Sources des pluies acides - Pollution Probe

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Les écosystèmes se rétablissent-ils Écosystèmes aquatiques Dans les écosystèmes naturels, les lacs et les rivières sont habituellement les premiers à présenter des réactions observables aux diminutions des émissions de SO 2 . La première réaction prévue est une diminution des niveaux de sulfate dans l’eau, qui devrait idéalement être suivie d’une augmentation du pH. Selon l’Évaluation scientifique 2004 des dépôts acides au Canada, d’Environnement Canada, « on n’a pas observé jusqu’à présent de rétablissement chimique et biologique à grande échelle dans aucun écosystème, mais certains signes encourageants prouvent que du rétablissement se produit ». Selon le rapport, certains lacs canadiens ne se sont pas rétablis aussi rapidement que prévu. Plusieurs facteurs, décrits ci-dessous, ont atténué l’impact d’une diminution des dépôts acides. Chimie des lacs On a surveillé 766 lacs de l’Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse et de Terre- Neuve-et-Labrador pour y déceler des changements. De 1990 à 2001 (les dernières données déclarées), les tendances prévues prédominaient puisque les concentrations de sulfate ont diminué dans 85 % des lacs, tandis que l’alcalinité et le pH ont augmenté dans 64 et 74 % des lacs respectivement. Bon nombre des lacs qui ont affiché des tendances imprévues se trouvaient en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, et les scientifiques ont noté que ces lacs étaient encore en état de déséquilibre par rapport à l’évolution des dépôts atmosphériques. On peut prévoir qu’au fil du temps, on observera un rétablissement chimique dans un plus grand nombre de lacs. En Europe aussi les lacs se sont rétablis en réaction à la réduction des émissions opérée aux termes des protocoles sur le soufre de la CEEONU. Dans le Sud de la Norvège, où la géologie est semblable à celle de l’Est du Canada, on a fait état d’améliorations considérables de la répartition et de l’absence d’espèces d’invertébrés sensibles à l’acidité, et certains bassins hydrographiques auparavant acidifiés ont retrouvé des niveaux où les dommages sont maintenant négligeables. Écosystèmes forestiers En plus d’un couvert forestier d’apparence saine, la santé d’un écosystème forestier se juge en grande partie en fonction des niveaux dans le sol des cations basiques et des nutriments des arbres tels que le calcium, le magnésium, le potassium et le sodium. Les indications du rétablissement des lacs dont il a été question cidessous laissent entendre que la chimie du sol des écosystèmes forestiers peut aussi être en voie de récupération, et ce parce que la qualité de l’eau d’un lac dépend en grande partie du 52 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LA RÉUSSITE DE SUDBURY Les riches dépôts de minerai qu’on trouve dans la rochemère qui entoure Sudbury, en Ontario, font de la région l’un des plus importants fournisseurs de minerai de nickel et de cuivre au monde. La fusion du minerai de nickel-cuivre, rejette du dioxyde de soufre dans l’environnement. Au cours des années 1960, les fonderies de métal de Sudbury comptaient parmi les plus importantes sources d’émissions au monde : elles étaient responsables d’environ 4 % des émissions mondiales de soufre. L’environnement a payé un lourd tribut pour plus d’un siècle de fusion. Par exemple, de 1961 à 1971, le pH du lac Lumsden, dans le parc Killarney, près de Sudbury, est passé de 6,8 à 4,4 — une augmentation de l’acidité par un facteur de plus de 200. Les émissions de dioxyde de soufre ont acidifié quelque 7 000 lacs dans une zone d’environ 17 000 kilomètres carrés de régions sauvages et inviolées. Les lacs qui ont subi les plus graves dommages étaient situés de 20 à 30 kilomètres environ en aval des fonderies. Les dépôts de dioxyde de soufre ainsi que de cuivre et de nickel ont ravagé la vie végétale et aquatique locale. Les lacs mourants étaient entourés de rochemère érodée et exposée à l’apparence carbonisée et picotée. Ce paysage qualifié de « lunaire » peut être attribué en partie à la récolte préalable des forêts environnantes par une industrie du bois toute puissante qui a exercé ses activités dans la région de 1872 à 1927. La coupe à blanc était aussi utilisée pour faciliter le « grillage à ciel ouvert », auquel on a renoncé depuis longtemps. La documentation des pertes de poissons dans les lacs de la région de Sudbury a été l’un des moments décisifs qui ont alerté les Nord-Américains contre les dangers des polluants acides. À la fin des années 1970, des intérêts privés, publics et commerciaux se sont concertés pour lancer un effort sans précédent de « reverdissement ». On a épandu de la chaux sur les sols carbonisés de la région de Sudbury, manuellement et par avion, pour neutraliser l’acide. On a aussi épandu des semences d’herbages naturels et d’autres plantes. On a planté plus de 3 millions d’arbres en 20 ans. De 1978 à 1993, on a chaulé, engraissé et ensemencé 3 070 hectares de sols stériles. On a complété cet effort de reverdissement par une réduction considérable des émissions de SO 2 par les fonderies de la région, afin de respecter les règlements gouvernementaux. Au cours des années 1960, les fonderies d’Inco et de Falconbridge, les deux plus grands émetteurs de SO 2 , ont émis plus de 2,5 millions de tonnes de SO 2 par année dans l’atmosphère. En 1999, on avait réduit d’environ 90 % les émissions des fonderies par rapport à 1960 (Figure A). Ces efforts ont engendré une réduction spectaculaire de l’acidité des lacs de la région. Le lac Clearwater, à 13 kilomètres de Sudbury, est un exemple remarquable : le pH y a augmenté de 4,3 en 1973 à 6,2 en 1999. Figure A : Émissions totales de SO 2 des fonderies de Sudbury (Inco Ltée et Falconbridge Ltée combinées, 1960–1999) SO 2 (kilotonnes) 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Année Source : Kellar, W, J Heneberry et S Dixit, 2003. ... suite à la page suivante CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES 53
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