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la « nature sauvage », sont ici explorés sans limite, en grande partie justement par les
entreprises de construction des cités privées.
La vision de cette nature apprivoisée est dans le discours publicitaire étroitement liée avec la
notion du bien-être et de la santé, avec un accent fort sur le bien-être des enfants.
(voir: Annexe, figure 14-17)
I.3.2.2. Image spécifique du voisinage
Le « voisinage choisi » (seçkin komsuluk) est, d'après J.F. Pérouse, au premier rang des arguments de
vente. L'exemple peut être le discours publicitaire de la cité « Agaoğlu My City-Istanbul ». Dans la
brochure on peut lire: « Des Voisins de choix, la Sécurité, des Infrastructures, le Paysage, des
Équipements sociaux, un Cahier des Charges Techniques pour les logements, la Facilité de l’accès,
un Centre commercial et des Écoles, des Parkings et des Services »… 13 . Nous allons retourner au
sujet du voisinage dans le chapître 2 de notre analyse – le phénomène du mahalle étant très
caractéristique pour la structure sociale des communautés turques traditionnelles, reprise au différent
degré et sous différentes formes dans les structures urbaines contemporaines. Nous allons signaler
pour l'instant que le concepte du voisinage diffusé dans le discours publicitaire des cités privés, et qui
repose sur le concepte de homogénéité sociale désirée, est structuré de la façon contraire au voisinage
traditionnel turc, surtout celui des villes, où l'hétérogénéité sociale - et souvent ethnique - constitue le
trait distinctif.
I.3.3. Nouvelle identité à travers l'espace
Le rapport réciproque entre l'identité de l'individu et l'espace occupé par son groupe social est un des
intérêts principaux de la sociologie urbaine. Dans notre analyse, nous nous concentrons surtout sur
l'opération suivante: les individus, à travers l'acquisition de l'espace aux caractéristiques typiques
(selon l'opinion de ces individus) pour le niveau socioculturel auquel ils aspirent, souhaitent se créer
une nouvelle identité culturelle. Cette opération, effectuée entièrement dans le domaine de symboles,
est tout à fait conforme à la théorie des strates sociales: en s'appropriant des caractéristiques de la
strate auquel il aspire, l'individu fait (de son point de vue) le premier pas vers l'ascension dans la
hiérarchie sociale. Dans le cas des habitats au sein des « gated communities » - comme l'exprimera un
de nos interlocuteurs interviewés, il s'agit de la transaction symbolique: « en achetant le style de
vivre, ils veulent acheter l'art de vivre », devenir quelqu'un d'autre, plus européisé, américanisé,
« civilisé » et « moderne ».
Dans l'article de Fessaguet on rencontre le concept intéressant de la différence, et même d'opposition
des « caractères » supposée d'exister entre la population habitant les « beaux quartiers » du rive
asiatique et ceux du côté européen (caractère signifiant ici provenance sociale, style de vie, rapport
entre le niveau du capital culturel, économique et social possédés). On peut donc en développer une
hypothèse probable que ces deux parties de la ville, destinées à la clientèle différente, vont aussi faire
la promotion de leurs cités de la façon différente, correspondante au « caractère » de leurs clients
potentiels. Faute de la longueur limitée de ce travail, nous ne trouvons pas de place pour développer
cette piste intéressante. Néanmoins, pour s'assurer le contact avec la population plutôt homogène,
dans cette analyse on va se concentrer sur les cités et leurs habitants de la rive européenne.
.....
Pour conclure cette partie de notre analyse et pour s'ouvrir la perspective à sa partie suivante, nous
allons nous poser la question: les campagnes publicitaires des « gated communities », qui diffusent à
travers leur discours tout un concept de mode de vie, reposent-elles sur la création totale de ce
concept, ou bien – ce qui fait partie de notre hypothèse – retrouvent et revalorisent, de la façon
13 D'après: J.F. Pérouse, Les formes de la sécurité dans discours publicitaire des cités privées : le cas d’Istanbul
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