments,<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
18
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
- d'une formation <strong>pratique</strong> et d'une information complète<br />
destinées à faire comprendre la nécessité de respecter dans<br />
son intégralité le protocole établi ; des sensibilisations<br />
périodiques sont souhaitables,<br />
- d'une surveillance médicale particulière.<br />
La nécessité d'une planification des périodes de manipulations<br />
dans les centres réalisant un nombre important de chimiothérapies<br />
(niveau III) fait l'objet de divergences d'opinions.<br />
Certains préconisent de ne pas affecter à ce type d'activité<br />
une même personne.<br />
Cette recommandation est discutable puisqu'elle laisse planer<br />
un doute sur les mesures de protection mises en œuvre.<br />
En outre, il semble admis que les fautes de manipulations<br />
diminuent souvent avec l'habitude. En conséquence, il<br />
appartient à chaque centre de choisir sa politique en la<br />
matière.<br />
Quelle que soit la décision, il est important de tenir un état<br />
journalier et nominatif des activités de préparation et du<br />
personnel qui les <strong>pratique</strong>.<br />
3.5. Méthodes de travail (reconstitution, administration)<br />
* Bonnes <strong>pratique</strong>s de reconstitution des médicaments<br />
cytotoxiques (67)<br />
Elles supposent que soient réunies les conditions énoncées<br />
auparavant :<br />
- protection de la zone de travail par un champ de soin,<br />
- lavage antiseptique des mains,<br />
- habillage : blouses à manches longues et poignets serrés,<br />
masques, lunettes, calot éventuellement, gants à usage<br />
unique (cf Matériels de travail) ; ces derniers seront régulièrement<br />
changés si la manipulation dure longtemps.<br />
** Cas des préparations en ampoules (67)<br />
- Faire descendre dans le corps de l'ampoule, par simple<br />
percussion, tout le produit situé dans la pointe.<br />
- Désinfecter la pointe de l'ampoule.<br />
- Entourer celle-ci d’une compresse afin d'éviter, au<br />
moment de la brisure, la projection de médicament ou une<br />
coupure au niveau des gants ou des doigts.<br />
- Prélever la quantité nécessaire dans une seringue d'un<br />
volume au moins supérieur de 25 % au volume à injecter.<br />
- Recueillir le volume en excès et chasser l'air dans une<br />
compresse stérile.<br />
- Désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement et la<br />
jeter, sans la recapuchonner ou la tordre, dans un conteneur<br />
à large ouverture adapté à cet usage.<br />
- Adapter sur la seringue à embout verrouillable («luer<br />
lock») une aiguille munie de son cache protecteur ou un<br />
bouchon, avant l'usage qui doit en être fait.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
19<br />
** Cas des préparations en flacon type pénicilline<br />
— Mise en solution des poudres (35, 67)<br />
- Désinfecter le bouchon du flacon.<br />
- Prélever dans une seringue à embout verrouillable la<br />
quantité de solvant utile. Prévoir une seringue de contenance<br />
au moins supérieure de 25 % au volume à injecter.<br />
- Transvaser lentement le solvant dans le flacon par petites<br />
fractions qu’il faut faire couler doucement le long des<br />
parois en ayant soin d'entourer le goulot et l'embase de<br />
l'aiguille d'une compresse stérile afin d'éviter toute dispersion<br />
d'aérosol médicamenteux dans l'atmosphère.<br />
Cette opération crée, si le volume de solvant est important,<br />
une surpression qu'il est préférable de compenser par les<br />
techniques classiques :<br />
. soit utiliser une prise d'air hydrophobe dont le percuteur<br />
est placé au–dessus du liquide ; après ajout du solvant, aspirer<br />
dans la seringue une bonne quantité d'air du flacon afin<br />
d'y créer une pression négative. L'air peut être maintenu<br />
dans la seringue ou rejeté dans un flacon stérile vide,<br />
. soit utiliser un dispositif de transfert muni d'un filtre : dispensing<br />
pin (Bruneau), cytosafe (Bioser),<br />
. soit injecter du solvant par petite fraction mais en aspirant<br />
un peu d'air du flacon entre chaque ajout. L'air aspiré sera,<br />
au total, égal au volume de solvant transvasé ; il peut être<br />
maintenu dans la seringue ou rejeté dans un flacon stérile vide.<br />
- Agiter le flacon de façon à dissoudre totalement la poudre<br />
tout en maintenant piquée dans le bouchon l'aiguille solidaire<br />
de sa seringue. Certains cytotoxiques (cyclophosphamide,<br />
ifosfamide) nécessitent une longue agitation. Ne pas<br />
chauffer pour accélérer la dissolution.<br />
— Prélèvement après dissolution éventuelle (67)<br />
- La technique de prélèvement dépend de la méthode de<br />
compensation utilisée :<br />
. avec une prise d'air hydrophobe : éviter que du liquide<br />
n’entre en contact avec le filtre,<br />
. avec un système de transfert : aucune difficulté particulière,<br />
. avec la technique de l'aspiration d'air (cf supra) : il y ajout<br />
d'une quantité d'air emprisonné dans la seringue et aspiration<br />
d'une quantité équivalente de liquide et ainsi de suite<br />
jusqu'à aspiration de la quantité nécessaire ; l'excès d'air est<br />
rejeté dans le flacon.<br />
- Retirer avec précaution l'aiguille solidaire de sa seringue<br />
en ayant soin de placer une compresse stérile autour du goulot.<br />
- Ajuster précisément le volume en rejetant l'excès de liquide<br />
dans une compresse stérile.<br />
- Désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement et la<br />
jeter, sans la recapuchonner ou la tordre, dans un conteneur<br />
à large ouverture adapté à cet usage.<br />
- Adapter sur la seringue à embout verrouillable (« luer lock »)<br />
une aiguille munie de son cache protecteur ou un bouchon,<br />
suivant l'usage qui doit en être fait.
Évaluation thérapeutique<br />
Toute préparation correctement identifiée et datée doit être<br />
administrée dans les instants qui suivent.<br />
Tout transport d'une unité centrale de reconstitution au service<br />
utilisateur doit être fait dans un conteneur rigide. Une<br />
étiquette attire l'attention des utilisateurs sur le caractère de<br />
la préparation.<br />
Exemple :<br />
PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />
RESPECTEZ LE PROTOCOLE DE PROTECTION<br />
** Addition d'un médicament à un liquide de rinçage<br />
ou de perfusion<br />
- Maintenir en place ou placer un champ de soin.<br />
- Prélever le produit comme énoncé ci-dessus.<br />
- Ne pas désolidariser l'aiguille ayant servi au prélèvement.<br />
- Désinfecter le bouchon du flacon de perfusion ou de la<br />
poche (si nécessaire).<br />
- Transvaser le contenu de la seringue en ayant soin d'entourer<br />
l'aiguille et le bouchon d'une compresse stérile pendant<br />
toute la durée de l'opération et particulièrement lors du<br />
retrait de l'aiguille. Pour les flacons, si le volume à transvaser<br />
est important, utiliser une prise d'air hydrophobe.<br />
- Procéder aux opérations habituelles : mélange, mirage,<br />
étiquetage.<br />
* Bonnes <strong>pratique</strong>s d'administration des médicaments<br />
cytotoxiques<br />
** Médicaments injectables<br />
Lors de l’administration de cytotoxiques, les mesures vestimentaires<br />
peuvent être moins rigoureuses que lors de la<br />
reconstitution pour ne pas alarmer le malade ou son entourage,<br />
et limitées, au minimum, au port de gants (une ou<br />
deux paires) et une blouse à manches longues et poignets<br />
serrés.<br />
— Flacons ou poches de perfusion<br />
- Pour la connexion<br />
. Expliquer le geste au malade.<br />
. Vérifier la limpidité.<br />
. Désinfecter le bouchon.<br />
. Brancher le perfuseur en ayant soin d'entourer le percuteur<br />
d'une compresse stérile.<br />
. Procéder à l'amorçage du dispositif en recueillant le liquide<br />
dans un récipient approprié. Cette technique provoque<br />
une perte de médicament. En conséquence, certains préconisent<br />
de réaliser l'amorçage par un petit flacon de solvant<br />
seul puis de brancher la perfusion.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
. Connecter tubulure et dispositif intraveineux en utilisant<br />
toujours des embouts verrouillables.<br />
. Régler le débit.<br />
- Pour la déconnexion<br />
. Procédure d'habillage identique.<br />
. Faire un rinçage de veine. Certains préconisent de brancher<br />
un flacon de solvant seul pour purger la tubulure et éviter<br />
ainsi toute perte de cytotoxiques.<br />
. Fermer le système de réglage de débit.<br />
. Clamper l'extrémité distale de la tubulure.<br />
- Désolidariser perfuseur et dispositif intraveineux en maintenant<br />
une compresse stérile au niveau de l'embout du perfuseur.<br />
. Procéder à l'évacuation des déchets de manière à protéger<br />
l'environnement (cf. infra).<br />
— Seringue à débit constant<br />
Bien penser à utiliser une compresse stérile dans toutes les<br />
manœuvres de connexion et de déconnexion.<br />
— Injection intratubulaire<br />
Utiliser de préférence un perfuseur muni d'un robinet à trois<br />
voies, sinon entourer l'aiguille et le site d'injection d'une<br />
compresse stérile.<br />
Procéder à l'injection entre deux rinçages.<br />
** Médicaments per os<br />
— Éviter de manipuler à mains nues gélules et comprimés.<br />
Si tel a été le cas, procéder à un lavage des mains suivi d'un<br />
rinçage abondant.<br />
— Ne jamais broyer les comprimés ni ouvrir les gélules.<br />
La possibilité d'une dispersion de particules dans l'atmosphère<br />
est trop importante et implique les risques d'inhalation<br />
ou d'irritation locale déjà évoqués.<br />
Cette précaution rend aléatoire tout ajustement précis de<br />
posologie par voie orale. Si le déconditionnement est imposé<br />
par les circonstances (pédiatrie, autogreffe de moelle<br />
osseuse), cette <strong>pratique</strong> doit faire l'objet d'une préparation<br />
en site central avec les précautions du niveau II ou du<br />
niveau III, en ayant soin de choisir, dans ces conditions, une<br />
enceinte à flux laminaire sans recirculation d'air.<br />
— Si des ampoules injectables sont utilisées pour l'administration<br />
orale, les plus grandes précautions doivent être<br />
prises lors de la manipulation (gants, lunettes, blouses à<br />
poignets serrés) et le transport vers le malade. Utiliser un<br />
verre réservé à cette <strong>utilisation</strong> qui sera détruit à l'arrêt de la<br />
cure. En l'absence de données précises sur la fixation potentielle<br />
des médicaments sur la cellulose ou le plastique, les<br />
gobelets à usage unique ne peuvent être conseillés.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
20
Évaluation thérapeutique<br />
** Instillation intravésicale<br />
— La veille de l'intervention, préparer le patient, expliquer<br />
le soin, la restriction hydrique, éventuellement l'alcalinisation<br />
des urines nécessaires.<br />
— Pour la reconstitution et l'instillation, la tenue vestimentaire<br />
et le protocole de manipulation sont identiques à la<br />
voie injectable.<br />
— Réaliser la dilution terminale avant instillation intravésicale<br />
:<br />
- soit dans une seringue adaptée (de Guyon, avec embout<br />
cathéter),<br />
- soit dans un flacon ou une poche de solvant seul pour lavage<br />
vésical sur lequel est branché un nécessaire à lavage<br />
vésical.<br />
— Relier le dispositif, avec les règles d'hygiène habituelles,<br />
à la sonde vésicale à double courant.<br />
- Instiller la solution préalablement tiédie, purger la sonde<br />
puis la clamper ou la retirer.<br />
— Laisser dans la vessie le temps prescrit (habituellement<br />
2 heures) puis faire uriner le malade.<br />
— Après l'instillation, le faire boire abondamment.<br />
— En cas de contact accidentel avec les urines (malade luimême,<br />
personnel soignant), laver abondamment les zones<br />
touchées.<br />
** Applications locales<br />
Utiliser des gants à usage unique.<br />
3.6. Mesures de protection de l'environnement (13)<br />
* Matériel à usage unique<br />
Après reconstitution ou administration :<br />
- collecter l'ensemble du matériel contondant dans des<br />
conteneurs rigides étudiés pour cet usage,<br />
- enrouler dans le champ de soin tous les autres produits<br />
ayant servi aux opérations et les placer dans un double sac<br />
rigide (type sac Poupinel‚) et fermer solidement à l'aide de<br />
sparadrap industriel ou par soudure ; l'étiqueter de façon<br />
appropriée.<br />
Exemple :<br />
PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />
À INCINÉRER SANS OUVRIR<br />
Traiter l'ensemble selon le protocole local d'élimination des<br />
déchets contaminés.<br />
* Flacons<br />
** Vides<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Ils peuvent être traités de la même façon que le matériel à<br />
usage unique.<br />
** Contenant encore du médicament cytotoxique<br />
— Ils sont à collecter dans un emballage étanche et incassable<br />
du même type que celui pouvant être utilisé pour le<br />
matériel à usage unique.<br />
— Leur destruction peut se faire par incinération à condition<br />
de n'avoir recours qu'à des fours homologués et brûlant<br />
à une température supérieure ou égale à 1 200°C.<br />
En raison de la variété des installations et des difficultés<br />
techniques, il n'est pas possible de garantir l'absence de<br />
résidus volatils carcinogènes dans les fumées.<br />
— Des techniques sûres et fiables sont publiées par l'OMS<br />
et garantissent l'absence de résidus carcinogènes. Elles sont<br />
cependant difficiles à mettre en œuvre et les réactifs quelquefois<br />
plus dangereux que les produits cytotoxiques euxmêmes.<br />
— Elles devraient être réservées à des centres manipulant<br />
de fortes quantités de cytotoxiques et disposant d'un personnel<br />
spécifiquement formé à cette tâche.<br />
— Il faut se méfier de réactions simples publiées ici ou là,<br />
ou qui, bien qu'assurant l'inactivation du médicament,<br />
aboutissent à la formation de résidus pouvant conserver un<br />
pouvoir carcinogène.<br />
* Projection sur les vêtements<br />
— Ôter immédiatement les vêtements souillés et les placer<br />
dans un sac (ou double sac) étanche et solide. Faire suivre<br />
le circuit prévu pour le traitement du linge en contact avec<br />
un malade infecté.<br />
— Si le liquide a traversé la blouse, suivre le protocole<br />
adapté à la projection cutanée.<br />
* Blessure du manipulateur (autopiqûre, coupure..)<br />
** Aiguilles ayant servi uniquement à la préparation ou à<br />
une injection intratubulaire<br />
— Lavage à l'eau puis au savon de la zone touchée suivi<br />
d'un rinçage abondant.<br />
— Conseil ou consultation médicale le cas échéant.<br />
— Éventuellement applications des conseils prévus pour<br />
une extravasation.<br />
— Surveillance de la zone touchée pendant 3 semaines.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
21
Évaluation thérapeutique<br />
** Aiguilles ayant servi à l'injection intraveineuse ou à<br />
toute autre injection en contact avec le sang du malade<br />
— Protocole identique<br />
— Prendre en compte, éventuellement, l'existence d'une<br />
pathologie associée (hépatite, VIH).<br />
Sur le plan <strong>pratique</strong>, la déclaration auprès du médecin du<br />
travail est obligatoire. Il est recommandé d’utiliser et d’appliquer<br />
les recommandations du GERES (cf infra).<br />
* Bris de flacon, renversement, écrasement au sol<br />
d'un comprimé<br />
Il convient d’isoler la zone contaminée, de préparer le matériel<br />
adapté (gants, masque, matériel absorbant, sacs ou<br />
conteneurs épais) et de mettre deux paires de gants.<br />
** Pour les liquides<br />
— Utiliser un matériel absorbant adapté à l'importance du<br />
renversement. L'ouate de cellulose, les pansements absorbants<br />
répondent parfaitement à ce besoin.<br />
— Procéder au ramassage méticuleux des particules de<br />
verre et du liquide.<br />
— Mettre l'ensemble du matériel utilisé et les débris ramassés<br />
dans un double sac non traversable (type sac Poupinel).<br />
— Procéder à l'élimination par incinération.<br />
** Pour les solides<br />
— Faire de même avec un matériel absorbant humidifié.<br />
— Laver à plusieurs reprises la zone où a eu lieu l'incident,<br />
avec un détergent, suivi d'un rinçage.<br />
Sauf pour les anthracyclines, ne pas utiliser d'eau de Javel<br />
qui risque d'entraîner la formation de dérivés toxiques.<br />
Bonnes <strong>pratique</strong>s de manipulation<br />
des médicaments cytotoxiques :<br />
recommandations minimales niveaux II et III<br />
1. Généralités<br />
Chaque fois que possible, il est souhaitable (niveau I),<br />
recommandé (niveau II) ou nécessaire (niveau III) d'instituer<br />
des conditions optimales pour la reconstitution des<br />
cytotoxiques en milieu hospitalier.<br />
Elles peuvent faire appel :<br />
- pour le niveau I ou II : à de simples hottes à flux d'air laminaire<br />
vertical réservées à cet usage, situées directement<br />
dans le service ou dans un lieu spécifique, en particulier le<br />
service pharmaceutique,<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
- pour le niveau II et III, voire le niveau I : à une structure<br />
centralisée de préparation des cytotoxiques.<br />
Cette structure fonctionne généralement sous la responsabilité<br />
des pharmaciens, avec un personnel spécifiquement<br />
entraîné à cette tâche. Elle est composée :<br />
- soit d'une salle blanche ou d'une salle propre comprenant<br />
des hottes à flux d'air laminaire vertical. En l'absence de<br />
normes, il est difficile de fixer rigoureusement une frontière<br />
entre salle blanche et salle propre et de définir, in fine,<br />
quelle solution retenir. Chaque établissement doit mener sa<br />
réflexion et retenir une solution compatible avec la rigueur,<br />
le bon sens et les contraintes économiques (la perfection en<br />
termes de niveau de contamination bactériologique est plus<br />
du niveau industriel qu'hospitalier)<br />
- soit d'isolateurs (travail en isotechnie).<br />
Ce type de structure nécessite une formation théorique et<br />
technique spécifique. Il ne peut être question, ici, de se substituer<br />
à ces dernières mais simplement de donner des informations<br />
générales destinées à faire connaître cette activité à<br />
ceux qui ne la <strong>pratique</strong>nt pas. Certaines données peuvent<br />
être reprises et adaptées dans le cas de préparations effectuées<br />
directement dans le service.<br />
2. Principe d'organisation du travail<br />
en unité centralisée<br />
Toutes les procédures doivent être écrites.<br />
2.1. Personnel<br />
Le personnel affecté à la manipulation descytotoxiques doit<br />
faire l'objet :<br />
- d'une sélection préalable qui vise à écarter, selon des procédures<br />
à établir localement avec la médecine du travail<br />
et/ou le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de<br />
travail (CHS-CT), les femmes enceintes ou qui allaitent<br />
ainsi que les personnes qui présentent une intolérance<br />
reconnue à ces médicaments,<br />
- d'une formation <strong>pratique</strong> et d'une information complète<br />
destinées à faire comprendre la nécessité de respecter dans<br />
son intégralité le protocole établi ; des sensibilisations<br />
périodiques sont souhaitables,<br />
- d'une surveillance médicale particulière.<br />
La nécessité d'une planification des périodes de manipulations<br />
dans les centres réalisant un nombre important de chimiothérapies<br />
(niveau III) fait l'objet de divergences d'opinions.<br />
Certains préconisent de ne pas affecter à ce type d'activité<br />
une même personne.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
22
Évaluation thérapeutique<br />
Cette recommandation est discutable puisqu'elle laisse planer<br />
un doute sur les mesures de protection mises en œuvre.<br />
En outre, il semble admis que les fautes de manipulations<br />
diminuent souvent avec l'habitude. En conséquence, il<br />
appartient à chaque centre de choisir sa politique en la<br />
matière.<br />
Quelle que soit la décision, il est important de tenir un état<br />
journalier et nominatif des activités de préparation et du<br />
personnel qui les <strong>pratique</strong>.<br />
2.2. Prescriptions<br />
La prescription est constituée d'une ordonnance :<br />
- nominative, datée et signée par le prescripteur,<br />
- contenant les renseignements sur le malade : nom, prénom,<br />
âge, poids, taille, surface corporelle,<br />
- détaillant le protocole : nom des médicaments, posologie,<br />
voie, vecteurs d'administration, date et heure de l'administration,<br />
- donnant des souhaits quant au mode de présentation :<br />
seringue, poche...<br />
Le support peut être informatisé.<br />
2.3. Analyse de la prescription<br />
L’analyse de la prescription est un acte pharmaceutique.<br />
Un dossier est ouvert pour chaque malade.<br />
Il faut vérifier la prescription par rapport au protocole<br />
prévu. Chaque différence doit faire l'objet d'un contrôle.<br />
Il est utile de comptabiliser les doses de cytotoxiques prescrites,<br />
car certains cytotoxiques présentent des toxicités<br />
cumulatives.<br />
- la durée de stabilité préconisée,<br />
- le double de l'étiquette,<br />
- le numéro d'ordonnancier.<br />
2.5. Contrôle<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Il comprend au minimum :<br />
- la concordance entre les produits utilisés et la prescription<br />
par contrôle des flacons utilisés,<br />
- les calculs effectués,<br />
- la limpidité de la solution et une estimation grossière du<br />
volume,<br />
- l'étiquetage.<br />
2.6. Expédition vers l'unité de soins<br />
Les préparations sont acheminées dans les unités de soins<br />
avec un soin rigoureux selon des méthodologies adaptées à<br />
chaque hôpital.<br />
Le stockage dans les unités de soins doit être individualisé<br />
et un contrôle par la pharmacie permet de récupérer les produits<br />
non utilisés pour les recycler ou pour les détruire.<br />
3. Préparation sous hotte<br />
à flux d'air laminaire vertical (3, 64, 66)<br />
La hotte peut être soit dans un service de soins, soit dans<br />
une salle propre ou blanche (local protégé des contaminations<br />
extérieures). La hotte est réservée à la seule manipulation<br />
des cytotoxiques.<br />
3.1. Les locaux<br />
* La salle propre (cf supra)<br />
2.4. Feuilles de fabrication<br />
Chaque préparation fait l'objet d'une fiche de fabrication qui<br />
reprend :<br />
- les identifications complètes du malade, du prescripteur et<br />
du service,<br />
- la date de fabrication et le "préparateur responsable",<br />
- les médicaments utilisés : nature, dosage, nombre et<br />
numéro de lot,<br />
- le solvant de reconstitution et celui de dilution ainsi que<br />
les quantités utilisées de chacun,<br />
- le contenant : poche, flacon, seringue, cassette,<br />
- la concentration finale,<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
23<br />
* La salle blanche<br />
Une salle blanche doit répondre à quatre critères :<br />
- hermétisme,<br />
- surpression,<br />
- facilité de nettoyage,<br />
- conformité à la norme AFNOR X44-102.<br />
3.2. Organisation du travail<br />
* Sas d'entrée<br />
Le personnel après avoir mis une tenue adaptée (pyjama,<br />
casaque chirurgicale, masque, gants et coiffe) et procédé à<br />
un lavage chirurgical des mains doit pénétrer dans la salle<br />
blanche par un sas d’entrée.
Évaluation thérapeutique<br />
* Matériel<br />
Le matériel est introduit après décontamination.<br />
Tout le matériel nécessaire à la reconstitution doit être préparé<br />
à l'avance. Tout ce qui est introduit dans la hotte doit<br />
être stérile.<br />
* Choix de la hotte<br />
Le choix devra se porter sur des hottes de type 2A répondant<br />
à la norme AFNOR X44-101, à flux d'air vertical et<br />
présentant une vitre de façade, assurant la protection du<br />
manipulateur des risques d'inhalation ou de projection oculaire.<br />
70 % de l'air sont recyclés après filtration sur filtre<br />
HEPA‚ et 30 % dans la pièce remplacés par l'air pénétrant<br />
en avant du plan de travail constituant ainsi une veine de<br />
garde protégeant le manipulateur.<br />
Les hottes ne doivent pas être surdimensionnées sous peine<br />
de risquer une entrée d'air extérieur non filtré : volume total<br />
< 0,5 m 3 et profondeur : < 75 cm.<br />
* Utilisation de la hotte<br />
Il ne faut pas :<br />
- arrêter la hotte entre 2 préparations,<br />
- y introduire du matériel non stérile ou non décontaminé,<br />
- encombrer le volume de travail, ce qui perturbe l'écoulement<br />
laminaire,<br />
- y introduire les produits nécessaires à deux fabrications<br />
différentes,<br />
- utiliser le flux pour d'autres types de préparations que<br />
celles des cytotoxiques.<br />
Des contrôles périodiques doivent être institués :<br />
- vitesse du flux,<br />
- contrôle bactériologique,<br />
- contrôle du colmatage des filtres.<br />
4. Préparation avec un isolateur (45, 64)<br />
Compte tenu du coût et de la spécificité du type d'appareillage,<br />
il ne peut être question que d'un travail en unité<br />
centrale qui doit être localisée dans un local pharmaceutique.<br />
L'isotechnie, ou travail en isolateur, a la particularité de ne<br />
pas demander de locaux particuliers puisque l'aire de travail<br />
stérile est parfaitement isolée de l'extérieur.<br />
Néanmoins, par simple bon sens, il est prudent de placer<br />
l'isolateur dans une pièce relativement vaste afin d'y stocker<br />
les produits nécessaires à la préparation et à l'entretien du<br />
matériel.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
* Équipement des locaux : unité d'isotechnie<br />
L'unité d'isotechnie comprend différentes parties.<br />
** Un isolateur principal<br />
C'est une "bulle" en PVC souple maintenue par une structure<br />
métallique, gonflée d'air stérile et munie de filtres d'entrée<br />
et de sortie d'air. À l'intérieur se trouve une surface de<br />
travail, des modules de rangement, un réfrigérateur.<br />
Cette enceinte est munie d’hémiscaphandres ventilés dans<br />
lesquels vont se placer les manipulateurs. Ceux-ci enfilent<br />
des gants en latex épais (parfois revêtus de gants vinyle)<br />
pour réaliser les préparations.<br />
D'autres modèles d'enceintes existent dans lesquels l'hémiscaphandre<br />
ne sert qu'à la préparation du matériel nécessaire<br />
à la fabrication. Cette dernière est faite grâce à des gants<br />
latéraux.<br />
** Un isolateur satellite mobile<br />
Rigoureusement identique au précédent, quoique de plus<br />
petite taille et ne comprenant pas d’hémiscaphandre, il permet<br />
de stériliser le matériel et les médicaments destinés à<br />
être introduits dans l'isolateur central.<br />
La connexion entre isolateur principal et satellite est possible<br />
par une double porte de transfert étanche qui permet<br />
de mettre en communication les deux isolateurs stériles<br />
sans jamais rompre cette stérilité.<br />
** Des conteneurs de transfert<br />
Ces conteneurs de petite taille permettent également d'introduire,<br />
par un système de connexion identique au précédent,<br />
des produits stérilisés à l'intérieur de l'isolateur principal.<br />
Ils permettent également d'évacuer les déchets des préparations<br />
de la journée.<br />
Les isolateurs sont stérilisés suivant les besoins par des<br />
vapeurs d'acide peracétique à 10 %, lequel est évacué par<br />
poussée d'air stérile.<br />
** Travail en isolateur<br />
Le travail en isolateur ne demande pas de condition opératoire<br />
particulière.<br />
Il faut cependant une bonne habitude pour travailler avec<br />
des gants relativement épais et surtout de sérieuses qualités<br />
d'organisation pour être sûr de ne rien avoir oublié.<br />
Les gants sont nettoyés tous les jours et la bulle habituellement<br />
toutes les semaines.<br />
** Contrôle<br />
- Contrôle bactériologique de stérilité de la bulle.<br />
- Intégrité des gants ou de la bulle.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
24
Évaluation thérapeutique<br />
Conduite à tenir en cas d’incidents liés à la manipulation<br />
des cytotoxiques<br />
Des incidents sont possibles lors de toute manipulation de<br />
médicaments. Dans le cas des cytotoxiques, ils prennent un<br />
relief particulier et nécessitent de mettre en œuvre immédiatement<br />
des mesures simples et connues de tous : personnel<br />
pharmaceutique, infirmiers, aides-soignants...<br />
Des consignes écrites, la présence immédiate du matériel<br />
nécessaire facilitent le respect des mesures préconisées.<br />
1. Projection cutanée<br />
En cas de projections cutanées lors de la reconstitution des<br />
cytotoxiques, il convient de :<br />
- laver abondamment à l'eau puis au savon doux suivi d'un<br />
rinçage abondant,<br />
- utiliser une pommade adoucissante (cold cream), en cas de<br />
sensation de brûlure,<br />
- faire une déclaration d'accident de travail et de consulter<br />
la médecine du travail.<br />
Il est à noter qu’il est facile d'éviter les projections cutanées<br />
par le respect des mesures d'habillement.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
- Préparer le matériel adapté : gants, masque, matériel<br />
absorbant, sacs ou conteneurs épais.<br />
- Mettre deux paires de gants et deux masques.<br />
4.2. Cas des liquides<br />
- Utiliser un matériel absorbant adapté à l'importance du<br />
renversement. L'ouate de cellulose, les pansements absorbants<br />
répondent parfaitement à ce besoin.<br />
- Procéder au ramassage méticuleux des particules de verre<br />
et du liquide. Mettre l'ensemble du matériel utilisé et les<br />
débris ramassés dans un double sac non traversable (type<br />
sac Poupinel) et procéder à l'élimination par incinération.<br />
4.3. Cas des solides<br />
- Faire de même que pour les liquides avec un matériel<br />
absorbant humidifié.<br />
- Laver à plusieurs reprises la zone avec un détergent suivi<br />
d'un rinçage.<br />
Sauf pour les anthracyclines, ne pas utiliser d'eau de Javel<br />
qui risque d’entraîner la formation de dérivés toxiques.<br />
2. Projection oculaire<br />
En cas de projections cutanées lors de la reconstitution des<br />
cytotoxiques, il convient de :<br />
- laver immédiat à l'eau du robinet (au moins 5 minutes) ou<br />
avec une solution ophtalmique de rinçage oculaire type<br />
DACRYOSÉRUM®...<br />
- faire une déclaration d'accident de travail et de consulter<br />
la médecine du travail.<br />
- en cas de projection sur les lunettes, nettoyer celles-ci<br />
abondamment à l'aide d'un détergent, puis procéder à un<br />
lavage abondant.<br />
Le port de lunettes de protection enveloppantes évite ces<br />
incidents.<br />
3. Contact avec les gants<br />
Changer immédiatement les gants.<br />
4. Attitude immédiate en cas de bris de flacon<br />
ou d’écrasement de comprimés ou de gélules (5, 74)<br />
4.1. Généralités<br />
- Isoler la zone contaminée.<br />
5. Attitude immédiate en cas de réception<br />
de cartons contenant des flacons endommagés<br />
- Isoler le(s) cartons(s) suspect(s).<br />
- Enfiler deux paires de gants à usage unique et se munir de<br />
2 masques chirurgicaux en cas de produits pulvérulents.<br />
- Se protéger les avant-bras (blouse à poignets serrés).<br />
- Placer les récipients cassés ou contaminés dans des conteneurs<br />
épais (type sac Poupinel) qui seront étiquetés puis<br />
incinérés. Exemple :<br />
PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />
A INCINÉRER SANS OUVRIR<br />
- Placer les emballages souillés dans un ou deux cartons<br />
rigides et de taille supérieure qui seront étiquetés et détruits<br />
de la même façon.<br />
- Se débarrasser des masques et gants de même.<br />
- Se laver les mains à l'eau savonneuse à deux reprises et<br />
rincer abondamment.<br />
- Avertir le fabricant pour qu'il renforce la qualité de l'emballage<br />
ou qu'il revoie les conditions de livraison.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
25
Évaluation thérapeutique<br />
6. Destruction des produits périmés<br />
Il faut envisager avec le laboratoire fabricant ou distributeur<br />
la meilleure méthode de destruction ou, mieux, la reprise<br />
des médicaments périmés pour destruction (10).<br />
Elle peut se faire par incinération à condition de n'avoir<br />
recours qu'à des fours homologués et brûlant à une température<br />
supérieure à 1 200°C. En raison de la variété des installations<br />
et des difficultés techniques, il n'est pas possible<br />
de garantir l'absence de résidus volatils carcinogènes dans<br />
les fumées.<br />
En conséquence, cette méthode est contestée par certains<br />
qui préconisent plutôt une destruction chimique.<br />
Des techniques sûres et fiables, publiées par l'OMS, garantissent<br />
l'absence de résidus carcinogènes.<br />
Elles sont cependant difficiles à mettre en œuvre et les réactifs<br />
sont quelquefois plus dangereux que les cytotoxiques<br />
eux-mêmes. Elles devraient être réservées à des centres<br />
manipulant de fortes quantités de cytotoxiques et disposant<br />
d'un personnel spécifiquement formé à cette tâche. Il faut se<br />
méfier de réactions simples publiées ici ou là et qui, bien<br />
qu'assurant l'inactivation du médicament, aboutissent à la<br />
formation de résidus gardant un pouvoir carcinogène ou<br />
mutagène.<br />
Recommandations concernant la réception, le<br />
rangement et la délivrance des cytotoxiques par la<br />
pharmacie<br />
L'équipe pharmaceutique ne doit pas être oubliée dans les<br />
mesures de sécurité, même dans les services qui ne procèdent<br />
pas à une reconstitution centralisée des médicaments<br />
cytotoxiques.<br />
L'ensemble du personnel pouvant être en contact avec ces<br />
produits, pour quelle que raison que ce soit, doit être sensibilisé,<br />
sans dramatisation, aux précautions particulières<br />
qu'ils nécessitent lors de leur rangement ou de leur délivrance<br />
et particulièrement si un incident se produit (bris de<br />
flacon, colis endommagé...).<br />
Ces mesures ne sont en fait qu'un renforcement des mesures<br />
habituelles.<br />
1. Réception et rangement<br />
des médicaments cytotoxiques<br />
1.1. Établir une liste exhaustive des médicaments concernés<br />
par ces mesures.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Parmi les autres médicaments présentant un risque réel bien<br />
que moindre en cas de bris de flacon, il peut être cité :<br />
CYMÉVAN®, FOSCARNET®, PENTACARINAT®,<br />
MITHRAMYCINE®, neuroleptiques, aminosides, anesthésiques<br />
volatils.<br />
Il faut insister sur les produits normalement en stock dans<br />
l'établissement (prendre par exemple la liste publiée par<br />
Dossier).<br />
Lors d'une commande et tout particulièrement s'il s'agit d'un<br />
produit nouveau ou inhabituel, apposer sur le double de la<br />
commande servant à la réception une marque (exemple :<br />
tampon ”Précautions”) visant à renforcer la vigilance du<br />
réceptionnaire.<br />
Il faut regrouper lors du stockage l'ensemble des cytotoxiques<br />
dans un endroit isolé des autres médicaments, et y<br />
apposer les consignes de sécurité et la conduite à tenir en<br />
cas de bris de flacon ou écrasement de comprimés.<br />
1.2. Distribution<br />
Lors de la distribution, il convient de :<br />
- prendre son temps,<br />
- lire attentivement le nom et le dosage (ne pas accepter de<br />
prescription en sigle) et comparer éventuellement la demande<br />
avec le protocole déposé à la pharmacie,<br />
- placer obligatoirement les flacons et ampoules dans un<br />
récipient de collecte (plateau, haricot, sac, carton...), ne pas<br />
toucher les comprimés avec les mains,<br />
- utiliser un conteneur rigide ou un sac de plastique portant<br />
les noms du service et du malade nécessaires pour la manipulation<br />
des médicaments pour l'envoi au service.<br />
Exemple :<br />
PRODUITS TRÈS ACTIFS<br />
RESPECTEZ LE PROTOCOLE DE PROTECTION<br />
1.3. Attitude immédiate en cas de bris de flacon ou d'écrasement<br />
de comprimés ou de gélules<br />
Cf supra Protection du manipulateur.<br />
1.4. Attitude immédiate en cas de réception de cartons<br />
contenant des flacons endommagés<br />
Cf supra Protection du manipulateur.<br />
1.5. Destruction des produit périmés<br />
Cf supra Protection du manipulateur.<br />
Cette liste ne se limite pas forcément aux seuls cytotoxiques.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
26
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA MANIPULATION DES EXCRETA ET<br />
DES VOMISSURES DES MALADES RECEVANT DES CYTOTOXIQUES (9, 32, 40, 69)<br />
Généralités<br />
Les mesures destinées à protéger le personnel manipulant<br />
les cytotoxiques sont maintenant bien établies. Il est loin<br />
d'en être ainsi à l'égard des excreta (urines, selles) et vomissures<br />
qui peuvent également être source d'incidents chez<br />
une catégorie de personnel moins sensibilisée aux risques<br />
que les infirmiers ou les préparateurs en pharmacie.<br />
Le risque tient au fait qu'une grande majorité des médicaments<br />
cytotoxiques se retrouve inchangée, ou sous forme de<br />
métabolites actifs, dans l'urine ou les selles et, vraisemblablement,<br />
dans la salive et la sueur des malades traités.<br />
En outre, les médicaments administrés par voie orale peuvent<br />
se retrouver dans les vomissures consécutives à leur prise.<br />
Les risques sont encore plus importants si les médicaments<br />
cytotoxiques sont administrés par voie intravésicale.<br />
Il est donc tout à fait pertinent de prévoir un protocole de<br />
protection destiné à protéger le personnel en contact avec<br />
les excreta et les vomissures des malades traités par cytotoxiques.<br />
Plus que sur des données bien établies, il repose<br />
sur le simple bon sens.<br />
Information du personnel<br />
Une information simple, non dramatisante, est la condition<br />
indispensable à la compréhension des précautions à<br />
prendre.<br />
Il n'y a, à l'heure actuelle, aucun fait permettant d'envisager<br />
une toxicité autre que locale pour les personnes manipulant<br />
les excreta.<br />
Le personnel ne doit pas oublier son devoir de réserve à<br />
l'égard du malade qui peut ignorer la nature des médicaments<br />
administrés.<br />
Mesures de protection vestimentaire<br />
1. Gants (65)<br />
Le port de gant (une ou deux paires) est la mesure minimale<br />
à respecter. La nature des gants (vinyle ou latex) fait toujours<br />
l'objet de discussion (cf supra Protection du manipulateur).<br />
Toutefois les gants en latex semblent présenter certains<br />
avantages : ils sont plus confortables, peuvent être<br />
épais, avoir des manchettes longues et serrées au poignet. `<br />
La possibilité de mettre une double paire de gants (vinyle<br />
sur latex) est envisageable.<br />
2. Blouse à poignets serrés<br />
Elle assure une protection supplémentaire en cas de renversement<br />
d'urine et de ce fait son port est fortement conseillé.<br />
En outre, elle permet de compenser le défaut d'ajustement<br />
des gants au niveau des poignets.<br />
En aucun cas la manipulation des excreta ne devra se faire<br />
avec un vêtement à manches courtes.<br />
3. Masque chirurgical et lunettes de protection<br />
L'<strong>utilisation</strong> d'un masque et de lunettes de protection est une<br />
mesure logique.<br />
Cependant elle est peu réalisable en <strong>pratique</strong> dans la<br />
chambre puisqu'elle contribue à créer un climat d'anxiété<br />
chez le malade ou l'entourage. En conséquence, ils ne<br />
devront être portés que lors du transvasement des excreta<br />
hors de la chambre ou en cas d'administration intravésicale<br />
des cytotoxiques.<br />
Matériel de recueil des excreta<br />
Le matériel de recueil (bassin, urinoir, bocal) après <strong>utilisation</strong>,<br />
est rincé abondamment à l'eau du robinet puis lavé<br />
avec un détergent habituel et à nouveau rincé. L'eau de<br />
Javel, autrefois conseillée, semble à éviter puisqu'elle peut<br />
entraîner la formation de composés toxiques avec certains<br />
anticancéreux et altère le matériel en acier inoxydable.<br />
Le matériel "contaminé" peut être identifié avec un signe de<br />
reconnaissance discret mais suffisant pour attirer l'attention<br />
du personnel sur les précautions à prendre.<br />
Élimination des excreta et vomissures<br />
Aucune règle n'est clairement établie.<br />
Certains préconisent l'incinération des excreta. Cette procédure<br />
semble abusive.<br />
Beaucoup de malades traités par cytotoxiques sont autonomes<br />
et vont dans les toilettes du service ou de la chambre.<br />
Il n'y a donc pas de raison de réserver un traitement particulier<br />
aux excreta.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
27
Évaluation thérapeutique<br />
Durée pendant laquelle il est nécessaire de respecter<br />
les mesures de protection<br />
Le temps pendant lequel les mesures de protection sont<br />
conseillées dépend de plusieurs facteurs (cf Tableau).<br />
1. Le médicament<br />
Il faut prendre en compte la demi-vie d'élimination, les<br />
voies d'élimination, le métabolisme, l'importance de l'absorption,<br />
et la causticité du médicaments anticancéreux.<br />
Si le médicament est donné pendant plusieurs jours, il<br />
convient d'additionner la durée de la cure et la durée préconisée.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
2. Le malade<br />
Une insuffisance rénale ou hépatique sont susceptibles de<br />
retarder l'élimination de certains médicaments.<br />
Une constipation ou une diarrhée peuvent modifier le temps<br />
de présence du médicament dans les selles.<br />
3. Traitements associés<br />
Certains traitements peuvent modifier l'élimination rénale,<br />
biliaire ou fécale des médicaments.<br />
MESURES DESTINÉES À RESPECTER L'ABORD VASCULAIRE<br />
LORS DE TRAITEMENTS DE COURTE DURÉE : LE RINÇAGE DE VEINE<br />
La majorité des anticancéreux est administrée par voie<br />
intraveineuse.<br />
Toutes les mesures susceptibles de protéger le faible capital<br />
veineux disponible doivent être mises en œuvre compte<br />
tenu du fait que les cures successives de médicaments généralement<br />
agressifs vont l'éprouver.<br />
Le matériel<br />
Les injections intraveineuses directes doivent être exceptionnelles<br />
et remplacées par des injections dans la tubulure<br />
de perfusion (injection dite intratubulaire).<br />
L'abord vasculaire est réalisé à l'aide d'un cathéter central<br />
ou d'un cathéter court. Des ailettes facilitent le maintien du<br />
dispositif qui doit être total. Chez ces malades, la mise en<br />
place du matériel doit être réservée à un personnel infirmier<br />
expérimenté.<br />
Le site d'abord vasculaire peut être protégé de l'environnement<br />
par un film dermique transparent ou un pansement<br />
spécifique (type VECAFIX®, PRIMAPORE®...) permettant<br />
une visualisation du point d'injection.<br />
Tout œdème ou réaction anormale (rougeur, allergie...)<br />
entraîne l'arrêt immédiat de l'injection afin de ne pas risquer<br />
les graves conséquences d'une extravasation (utiliser des<br />
antiseptiques ne colorant pas les tissus). Cependant, certains<br />
anticancéreux : fluorouracile, doxorubicine, daunorubicine...<br />
entraînent parfois une intolérance locale qui ne doit<br />
pas être confondue avec une extravasation (cf Attitude <strong>pratique</strong><br />
en cas d’extravasation d’anticancéreux).<br />
La zone d'injection<br />
Elle est <strong>pratique</strong>ment limitée aux avant-bras.<br />
Les veines situées à proximité des tendons, nerfs, artères<br />
(pli du coude, poignet) ou dans un champ d'irradiation ainsi<br />
que dans une zone soumise à un évidement ganglionnaire<br />
lymphatique sont à éviter. Les ponctions doivent se succéder<br />
de façon que la dernière piqûre soit en amont de celle<br />
qui la précède (du poignet vers le coude).<br />
Aucune injection ne doit être faite en amont d'un prélèvement<br />
sanguin en raison des risques de porosité de la veine.<br />
Ceux-ci, ou leur répétition, doivent être limités aux examens<br />
indispensables. Chaque fois que possible, des examens<br />
dans d'autres territoires vasculaires ou au bout des<br />
doigts sont réalisés.<br />
Chez les malades traités pour cancer du sein, les injections<br />
dans le bras controlatéral à la lésion sont recommandées.<br />
Cette précaution est destinée à éviter le risque, sans doute<br />
faible, d'œdème lymphatique du membre supérieur, compliqué<br />
parfois de thrombophlébite.<br />
Entre les ponctions, des pommades protectrices vasculaires<br />
peuvent être recommandées.<br />
Généralités<br />
Les traitements anticancéreux intensifs, inducteurs d'aplasies<br />
profondes et prolongées, imposent de disposer chez les<br />
patients d'un abord veineux fiable de longue durée et permettant<br />
l'administration des diverses thérapeutiques pour<br />
une bonne surveillance biologique.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
28
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Durée des mesures de protection nécessaires dans les selles et les urines.<br />
DCI Nom déposé Durée pendant laquelle les mesures Remarques<br />
de protection sont nécessaires (jours)<br />
Urines Selles<br />
Altrétamine HEXALEN® 3 0 per os : prudence en<br />
cas de vomissures*<br />
BCG IMMUCYST® 6 -<br />
Bléomycine BLÉOMYCINE Bellon® 3 -<br />
Busulfan MYLÉRAN® 12-24 h inutile per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Carboplatine PARAPLATINE® 1-3 -<br />
Carmustine BICNU® 4 -<br />
Chlorméthine<br />
CARYOLYSINE®<br />
Chlorambucil CHLORAMINOPHÈNE® 2 - per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Cisplatine CISPLATYL®, 7 -<br />
CISPLATINE®<br />
Cyclophosphamide ENDOXAN Asta® 3-4 6-7<br />
Cytarabine ARACYTINE® 24 h<br />
CYTARBEL®<br />
Dactinomycine LYOVAC® 5 8<br />
Dacarbazine DÉTICÈNE® 2 -<br />
Daunorubicine CÉRUBIDINE® 2-6 7 urines rouges<br />
Docétaxel TAXOTERE® - 7<br />
Doxorubicine ADRIBLASTINE® 6 7 urines rouges<br />
DOXORUBICINE®<br />
Elliptinium CÉLIPTIUM® 7 7<br />
Épirubicine FARMORUBICINE® 6-7 5-7 urines rouges<br />
Étoposide VÉPÉSIDE Sandoz®, 4 7 per os : prudence en<br />
CELLTOP®,<br />
cas de vomissures<br />
ETOPOSIDE®<br />
Fluorouracile FLUOROURACILE® 1-2 1 per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Fotémustine MUPHORAN® 2 2<br />
* désinfection par un volume égal d’hypochlorite de sodium à 0,5 %<br />
et laissée en contact pendant 15 minutes avant élimination.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 29
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Durée des mesures de protection nécessaires dans les selles et les urines (suite)<br />
DCI Nom déposé Durée pendant laquelle les mesures Remarques<br />
de protection sont nécessaires (jours)<br />
Urines Selles<br />
Gemcitabine GEMZAR® 1-2<br />
Hydroxyurée HYDRÉA® 2 - per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Ifosfamide HOLOXAN® 2-4 7<br />
Lomustine BÉLUSTINE® 4 - per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Melphalan ALKÉRAN® 2 6-7 per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Mercaptopurine PURINÉTHOL® 2 5 per os : prudence en<br />
cas de vomissures<br />
Mitomycine C AMÉTYCINE® 3 7<br />
Méthotrexate LEDERTREXATE® 3 7 per os : prudence en<br />
MÉTHOTREXATE®<br />
cas de vomissures<br />
présent dans la salive<br />
Mitoxantrone NOVANTRONE® 6 7 urines bleu-vert<br />
Oxaliplatine ELOXATINE® 4<br />
Pentostatine NIPENT® 60 -<br />
Pirarubicine THÉPRUBICINE® 3 6 urines bleu-vert<br />
Procarbazine NATULAN® 2 -<br />
Raltitrexed TOMUDEX® 5-7<br />
Streptozocine ZANOSAR® 3 -<br />
Téniposide VÉHEM® Sandoz 4 7<br />
Thioguanine LANVIS® 5 5<br />
Thiotépa THIOTEPA Lederlé® per os 1 -<br />
IV 3 à 4<br />
Topotécan HYCAMTIN® 5-7<br />
Vinblastine VELBÉ® 4 7 Précautions prolongées<br />
VINBLASTINE Bellon®<br />
au-delà de 7 jours pour<br />
les selles en cas de constipation<br />
induite<br />
Vincristine ONCOVIN® 4 7-10 idem<br />
VINCRISTINE®<br />
Vindésine ELDISINE® 5 idem<br />
Vinorelbine NAVELBINE® - 7<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 30
Évaluation thérapeutique<br />
Information du malade<br />
Avant le début de l'injection, le patient est informé qu'il doit<br />
immédiatement signaler toute réaction anormale au niveau<br />
du territoire perfusé, telle que sensation de brûlure, picotement,<br />
douleur...<br />
Le rinçage de veine<br />
Avant toute injection, 5 à 20 ml de solution de perfusion<br />
sont injectés puis une petite quantité de sang est aspirée afin<br />
de vérifier le bon positionnement de l'aiguille et l'absence<br />
de fuite. Au moindre doute, le dispositif est ôté et le malade<br />
repiqué à un autre endroit.<br />
Le cytotoxique est ensuite injecté lentement (environ 5 ml<br />
par minute) dans le site d'injection du perfuseur en respectant<br />
toutes les mesures destinées à protéger le manipulateur<br />
(seringue à verrou, compresses stériles pour le retrait de<br />
l'aiguille, gants, blouse à poignet serré... cf infra Annexe).<br />
Aspirer du sang régulièrement dans la seringue pour tester<br />
le retour.<br />
Après injection, 10 à 50 ml de solution de perfusion sont<br />
perfusés afin d'entraîner le cytotoxique dans le torrent circulatoire<br />
et rincer l'endothélium veineux.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Si plusieurs cytotoxiques sont à injecter, il faut utiliser des<br />
seringues différentes.<br />
Il est souvent préconisé de commencer par le cytotoxique le<br />
plus irritant (cf infra Attitude <strong>pratique</strong> en cas d’extravasation<br />
de cytotoxiques) et d'aller par ordre décroissant de toxicité.<br />
Cet ordre est suggéré par le fait que le malade est plus<br />
attentif en début de traitement et que l'intégrité vasculaire<br />
tend à décroître à chaque séquence d'administration de<br />
cytotoxiques.<br />
Cette mesure, quelquefois contestée, ne se justifie plus lorsqu'il<br />
est important d'injecter des cytotoxiques selon une<br />
séquence particulière.<br />
Un rinçage de veine est pratiqué entre chaque injection.<br />
En cas d'extravasation, adopter le protocole détaillé dans le<br />
chapitre : Attitude <strong>pratique</strong> en cas d'extravasation de médicaments<br />
cytotoxiques(cf infra).<br />
Malgré ces précautions et du fait de la répétition des injections,<br />
le réseau veineux devient souvent d'accès quasi<br />
impossible.<br />
Le recours à des techniques désormais courantes est logique<br />
dès qu’il est su que le malade est susceptible de recevoir<br />
une chimiothérapie répétée : cathéters centraux tunnellisés<br />
ou non, chambres implantables...<br />
SYSTÈME D'ADMINISTRATION DES CYTOTOXIQUES LORS DE PERFUSIONS DE<br />
LONGUE DURÉE : PRÉSENTATION, ENTRETIEN, COMPLICATIONS ÉVENTUELLES<br />
(12, 18, 19, 24, 29, 30, 41, 48, 50, 51)<br />
L'abord veineux périphérique, malgré la facilité du geste<br />
technique, ne répond pas à cet impératif puisque le capital<br />
veineux disponible, <strong>pratique</strong>ment limité à l'avant-bras, se<br />
dégrade rapidement.<br />
L'abord veineux central répond mieux aux nécessités imposées<br />
par l'administration au long cours des médicaments<br />
cytotoxiques. Il économise le capital veineux et apporte un<br />
"confort" relatif au malade traité.<br />
Toutefois la pose et la maintenance de tout système exige<br />
une technicité et une asepsie rigoureuse en raison du risque<br />
de complications hémorragiques, infectieuses et thromboemboliques.<br />
- sous-clavière : relativement facile pour la pose et la tunnellisation<br />
mais exposant aux risques d'épanchements liquidiens<br />
ou gazeux...<br />
- jugulaire interne : moins dangereuse, mais plus difficile<br />
sur le plan technique et exposant plus souvent le malade aux<br />
complications infectieuses,<br />
- fémorale : facile quant au geste technique mais exposant<br />
plus facilement aux risques de thrombose en raison du trajet<br />
important dans la veine cave inférieure.<br />
Les différents systèmes d’administration<br />
1. Cathéters longs extériorisés<br />
Le choix du matériel est fonction de la voie d'abord, de la<br />
durée du traitement, du rythme des cycles, des médicaments<br />
utilisés et de son coût.<br />
L'accès veineux peut être réalisé par voie :<br />
1.1. Description<br />
Les matériaux constitutifs des cathéters longs extériorisés<br />
doivent être choisis pour leur inertie vis-à-vis des tissus :<br />
polyéthylène, silicone, polyuréthane. Leur biocompatibilité<br />
avec les médicaments perfusés est rarement connue.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
31
Évaluation thérapeutique<br />
L'abord central, dans un gros tronc veineux ou artériel, est<br />
mis en place sous anesthésie locale ou générale au moyen<br />
d'un introducteur.<br />
Certains cathéters sont à double ou triple lumière et permettent<br />
l'administration simultanée ou séquentielle de<br />
médicaments ayant des débits ou des viscosités différents<br />
ou présentant des incompatibilités physicochimiques. La<br />
pose de ces cathéters majore le risque de complication<br />
infectieuse.<br />
D'autres cathéters, dits "à manchon" ou de Broviac-<br />
Hickmann, présentent à l'extrémité du trajet sous-cutané de<br />
tunnellisation, juste avant l'émergence cutanée, un manchon<br />
de Dacron®. Dans les jours suivants la pose, le manchon est<br />
colonisé par les cellules conjonctives du tissu sous-cutané<br />
permettant un très bon maintien du cathéter, donc un risque<br />
de déplacement et d'ablation réduit. Le système constitue<br />
également une barrière efficace contre la colonisation du<br />
trajet de tunnellisation. En contrepartie leur retrait nécessite<br />
un acte chirurgical.<br />
1.2. Manipulation<br />
La manipulation des cathéters longs extériorisés comprend :<br />
- la préparation du matériel nécessaire au soin et à l'habillement,<br />
- le port de masque, le lavage des mains et le port de gants<br />
d'examen stériles,<br />
- la décontamination cutanée selon le protocole habituel du<br />
service,<br />
- la recherche d'un reflux sanguin avant l'injection de médicaments<br />
; en cas d'absence de reflux, il faut injecter du chlorure<br />
de sodium à 0,9 % en vérifiant l'absence de fuite mais<br />
ne jamais injecter de force,<br />
- le rinçage au chlorure de sodium à 0,9 % après chaque<br />
manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque injection<br />
de médicament,<br />
- une héparinisation (cf infra),<br />
- la réfection du pansement selon le protocole suivant :<br />
. désinfecter le point d'émergence cutanée, puis la partie<br />
externe du cathéter et enfin la peau,<br />
. rincer, sécher,<br />
. fixer le cathéter puis le recouvrir d'un pansement stérile,<br />
. recouvrir aussi le point de ponction d'un pansement stérile<br />
ce qui permet l'héparinisation du cathéter sans obligation<br />
de refaire totalement le pansement.<br />
1.3. Surveillance<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Lors de l’<strong>utilisation</strong> d’un cathéter long extériorisé il faut<br />
surveiller :<br />
- le maintien du cathéter en vérifiant que la longueur externe<br />
du cathéter n'a pas diminué et que la fixation est bonne,<br />
- l’état cutané en vérifiant l'absence de douleur, de rougeur,<br />
de chaleur...<br />
- la température en pratiquant une hémoculture en cas de fièvre,<br />
- la perméabilité du cathéter et l’existence de fuite : il faut<br />
prévenir le médecin en cas d'anomalies.<br />
Remarques<br />
— Pour limiter les risques infectieux, le cathéter peut être<br />
tunnellisé sous la peau afin de faire ressortir le point de<br />
ponction cutané à distance du point de pénétration vasculaire.<br />
Pour éviter tout déplacement ou ablation, volontaire<br />
ou non, la pose de fils de maintien est indispensable.<br />
— Chez le nouveau-né et le nourrisson, il est prudent de<br />
choisir des cathéters de calibre le plus faible possible afin<br />
de réduire les complications infectieuses. Dans ce cas, des<br />
cathéters centraux simples (non tunnellisés ou sans manchon)<br />
peuvent être utilisés.<br />
2.1. Description<br />
2. Chambres à cathéter implantable<br />
(ou sites implantables)<br />
Une chambre à cathéter implantable ou site implantable est<br />
un dispositif implanté sous la peau et permettant des injections<br />
intraveineuses, intra-artérielles ou autres, répétées ou<br />
discontinues par simple injection sous-cutanée.<br />
Il est composé de 2 parties : un réservoir ou chambre et un<br />
cathéter.<br />
* Réservoir ou chambre<br />
Le réservoir se trouve directement en position sous-cutanée.<br />
Il peut être en acier inoxydable, en titane ou de préférence<br />
en silicone, en polyuréthane ou en résine.<br />
Il comporte des dispositifs de fixation. Sa partie supérieure<br />
est constituée d'un septum épais pouvant être perforé à multiples<br />
reprises, sans risque de fuite, par des aiguilles spéciales<br />
dites de Huber. De nombreux modèles d'aiguilles<br />
existent, certaines permettant un maintien solide à la chambre.<br />
Certains gestes sont à ne jamais effectuer :<br />
- faire des manœuvres de désobstruction sous pression (cf infra),<br />
- en cas d’un éventuel déplacement du cathéter : ne jamais<br />
injecter avant d'avoir vérifié sa position grâce à un contrôle<br />
radiologique.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
32<br />
* Cathéter<br />
Un cathéter en polyuréthane ou en silicone relie le réservoir<br />
au site central qui peut être intraveineux, intra-artériel,<br />
intrapéritonéal, intrarachidien, péridural ou intraventriculaire.<br />
Le plus souvent le cathéter est indépendant du réservoir<br />
pour faciliter la pose.
Évaluation thérapeutique<br />
Un système de verrouillage assure une étanchéité et une<br />
solidité parfaite au niveau de la jonction avec la chambre.<br />
2.2. Pose<br />
La pose d’une chambre à cathéter implantable est un acte<br />
chirurgical réalisé sous anesthésie générale ou locale. Pour<br />
un opérateur entraîné, l'intervention dure une quinzaine de<br />
minutes.<br />
Certains systèmes nécessitent, pour la pose du cathéter, un<br />
introducteur de gros calibre. Cette technique n'est pas sans<br />
risque chez les malades d'oncologie du fait de la fréquence<br />
de nombreux troubles de l'hémostase : thrombopénies,<br />
thrombopathies, coagulopathies de consommation.<br />
2.3. Manipulation<br />
La manipulation des cathéters longs extériorisés demande<br />
une rigueur extrême ; elle comprend :<br />
- la préparation du matériel nécessaire au soin et à l'habillement,<br />
- le port de masque, le lavage des mains et le port de gants<br />
d'examen stériles,<br />
- après vérification de l'état cutané et repérage du lieu d'injection<br />
par palpation et désinfection cutanée, le ponctionnement<br />
de la chambre par une aiguille de Huber ; pour les perfusions<br />
continues, il faut utiliser une aiguille coudée ou un<br />
dispositif permettant une accroche solide,<br />
- la vérification de la perméabilité du système,<br />
- le rinçage au chlorure de sodium isotonique après chaque<br />
manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque produit<br />
injecté,<br />
- le rinçage au chlorure de sodium à 0,9 % après chaque<br />
manipulation, chaque prélèvement ou entre chaque injection<br />
de médicament,<br />
- une héparinisation (cf infra),<br />
- la réfection du pansement.<br />
2.4. Surveillance<br />
Lors de l’<strong>utilisation</strong> d’une chambre à cathéter implantable<br />
il faut surveiller :<br />
- la bonne position de la chambre par simple palpation,<br />
- l’état cutané en vérifiant l'absence de douleur, de rougeur,<br />
de chaleur...<br />
- le maintien de la perméabilité du système, par injection<br />
d'une solution d'héparine (5 ml d'une solution à 100 UI/ml),<br />
Il faut prévenir le médecin en cas d'anomalie.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
3. Pompes pour chimiothérapie<br />
Les systèmes précédents peuvent être connectés à une<br />
pompe qui améliore la sécurité, la régularité d'administration<br />
et la tolérance des médicaments voire leur efficacité<br />
pour certains.<br />
Le confort du malade en est le plus souvent amélioré.<br />
Les pompes destinées à un malade alité sont homologuées<br />
dans les catégories "appareils d'injection et de perfusion".<br />
En revanche, les pompes portables destinées à un patient<br />
ambulatoire pour injection continue et programmée sont<br />
homologuées dans la catégorie "injecteur pour chronothérapie".<br />
Les principaux types de pompe sont les pousse-seringues,<br />
les pompes externes, les pompes implantables et les diffuseurs.<br />
3.1. Pousse-seringue<br />
Les pousse-seringues possèdent un moteur qui entraîne le<br />
piston de la seringue selon un débit programmable (0,01 à<br />
50 ml/heure).<br />
3.2. Pompes externes<br />
Les pompes externes sont, comme leur nom l'indique,<br />
situées à l'extérieur de l'organisme dans une poche accrochée<br />
à une ceinture.<br />
Type CORMED®<br />
Les pompes externes de type CORMED® ont une autonomie<br />
de 72 heures. Elles permettent une perfusion continue<br />
de bonne qualité grâce à la présence d’une pompe péristaltique.<br />
Leur réservoir contient 60 ml. Le réglage du débit se<br />
fait par un dispositif annexe et peut aller de 10 à 50 ml par<br />
24 heures.<br />
Leur principal inconvénient est l'absence de système d'alarme.<br />
Type DELTEC CADD 1®<br />
Les pompes externes de type DELTEC CADD 1® peuvent<br />
être programmées de 0,1 à 299 ml/ 24 heures. Leur autonomie<br />
est de 5 à 10 jours. Leur réservoir a une capacité de 50<br />
à 100 ml, avec extension possible jusqu’à 250 ml.<br />
Elle sont pourvues d'un système d'alarme.<br />
3.3. Pompes implantables<br />
Les pompes implantables assurent un meilleur confort des<br />
patients mais sont limitées à la chimiothérapie intra-artérielle<br />
régionale. Elles sont très onéreuses.<br />
Comme les chambres implantables, elles sont constituées<br />
d'un réservoir et d'un cathéter.<br />
Placé sous anesthésie générale, le cathéter est connecté à la<br />
circulation artérielle hépatique. Le remplissage du réservoir<br />
est réalisé par voie sous-cutanée toutes les 2 ou 3 semaines.<br />
Le débit est de 1 à 10 ml/jour avec possibilité de bolus pour<br />
certaines. Il en existe 2 types.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
33
Évaluation thérapeutique<br />
Type INFUSAID®<br />
Les pompes implantables de type INFUSAID® ne possèdent<br />
pas de moteur mais un réservoir de fréon comprimé en<br />
équilibre avec sa phase liquide. Une membrane sépare ce<br />
réservoir du compartiment dans lequel est placé le médicament<br />
cytotoxiques. Le fréon, en se détendant, appuie sur la<br />
membrane et entraîne la perfusion du médicament. Le<br />
réservoir peut contenir 50 ml de solution et le débit est voisin<br />
de 2 à 2,5 ml/ 24 heures. Le problème essentiel réside,<br />
du fait de la présence de fréon, dans la variabilité du débit<br />
en fonction de paramètres multiples : température externe<br />
ou corporelle, altitude, pression artérielle ou atmosphérique.<br />
Type MEDTRONIC®<br />
Les pompes implantables de type MEDTRONIC® possèdent<br />
un moteur péristaltique commandé par un microprocesseur.<br />
Ce mécanisme peut être réglé par télémétrie. Le<br />
débit n'est pas influencé par les paramètres externes. Le<br />
réservoir de médicament a une contenance de 18 ml. Ce<br />
type de pompe dispose d'un système d'alarme.<br />
3.3. Complications des pompes pour chimiothérapie<br />
- Occlusion ou déplacement du cathéter.<br />
- Hépatite toxique, cholangite sclérosante, ulcères gastroduodénaux.<br />
- Arrêt de la pompe ou variation de débit avec risque de surdosage.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Il en existe à l'heure actuelle plusieurs modèles. Le choix du<br />
diffuseur se fait sur trois caractéristiques fixées à l'avance :<br />
- volume (de 48 à 250 ml),<br />
- débit (de 0,5 à 250 ml/h),<br />
- autonomie (de 1 à 120 heures).<br />
La dilution du médicament doit être ajustée en fonction du<br />
diffuseur choisi.<br />
Sur certains modèles, il est possible d'effectuer des bolus<br />
s'ajoutant à la perfusion continue de base.<br />
4.2. Manipulation des réservoirs en latex<br />
Le réservoir est rempli à l'aide d'une seringue à verrou dans<br />
laquelle a été réalisée la dilution du médicament. Après<br />
connexion de celle-ci sur le site de remplissage, la base du<br />
piston est placée sur le plan de travail et une forte pression<br />
verticale est exercée de haut en bas sur le corps de la<br />
seringue pour effectuer le transfert de la solution.<br />
Le diffuseur est prêt à l'emploi après retrait de la seringue,<br />
purge et mise en place du protecteur.<br />
4.3. Surveillance<br />
Elle porte essentiellement sur le réglage du débit qui peut<br />
s'accroître en cas d'hyperthermie. Dans ce cas, le corps du<br />
diffuseur doit être placé dans un sac afin d'empêcher le<br />
contact cutané.<br />
4. Diffuseurs<br />
Héparinisation et désobstruction des cathéters<br />
Baxter : INFUSEUR®, INTERMATE®<br />
Zambon Biomedica : HOMEPUMP®<br />
Frésénius : THERATRON®<br />
1.1. But<br />
1. Héparinisation des cathéters<br />
4.1. Description<br />
Les diffuseurs pour chimiothérapie sont portables, autonomes,<br />
non réutilisables, inscrits au TIPS (tarif interministériel<br />
des prestations sanitaires).<br />
Ces dispositifs externes fonctionnent sans apport d'énergie<br />
extérieure et permettent l'administration de médicaments<br />
par voie intraveineuse, à débit constant. Ils comprennent :<br />
- soit un réservoir en latex en forme de ballon et un corps en<br />
plastique le protégeant ; soit une seringue de 60 ml dont le<br />
piston est poussé sous l’action d’un dégagement d’hydrogène<br />
produit par une réaction électrochimique,<br />
- une tubulure de raccordement munie d'un régulateur de<br />
débit et d'un filtre.<br />
L’héparinisation des cathéters vise à éviter l'obstruction<br />
cruorique du cathéter.<br />
1.2. Comment ?<br />
Il faut injecter l'héparine sodique dans la lumière du cathéter<br />
ou dans la chambre implantable préalablement rincée<br />
par du chlorure de sodium isotonique afin d’éviter une précipitation<br />
éventuelle avec les médicaments cytotoxiques,<br />
notamment les anthracyclines.<br />
1.3. Quand ?<br />
L’héparine doit être injectée près chaque manipulation :<br />
injection, perfusion, prélèvement sanguin, transfusion.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
34
Évaluation thérapeutique<br />
L’héparinisation doit se faire toutes les 4 à 6 semaines pour<br />
les cathéters totalement implantés.<br />
Entre les cures de chimiothérapie, elle doit être pratiquée<br />
tous les 15 jours pour les cathéters à émergence cutanée.<br />
1.4. Quelle solution injecter ?<br />
La concentration optimale des solutions d'héparine à utiliser<br />
n'est pas codifiée de façon formelle. Actuellement les<br />
plus utilisées varient de 100 à 500 unités/ml. Des ampoules<br />
ou des flacons prêts à l'emploi et contenant 100 UI/ml<br />
(ampoules DAKOTA® de 5 ml) ou 333 UI/ml (flacons<br />
SOLUDIA® de 5 ml) sont commercialisés. Ils portent la<br />
mention "Ne pas injecter" ou "pour rinçage du cathéter central"<br />
afin d'éviter toute confusion avec l'héparine à dose thérapeutique.<br />
1.5. Technique<br />
Après <strong>utilisation</strong> du système d'administration centrale, il<br />
convient de :<br />
- rincer le cathéter avec 10 ml de chlorure de sodium isotonique,<br />
- fermer le cathéter avec un bouchon obturateur à membrane,<br />
- désinfecter la membrane,<br />
- injecter au travers 500 à 1000 UI d'héparine sodique.<br />
Au moment du retrait de l'ensemble de la seringue et de<br />
l’aiguille, il faut veiller à maintenir une pression sur le piston<br />
de la seringue afin d'éviter tout reflux sanguin dans la<br />
lumière du cathéter.<br />
2. Désobstruction des cathéters<br />
2.1. Gestes à ne pas effectuer<br />
Lors de la désobstruction des cathéters, il ne faut jamais<br />
tenter de :<br />
- désobstruer un cathéter sous pression : le cathéter risque<br />
de se fissurer, de se rompre et de migrer dans la circulation<br />
sanguine (embolie de cathéter),<br />
- utiliser de seringue de faible volume (seringue de 1 ou 2<br />
ml, voire seringue à insuline) : leur <strong>utilisation</strong> est très dangereuse<br />
en raison de la très forte pression qu'elles permettent<br />
d'exercer sur un cathéter "bouché".<br />
2.2. Procédure à suivre<br />
En <strong>pratique</strong>, la procédure à suivre est la suivante :<br />
* Tenter une désobstruction à l’héparine : 5000 UI d'héparine<br />
sodique dans 3 ml de chlorure de sodium isotonique.<br />
Attendre 5 minutes.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
* En cas d'échec de l’héparinisation tenter une désobstruction<br />
à l'UROKINASE® :<br />
- préparer une seringue contenant 10 ml de chlorure de<br />
sodium isotonique et une contenant 8 ml de solution<br />
d'UROKINASE® à 5000 UI/ml (2 ml d'UROKINASE<br />
Choay 100 000 UI® + 6 ml de chlorure de sodium isotonique).<br />
- ouvrir le cathéter, en respectant les précautions d’asepsie,<br />
le clamper, injecter, sans forcer, 1 à 2 ml de la solution<br />
d'UROKINASE® diluée et laisser en contact 20 à 30<br />
minutes ; des manœuvres d'aspiration et de réinjection<br />
douces à l'aide de la seringue d’UROKINASE® sont possibles,<br />
- en cas d'échec, utiliser une préparation d'UROKINASE®<br />
pure sous contrôle médical,<br />
- dès que le sang reflue de nouveau dans la lumière du<br />
cathéter, le rincer avec la seringue de chlorure de sodium<br />
isotonique.<br />
En cas de nouvel échec, il ne faut pas insister. L'obstruction,<br />
vraisemblablement consécutive à l'injection de médicaments<br />
incompatibles doit être considérée comme définitive.<br />
La seule solution consiste à ôter le système et à en reposer<br />
un nouveau.<br />
Complications infectieuses liées aux abords veineux<br />
centraux (61)<br />
Les infections liées aux abords veineux centraux représentent<br />
près d'un quart des infections nosocomiales. Un cathéter<br />
sur dix en moyenne va s'infecter dont la moitié avec une<br />
bactériémie décelable.<br />
1.1. Localisation du cathéter<br />
1. Facteurs de risque<br />
La voie jugulaire expose plus à l'infection que la voie sousclavière.<br />
1.2. Nature du cathéter<br />
Le risque est décroissant suivant que le cathéter est en chlorure<br />
de polyvinyle, en téflon, en polyuréthane ou en silicone.<br />
Le risque infectieux semble identique suivant que le cathéter<br />
est de type Hickman, chambre implantable ou simple.<br />
En revanche les cathéters multilumières exposent le malade<br />
à un risque supérieur.<br />
1.3. Durée de présence dans l'organisme<br />
L'incidence des complications infectieuses est corrélée à la<br />
durée d'implantation du système d'administration centrale.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
35
Évaluation thérapeutique<br />
2. Origine des infections<br />
Les infections liées aux abords veineux centraux résultent<br />
le plus souvent de leur colonisation le long du trajet<br />
sous–cutané par la flore saprophyte au niveau de l'émergence<br />
cutanée. La colonisation du cathéter par sa lumière<br />
interne, depuis les sites de branchement, est également fréquente.<br />
Les bactéries viennent s'agréger à la surface du matériel<br />
d'autant plus facilement que certaines (staphylocoques coagulase<br />
négative) entraînent, à la surface interne, la formation<br />
d'une substance polysaccharidique (glycolyx ou slime).<br />
3. Diagnostic des infections<br />
Le diagnostic clinique des infections liées aux abords veineux<br />
centraux n'est pas aisé en l'absence de suppuration<br />
franche au point d'émergence cutanée. Il repose sur l'existence<br />
d'une inflammation douloureuse du trajet sous-cutané<br />
et/ou l'existence d'un syndrome fébrile inexpliqué par<br />
ailleurs et confirmé éventuellement par la découverte, à<br />
l'hémoculture, d'une bactériémie.<br />
L'affirmation de cette infection n'est obtenue qu'après mise<br />
en culture de l'extrémité du cathéter. Différentes techniques<br />
existent (Maki, Cleri, Scherertz...).<br />
Cette <strong>pratique</strong> nécessite l'ablation du cathéter qui, dans bien<br />
des cas, aurait pu être laissé en place puisque non infecté<br />
d'où l'intérêt de développer des techniques comme les<br />
hémocultures semi-quantitatives sur cathéter.<br />
4. Épidémiologie bactérienne<br />
Actuellement il semble que la majorité des infections documentées,<br />
liées aux abords veineux centraux sont dues aux<br />
Staphylocoques coagulase négatif (S. epidermidis surtout<br />
puis saprophyticus, hominis et hæmolyticus) qui peuvent<br />
être responsables de septicémies.<br />
Les autres germes les plus fréquemment rencontrés sont<br />
Staphylococcus aureus, les bactéries à Gram négatif en particulier<br />
: bacille pyocyanique et Acinetobacter, les Candida<br />
(species, tropicalis, krusei...). Il convient de remarquer également<br />
l'incidence et la gravité croissante des infections à<br />
Bacillus species et des infections polymicrobiennes.<br />
5. Attitudes thérapeutiques<br />
Dès qu'une infection liée au système d'administration centrale<br />
est suspectée, deux attitudes sont de règle :<br />
- instituer une antibiothérapie systématique empirique,<br />
- rechercher le germe et le foyer infectieux.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Les autres gestes dépendent de la gravité de l'infection et<br />
amènent le médecin à s'interroger sur la nécessité du retrait<br />
du dispositif central. Le retrait du cathéter ne doit pas être<br />
systématique.<br />
En cas de choc septique, et en dehors de toute autre origine<br />
vraisemblable, le retrait du cathéter ne se discute pas. Il est<br />
accompagné d'une recherche bactériologique comme précédemment<br />
exposé et d'une mise sous antibiothérapie, particulièrement<br />
si le malade est aplasique.<br />
En dehors du choc septique, il est possible d'adopter la<br />
même attitude. Mais il peut être envisagé de changer le<br />
cathéter ou de le laisser en place sous contrôle d'une antibiothérapie<br />
systématique à large spectre. Cette attitude doit<br />
être réévaluée après 48 à 72 heures en fonction de l'état clinique<br />
du malade et des résultats bactériologiques.<br />
Si l'état infectieux s'améliore et si les cultures sont négatives,<br />
le cathéter peut être laissé en place, mais l'antibiothérapie<br />
doit être maintenue jusqu'à disparition de la fièvre et<br />
retour des neutrophiles à des chiffres acceptables.<br />
En cas de staphylocoque coagulase négatif, le retrait du<br />
cathéter ne se justifie que si l'état infectieux persiste malgré<br />
l'introduction d'une antibiothérapie adaptée associant, selon<br />
des combinaisons empiriques, différents antistaphylococciques<br />
(glycopeptides, rifampicine, fosfomycine, acide<br />
fusidique, fluoroquinolones...) et éventuellement des bêtalactamines<br />
à large spectre, voire des aminosides.<br />
Lorsque les infections sont causées par d'autres germes<br />
notamment Pseudomonas, levures, Bacillus, l'ablation est<br />
considérée comme l'attitude la plus sage associée à une<br />
antibiothérapie poursuivie 15 à 30 jours.<br />
Dans le cas où le dispositif d'administration central est<br />
maintenu en place, la technique du "verrou antibiotique" est<br />
souvent préconisée. Elle consiste à placer chaque jour dans<br />
la lumière du cathéter 2 ml de chlorure de sodium isotonique<br />
mélangé à un antibiotique aminosidique ou glycopeptidique<br />
à concentration suffisante (ex : 3 à 5 mg d'amikacine).<br />
Dans le cas des cathéters multilumières, le verrou<br />
doit être réalisé dans chacune d'entre elles.<br />
Malgré quelques complications toujours possibles, la technologie<br />
actuelle permet de dispenser aux malades leur chimiothérapie<br />
anticancéreuse à domicile ou en hospitalisation<br />
de jour sans les priver ou les éloigner trop longtemps de leur<br />
environnement familial, affectif ou professionnel, mais en<br />
les éloignant des germes hospitaliers sélectionnés et multirésistants.<br />
Le respect d’une technique appropriée d'injection doit permettre<br />
de prévenir le risque d’extravasation.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
36
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
ATTITUDE PRATIQUE EN CAS D'EXTRAVASATION D’ANTICANCÉREUX<br />
Une extravasation survient au cours d'1 à 5 % des traitements<br />
chimiothérapeutiques et peut conduire à des complications<br />
sévères si un traitement n'est pas entrepris dès la<br />
prise de conscience de l'incident.<br />
Reconnaissance d'une extravasation<br />
et de ses complications<br />
Une extravasation doit être suspectée en cas de :<br />
- patient se plaignant de brûlures, de picotements, de douleur<br />
ou de tout autre symptôme au point d'injection,<br />
- induration ou œdème au point d'injection,<br />
- absence de retour sanguin après aspiration par la seringue.<br />
(4, 7, 9, 15, 23, 33, 34, 37, 47, 57, 63, 73)<br />
La réaction nécrotique survient dans la première semaine et<br />
peut évoluer sur 3 à 6 semaines, voire plus.<br />
Les conséquences d'une extravasation au niveau du poignet,<br />
du dos de la main, de la surface antérieure de l'avant-bras ou<br />
sur un "gros bras" sont à redouter tout particulièrement.<br />
Les phénomènes liés à l'extravasation d'un médicament<br />
anticancéreux ne doivent pas être confondus avec une intolérance<br />
locale propre à certains produits (fluorouracile, daunorubicine,<br />
doxorubicine...).<br />
Risques potentiels des anticancéreux<br />
Ces réactions locales peuvent évoluer vers une simple réaction<br />
inflammatoire jusqu'à une nécrose dermo-hypodermique<br />
ou un placard scléreux pouvant atteindre les tendons<br />
et les os.<br />
Il est habituel de distinguer 3 niveaux de risques liés à l'extravasation<br />
des anticancéreux : survenue de nécroses<br />
sévères, d’irritation ou absence de réactions sévères. Les<br />
médicaments non cités dans le tableau ci-dessous doivent,<br />
par mesure de prudence, être considérés comme à risque<br />
sévère.<br />
Risques liés à l’extravasation des anticancéreux<br />
Médicaments responsables de nécroses sévères (médicaments dits vésicants)<br />
Actinomycine (DACTINOMYCINE®) Doxorubicine (ADRIBLASTINE®) Pirarubicine (THÉPRUBICINE®)<br />
Amsacrine (AMSIDINE®) Elliptinium (CÉLIPTIUM®) Plicamycine (MITHRAMYCINE®)<br />
Carboplatine* (PARAPLATINE®) Épirubicine (FARMORUBICINE®) Vinblastine (VELBÉ®)<br />
Chlorméthine (CARYOLYSINE®) Idarubicine (ZAVEDOS®) Vincristine (ONCOVIN®)<br />
Cisplatine* (CISPLATYL®) Mitomycine (AMÉTYCINE®) Vindésine (ELDISINE®)<br />
Daunorubicine (CÉRUBIDINE®) Mitoxantrone* (NOVANTRONE®) Vinorelbine (NAVELBINE®)<br />
Médicaments responsables d'irritation<br />
Carmustine (BICNU®) Ifosfamide (HOLOXAN®) Pentostatine (NIPENT®)<br />
Cyclophosphamide (ENDOXAN®) Melphalan (ALKÉRAN®) Streptozocine (ZANOSAR®)<br />
Dacarbazine (DÉTICÈNE®) Oxaliplatine (ELOXATINE®) Téniposide (VÉHEM Sandoz®)<br />
Docétaxel (TAXOTÈRE®) Paclitaxel (TAXOL®) Thiotépa (THIOTÉPA Lederle®)<br />
Médicaments n'entraînant pas de réactions sévères<br />
Asparaginase (KIDROLASE®) Étoposide (VÉPÉSIDE Sandoz®, Méthotrexate (MÉTHOTREXATE®,<br />
Bléomycine (BLÉOMYCINE®) CELLTOP®) LEDERTREXATE®)<br />
Cladribine (LEUSTATINE®) Fluorouracile (FLUOROURACILE®) Mitoguazone (MÉTHYL GAG®)<br />
Cytarabine (ARACYTINE®, Fludarabine (FLUDARA®) Raltitrexed (TOMUDEX®)<br />
CYTARBEL®) Gemcitabine (GEMZAR®) Topotécan (HYCAMTIN®)<br />
Daunorubicine liposomale<br />
Irinotécan (CAMPTO®)<br />
(DAUNOXOME®)<br />
(*) Avis divergents quant à l'importance du risque.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
37
Évaluation thérapeutique<br />
Conduite en cas d'extravasation (33, 34)<br />
1. Traitement immédiat<br />
Le traitement doit être immédiat<br />
Il doit tenir compte de la sévérité de la réaction réelle ou<br />
anticipée en fonction du tableau précédent et peut être divisée<br />
en 3 séries de mesures.<br />
2. Protocole général<br />
en l'absence d'antidote spécifique<br />
Le protocole développé ci-dessous est donné à titre<br />
d’exemple ; d'autres peuvent être envisagés.<br />
Il est à mettre en route pour tout cytotoxique quel que soit<br />
le niveau de risque et est habituellement considéré comme<br />
suffisant pour les médicaments cytotoxiques irritants ou<br />
n'entraînant pas de risque sévère.<br />
2.1. Arrêt de la perfusion<br />
2.2. Conserver le dispositif d'injection en place (aiguille,<br />
microfuseur, cathéter...). Si le dispositif a été ôté, il faut<br />
commencer le protocole concerné (cf supra<br />
Recommandations concernant la réception, le rangement et<br />
la délivrance des médicaments cytotoxiques par la pharmacie).<br />
2.3. Aspirer, si possible, 3 à 5 ml de sang pour retirer le<br />
maximum de cytotoxiques<br />
2.4. Injecter par l'aiguille 5 à 10 ml de chlorure de sodium<br />
isotonique afin de diluer le médicament<br />
2.5. À l'aide d'une aiguille courte aspirer, par voie souscutanée,<br />
le maximum de liquide infiltré.<br />
Cette mesure douloureuse, non recommandée par tous les<br />
spécialistes, peut être réalisée sous couvert d'un spray ou<br />
d'une crème anesthésique locale.<br />
2.6. Délimiter les contours du territoire extravasé par un<br />
crayon dermographique indélébile (certains préconisent de<br />
prendre une photographie)<br />
2.7. Prévenir immédiatement un médecin et envisager<br />
l'administration d'un antidote spécifique s'il existe (cf<br />
protocole spécifique) ou la suite des mesures à mettre en<br />
œuvre. Noter sur le dossier du malade tous les paramètres<br />
importants : médicament extravasé, concentration, volume<br />
extravasé estimé, territoire, état du site...<br />
2.8. En l'absence de mesures spécifiques retirer le dispositif<br />
d'injection si celui-ci a été conservé (cf supra<br />
Héparinisation et désobstruction des cathéters)<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
2.9. Si possible, faire en sorte que le territoire extravasé<br />
soit élevé au–dessus du niveau du cœur (une nuit pour un<br />
hospitalisé, bras en écharpe, 2 jours pour un malade ambulatoire).<br />
2.10. Appliquer fréquemment (toutes les 2 heures par<br />
exemple) sur la zone extravasée une pommade calmante :<br />
hydrocortisone 1 %, pommade antiœdémateuse, héparinoïdes<br />
(HÉMOCLAR®...), liniment oléo-zincique, cold cream<br />
(crème à l’argent) (63).<br />
2.11. Exercer une surveillance clinique au bout de 24 et 48<br />
heures puis chaque semaine pendant au moins 6 semaines.<br />
3. Mesures complémentaires générales<br />
Les mesures complémentaires générales au protocole cidessus<br />
consistent simplement en l'application fréquente de<br />
pansements froids ou chauds au niveau de la zone d'extravasation.<br />
Les pansements froids sont recommandés puisqu'ils empêchent,<br />
du fait de la vasoconstriction réflexe, la dispersion du<br />
médicament. Ils favorisent l'action des antidotes quand ils<br />
existent mais semblent inefficaces dans le cas des vinca<br />
alcaloïdes. Dans ce cas, les pansements chauds, qui facilitent<br />
la dispersion du cytotoxique, sont préconisés. Certains<br />
alternent pansements froids (1 à 2 heures après l'administration<br />
de l'antidote), puis pansements chauds pendant 1 à 2<br />
jours.<br />
4. Protocole complémentaire au protocole général<br />
pour les médicaments vésicants<br />
La littérature médicale est riche en conduites spécifiques<br />
face à l'extravasation de certains cytotoxiques. Le bénéfice<br />
réel de ces mesures n'est pas toujours démontré.<br />
4.1. Protocole concernant la daunorubicine, la doxorubicine,<br />
l’épirubicine et la pirarubicine (16)<br />
* Instillation d’un corticoïde<br />
Au niveau 8 du protocole général, il faut instiller un corticoïde.<br />
Exemples : dexaméthasone ou bétaméthasone 4<br />
mg/ml : 1 ml ; hémisuccinate d'hydrocortisone 100 mg/ml :<br />
1 à 2 ml. Cette administration se fait par voie intraveineuse<br />
par l'intermédiaire du dispositif d'injection et/ou localement<br />
par voie sous-cutanée ou intradermique et ceci tout autour<br />
du territoire d'extravasation (5 à 6 injections "en pomme<br />
d'arrosoir").<br />
* Application locale de DMSO<br />
Une application de DMSO (50 à 99 %) - 15 ml sur une<br />
compresse ou un pansement absorbant maintenu en place<br />
15 minutes, à renouveler toutes les 4 à 6 heures au moins<br />
pendant 48 heures - peut être envisagé.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
38
Évaluation thérapeutique<br />
Certains auteurs préconisent d'associer au DMSO de l'alpha–tocophérol<br />
(10 %).<br />
Le malade sera averti que le DMSO rend l'haleine fétide (7).<br />
La disponibilité du produit semblant être très aléatoire, cette<br />
solution risque de ne pouvoir être réalisée à l'avenir.<br />
* Application de pansements froids.<br />
Les trois mesures sont habituellement mises en œuvre successivement.<br />
Le bicarbonate de sodium, quelquefois préconisé, semble<br />
être en réalité plus toxique que bénéfique car il est luimême<br />
responsable de nécrose.<br />
4.2. Protocole concernant les vinca alcaloïdes<br />
- Insister sur le point 4 du protocole général : instillation de<br />
chlorure de sodium isotonique pour diluer le médicament<br />
extravasé.<br />
- Au point 8 du protocole général : hyaluronidase 250 UI/ml :<br />
1 ml par voie sous-cutanée tout autour de la lésion (cinq à<br />
six injections en "pomme d'arrosoir" pour faciliter la diffusion<br />
du médicament.<br />
- Application de pansements chauds.<br />
Ces trois mesures sont à mettre en œuvre successivement.<br />
* Actinomycine, chlorméthine, mitomycine C<br />
- Au point 8 du protocole général administration de 4 ml de<br />
sodium 0, 17 M (4 ml de thiosulfate de sodium à 10 % + 6<br />
ml d'eau ppi).<br />
Cette administration se fera par voie intraveineuse par l'intermédiaire<br />
du dispositif d'injection et/ou localement par<br />
voie sous-cutanée ou intradermique et ceci tout autour du<br />
territoire d'extravasation (cinq à six injections "en pomme<br />
d'arrosoir").<br />
- Application de pansements froids.<br />
Ces 2 mesures sont à mettre en œuvre successivement.<br />
* Plicamycine<br />
- Édétate de sodium (tétracémate disodique) 50 mg/ml 3 ml<br />
par voie IV lente par le dispositif d'injection et/ou par voie<br />
sous-cutanée ou intradermique tout autour du territoire<br />
extravasé (cinq à six injections en "pomme d'arrosoir").<br />
- Application de pansements froids.<br />
Ces 2 mesures, non admises par tous, sont à mettre en<br />
œuvre successivement.<br />
* Antidotes<br />
Les antidotes peuvent être mis à la disposition des services<br />
sous forme d'une trousse d'urgence (cf tableau ci-après) :<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Antidotes mis à la disposition des services sous forme<br />
d’une trousse d’urgence.<br />
- Thiosulfate de sodium 10 % 10 ml 2 ampoules<br />
- Hyaluronidase 250 UI/ml 2 ampoules<br />
- Dexaméthasone<br />
ou Bétaméthasone 4 mg/ml<br />
2 ampoules<br />
- Eau ppi 10 ml 2 ampoules<br />
- NaCl 0,9 % - 10 ml 5 ampoules<br />
- DMSO 50 à 99 % 100 ml<br />
- Aiguilles 16 5/10e 10 unités<br />
- Aiguilles 40 9/10e 10 unités<br />
- Seringues 1, 2, 5, 10 ml 3 de chaque<br />
- Lime 1 de chaque<br />
* Irradiation locale<br />
Elle permet de diminuer la réaction inflammatoire et ainsi<br />
ses conséquences trophiques. La <strong>pratique</strong> de cette irradiation<br />
ne dispense pas des mesures précédentes mais peut être<br />
complémentaire.<br />
Elle doit impérativement être réalisée de façon très précoce,<br />
c'est-à-dire au mieux dans les 4 heures suivant l'accident et<br />
au pire dans les 24 premières heures. Il est proposé de faire<br />
3 à 4 séances, de 1,5 Grays, chacune trois à quatre jours de<br />
suite. À cette dose, aucun effet indésirable ne serait à<br />
craindre.<br />
* Conduite en cas de complications tardives<br />
Un traitement chirurgical comportant l'ablation des tissus<br />
nécrosés ou sclérosés suivi de greffe est parfois nécessaire<br />
pour redonner la mobilité au membre atteint.<br />
* Cas particulier de l'extravasation après administration<br />
en chambre implantable (57)<br />
Le risque d'extravasation après injection de médicaments<br />
cytotoxiques en chambre implantable est relativement fréquent.<br />
Celui-ci est d'autant plus grand en cas de :<br />
- administration nocturne : le malade endormi peut exercer<br />
involontairement une traction sur le tube de connexion,<br />
- chambre avec un septum mince,<br />
- <strong>utilisation</strong> d'aiguille normale ou d'aiguille à pointe de<br />
Huber non coudée à 90°.<br />
L'extravasation est responsable de lésions, identiques à<br />
celles exposées précédemment, avoisinant le dispositif d'injection.<br />
La tendance actuelle, en cas d'extravasation, est de faire<br />
systématiquement et très rapidement (moins de 3 heures)<br />
appel au chirurgien pour un nettoyage de la lésion.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
39
Évaluation thérapeutique<br />
Aucune autre règle de conduite bien définie ne semble<br />
démontrée.<br />
Il peut cependant être proposé :<br />
- le retrait de la chambre si le produit injecté est considéré<br />
comme toxique ; l'implantation d'une nouvelle chambre se<br />
fera dans une autre partie de l'organisme,<br />
- l'aspiration du maximum de liquide extravasé et de celui<br />
restant dans la chambre,<br />
- l'application du protocole général et du protocole complémentaire<br />
spécifique aux médicaments vésicants en les adaptant<br />
au dispositif.<br />
Références bibliographiques<br />
1- Anonyme. Circulaire 678 du 3 mars 1987 relative à la<br />
manipulation des médicaments anticancéreux en milieu<br />
hospitalier. BO 8712.<br />
2 - American Society of Hospitals Pharmacy. ASHP technical<br />
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3 - Arriudarre CH. Procédure de préparation centralisée des<br />
formes injectables d'anticancéreux. Rev ADPHSO 1986 ; 11 :<br />
47-51.<br />
4 - Bacovsky R. Antineoplastic extravasation : prevention<br />
and treatment. Can J Hosp Pharm 1986 ; 39 : 27-9.<br />
5 - Batty KT, Plumridge RJ. Cytotoxic spill kit and spill<br />
control procedure. Am J Hosp Pharm 1986 ; 43 : 2235-6.<br />
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Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
41
Évaluation thérapeutique<br />
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Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
42
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Prévention et traitement<br />
des principaux effets indésirables<br />
liés au cancer et à son traitement<br />
ALOPÉCIE<br />
INFECTION<br />
MYÉLOTOXICITÉ<br />
NAUSÉES-VOMISSEMENTS<br />
MUCITE, STOMATITE<br />
TRAITEMENT DE LA DOULEUR<br />
TRAITEMENT DES HYPERCALCÉMIES<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 43
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
ALOPÉCIE (6, 33)<br />
L'alopécie, totale ou partielle, est un des effets indésirables<br />
fréquemment rencontré lors de certaines chimiothérapies<br />
cytotoxiques.<br />
Elle est toujours réversible mais représente un obstacle psychologique<br />
sérieux à une bonne observance du traitement.<br />
La chute de cheveux débute 10 jours après le début de la<br />
chimiothérapie. L'effet maximal n'apparaît qu'au bout d'1 à<br />
2 mois.<br />
Après l'arrêt de la chimiothérapie, la repousse des cheveux<br />
demande plusieurs semaines à plusieurs mois. La texture et<br />
la couleur de la chevelure peut-être modifiée.<br />
Des mesures préventives doivent donc être mises en place :<br />
- informer le patient sur la réversibilité de l'alopécie,<br />
- préconiser l'achat d'une perruque avant le début du traitement<br />
(celles-ci sont remboursées par la Sécurité Sociale),<br />
- prévenir la chute des cheveux par l'<strong>utilisation</strong> d'un casque<br />
réfrigérant lors de la chimiothérapie.<br />
Le casque doit être mis en place 5 à 10 minutes avant le<br />
début de l'injection et maintenu jusqu'à deux heures après<br />
son arrêt.<br />
Les oreilles doivent être protégées par un coton ou autre<br />
pansement.<br />
L'efficacité est imprévisible, celle-ci dépend du temps de<br />
perfusion, de la dose administrée et du cytotoxiques utilisé.<br />
Elle semble modeste en cas de polychimiothérapie comportant<br />
plusieurs agents alopéciants.<br />
Certaines contre-indications théoriques s'opposent à l'<strong>utilisation</strong><br />
du casque réfrigérant :<br />
- cancer anaplasique des bronches,<br />
- métastases crâniennes (cutanées ou osseuses),<br />
- tumeurs à doublement rapide (leucémies),<br />
- tumeurs cérébrales,<br />
- tumeurs ayant un fort potentiel métastatique au niveau<br />
cérébral.<br />
Actuellement les inconvénients et les limites de l'efficacité<br />
de ce type de prévention ne lui laisse qu'une place très<br />
modeste.<br />
Risques d’alopécie et chimiothérapie<br />
Grade 0 : non alopéciant<br />
Chlorambucil<br />
Pentostatine<br />
Cisplatine<br />
Streptozocine<br />
Fotémustine<br />
Thioguanine<br />
Mercaptopurine<br />
Thiotépa<br />
Oxaliplatine<br />
Grade 1 : peu alopéciant<br />
Altrétamine<br />
Fluorouracile<br />
Busulfan<br />
Gemcitabine<br />
Carboplatine<br />
Hydroxyurée<br />
Carmustine<br />
Lomustine<br />
Cladribine<br />
Mitomycine<br />
Chlorméthine<br />
Procarbazine<br />
Elliptinium<br />
Grade 1-2 : peu à moyennement alopéciant<br />
Asparaginase<br />
Melphalan<br />
Bléomycine<br />
Mitoxantrone<br />
Dactinomycine<br />
Raltitrexed<br />
Fluorouracile*<br />
Grade 2 : moyennement alopéciant<br />
Amsacrine<br />
Méthotrexate<br />
Cytarabine<br />
Téniposide<br />
Dacarbazine<br />
Vincristine<br />
Irinotécan<br />
Vinblastine<br />
Grade 2-3 : moyennement à très alopéciant<br />
Cyclophosphamide<br />
Topotécan<br />
Ifosfamide<br />
Vinorelbine<br />
Pirarubicine<br />
Grade 3 : très alopéciant<br />
Daunorubicine<br />
Épirubicine<br />
Docétaxel<br />
Paclitaxel<br />
Doxorubicine<br />
* en perfusion continue<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
44
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
INFECTION (7, 8, 9, 18)<br />
Généralités<br />
Le risque infectieux est majeur chez le malade cancéreux.<br />
Il représente une cause fréquente de mortalité.<br />
1. Agents infectieux impliqués<br />
Tous les agents infectieux peuvent être rencontrés (bactéries,<br />
virus, champignons, parasites) mais les infections bactériennes<br />
demeurent de loin les plus fréquentes (90 %).<br />
À coté des infections bactériennes, il est observé une prédominance<br />
des candidoses et des aspergilloses pour les<br />
infections mycosiques, de l’herpès et du CMV pour les<br />
infections virales, et de Pneumocystis carinii pour les<br />
infections parasitaires.<br />
Le risque d'infections majeures est lié à la profondeur<br />
(nadir) de la neutropénie ainsi qu'à sa durée. Ces deux facteurs<br />
dépendent de la posologie, du mode d'administration<br />
et/ou des associations de cytotoxiques utilisés.<br />
Les nadirs et les délais de récupération sont notés dans les<br />
monographies et correspondent à un traitement en monothérapie<br />
à dose usuelle.<br />
2. Origine des infections<br />
L'origine des infections est surtout d'ordre thérapeutique :<br />
- mécanique : <strong>utilisation</strong> de cathéters centraux et de sondes,<br />
notamment lors de l’alimentation entérale ou parentérale,<br />
- liée à la chimiothérapie ou la radiothérapie neutropéniantes<br />
: la toxicité hématologique des agent cytotoxiques<br />
est quasi constante aboutissant à une neutropénie voire une<br />
aplasie qui est :<br />
. soit spontanément réversible : aplasie transitoire,<br />
. soit durable après greffe de moelle ou consécutive à une<br />
atteinte métastatique de la moelle osseuse.<br />
3. Neutropénie, agranulocytose, aplasie<br />
Les termes de neutropénie, d’agranulocytose et d’aplasie<br />
sont définis par les taux de leucocytes et de neutrophiles :<br />
- Neutropénie :<br />
leucocytes < 2 G/l, neutrophiles < 1 G/l<br />
- Agranulocytose :<br />
leucocytes < 1 G/l, neutrophiles < 0,5 G/l<br />
- Aplasie :<br />
Hb < 6,5 g/dl, neutrophiles < 0,5 G/l, plaquettes < 100 G/l<br />
(G = Giga = 10 9 )<br />
Signes d’appel d’une infection<br />
Les signes d’appel d’une infection sont :<br />
- une hyperthermie > 38,5°C ou une hypothermie,<br />
- des frissons.<br />
Prévention<br />
Le prévention des infections reposent sur :<br />
- des mesures d'hygiène :<br />
. générales,<br />
. buccales (cf. fiche hygiène buccale).<br />
. soin de cathéter,<br />
- le suivi de la numération formule sanguine,<br />
- une antibiothérapie par voie orale à large spectre dès la<br />
suspicion d'une infection.<br />
Traitement (8, 9, 11, 18, 35, 36)<br />
1. Agranulocytose - Aplasie transitoire<br />
1.1. Conduite à tenir<br />
Le conduite à tenir consiste en :<br />
- une hospitalisation (3 jours minimum) en cas d'hyperthermie<br />
supérieure à 38,5 °C,<br />
- un isolement du malade en chambre stérile, avec port de<br />
masques, de calots, de surchaussures, limitation des visites<br />
et apports extérieurs, et lavage des mains,<br />
- une surveillance clinique : pouls, TA, température, diurèse,<br />
- une surveillance biologique : NFS, ionogramme à l'entrée,<br />
- la recherche du germe impliqué en pratiquant :<br />
. une hémocultures en cas de température > 38,5 °C ou < 36 °C<br />
ou de frissons (deux hémocultures espacées d'au maximum<br />
4 à 6 heures),<br />
. d’autres prélèvements bactériologiques et mycologiques<br />
au niveau de la sphère ORL (bouche, gorge), des urines<br />
(ECBU), des selles (coproculture), du vagin et de cathéter.<br />
1.2. Traitement<br />
* Une antibiothérapie est mise en œuvre après la réalisation<br />
de 3 hémocultures.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
45
Évaluation thérapeutique<br />
Elle consiste en l’association systématique de bêtalactamine<br />
et d'aminoside à forte dose ; si nécessaire, elle est adaptée<br />
en fonction du germe, ou en cas d'altération de l'état<br />
général, après 2 à 4 jours de traitement.<br />
* Autres traitements anti-infectieux éventuels :<br />
- Aciclovir (ZOVIRAX®),<br />
- Amphotéricine B (FUNGIZONE®),<br />
- Ganciclovir (CYMÉVAN®), Foscarnet (FOSCAVIR®),<br />
- Cotrimoxazole (BACTRIM®, EUSAPRIM®).<br />
* Soins locaux : cathéter, hygiène buccale (bain de bouche).<br />
1.3. Prophylaxie secondaire par les facteurs de croissance<br />
hématopoïétique<br />
En cas de retraitement par la même chimiothérapie, une<br />
prescription à titre de prophylaxie secondaire de facteurs de<br />
croissance hématopoïétique (G ou GM-CSF) est à discuter<br />
à une posologie de 5 µg/kg/j (cf infra)<br />
2. Aplasie durable<br />
(avec ou sans greffe de cellules souches hématopoïétiques)<br />
2.1. Conduite à tenir<br />
Le conduite à tenir consiste en :<br />
- une hospitalisation 30 à 100 jours en cas de greffe de<br />
moelle, voire plus dans d'autres cas,<br />
- un isolement en chambre stérile éventuellement avec lit<br />
sous flux laminaire stérile.<br />
2.2. Traitement<br />
* Une antibiothérapie consistant en une association systématique<br />
de bêtalactamine/aminoside/vancomycine/aciclovir<br />
à adapter en fonction du germe, est mise en œuvre.<br />
* Décontamination digestive.<br />
* Transfusions de culots globulaires. Le traitement de<br />
l'aplasie est complété par des transfusions de culots globulaires<br />
(Hb < 10 g/dl) et plaquettaires si nécessaire.<br />
3. Traitement préventif par les<br />
facteurs de croissance hématopoïétique<br />
Deux facteurs de croissance hématopoïétique (FCH) sont<br />
actuellement commercialisés (14, 15, 20) :<br />
- le G-CSF (granulocyte colony stimulating factor) NEU-<br />
POGEN®, GRANOCYTE®,<br />
- le GM-CSF (granulocyte macrophage colony stimulating<br />
factor) LEUCOMAX®.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Ceux-ci sont préconisés en préventif afin de réduire la<br />
durée de neutropénies sévères induites par les chimiothérapies<br />
neutropéniantes et ainsi d'en limiter leurs complications.<br />
Leurs modalités d'<strong>utilisation</strong>s font l'objet d'une monographie<br />
spécifique présentée ci-dessous.<br />
G-CSF<br />
DCI Filgrastime<br />
Sigle G-CSF<br />
Nom déposé NEUPOGEN® (1)<br />
Laboratoires Amgen - Roche<br />
Classe Cytokine<br />
Facteur de croissance hématopoïétique<br />
Classe ATC L03AA02<br />
DCI Lénograstime<br />
Sigle G-CSF<br />
Noms déposés GRANOCYTE® 13 (2)<br />
GRANOCYTE® 34 (2)<br />
Laboratoire RPR<br />
Classe Cytokine<br />
Facteur de croissance hématopoïétique<br />
Classe ATC L03AA10<br />
Prêt à l’emploi (1) À reconstituer (2)<br />
1. Renseignements généraux et galéniques<br />
1.1. Présentation<br />
* Filgrastime (NEUPOGEN®)<br />
- Solution injectable à 30 MU (0,3 mg)<br />
+ solution tampon qsp 1 ml.<br />
- Solution injectable à 48 MU (0,48 mg)<br />
+ solution tampon qsp 1,6 ml<br />
Présentation en flacon ou en seringue à usage unique.<br />
* Lénograstime (GRANOCYTE®)<br />
- Lyophilisat :<br />
. GRANOCYTE® 13 : 105 µg (13,4 MUI),<br />
. GRANOCYTE® 34 : 263 µg (33,6 MUI),<br />
Solvant : eau ppi 1 ml.<br />
- Substances auxiliaires : sérum albumine humaine, mannitol,<br />
polysorbate 80, solution tampon<br />
1.2. Conservation<br />
* Filgrastime (NEUPOGEN®)<br />
- Au réfrigérateur, entre + 2°C et + 8° C.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
46
Évaluation thérapeutique<br />
* Lénograstime (GRANOCYTE®)<br />
- Du lyophilisat : entre +2°C et +8°C.<br />
- De la solution reconstituée : 24 h entre + 2°C et + 8°C.<br />
- Ne pas congeler.<br />
- Ne pas agiter, formation de mousse.<br />
2.1. Mécanisme d’action<br />
2. Propriétés pharmacologiques<br />
Le G-CSF ("Granulocyte Colony Stimulating Factor") - filgrastime<br />
ou lénograstime -, est un facteur de croissance<br />
hématopoïétique stimulant spécifiquement la croissance et<br />
le développement de la lignée neutrophile.<br />
Le filgrastim est un G-CSF humain recombinant non glycosylé,<br />
contrairement au lénograstim.<br />
2.2. Pharmacocinétique<br />
- L’absorption complète en 6 heures.<br />
- Le métabolisme et l’élimination ne sont pas modifiées<br />
après administration répétée.<br />
3. Effets indésirables<br />
- Douleurs osseuses.<br />
- Myalgies.<br />
- Réactions au point d'injection en cas d’injection SC : il<br />
faut donc changer les sites d'injection quotidiennement.<br />
4.1. Indications<br />
4. Renseignements thérapeutiques<br />
Réduction de la durée des neutropénies sévères et de leurs<br />
complications :<br />
- telles qu'elles surviennent lors de l'emploi de chimiothérapies<br />
cytotoxiques connues pour être associées à une incidence<br />
significative de neutropénies fébriles,<br />
- chez les patients recevant une chimiothérapie myélosuppressive<br />
suivie de greffe de moelle,<br />
- collection de cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) (†),<br />
soit après une chimiothérapie myélosuppressive, soit à<br />
l’état stable.<br />
† : les cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) ou cellules<br />
souches du sang font partie avec les cellules souches<br />
de la moelle, des cellules souches hématopoïétiques.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Remarque : L'innocuité de l'emploi de G-CSF n'a pas été<br />
démontrée avec les agents anticancéreux doués de myélotoxicités<br />
cumulatives ou prédominant sur la lignée plaquettaire<br />
(nitroso-urées, mitomycine C).<br />
4.2. Mode d’administration<br />
* Voie SC<br />
* Perfusion IV de 30 minutes<br />
- pour le filgrastime après dilution dans une solution de glucose<br />
à 5 % ; pour des concentrations inférieures à 15 µg/ml<br />
(1,5 MU), ajouter 0,2 ml d'une solution d’albumine humaine<br />
à 20 %,<br />
- pour le lénograstime, après dilution dans une solution de<br />
chlorure de sodium à 0,9 % jusqu'à une concentration > 2,5<br />
µg/ml (1 flacon dans 100 ml de solvant).<br />
4.3. Posologies<br />
* Après chimiothérapies cytotoxiques<br />
- Pour le filgrastime : 5 µg/kg/j (0,5 MU/kg/j).<br />
- Pour le lénograstime : 150 µg/m 2 /j.<br />
La première injection doit être effectuée au plus tôt 24<br />
heures après la fin de la chimiothérapie (en général 3 à 7<br />
jours). La durée de traitement est voisine de 10-14 jours. Il<br />
faut continuer le traitement jusqu'à ce que la date attendue<br />
du nadir soit passée et que le taux de neutrophiles soit revenu<br />
à une valeur normale. En cas de nadir éloigné, il<br />
convient d’encadrer le nadir.<br />
* Après chimiothérapie myélosuppressive suivie de greffe<br />
de moelle<br />
- Pour le filgrastime : jusqu'à 10 µg/kg/j (1 MU/kg/j).<br />
- Pour le lénograstime : 150 µg/m 2 /j.<br />
La première injection doit être réalisée au minimum 24<br />
heures après la fin de la chimiothérapie et au maximum 24<br />
heures après la greffe de moelle osseuse.<br />
Le traitement est de 28 jours maximum.<br />
* Collections de cellules hématopoïétiques sanguines<br />
- Après chimiothérapie : 5 µg/kg/j jusqu’à la fin des cytaphérèses.<br />
- Seul : 10 µg/kg/j pendant 6 jours.<br />
4.4. Contre-indications<br />
- Administration de G-CSF en même temps que la chimiothérapie<br />
cytotoxique.<br />
- Administration de G-CSF dans les pathologies myéloïdes.<br />
- En cas d’hypersensibilité aux divers constituants.<br />
Note : Le G-CSF est réservé à l'usage hospitalier.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
47
Évaluation thérapeutique<br />
GM-CSF<br />
DCI Molgramostime<br />
Sigle GM-CSF<br />
Nom déposé LEUCOMAX®<br />
Laboratoires Novartis Pharma SA - Schering-Plough<br />
Classe Cytokine<br />
Facteur de croissance hématopoïétique<br />
Classe ATC L03AA03<br />
Réservé à l’usage hospitalier<br />
À reconstituer<br />
1. Renseignements généraux et galéniques<br />
1.1. Présentation<br />
- Flacons de lyophilisat :<br />
. 150 µg (16,7 MUI),<br />
. 400 µg (74,4 MUI),<br />
. 300 µg (33,3 MUI),<br />
. 700 µg (77 MUI).<br />
- Solvant : 1 ml d'eau ppi<br />
- Substances auxiliaires :<br />
. solution tampon,<br />
. sérum albumine humaine 1 mg,<br />
. mannitol 50 mg,<br />
. polyoxyéthylène glycol 0,10 mg.<br />
1.2. Reconstitution<br />
- Le reconstitution du GM-CSF se fait avec 1 ml d'eau pour<br />
préparation injectable.<br />
- Pour perfusion en IV, il faut effectuer la dilution de la spécialité<br />
dans des poches ou des flacons de 25, 50 ou 100 ml<br />
d’une solution de chlorure de sodium à 0,9 % ou de glucose<br />
à 5 %. Il faut conserver une concentration supérieure ou<br />
égale à 7 µg/ml.<br />
- Il ne faut pas agiter : risque de formation de mousse.<br />
1.3. Conservation<br />
- De la spécialité : entre + 2°C et + 8°C, à l'abri de la lumière<br />
- De la solution reconstituée : 24 heures entre + 2°C et + 8°C.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
1.2. Pharmacocinétique : Non renseigné<br />
3. Effets indésirables<br />
- Fièvre, rashs, hypotension artérielle, nausées, œdème,<br />
douleurs osseuses et diarrhées.<br />
- Hypersensibilité retardée : bronchoconstriction - angioœdème<br />
--> traitement symptomatique.<br />
- Réactions au site d'injection : il faut changer de point de<br />
ponction quotidiennement.<br />
4.1. Indications<br />
4. Renseignements thérapeutiques<br />
Réduction de la durée des neutropénies sévères et de leurs<br />
complications :<br />
- lors de chimiothérapies cytotoxiques connues pour être<br />
associées à une incidence significative de neutropénies<br />
fébriles,<br />
- chez les patients recevant une thérapie myélosuppressive<br />
suivie de greffe de moelle (autogreffe),<br />
- en cas de traitement par ganciclovir chez les patients présentant<br />
une rétinite à CMV liée au SIDA afin de maintenir<br />
la dose efficace de ganciclovir en cas de contre-indication<br />
ou d'échec à un traitement alternatif.<br />
Les allogreffes ne sont pas une indication du LEUCOMAX®.<br />
4.2. Mode d’administration<br />
* Voie SC<br />
* Perfusion lente de 4 à 6 heures après dilution dans au<br />
moins 25 ml d’une solution de chlorure de sodium à 0,9 %<br />
ou de glucose à 5 %.<br />
L'<strong>utilisation</strong> d'un filtre de 0,22 µm est recommandée.<br />
4.3. Posologies<br />
* Chimiothérapie anticancéreuse : 5 à 10 µg/kg/j en SC.<br />
Le traitement doit être commencé au plus tôt 24 h après l'arrêt<br />
de la chimiothérapie et poursuivi pendant 7 à 10 jours.<br />
La posologie initiale conseillée est de 5 µg/kg/j.<br />
2.1. Mécanisme d’action<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
2. Propriétés pharmacologiques<br />
Le "Granulocyte Macrophage Colony Stimulating Factor"<br />
est un facteur de croissance hématopoïétique multipotent,<br />
agissant sur plusieurs lignées cellulaires dont plus particulièrement<br />
les granulocytes et les macrophages.<br />
Le molgramostime n'est pas glycosylé.<br />
48<br />
* Greffe de moelle osseuse : 10 µg/kg/j par voie IV de 4 à<br />
6 heures débutant le lendemain de la greffe et jusqu’à l’obtention<br />
d’un taux de neutrophiles ≥ 1 G/l pendant 30 jours<br />
maximum.<br />
* Rétinite à CMV liée au Sida : 5 µg/kg/j par voie SC pendant<br />
5 jours puis adapter en fonction du nombre de neutrophiles<br />
et de leucocytes.
Évaluation thérapeutique<br />
4.4. Contre-indications<br />
- Antécédents de purpura thrombopénique idiopathique.<br />
- Hypersensibilité aux différents composants.<br />
- Hémopathies myéloïdes.<br />
4.5. Incompatibilités physicochimiques<br />
L'<strong>utilisation</strong> du système Port-A-Cath n'est pas recommandée<br />
(adsorption).<br />
4.6. Recommandations d’<strong>utilisation</strong> des facteurs de croissance<br />
hématopoïétique<br />
(d’après les SOR de la FNCLCC et les auteurs)<br />
Ces recommandations d’<strong>utilisation</strong> des facteurs de croissance<br />
hématopoïétique (FCH) ont été élaborées en fonction<br />
des mentions légales de l’AMM, éclairées par les recommandations<br />
de la FNCLCC.<br />
* Chimiothérapie anticancéreuse<br />
— Premier cycle de chimiothérapie anticancéreuse<br />
La posologie des agents anticancéreux, administrés seuls ou<br />
en association, doit être connue car ces médicaments sont<br />
responsables de neutropénies sévères ; l’incidence des neutropénies<br />
fébriles rapportées doit être démontrée supérieure<br />
à 40 % dans les essais publiés.<br />
Il doit, de plus, être tenu compte de certains facteurs de<br />
risques individuels associés tels que :<br />
- un âge supérieur à 65 ans,<br />
- des antécédents de radiothérapie étendue,<br />
- une sérologie VIH,<br />
- des antécédents de chimiothérapie de plus de 6 mois et/ou<br />
d’intensification thérapeutique suivie de greffe de cellules<br />
hématopoïétiques sanguines (CHS).<br />
— Cure antérieure après un épisode de neutropénie fébrile<br />
(avec complication ayant nécessité une hospitalisation) ou<br />
prophylaxie secondaire<br />
La première démarche est de diminuer, au cycle suivant, la<br />
posologie des anticancéreux connus pour être les plus myélotoxiques,<br />
et non d’ajouter un FCH.<br />
En cas de chimiothérapie justifiant un strict respect de la<br />
dose intensité, la prescription de FCH est validée, et possible<br />
en préventif pour toutes les cures suivantes.<br />
— À titre curatif (traitement de la neutropénie fébrile ou de<br />
ses complications infectieuses à partir du moment où elles<br />
sont déclarées)<br />
À n’envisager que pour les malades présentant une neutropénie<br />
sévère (PNN < 500/µl), fébrile, prolongée, compliquée<br />
d’une infection tissulaire avérée (pneumopathie...) ou<br />
à haut risque septique (syndrome septique, infection fongique<br />
systémique...).<br />
— Posologie<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
- NEUPOGEN® (G-CSF) : 5 µg/kg/j.<br />
. Pour les malades de moins de 80 kg, la posologie est de<br />
300 µg/j, soit un flacon de NEUPOGEN® 30 par jour.<br />
. Pour les malades de plus de 80 kg, la posologie est de 480<br />
µg/j, soit un flacon de NEUPOGEN® 48 par jour.<br />
- GRANOCYTE® 34 (G-CSF) : 150 µg/m 2 /j.<br />
La posologie est de 263 µg soit un flacon par jour.<br />
Pour les enfants de moins de 0,80 m 2 , il faut utiliser un flacon<br />
de GRANOCYTE® 13.<br />
- LEUCOMAX® (GM-CSF) : 5 µg/kg/j.<br />
— Débuter le FCH entre 24 et 72 heures suivant la fin de<br />
la chimiothérapie.<br />
— Arrêter le FCH dès le retour à la normale des PNN, soit<br />
1000/µl, après passage du nadir.<br />
— Aucune <strong>utilisation</strong> concomitante des FCH avec la chimiothérapie<br />
n’est admise par l’AMM, ainsi qu’avec les<br />
cytotoxiques dotés d’une myélotoxicité cumulative ou prédominante<br />
sur la lignée plaquettaire (mitomycine C, nitrosourée).<br />
* Recueil des cellules hématopoïétiques sanguines<br />
Le recueil des cellules hématopoïétiques sanguines (CHS) à<br />
l’aide de FCH est possible soit au décours d’une chimiothérapie,<br />
soit à l’«état stable» avec du G-CSF seul.<br />
— Après chimiothérapie : 5 µg/kg/j ou 150 µg/m 2 /j à débuter<br />
24 à 72 heures après la fin de la chimiothérapie et jusqu’au<br />
dernier jour de cytaphérèse.<br />
— À l’état stable (seul le G-CSF possède une AMM dans<br />
cette indication) : 10 µg/kg/j pendant 6 jours.<br />
* Greffe de cellules souches hématopoïétiques<br />
En cas d’autogreffe de moelle, la prescription de FCH est<br />
licite.<br />
En cas d’autogreffe de CHS, l’intérêt des FCH reste à<br />
démontrer formellement, mais semble identique à celui<br />
obtenu après greffe de moelle autologue.<br />
Le GM-CSF n’est pas indiqué au cours des allogreffes.<br />
— Le schéma de traitement par FCH est identique et doit<br />
être arrêté jusqu’à un chiffre de PNN d’au moins 500/µl.<br />
— En cas d’inefficacité, une posologie de 10 µg/kg/j est<br />
possible.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
49
Évaluation thérapeutique<br />
* Cas particuliers<br />
— Leucémies aiguës myéloïdes<br />
L’<strong>utilisation</strong> des FCH dans cette indication n’est pas recommandée<br />
dans le cadre de l’AMM car l’administration de ces<br />
facteurs exposerait à un risque théorique de stimulation des<br />
clones leucémiques exprimant des récepteurs aux FCH.<br />
Depuis, plusieurs études randomisées ont été menées, montrant<br />
une diminution significative de la durée de la neutropénie<br />
lors de l’administration primaire de FCH après chimiothérapie<br />
d’induction.<br />
— Syndromes mélodysplasiques<br />
L’<strong>utilisation</strong> transitoire des FCH semble intéressante en cas<br />
de neutropénie profonde avec infections graves et/ou récurrentes.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
— Pédiatrie : les recommandations d’<strong>utilisation</strong> semblent<br />
être applicables aux enfants.<br />
* Recommandations <strong>pratique</strong>s<br />
— Les flacons de FCH sont à conserver entre + 2°C et<br />
+ 8°C, sans les congeler.<br />
— Ne pas agiter les flacons (risque de formation de mousse).<br />
— Ne pas conserver un flacon ouvert.<br />
MYÉLOTOXICITÉ (29)<br />
La toxicité hématologique est la plus précoce et la plus fréquente<br />
des toxicités aiguës des médicaments cytotoxiques.<br />
Son mécanisme en est univoque : destruction des cellules<br />
souches hématopoïétiques en voie de différenciation, alors<br />
que les cellules souches autorenouvelables sont épargnées.<br />
Cette toxicité sera donc le plus souvent réversible, non<br />
cumulative et dose-dépendante ; sauf pour les nitroso-urées<br />
(carmustine, lomustine, fotémustine), la mitomycine C, le<br />
busulfan et le carboplatine qui présentent des toxicités<br />
cumulatives, retardées et durables. L'association de plusieurs<br />
substances myélotoxiques majore la toxicité hématologique.<br />
Anémie<br />
L'atteinte de la lignée érythrocytaire est inconstante. Des<br />
signes de dysérythropoïèse, notamment une macrocytose<br />
sont souvent associées.<br />
Elle est définie par un taux d'hémoglobine pondérale inférieure<br />
à 11 g/dl chez la femme et 12 g/dl chez l'homme. Un<br />
taux de 10 g/dl doit le plus souvent être maintenu par transfusion<br />
de concentrés érythrocytaires ou de culots globulaires.<br />
Une transfusion de 2 culots globulaires (200-250 ml pour<br />
les unités adultes, 100-125 ml pour les enfants) par 24<br />
heures est entreprise dès que le taux d'hémoglobine devient<br />
inférieur à 8 g/dl. Elle devra suivre les règles de sécurité<br />
transfusionnelle : vérification du groupe sanguin au chevet<br />
du malade, surveillance tensionnelle, thermique, clinique<br />
stricte tout au long de la transfusion, une numération de<br />
contrôle sera effectuée en fin de transfusion afin de vérifier<br />
son efficacité.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
50<br />
Certains concentrés peuvent avoir des caractéristiques particulières<br />
en fonction d'indications spécifiques : appauvris<br />
en leucocytes, déleucocytés, déplasmatisés, phénotypés,<br />
irradiés et/ou ayant subi une recherche de Cytomégalovirus.<br />
L'anémie apparaît le plus souvent tardivement après plusieurs<br />
semaines de traitement. Elle est d'installation progressive<br />
et souvent bien supportée.<br />
Des anémies causées par une hémolyse aiguë sont plus<br />
rares et témoignent d'une toxicité spécifique de 2 agents<br />
anticancéreux :<br />
- l’elliptinium responsable de l’apparition d'anticorps antielliptinium.<br />
Toxicité fréquente (40 %) en cas de schéma<br />
d'administration hebdomadaire,<br />
- la mitomycine C responsable de micro-angiopathie<br />
thrombotique après administration systémique, et d’une<br />
hémolyse intravasculaire apparaissant à des doses cumulatives<br />
de 60 mg/m 2 .<br />
Les sels de platine peuvent, par leur toxicité rénale, provoquer<br />
une anémie. Le traitement préventif ou curatif par un<br />
facteur de croissance de la lignée érythrocytaire, l’érythropoïétine<br />
(EPREX®, RECORMON®), est possible.<br />
Il doit être administré dès le début de la chimiothérapie, si<br />
le taux d’hémoglobine est inférieur à 11 g/dl, à la dose initiale<br />
de 450 UI/kg/semaine (en 3 à 7 injections par semaine<br />
par voie SC), jusqu’à 3 semaines après l’arrêt des cures.<br />
Une adaptation posologique est possible :<br />
- si la réponse est majeure (augmentation du taux d’hémoglobine<br />
> 2 g/dl), la posologie sera diminuée de moitié,<br />
- si le taux d’hémoglobine atteint 14 g/dl, il faut arrêter le<br />
traitement et ne le reprendre à demi dose qu’à partir de 12 g/dl.
Évaluation thérapeutique<br />
Leuconeutropénie<br />
La leuconeutropénie est la première manifestation de la<br />
myélosuppression. Sa gravité dépend de sa sévérité et de sa<br />
durée ; elle s'accompagne d'accidents infectieux dès que la<br />
neutropénie descend au dessous de 1 G/l.<br />
Elle peut être prévenue par l’administration de facteurs de<br />
croissance hématopoïétique (G-CSF, GM-CSF) (cf fiche<br />
Infections).<br />
Lymphopénie<br />
Une immunodépression peut intervenir parallèlement à la<br />
neutropénie, mais est quantitativement plus brève et moins<br />
sévère. L'appréciation du déficit induit est difficile car non<br />
corrélé au chiffre des leucocytes.<br />
Les manifestations cliniques sont d'origine infectieuse :<br />
mycosiques, virales ou parasitaires.<br />
Une administration continue à faible dose entraîne un déficit<br />
immunitaire plus grand qu'une administration discontinue.<br />
Aucun traitement n'existe à l'heure actuelle.<br />
La réparation après arrêt du traitement est lente : 10 à 12<br />
mois pour récupérer une population lymphoïde fonctionnelle.<br />
Les médicaments les plus fréquemment impliqués sont les<br />
alkylants notamment le cyclophosphamide, potentialisés<br />
par une radiothérapie et/ou une pathologie sous-jacente (cf<br />
annexe 6 Toxicité médullaire), ainsi que la pentostatine et la<br />
cladribine qui provoquent une lymphopénie persistante<br />
nécessitant une surveillance attentive des risques infectieux.<br />
Thrombopénie<br />
La thrombopénie apparaît pour des doses généralement plus<br />
élevées que celles neutropéniantes, sauf en cas d'atteinte<br />
préférentielle de la lignée mégacaryocytaire.<br />
Le risque hémorragique n'est pas corrélé au chiffre de plaquettes,<br />
mais il devient important quand ce chiffre descend<br />
au dessous de 30 G/l, et est majoré en cas de fièvre, de<br />
méningite et chez les enfants.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Il est utilisé soit des concentrés standards (unité contenant<br />
au moins 5.10 10 plaquettes sous un volume de 25 à 60 ml,<br />
prescription de 6 à 10 UP par 24 heures en fonction du<br />
poids du malade), soit des concentrés unitaires ou CUP<br />
obtenus par cytaphérèse d'un seul donneur (au moins 4.10 10<br />
plaquettes sous un volume inférieur à 50 ml).<br />
La transfusion de concentrés unitaires permet de limiter les<br />
phénomènes d’allo-immunisation.<br />
Le nadir des thrombopénies est souvent retardé par rapport<br />
à celui des leucopénies (2 à 4 semaines). La récupération de<br />
valeurs normales est plus lente : jusqu'à 6 semaines pour les<br />
nitroso-urées, la mitomycine C et le carboplatine.<br />
Une réduction de 30 % des doses est préconisée en cas de<br />
toxicité sévère (Grade 2 : 50-75 G/l) et symptomatique lors<br />
de traitements antérieurs.<br />
Une réduction partielle du stock de cellules souches totipotentes<br />
(radiothérapie étendue, chimiothérapie intensive)<br />
doit toujours être prise en compte.<br />
Potentiel thrombopénique des anticancéreux<br />
Médicaments les plus thrombopéniants : G2-G3<br />
Nitroso-urées : Carmustine, lomustine, fotémustine<br />
Mitomycine C<br />
Carboplatine<br />
Busulfan<br />
Chlorambucil<br />
Médicaments modérément thrombopéniants G1-G2<br />
Anthracyclines<br />
Anthracène-diones<br />
Amsacrine<br />
Cytarabine<br />
Une réduction des doses d'anticancéreux doit être envisagée<br />
en fonction du taux plaquettaire :<br />
- diminution de 50 % si le taux de plaquettes est < 50 G/l<br />
- diminution de 25 % si le taux de plaquettes est < 100 G/l<br />
Une transfusion de concentrés standards plaquettaires sera<br />
donc entreprise en cas de thrombopénie inférieure à 30 G/l<br />
et/ou de signes hémorragiques : hémorragie du fond de<br />
l'oeil, hématurie, pétéchies,....<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
51
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Généralités<br />
NAUSÉES - VOMISSEMENTS<br />
(1, 2, 5, 12, 13, 17, 19, 25, 27, 28, 32, 34, 38, 39, 40)<br />
Tableau I : Potentiel émétisant des anticancéreux<br />
Les anticancéreux présentent un potentiel émétisant<br />
variable, tant sur le plan de la sévérité des manifestations<br />
que sur les délais et la durée d'apparition des nausées et<br />
vomissements.<br />
L'<strong>utilisation</strong> des polychimiothérapies associant un ou plusieurs<br />
cytotoxiques à fort potentiel émétisant rend <strong>pratique</strong>ment<br />
systématique l'adjonction d'un traitement antiémétique.<br />
Deux notions sont à retenir dans le traitement antiémétique<br />
adjuvant :<br />
- le potentiel émétisant propre de chaque anticancéreux,<br />
- le délai et la durée d'apparition des symptômes.<br />
Au mécanisme direct d'induction des nausées et vomissements<br />
par les anticancéreux, s'ajoutent des vomissements<br />
dit d'anticipation.<br />
Chez un tiers des patients ayant déjà reçu au moins trois ou<br />
quatre cures d'anticancéreux, les nausées et vomissements<br />
se produisent dans la journée qui précède le début de la chimiothérapie,<br />
c'est à dire à l'arrivée à l'hôpital.<br />
Potentiel émétisant des anticancéreux<br />
Cf Tableau I<br />
Délai d’apparition et durée des symptômes<br />
En règle générale, les nausées et/ou vomissements débutent<br />
de une à quelques heures après le début de la chimiothérapie.<br />
Parfois, les nausées et/ou vomissements peuvent être immédiats<br />
(actinomycine D, chlorméthine).<br />
Dans d'autres cas, le délai d'apparition peut être retardé :<br />
cisplatine, cyclophosphamide pour lesquels le maximum de<br />
vomissement se situe entre 12 et 24 heures après le début de<br />
la chimiothérapie et peut se poursuivre au delà de 24 heures.<br />
La durée des symptômes persiste en général de quelques<br />
heures à 48 heures.<br />
Cas particulier du cisplatine<br />
Les nausées et vomissements surviennent généralement 1 à<br />
6 heure(s) après le début de la chimiothérapie.<br />
Mais les symptômes peuvent être retardés au delà de<br />
24 heures et persister jusqu'à une semaine après le début de<br />
la chimiothérapie.<br />
Très forte: fréquence > 90 %<br />
Chlorméthine Cisplatine (≥ 75 mg/m 2 )<br />
Cytarabine (dose >500 mg/m 2 ) Dacarbazine<br />
Streptozocine<br />
Actinomycine D<br />
Carboplatine<br />
Cisplatine (< 75 mg/m 2 )<br />
Interleukine 2 (en IV)<br />
Méthotrexate<br />
(dose > 200 mg/m 2 )<br />
Amsacrine<br />
Daunorubicine<br />
Épirubicine<br />
Fluorouracile<br />
Gemcitabine<br />
Mitomycine<br />
Oxaliplatine<br />
Raltitrexed<br />
Bléomycine<br />
Cytarabine (faible dose)<br />
Étoposide<br />
Ifosfamide<br />
Melphalan<br />
Méthotrexate (faible dose)<br />
Paclitaxel<br />
Téniposide<br />
Vincristine<br />
Vinblastine<br />
Busulfan<br />
Thioguanine<br />
Forte (60 à 90 %)<br />
Modérée (30 à 60 %)<br />
Basse (10 à 30 %)<br />
Altrétamine<br />
Carmustine<br />
Cyclophosphamide<br />
Lomustine<br />
Plicamycine<br />
Procarbazine<br />
Asparaginase<br />
Doxorubicine<br />
Fludarabine<br />
Fotémustine<br />
Irinotécan<br />
Mitoxantrone<br />
Pentostatine<br />
Topotécan<br />
Très basse (< 10 %)<br />
Cladribine<br />
Docétaxel<br />
Hydroxyurée<br />
Interleukine 2 (en SC)<br />
Mercaptopurine<br />
Navelbine<br />
Tamoxifène<br />
Thiotépa<br />
Vindésine<br />
Chlorambucil<br />
* fréquence des vomissements en % de patients atteints.<br />
D’après les données de CRAIG et al (13).<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
52
Évaluation thérapeutique<br />
Traitement<br />
1. Classes pharmacothérapeutiques utilisées<br />
Antihistaminiques : Diphénhydramine (DRAMAMINE®)<br />
Anticholinergiques : Scopolamine (VAGANTYL®)<br />
Neuroleptiques<br />
— Phénothiazines :<br />
- chlorpromazine (LARGACTIL®)<br />
- métopimazine (VOGALÈNE®)<br />
— Butyrophénones<br />
- halopéridol (HALDOL®)<br />
- dropéridol (DROLEPTAN®)<br />
— Benzamides<br />
- métoclopramide (PRIMPÉRAN®, ANAUSIN®)<br />
- alizapride (PLITICAN®)<br />
Antidopaminergiques : Dompéridone (MOTILIUM®)<br />
Corticostéroïdes<br />
- Dexaméthasone (SOLUDÉCADRON®)<br />
- Méthylprednisolone (SOLUMÉDROL®)<br />
- ACTH (SYNACTHÈNE®)<br />
Antagonistes des récepteurs 5 HT3 de la sérotonine<br />
- Ondansétron ( ZOPHREN®)<br />
- Granisétron (KYTRIL®)<br />
- Tropisétron (NAVOBAN®)<br />
- Dolasétron (ANZEMET®) (en cours de commercialisation)<br />
2. Protocoles d’<strong>utilisation</strong> des antiémétiques<br />
2.1. En monothérapie<br />
Les antiémétiques, quand ils sont utilisés seuls, sont habituellement<br />
utilisés à forte dose (cf tableau II).<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
2.3. Traitements associés (Prémédication)<br />
Anxiolytiques type benzodiazépine : lorazépam<br />
(TÉMESTA®), clorazépate dipotassique (TRANXÈNE®),<br />
alprazolam (XANAX®).<br />
Dans les vomissements d'anticipation, ils sont administrés<br />
la veille de la chimiothérapie.<br />
Recommandation de prescriptions des antiémétiques<br />
(d’après les «Standards, Options et Recommandations de la<br />
FNCLCC et auteurs du <strong>CNHIM</strong>)<br />
1. Chimiothérapie fortement émétisante<br />
(y compris les conditionnements de greffe)<br />
1.1. Première cure<br />
* Préventif en IV et/ou associé à un corticoïde :<br />
- ondansétron 8 mg (possibilité d’administrer 24 mg en cas<br />
de cisplatine à dose > 75 mg/m 2 ),<br />
- ou granisétron 3 mg,<br />
- ou tropisétron 5 mg,<br />
- associé à un corticoïde.<br />
* En cas d’échec immédiat :<br />
- sétron, 1 à 2 prises maximum,<br />
- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />
habitudes.<br />
* Relais per os :<br />
- ondansétron 8 mg x 2/j,<br />
- ou tropisétron 5 mg x 1/j,<br />
- pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />
1.2. Cures suivantes<br />
* Si le traitement préventif de la première cure s’est<br />
révélé efficace : il faut refaire la même prévention.<br />
2.2. En bithérapie<br />
Les associations corticoïde/neuroleptique sont les plus<br />
employées. Exemples :<br />
— Dexaméthasone/chlorpromazine,<br />
— Méthylprednisolone/alizapride :<br />
- Avant le début de la chimiothérapie :<br />
Méthylprednisolone : 500 mg en perfusion sur 20 à 30 min<br />
Alizapride : 4 mg/kg en perfusion sur 15 min<br />
- 4 heures et 8 heures après le début de la chimiothérapie :<br />
Alizapride : 4 mg/kg en perfusion sur 15 min<br />
- 8 heures après la dernière perfusion<br />
Alizapride : 50 mg relais per os<br />
- Les jours suivants la chimiothérapie<br />
Alizapride : 50 mg toutes les 8 h per os<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
53<br />
* En cas de vomissements anticipés : il faut entreprendre<br />
une prémédication anxiolytique (benzodiazépines).<br />
* En cas d’échec :<br />
— Préventif en IV :<br />
- changer de sétron,<br />
- augmenter les doses d’ondansétron à 16 ou 24 mg en association<br />
à un corticoïde,<br />
- ajout de neuroleptiques et/ou d’anxiolytiques.<br />
* En cas d’échec immédiat<br />
- sétron, 2 prises maximum,<br />
- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />
habitudes.
Évaluation thérapeutique<br />
* Relais per os<br />
- ondansétron 8 mg x 2/j ou tropisétron 5 mg x 1/j pendant<br />
2 à 3 jours (5 jours maximum) + corticoïdes per os,<br />
- neuroleptiques per os ou par voie rectale QSP (le recours<br />
au phénobarbital doit être réservé aux cas très résistants, à<br />
cause du risque de régurgitation).<br />
2. Chimiothérapie moyennement émétisante<br />
2.1. Première cure<br />
* Préventif en IV :<br />
- ondansétron 8 mg ou granisétron 3 mg ou tropisétron 5 mg<br />
- un corticoïde : 10 mg de dexaméthasone ou 60 mg de<br />
méthylprednisolone.<br />
* Préventif per os :<br />
- ondansétron : 1 comprimé 8 mg, 2 heures avant,<br />
- ou granisétron :<br />
. 1 comprimé unique à 2 mg dans l’heure qui précède<br />
le début de la chimiothérapie,<br />
. ou 1 comprimé à 1 mg dans l’heure qui précède le début<br />
de la chimiothérapie et 1 comprimé à 1 mg 12 heures<br />
après le début de la chimiothérapie (± 4 heures).<br />
* En cas d’échec immédiat :<br />
- sétron, 1 à 2 prises maximum,<br />
- alizapride, métoclopramide ou métopimazine selon les<br />
habitudes.<br />
* Relais per os :<br />
neuroleptiques per os ou par voie rectale QSP.<br />
2.2. Cures suivantes<br />
* Si le traitement préventif de la première cure s’est<br />
révélé efficace : il faut refaire la même prévention<br />
* Prémédication : benzodiazépines.<br />
* En cas d’échec :<br />
— Préventif et/ou curatif en IV ou per os :<br />
- changer de sétron,<br />
- augmenter les doses d’ondansétron à 16 ou 24 mg,<br />
- association aux corticoïdes,<br />
- ajout de neuroleptiques et/ou d’anxiolytiques.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
3. Chimiothérapie faiblement émétisante<br />
3.1. Première cure et cures suivantes<br />
* Préventif et/ou curatif en IV : alizapride, métoclopramide<br />
ou métopimazine selon les habitudes.<br />
* En cas d’échec : passer à un sétron.<br />
4. Chimiothérapie fractionnée sur plusieurs jours<br />
Préférer les neuroleptiques plus ou moins associés aux corticoïdes.<br />
Les sétrons sont à réserver aux jours où sont perfusés les<br />
anticancéreux connus pour être fortement émétisants.<br />
5. Enfants<br />
Les enfants de plus de 2 ans doivent être traités par ondansétron<br />
(AMM) :<br />
- IV lente de 5 mg/m 2 ,<br />
- puis relais per os : 4 mg (de 10 à 25 kg) ou 8 mg (> 25 kg)<br />
pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />
Le granisétron et le tropisétron sont à réserver aux jeunes<br />
adultes de plus de 15 ans.<br />
6. Radiothérapie<br />
Les sétrons indiqués dans la prévention et le traitement des<br />
nausées et vomissements induits par la radiothérapie cytotoxique<br />
fortement émétisante (abdomen, irradiation corporelle<br />
totale) sont :<br />
- l’ondansétron (comprimé, solution injectable IV),<br />
- le granisétron (solution injectable IV).<br />
7. Vomissements anticipés<br />
Les vomissements anticipés peuvent être traités par les<br />
anxiolytiques (benzodiazépines).<br />
— Relais per os : ondansétron 8 mg x 2/j ou tropisétron<br />
5 mg x 1/j pendant 2 à 3 jours (5 jours maximum).<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
54
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Tableau II : Exemples de protocoles d’<strong>utilisation</strong> des antiémétiques (en monothérapie)<br />
Neuroleptiques<br />
— Métoclopramide (PRIMPÉRAN®, ANAUSIN®) : 1 à 3 mg/kg - et jusqu’à 10 mg/kg/j - per os, voie rectale, IM, IV<br />
en perfusion sur 15 minutes, à renouveler toutes les 2 à 4 heures.<br />
— Métopimazine (VOGALENÈ®) : jusqu'à 15 mg per os, 5 à 10 mg voie rectale, 10 mg par voie IM ou IV lente, à<br />
renouveler toutes les 4 à 6 heures.<br />
— Alizapride (PLITICAN®) : 2 à 4 mg/kg per os, IM, perfusion IV sur 15 minutes à renouveler toutes les 4 à 6 heures.<br />
Sétrons<br />
— Ondansétron (ZOPHREN®) :<br />
* En préventif chez l'adulte :<br />
- En monothérapie<br />
. Une injection unique de 8 mg en IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie.<br />
Jusqu'à 32 mg en cas de risque émétogène extrême : en une injection unique IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie<br />
ou de la radiothérapie ou répartis en 1 injection de 8 mg avant le début de la chimiothérapie suivie d'une perfusion<br />
continue sur 24 heures (1 mg/h).<br />
Relais per os : 1 comprimé de 8 mg 2 fois par jour pendant 2 à 3 jours jusqu'à 5 jours.<br />
. Ou 1 comprimé de 8 mg 2 heures avant la chimiothérapie moyennement émétisante ou de la radiothérapie.<br />
- En association aux corticoïdes : cette association est recommandée afin d'améliorer la réponse et le maintien<br />
de l'efficacité antiémétique au fil des cures de chimiothérapie.<br />
Une injection unique de 8 mg d’ondansétron en IV lente 30 minutes avant le début de la chimiothérapie en association<br />
avec dexaméthasone 16 mg en I,. ou méthylprednisolone 120 mg en IV.<br />
Relais per os par 1 comprimé de 8 mg d'ondansétron 2 fois par jour pendant 2 à 3 jours et pouvant aller jusqu'à 5 jours en<br />
monothérapie ou éventuellement en association avec des corticoïdes (exemple : méthylprednisolone 16 mg per os 2 fois<br />
par jour pendant 5 jours).<br />
*En préventif chez l'enfant de plus de 2 ans :<br />
Une injection unique d'ondansétron à raison de 5 mg/m 2 en perfusion sur 15 minutes. 30 minutes avant le début de la chimiothérapie.<br />
Relais per os par 1 comprimé de 4 mg (enfant de 10 à 25 kg) ou 2 comprimés à 4 mg (enfant de plus de 25 kg) 2 fois par<br />
jour et jusqu'à 5 jours. Il existe une forme sirop, dosé à 4 mg/5 ml, pour les malades ayant des difficultés à avaler.<br />
— Granisétron (KYTRIL®) : ampoule injectable de 3 mg/ml en perfusion IV. Dilution dans 20 à 50 ml d’une solution de<br />
glucose à 5 % ou 10 % ou de chlorure de sodium à 0,9 % ou de soluté de Hartman, ou de lactate de sodium ou de mannitol.<br />
* En préventif :<br />
- une ampoule de 3 mg est à administrer en perfusion 5 minutes avant le début de la chimiothérapie. En cas de nausées et<br />
vomissements, injection d’une 2ème ampoule.<br />
- 1 comprimé unique de 2 mg, 1 heure avant la chimiothérapie moyennement émétisante.<br />
- Ou 1 comprimé de 1 mg, 1 heure avant la chimiothérapie moyennement émétisante et un autre 12 heures plus tard.<br />
* En curatif :<br />
- en l'absence de traitement préventif préalable : une à trois doses de 3 mg espacées d'au moins dix minutes,<br />
- en cas de traitement préventif préalable : une à deux doses de 3 mg espacées d'au moins dix minutes.<br />
La dose maximale journalière est de 9 mg, soit 3 perfusions de 3 mg par 24 heures.<br />
— Tropisétron (NAVOBAN®) : 1 ampoule injectable de 5 mg, dans 100 ml d’une solution isotonique en perfusion de 15<br />
à 30 minutes, ou en IV lente (> 1 minute) avant le début de la chimiothérapie.<br />
Relais per os : 1 gélule le matin au lever pendant 2 à 3 jours, jusqu’à 5 jours.<br />
- Remarques<br />
. Le phénobarbital se montre très efficace sur les nausées et les vomissements. Cependant, du fait de son effet sédatif, les<br />
risques de régurgitation dans les bronches sont importants.<br />
. Chez l'enfant, tous les protocoles antiémétiques sont utilisables avec une adaptation de dose.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 55
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Critères de choix d’un protocole antiémétique<br />
MUCITE, STOMATITE (10, 21, 31, 22, 23, 24, 26, 30, 31, 37, 41)<br />
Mucite, stomatite<br />
La bouche est chez les cancéreux particulièrement fragile.<br />
Les lésions buccales (mucite, gingivostomatite, hémorragie...)<br />
et dentaires sont fréquentes et peuvent être causées par :<br />
- le cancer lui-même, en raison de l'insuffisance médullaire,<br />
de l’immunodépression ou de l'évolution du processus tumoral,<br />
- la thérapeutique mise en œuvre, particulièrement la radiothérapie<br />
et la chimiothérapie.<br />
Les mesures d'hygiène buccale, préventives et/ou curatives,<br />
visent à maintenir une qualité de vie chez le malade cancéreux<br />
en évitant, notamment, les dysphagies, et à empêcher<br />
que la cavité buccale ne soit une porte d'entrée d'une infection.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> impliqués<br />
1. <strong>Cytotoxiques</strong> le plus souvent impliqués<br />
Bléomycine, busulfan, chlorméthine, cytarabine, dactinomycine,<br />
daunorubicine, doxorubicine, épirubicine, fluorouracile,<br />
hydroxyurée, idarubicine, méthotrexate, pirarubicine,<br />
plicamycine, streptozocine, zorubicine.<br />
2. Autres cytotoxiques<br />
Les autres cytotoxiques peuvent induire les lésions buccales<br />
à des degrés variables.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
56
Évaluation thérapeutique<br />
Mesures préventives<br />
1. Remise en état de la denture<br />
Elle doit se faire avant tout début de traitement et si l'état du<br />
malade le permet (malade non aplasique...).<br />
1.1. Extraction des dents à haut risque infectieux, des chicots,<br />
et des dents branlantes dans les 15 jours à 3 semaines<br />
précédants la première cure de chimiothérapie ou d'irradiation.<br />
Une absence complète d'hygiène buccale fait préférer l'exérèse<br />
à la réparation.<br />
1.2. Détartrage, pulpectomie, soins parodontaux et<br />
apprentissage du brossage hygiénique des dents.<br />
1.3. Réajustement parfait des prothèses et des bagues d'orthodontie.<br />
Dans le cas de l'irradiation, les gencives se modifient<br />
et peuvent rendre le port de prothèse douloureux.<br />
2.1. Nettoyage des dents<br />
2. Soins de la bouche<br />
- Si le taux des plaquettes est supérieur à 30 G/l, le nettoyage<br />
se fait par brossage régulier des dents avec une brosse<br />
souple (type chirurgical) et à l'aide d'un gel fluoré.<br />
L’<strong>utilisation</strong> d’un fil dentaire est recommandée.<br />
- Si le taux des plaquettes est inférieur à 30 G/l, le nettoyage<br />
s'effectue à l'aide d'un coton tige et d’un hydropulseur<br />
(prescription spécialisée).<br />
2.2. Bains de bouche<br />
Les bains de bouche s’effectuent à l’aide de produit commercialisé<br />
ou d'eau bicarbonatée (2,5 g/100 ml) ou de formules<br />
plus complexes.<br />
Ils sont à répéter 3 à 6 fois par jour.<br />
Exemples de formules de bains de bouche :<br />
a) - Carbonate monosodique 1,4 % 100 ml<br />
- Amphotéricine B (FUNGIZONE®) 40 ml<br />
suspension buvable<br />
- Bain de bouche commercialisé 75 ml<br />
- Xylocaïne à 5 %, en cas de 24 ml<br />
dysphagie importante<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
b) - Carbonate monosodique 1,4 % 250 ml<br />
- Nystatine (MYCOSTATINE®) 1 à 3<br />
suspension buvable<br />
flacons<br />
- Collargol 1 %<br />
(solution colloïdale à conserver<br />
1 cuillère<br />
dans un flacon coloré en raison de à soupe<br />
son altération à la lumière<br />
péremption courte : 1 semaine)<br />
3. Maintien de la salivation<br />
Le maintien de la salivation est le plus sûr moyen d'empêcher<br />
le développement des caries.<br />
Il est assuré en faisant sucer des glaçons, des cristaux de<br />
citrate de sodium placés sous la langue, et l’<strong>utilisation</strong> de<br />
stimulants de la salivation (pilocarpine, teinture de<br />
Jaborandi ou produits commercialisés), de la salive artificielle.<br />
Cas particulier de la radiothérapie : l'irradiation des aires<br />
ganglionnaires cervicales affecte les 2 parotides et entraîne<br />
une hyposialorrhée favorisant la survenue de caries<br />
sérieuses.<br />
Des applications locales de gel fluoré à 2 % (FLUOCA-<br />
RIL® bifluoré) sont préconisées.<br />
Dans une gouttière de résine thermoformée adaptée à la<br />
denture du malade est introduit régulièrement le gel fluoré.<br />
Il faut appliquer et maintenir cette gouttière 5 à 10 minutes,<br />
le soir de préférence. Il convient ensuite de brosser ou nettoyer<br />
à nouveau les dents (cf supra) jusqu'à disparition complète<br />
de la coloration rouge.<br />
4. Traitement antifongique<br />
Le fluconazole (TRIFLUCAN®), par voie systémique, est<br />
le seul antifongique actuellement utilisé en prévention des<br />
mucites et stomatites dues aux anticancéreux.<br />
Ses effets indésirables sont rares.<br />
Sa posologie est variable, habituellement de 50 à 100<br />
mg/jour.<br />
Mesures curatives<br />
1. Bains de bouche antifongiques (cf supra)<br />
Dans le cas des lésions secondaires à l'emploi du méthotrexate,<br />
il est possible d'ajouter une ampoule d'acide folinique<br />
dans chaque bain de bouche ou de l'administrer en<br />
sublingual.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
57
Évaluation thérapeutique<br />
* Traitement local<br />
2. Traitements antifongiques<br />
- Nystatine locale (100 000 U 4 fois par jour à continuer 2<br />
jours après éradication des lésions)<br />
- Clotrimazole (TRIMYSTEN®) (10 mg, 5 fois par jour<br />
pendant 14 jours).<br />
* Traitement général<br />
Fluconazole, 3 à 6 mg/kg/jour pendant 10 jours, le traitement<br />
est poursuivi en cas d'aplasie.<br />
Il ne faut pas pas utiliser de formes galéniques contenant du<br />
sucre<br />
Aciclovir (ZOVIRAX®)<br />
3. Traitement antiviral<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
4. Traitement antibiotique approprié<br />
5. Traitement de la douleur<br />
** Irrigation locale des zones ulcérées par le chlorure de<br />
sodium à 0,9 %.<br />
** Application de différentes substances :<br />
- gel de lidocaïne,<br />
- gel de diphénhydramine (non commercialisé),<br />
- sucralfate (1 g dans 100 ml de liquide conservé 2 minutes<br />
dans la bouche 4 à 6 fois par jour),<br />
- bêta carotène,<br />
- allopurinol...<br />
Toutefois l'efficacité et la sécurité d’emploi de ces agents ne<br />
sont pas toujours établies.<br />
TRAITEMENT DE LA DOULEUR (4)<br />
La douleur cancéreuse pose un problème important au<br />
cours de la thérapie du cancéreux. 75 % des cancéreux ressentent<br />
des douleurs dont l'intensité est variable suivant le<br />
type et le stade du cancer.<br />
Sa fréquence élevée, notamment au stade terminal de la<br />
maladie, impose une prise en charge et une maîtrise parfaite<br />
du traitement antalgique.<br />
Il apparaît cependant que la douleur cancéreuse est encore<br />
trop souvent négligée ou traitée de façon inadéquate.<br />
Un traitement antalgique bien conduit permet de maîtriser<br />
les douleurs chez 90 % des patients.<br />
Nature de la douleur cancéreuse<br />
La douleur cancéreuse est toujours de nature complexe.<br />
Elle résulte non seulement de composantes physiques (stimuli<br />
physiques nocifs), mais aussi de composantes psychologiques<br />
tel la dépression due au contexte de la maladie<br />
associant la fatigue, l'insomnie, la perte de position sociale,<br />
l'anxiété...<br />
Les causes de la douleur cancéreuse<br />
1. Cause principale<br />
La cause principale de la douleur est l'extension de la<br />
tumeur :<br />
- extension locale de la tumeur source d'inflammation, d'infection,<br />
d'envahissement et de compressions vasculaires,<br />
lymphatiques (phlébites, lymphangites) des troncs nerveux<br />
(névralgies) ou d'organes creux et rétropéritonéaux,<br />
- extension régionale ou métastatique au niveau des os<br />
longs et du rachis avec risques de fractures ou de tassements<br />
vertébraux.<br />
2. Cause secondaire<br />
Les causes secondaires moins fréquentes sont des douleurs<br />
associées au traitement du cancer :<br />
- post chirurgicales : thoracotomies, amputations, mastectomies...<br />
- post chimiothérapie : polynévrites, rhumatismes cortisoniques,<br />
- post radiothérapie : fibroses engainant les tissus nerveux,<br />
- soins locaux.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
58
Évaluation thérapeutique<br />
3. Autres causes<br />
D'autres facteurs sont également associés :<br />
- dégradation de l'état général (dentition, infections, immobilisation),<br />
- facteurs psychologiques participant au déclenchement, à<br />
l'amplification ou à l'entretien des processus douloureux.<br />
Mécanisme de la douleur cancéreuse<br />
Deux types de mécanisme sont rencontrés et peuvent<br />
coexister.<br />
1. La douleur d'origine somatique<br />
Les douleurs d’origine somatique sont des douleurs par<br />
excès de nociception dues à une hyperstimulation des neurorécepteurs<br />
et/ou des faisceaux de conduction.<br />
La douleur est de type névralgique avec une topographie<br />
précise et des caractères bien définis. L'exemple type est la<br />
compression ou l'envahissement tumoral.<br />
2. Les douleurs de déafférentation<br />
Les douleurs de déafférentation résultent d'une faillite des<br />
systèmes de contrôle entraînant des sensations de brûlures<br />
ou de torsion profonde, aggravées par des paroxysmes douloureux<br />
se traduisant en outre par des troubles sensitifs<br />
(hypo-esthésies, dysesthésies), des phénomènes d'hyperpathie<br />
(douleur retardée excessive et prolongée lors d'une stimulation)<br />
ou de causalgies (troubles vasomoteurs associés).<br />
Traitement de la douleur cancéreuse<br />
A tous les stades de la maladie, il faut traiter la douleur.<br />
Un tiers des patients soumis à un traitement cytotoxique<br />
ressentent une douleur, et plus des deux tiers des malades à<br />
un stade avancé de la maladie.<br />
La douleur cancéreuse peut et doit être traitée.<br />
1. Évaluation de la douleur<br />
La première étape du traitement est l'évaluation de la douleur<br />
chez le cancéreux. Elle est essentielle et consiste à<br />
déterminer la cause de la douleur :<br />
- douleur provoquée par le cancer lui-même,<br />
- douleur provoquée par le traitement (douleur cicatricielle<br />
chronique post-opératoire, stomatite après chimiothérapie...),<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
- douleur liée à l'état de faiblesse (constipation, escarres...),<br />
- douleur sans rapport avec le cancer (arthrose).<br />
Aux stades avancés de la maladie, le malade souffre de plus<br />
d'un de ces syndromes.<br />
2. Évaluation de l'état psychologique<br />
À la douleur, se superposent anxiété, crainte de la mort et<br />
dépression. Le traitement antalgique devra être associé à un<br />
traitement psychotrope adapté, l'échec du traitement pouvant<br />
être lié à la négligence du contexte psychologique du<br />
sujet.<br />
3. Stratégies thérapeutiques<br />
La stratégie thérapeutique du traitement de la douleur est à<br />
adapter à chaque patient.<br />
Le traitement doit d'abord s'intéresser à l'étiologie mais les<br />
effets observables sont rarement immédiats. Ainsi un traitement<br />
symptomatique est instauré dès que possible.<br />
Il faut cependant remarquer que toutes les douleurs ne<br />
répondent pas de la même façon aux antalgiques.<br />
Les douleurs par déafférentation ne répondent généralement<br />
pas aux antalgiques ordinaires. Elles sont souvent<br />
atténuées par les antidépresseurs. Elles peuvent de plus être<br />
associées à des douleurs pongitives ou fulgurantes qui<br />
répondent bien à un anticonvulsivant.<br />
Les malades souffrant de douleur par déafférentation présentent<br />
en général un syndrome mixte où l'association antalgique/antidépresseur/anticonvulsivant<br />
peut être nécessaire.<br />
Des mesures non médicamenteuses doivent être envisagées<br />
quand elles sont possibles et pourront être entreprises en<br />
association à un traitement analgésique :<br />
- radiothérapie pour les douleurs osseuses métastatiques ou<br />
de compression,<br />
- blocs neurolytiques et neurochirurgicaux.<br />
4. Règles de prescriptions<br />
Les règles de prescription des analgésiques suivent 2<br />
concepts de base :<br />
- l'administration selon un horaire fixe,<br />
- l'administration par paliers.<br />
4.1. Administration selon un horaire fixe<br />
Il ne faut jamais <strong>pratique</strong>r "d'administration à la demande".<br />
La dose est ajustée à la douleur ressentie et augmentée progressivement<br />
jusqu'au soulagement.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
59
Évaluation thérapeutique<br />
L'administration de la dose suivante doit être faite avant que<br />
l'effet de la dose précédente ait cessé.<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
L'<strong>utilisation</strong> des adjuvants ne doit pas être systématique<br />
mais adaptée à chaque malade.<br />
4.2. Administration par palier (cf Tableau I)<br />
L'OMS définit trois paliers d'analgésiques :<br />
- la classe des non-opioïdes,<br />
- la classe des opioïdes faibles associés ou non à un non opioïde,<br />
- la classe des opioïdes forts.<br />
En premier lieu sont utilisés les non-opioïdes.<br />
Si ceux-ci se montrent insuffisants aux doses et fréquences<br />
recommandées, il est nécessaire de passer au palier supérieur<br />
opioïdes faibles associés à un non-opioïde.<br />
Si le traitement reste toujours inefficace, il faut passer au<br />
palier supérieur des opioïdes forts.<br />
Adjuvants utilisés (cf Tableau II)<br />
A chacun des paliers du traitement antalgique de base peuvent<br />
être ajoutés un ou plusieurs traitements adjuvants :<br />
- soit parce que la douleur ne répond pas aux antalgiques<br />
communs (douleurs par déafférentation),<br />
- soit pour améliorer d'autres symptômes pouvant apparaître<br />
chez les cancéreux.<br />
Techniques neurolytiques ou neurochirurgicales<br />
Les techniques neurolytiques ou neurochirurgicales visent à<br />
remplacer les traitements morphiniques quand ils ne permettent<br />
plus, malgré une bonne <strong>utilisation</strong>, le contrôle de la<br />
douleur cancéreuse. Elles varient avec le type de cancer :<br />
- cancer à développement unilatéral : cordotomie spino-thalamique<br />
au niveau cervical ou dorsal,<br />
- cancer du bassin ou du périnée : phénolisation intrathécale,<br />
- cancer du pancréas ou de l'estomac : alcoolisation du ganglion<br />
splanchnique,<br />
- cancer de la tête ou du cou : thermocoagulation sélective<br />
du trijumeau ou du nerf glossopharyngien,<br />
- cancer hormonodépendants avec métastase osseuse :<br />
hypophysiolyse par voie transnasale.<br />
L'antalgie obtenue par ces techniques est le plus souvent de<br />
courte durée n'excédant pas un an du fait de la progression<br />
tumorale.<br />
TRAITEMENT DES HYPERCALCÉMIES (3, 16)<br />
Étiologie<br />
L'hypercalcémie est la perturbation métabolique la plus fréquente<br />
associée aux néoplasies : 60 % des hypercalcémies<br />
sont d'origine maligne.<br />
Elle est observée au cours de l'évolution de lymphomes,<br />
myélomes, leucémies, cancer du poumon et du sein...<br />
60 % des malades ayant des métastases osseuses peuvent<br />
présenter une perturbation du métabolisme ostéoclasique ;<br />
parfois aucune localisation secondaire n'est retrouvée.<br />
Les signes cliniques sont toujours très évocateurs, et sont<br />
proportionnels à la gravité de l'hypercalcémie.<br />
Dès que la calcémie atteint 2,62 mmol/l (avec une protidémie<br />
normale), il est noté :<br />
- des troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs<br />
abdominales),<br />
- une anorexie,<br />
- des troubles neurologiques (apathies, troubles du comportement,<br />
obnubilation),<br />
- des troubles électrolytiques avec déshydratation, polyurie,<br />
polydypsie,<br />
- des troubles cardiaques, une hypertension,<br />
- une insuffisance rénale,<br />
- un coma.<br />
Une hypercalcémie sévère est définie par une calcémie voisine<br />
de 3,5 mmol/l et nécessite un traitement immédiat.<br />
Toute hypercalcémie non traitée peut être très grave.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
60
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Tableau I : Antalgiques utilisés dans le traitement de la douleur cancéreuse<br />
Médicament Doses efficaces Fréquence d'administration<br />
1 er palier : non-opioïdes<br />
- Aspirine - 250 à 1000 mg - toutes les 4 à 6 heures<br />
- Paracétamol (DOLIPRANE®, - 500 à 1000 mg - toutes les 4 à 6 heures,<br />
EFFERALGAN®)<br />
seul ou en association<br />
- Naproxène (APRANAX®, - 500 mg - toutes les 12 heures<br />
NAPROSYNE®)<br />
- Indométacine (INDOCID®) 100 à 200 mg - en 3 prises par jour<br />
2 ème palier : opioïdes faibles<br />
- Dihydrocodéine (DICODIN®) - 60 mg - toutes les 12 heures<br />
- Codéine + paracétamol - 30 à 150 mg en association - toutes les 4 à 6 heures<br />
(EFFERALGAN-CODÉINE®)<br />
avec 250 à 500 mg d'aspirine<br />
ou 500 mg de paracétamol<br />
- Dextropropoxyphène (ANTALVIC®) - 50 à 130 mg en association - toutes les 4 à 6 heures<br />
- Dextropropoxyphène + paracétamol avec 250 à 600 mg d'aspirine<br />
(DIANTALVIC®, PROPOFAN®)<br />
ou 500 mg de paracétamol<br />
3 ème palier : opioïdes forts<br />
- Buprénorphine (TEMGÉSIC®) orale, - dose de départ : 0,2 - 0,4 mg - toutes les 6 à 8 heures<br />
sublinguale, IV, IM, SC, intrarachidien<br />
- Morphine<br />
. par voie orale (solution buvable - pas de plafond de dose : - toutes les 4 heures pour la<br />
et formes à libération prolongée de 5 mg à plus de 200 mg forme buvable,<br />
MOSCONTIN®, SKÉNAN®) dose de départ : 5 à 10 mg - toutes les 12 heures pour les<br />
formes à libération prolongée<br />
. par voie rectale - 1 à 60 mg<br />
. par voie parentérale (SC, IM) - tiers ou demi de la dose utile<br />
par voie orale<br />
. par voie intrarachidienne - 1 à 2 mg par jour<br />
(morphine sans conservateur)<br />
. par voie intracérébro-ventriculaire - 0,2 à 0,4 mg<br />
(morphine sans conservateur)<br />
- Nalbuphine (NUBAIN®) - 10 à 20 mg SC, IM, IV - toutes les 3 à 6 heures<br />
dose maximale 160 mg/jour<br />
- Péthidine (DOLOSAL®) 50 à 100 mg - toutes les 3 heures<br />
- Fentanyl (DUROGÉSIC®) En cours de commercialisation, il pourrait constituer une alternative<br />
Système transdermique<br />
aux morphiniques per os quand la voie orale n'est pas disponible.<br />
(patch) dosés à 25-50-75-100 µg/h<br />
Son efficacité serait comparable aux formes administrées par voie orale<br />
et injectable avec une bonne tolérance.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 61
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Tableau II : Médicaments adjuvants utilisés dans le traitement de la douleur cancéreuse<br />
Médicament Indication Posologie<br />
Anticonvulsivants<br />
- Carbamazépine - douleur par déafférentation - 100 mg/j en début de traitement, augmentation de<br />
(TÉGRÉTOL®)<br />
posologie tous les 3 à 4 jours jusqu'à une dose<br />
maximum de 400 mg à 1200 mg<br />
- Clonazépam - douleur par déafférentation - 0,2 à 3 mg/j, augmentation progressive de la posologie<br />
(RIVOTRIL®)<br />
- Phénytoïne - douleur par déafférentation - début de traitement 100 mg/j ; augmentation par<br />
(DI-HYDAN®)<br />
paliers de 20 à 50 mg pour atteindre une dose totale<br />
ne dépassant pas 250 à 300 mg<br />
Neuroleptiques<br />
- Chlorpromazine - à visée anxiolytique : - 0 à 25 mg toutes les 4 heures<br />
(LARGACTIL®)<br />
diminution de l'anxiété<br />
exacerbant la douleur<br />
- Halopéridol - syndrome d'agitation - jusqu'à 10 mg, 2 à 3 fois par jour<br />
(HALDOL®)<br />
confusionnel<br />
- antiémétique - 1 mg, 1 à 2 fois par jour<br />
Anxiolytiques<br />
- Diazépam - utile dans les douleurs - dose d'attaque : 5 à 10 mg<br />
(VALIUM®) dues à un spasme musculaire dose d'entretien : 2 à 10 mg au coucher<br />
2 à 3 fois par jour<br />
- Hydroxyzine - anxiolytique, - 10 mg, 3 fois par jour<br />
(ATARAX®) antihistaminique H1 jusqu'à 25 mg toutes les 4 heures voire plus<br />
antiémétique,<br />
- potentialise l'effet antalgique<br />
de la morphine<br />
Antidépresseurs<br />
- Amitriptyline - traitement de la dépression - 150 à 200 mg par jour<br />
(LAROXYL®) - traitement antalgique des - début : 10 à 25 mg en une fois au coucher,<br />
douleurs dysesthésiques par augmentation lente jusqu'à 50 à 75 mg<br />
déafférentation<br />
- Clomipramine - traitement antalgique des - début : 10 à 25 mg, augmentation lente<br />
(ANAFRANIL®) douleurs dysesthésiques par jusqu'à 150 mg/j au maximum<br />
déafférentation<br />
Corticostéroïdes<br />
- Prednisolone - analgésique adjuvant - 10 mg x 3 par jour<br />
(SOLUPRED®)<br />
- Dexaméthasone - compression nerveuse - 4 mg par jour<br />
(DÉCADRON®) - augmentation de la pression - 4 mg x 4 par jour<br />
intracrânienne<br />
- compression médullaire - jusqu'à 100 mg par jour au début, puis 16 mg<br />
pendant la radiothérapie<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 62
Évaluation thérapeutique<br />
Traitement<br />
Le traitement palliatif de l'hypercalcémie ne doit pas retarder<br />
la mise en œuvre d'un traitement antitumoral qui par son<br />
efficacité préviendra l'éventuelle survenue de nouveaux<br />
épisodes d'hypercalcémie (habituellement réapparition de<br />
l'hypercalcémie dans le délai de 1 à 8 semaines).<br />
En cas d'hypercalcémie ou d'ostéolyse importante, il est<br />
prudent d'administrer du gluconate de calcium.<br />
Le nitrate de gallium, actuellement commercialisé aux<br />
USA, va sans doute venir augmenter l'arsenal thérapeutique<br />
dans cette pathologie. Son intérêt semble résider dans le<br />
maintien à plus long terme d'une calcémie normale. Des<br />
études comparatives seront nécessaires pour en évaluer<br />
l'impact.<br />
1. Traitement initial<br />
Le traitement initial, avant la commercialisation des<br />
diphosphonates, consistait en :<br />
- une réhydratation,<br />
- l'administration de diurétiques de l'anse (furosémide :<br />
LASILIX®) afin de faciliter l'élimination urinaire du calcium,<br />
- l'administration soit de calcitonine (CALSYN®, CALCI-<br />
TAR®, CIBACALCINE®), soit de corticoïdes, soit de<br />
Plicamycine (MITHRACINE®) (toxicités hématologique<br />
et rénale limitantes), soit de phosphore.<br />
Ces thérapeutiques présentent l'inconvénient d'avoir un<br />
effet hypocalcémiant limité, rapide mais de courte durée.<br />
De nombreux effets indésirables leur étant imputables, leur<br />
emploi nécessite un strict suivi clinique.<br />
Cf Tableau I<br />
2.1. Mécanisme d’action<br />
2. Diphosphonates<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
2.3. Indications<br />
Les diphosphonates sont indiqués dans le traitement initial<br />
des hypercalcémies sévères d'origine maligne. La durée du<br />
traitement devra être limitée au temps nécessaire à la normalisation<br />
de la calcémie, sans risquer l'hypocalcémie. Le<br />
traitement ne doit être entrepris qu'associé à une réhydratation<br />
optimale.<br />
Le pamidronate est le seul à posséder une AMM dans le<br />
traitement du myélome multiple de stade IV, avec ou sans<br />
lésion osseuse à la posologie de 90 mg tous les mois en perfusion<br />
IV.<br />
2.4. Posologie<br />
La posologie du pamidronate peut être adaptée au chiffre de<br />
la calcémie initiale<br />
Le relais de la voie parentérale par voie orale est possible<br />
avec le clodronate : à la posologie de<br />
- CLASTOBAN® gélule à 400 mg<br />
2,4 à 3,6 g/j en 2 à 3 prises en dehors des repas avec de l’eau<br />
(pas de laitage) :<br />
. hypercalcémies malignes : 6 à 8 gélules de 400 mg,<br />
. ostéolyses malignes : 4 gélules par jour<br />
- LYTOS®, comprimé à 520 mg<br />
2 comprimés en 1 prise, à distance des repas.<br />
- BONDRONAT®, solution à 2 mg, à diluer pour perfusion<br />
intraveineuse :<br />
hypercalcémie induite par des tumeurs avec ou sans métastases<br />
: 2 à 4 mg.<br />
Remarque<br />
La commercialisation du DIDRONEL® IV a été suspendue<br />
courant 1993.<br />
Les diphosphonates inhibent la résorption osseuse en s'opposant<br />
à l'action de divers facteurs stimulants l'activité<br />
ostéoclasique (prostaglandines, parathormone, cytokines...).<br />
2.2. Effets indésirables<br />
Les principaux effets indésirables sont des nausées et<br />
vomissements.<br />
Des cas de leucoses ont été décrits avec le clodronate, des<br />
lymphopénies avec le pamidronate. Ce dernier provoque<br />
des hyperthermies transitoires au deuxième jour durant 24 à<br />
48 heures.<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3<br />
63
Évaluation thérapeutique<br />
<strong>Cytotoxiques</strong> : <strong>utilisation</strong> <strong>pratique</strong> 3 ème éd.<br />
Tableau I : Comparaison des diphosphonates injectables<br />
DCI Clodronate Clodronate Pamidronate Acide ibandronique<br />
Nom déposé LYTOS® CLASTOBAN® ARÉDIA® BONDRONAT®<br />
Présentation ampoule ampoule ampoule ampoule<br />
300 mg/10 ml 300 mg/5 ml 15 mg/5 ml, 2 mg/2 ml<br />
90 mg/10 ml<br />
Voie IV IV IV IV<br />
Conservation Température Température Température Température<br />
ambiante ambiante ambiante ambiante<br />
Posologie 300 mg/j jusqu'au 300 mg/j jusqu'au Cure d'un seul jour La dose est fonction de<br />
retour à la normale retour à la normale La dose est fonction de la calcémie* :<br />
de la calcémie de la calcémie la calcémie : - hypercalcémie sévère<br />
7 jours maximum 7 jours maximum Calcémie Dose totale (≥ 3 mmol/l) : 4 mg<br />
Un protocole de Un protocole de initiale recommandée - hypercalcémie modérée<br />
1500 mg sur 1 jour 1500 mg sur 1 jour mmol/l mg/l par 1 cure (mg) (< 3 mmol/l) : 2 mg<br />
semble possible semble possible 3 120 15-30<br />
3-3,5 120-140 30-60 * calcémie corrigée en<br />
3,5-4 140-160 60-90 fonction de l’albumine<br />
> 4 > 160 90<br />
Perfusion unique ou en 2<br />
ou 3 doses dans la journée :<br />
la dose de 90 mg peut être<br />
répartie en 2 jours consécutifs<br />
Modalité 500 ml de 500 ml de 250 à 500 ml NaCl 0,9 % 500 ml NaCl 0,9 %<br />
d'admini- NaCl 0,9 % NaCl 0,9 % ou de G5 % ou de G5 %<br />
stration Perfusion 2 heures Perfusion 2 heures Perfusion de 2 à 24 heures Perfusion 2 heures<br />
ou 2 perfusions de 2 à 6 heures<br />
Début 48 heures 48 heures 48 heures NR<br />
significatif<br />
La cure peut être répétée<br />
effet hypo-<br />
en cas de récidive ou de<br />
calcémiant<br />
persistance de l'hypercalcémie<br />
Délai 2-5 jours 4 à 5 jours 4 jours 4 à 7 jours<br />
moyen de<br />
normalisation<br />
de la calcémie<br />
NR : non renseigné<br />
Dossier 1998, XIX, 2-3 64