You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Chapitre I: Trait distinctif du développement urbain d'Istanbul:<br />
apparition des cités privées<br />
I.1. Évolution des conditions de vie des élites stanbuliotes depuis les dernières<br />
décennies<br />
I.1.1. Promiscuité lié avec l'exode rural<br />
Depuis l'après-guerre (les années 1950), les grandes villes de la Turquie, et spécialement Istanbul, ont<br />
connu un très important flux migratoire de la population rurale. La cause principale de cet exode rural<br />
était une mécanisation de la campagne, surtout l'introduction des machines agricoles venues des États-<br />
Unis dans le cadre de plan Marshall, dont la Turquie était bénéficiaire. Cette mécanisation a, certes,<br />
augmenté l'effet de la production agricole, mais au même temps a ôté l'emploi à des milliers de gens,<br />
dont la main d'oeuvre a perdu sa valeur contre l'efficacité des machines. Cette partie de la population,<br />
en majorité masculine, a entrepris donc la recherche d'emploi, en se dirigeant vers les métropoles.<br />
(voir: Annexe, figure 1)<br />
Ce mouvement à grande échelle a débouché à la création de nouvelles communautés citadines. Un<br />
exemple d'évènement migratoire spécifique pour la Turquie sont les associations du pays (hemşehri<br />
denekleri), qui jouent un rôle très important dans le paysage sociopolitique de la Turquie, et qui ont<br />
par ailleurs connu un fort accroissement dans les années 1990. Dans la ville même, le mouvement<br />
migratoire provoque aussi certaines transformations dans l’espace et dans la vie quotidienne – comme<br />
l'apparition des bâtiments illégaux nommés gecekondu (bidonvilles) 1 » construits pendant la nuit, car,<br />
en théorie, le bâtiment achevé avant le lever du jour ne pouvait pas être démoli.<br />
On peut considérer les bidonvilles en tant qu'une région de passage, dans le sens d'analyse d'École de<br />
Chicago. De ce fait, la liaison fortement présente dans la conscience collective entre les hemşehri et<br />
l'apparition des gecekondu, fait partie plutôt du mythe urbain que de réalité de la ville: hemşehri<br />
tendent plutôt vers l'installation stable et intégration dans la structure de la ville, autant au niveau<br />
social que géographique – on observe d'ailleurs la répartition géographique stable des associations<br />
régionales sur la carte d'Istanbul 2 . (voir: Annexe, figure 2)<br />
À cette époque-là, la population urbaine d'Istanbul a augmenté brusquement. Une des conséquences<br />
sociales de cet accroissement était le promiscuité naissant entre les vieux habitants de la ville (les<br />
« vrais » citadins), et les nouveaux-arrivants d'origine sociale beaucoup plus modeste - promiscuité<br />
spécialement choquant pour les représentants des élites économiques et intellectuelles.<br />
I.1.2. Développement de la ville et son impact sur la qualité d’habitat<br />
L'augmentation de la population a été accompagnée par le développement de la ville, autant par<br />
l'accroissement de son espace que par l'industrialisation (alimentée par la main d'oeuvre de<br />
provenance rurale, dont l'immigration vers la ville était d'ailleurs, par périodes, encouragée<br />
vivement par le gouvernement). L'autre vague de cet accroissement a commencé aux années 1990 et<br />
continue toujours, chargée du poids des divers effets secondaires: le taux important de la pollution de<br />
l'air et de l'eau,les problèmes constants de la circulation résultant de la rencontre du réseau du<br />
transport public inefficace avec l'augmentation rapide du nombre des voitures privées , le sentiment<br />
croissant d'insécurité.<br />
I.1.2.1. Le boom automobile<br />
Depuis les années 1980, les villes turques connaissent le boom automobile, lié, en<br />
1 littéralement: « tombé pendant la nuit »<br />
2 d'après: Jeanne Hersant, Alexandre Toumarkine: Les associations de pays en Turquie<br />
4