GÃTES PANDA & HÃTELS AU NATUREL - Lot-cci-magazine.fr
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DOSSIER ESAT<br />
Sans surprise, les entreprises locales<br />
s’inquiètent de ce développement et<br />
soupçonnent le domaine de bénéficier<br />
d’une condition privilégiée,<br />
échappant aux règles du marché.<br />
De « concurrent »<br />
à « partenaire »<br />
Dans la 3 e phase de son développement,<br />
le Domaine de Boissor devait<br />
justement démontrer qu’il n’avait pas<br />
pour vocation de « casser les prix » et<br />
de se comporter en concurrent<br />
déloyal. Il s’agissait d’ailleurs d’une<br />
évolution nationale qui a conduit en<br />
2005 à l’abandon de l’appellation<br />
« CAT », remplacée par « ESAT »<br />
(Etablissement et Services d’Aide par<br />
le Travail). Dans ce contexte, les<br />
centres devaient notamment tisser des<br />
liens avec les entreprises locales et<br />
leur expliquer un modèle économique<br />
complexe. De fait, le premier objectif<br />
d’un ESAT n’est pas de faire croître<br />
sans cesse son activité marchande,<br />
mais d’accueillir des handicapés et<br />
leur permettre de s’épanouir grâce au<br />
travail. Si l’ESAT ne refuse pas la<br />
modernité (l’imprimerie Boissor a<br />
bénéficié d’un accompagnement de la<br />
CCI et a obtenu cette année la marque<br />
Imprim’vert), il fait en sorte de préserver<br />
les postes de travail qui sont<br />
ailleurs supprimés au profit de chaînes<br />
automatisées. « Le but est de garantir<br />
une activité adaptée aux différents<br />
handicaps, pas de réduire les coûts de<br />
production, explique Christophe<br />
Caudrillier, Directeur du Domaine de<br />
Boissor. Nous devons constamment<br />
trouver le juste équilibre entre les<br />
impératifs économiques et les besoins<br />
des personnes. » Peu à peu, les 9 ateliers<br />
de l’ESAT se sont ainsi positionnés<br />
comme des partenaires ou des<br />
sous-traitants de la distribution et de<br />
l’industrie plutôt que comme des<br />
concurrents directs. Ainsi, par<br />
exemple, les imprimeurs du <strong>Lot</strong> soustraitent<br />
régulièrement des travaux à<br />
l’ESAT de Boissor, et réciproquement.<br />
En moyenne, la productivité d’un travailleur<br />
handicapé représente 30 % de<br />
celle d’un travailleur « normal ». Au<br />
final, le véritable impératif des ESAT<br />
est d’arriver à l’équilibre financier en<br />
pratiquant les prix du marché. Pour<br />
cela, il reçoit de l’Etat un complément<br />
de rémunération, qui permet aux travailleurs<br />
du centre de percevoir l’équivalent<br />
du SMIC. Ce qui concerne l’accueil,<br />
l’encadrement et le suivi des<br />
handicapés relève de budgets<br />
séparés : la DDASS pour les mineurs et<br />
le Conseil Général pour les adultes.<br />
Une évolution majeure du cadre<br />
réglementaire pourrait modifier les<br />
données du problème dans les mois<br />
qui viennent : en effet, toute entreprise<br />
d’au moins 20 salariés est tenue<br />
d’employer 6 % de personnes handicapées<br />
dans son effectif. La nouveauté<br />
vient du fait que la contribution<br />
Agefiph va être considérablement<br />
augmentée au 1 er janvier 2010, passant<br />
de 400 à 1 200 fois le smic horaire par<br />
personne handicapée manquante<br />
(soit près de 13 000 euros). L’un des<br />
moyens pour réduire la pénalité est<br />
de travailler avec des Entreprises<br />
Adaptées ou des ESAT. En effet, tout<br />
contrat d’achat ou de service passé<br />
avec un ESAT diminue le montant de<br />
la contribution.<br />
Un employeur indispensable<br />
Laurent, qui intervient désormais sur une machine à massicoter.<br />
Au terme de ce cheminement, l’ESAT<br />
de Boissor emploie 158 handicapés,<br />
dont 40 sont externes. Il doit aussi<br />
accompagner, 24 heures sur 24, 118<br />
résidants et 20 jeunes handicapés de<br />
moins de 20 ans accueillis en IME.<br />
Pour ce faire, le domaine s’appuie sur<br />
une équipe de 142 salariés (128 ETP),<br />
dont la présence est logiquement<br />
devenue indispensable pour la zone<br />
économique de Luzech. Pour faciliter<br />
l’accès à l’autonomie pour les handicapés,<br />
le domaine s’est par ailleurs<br />
doté d’un service d’accompagnement<br />
à la vie sociale (SAVS), pour les 40<br />
externes de l’ESAT qui sont locataires<br />
dans les environs de Luzech et vivent<br />
seuls ou en couple. Comme tous les<br />
autres établissements pour handicapés<br />
en France, le Domaine de Boissor<br />
doit aujourd’hui se préparer à de nouvelles<br />
orientations. Le principal défi<br />
des années à venir consiste à pallier<br />
au défaut de structures pour les handicapés<br />
à la retraite. Le problème a<br />
d’autant moins été anticipé que l’espérance<br />
de vie des handicapés mentaux<br />
était largement inférieure à celle<br />
de l’ensemble de la population jusque<br />
dans les années 80. Aujourd’hui, une<br />
part importante des travailleurs des<br />
ESAT approchent de l’âge de la<br />
retraite et les établissements se trouvent<br />
con<strong>fr</strong>ontés à une réelle problématique,<br />
sachant qu’un accueil en<br />
famille est difficilement envisageable.<br />
A Luzech comme partout, l’urgence<br />
est de poursuivre la réflexion en<br />
direction de la création de structures<br />
d’accueil pour les personnes handicapées<br />
vieillissantes.<br />
L’ESAT de Boissor en bref<br />
• 158 travailleurs handicapés<br />
• 142 salariés (128 équivalents temps plein)<br />
• Superficie : 20 hectares<br />
• Adresse : Domaine de Boissor - 46140 Luzech<br />
• Téléphone : 05 65 30 77 00<br />
• Mail : boissor@amab.<strong>fr</strong><br />
SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 31