Bordeaux culture

focus
Deux premières éditions auront
suffi à Evento pour marquer les
mémoires et susciter les envies.
Véritable laboratoire de la création
à ciel ouvert, la Ville s’est affirmée
comme un trait d’union légitime des
artistes et des publics. Bordeaux
compte aujourd’hui parmi les rares
métropoles françaises reconnues
pour leur politique culturelle forte
et identifiable.
Sa spécialité Les avoir toutes !
Sans privilégier aucune discipline,
la création in situ, foisonnante
et transversale s’épanouit
pendant dix jours dans la capitale
girondine. La déambulation introspective
de Dennis Adams en est l’un
des nombreux exemples. Son film
Spill livre une perception intime de
la Ville, porte un regard onirique
et grave sur les rues, les espaces
publics et l’histoire de Bordeaux.
Artistes, associations, institutions,
professionnels de la
culture, du territoire et d’ailleurs
se rejoignent dans une même
dynamique festive et créative,
faisant de l’espace public le point
de rencontre de toutes les formes
d’art. Célébrant cette union, Evento,
apparaît comme le verre grossissant
d’une action moins visible menée
jour après jour, sur le territoire et
au travers des échanges culturels
internationaux que Bordeaux
entretient dans de nombreux points
du monde.
Un principe
aux spécificités uniques
Evento offre à un artiste
international les clés de Bordeaux.
En immersion dans la Ville, il la
réinvente, par son regard neuf et
son approche artistique, la dessine,
l’interroge, l’apostrophe, la pense.
La carte blanche qui lui est confiée
met en lumière la création contemporaine
dans un esprit à la fois
populaire et exigeant. Ses propositions,
épaulées par l’ensemble des
professionnels de la culture et les
institutions de la Ville offrent des
circulations nouvelles ainsi qu’une
appropriation différente des lieux,
des rues, des places. Alternative,
transdisciplinaire et inédite - par les
itinérances urbaines proposées et
les œuvres éphémères installées- la
manifestation s’ouvre ostensiblement
à tous les publics, dont elle
souligne sa volonté par une gratuité
totale d’accès.
En choisissant un directeur artistique
plutôt qu’un programmateur,
Bordeaux fait le choix audacieux
de mettre à disposition le territoire
urbain comme matière première de
création artistique. La Ville prend
également le risque d’un processus
créatif déroutant, générant de la
curiosité, de l’attente ou parfois
de l’irritation face à la nouveauté
d’une démarche expérimentale.
Son maître d’œuvre s’appuie sur
toutes les composantes humaines,
culturelles, historiques, architecturales,
sociales de Bordeaux et s’en
inspire. Les deux premières éditions
d’Evento ont laissé leur empreinte
dans la Ville. Elles ont également
créé un mouvement qui se poursuit
bien au-delà du temps de la manifestation
grâce notamment aux deux
artistes qui ont orchestré ces expériences
et les portent aujourd’hui à
travers le monde, Didier Faustino et
Michelangelo Pistoletto.
Pour les nommer, la Ville, fidèle
à une consultation systématique
d’experts, a convoqué les personnalités
et les entités les plus
représentatives de la vie culturelle
bordelaise (de la musique classique
aux arts visuels, des musiques
du monde à l’architecture ou aux
arts de la scène). Partant ainsi de
l’existant, calant le projet sur la
diversité des disciplines pratiquées,
comme sur les réalités sociales
du territoire, Evento a dépassé le
cadre d’un simple festival offrant
des programmations transposables
d’une ville à l’autre et proposant à
un artiste, dans le cadre d’une carte
blanche, d’inviter d’autres créateurs
à investir le territoire. Cette offre
généreuse autant que rationnelle
se traduit ici par l’intervention
sensible Tease, tease, tease, d’Anri
Sala, à la Salle des Fêtes du Grand
Parc, là par la passerelle Footpath de
Tadashi Kawamata s’élançant sur le
fleuve de la place des Quinconces.
Les publics mal ou non-voyants
pouvant en découvrir la maquette
poétique du bout des doigts. C’est
aussi le spectacle-performance
Bordeaux-Rosso de l’acteur et metteur
en scène italien Pippo Delbono
n’hésitant pas à choquer et diviser
les publics Place de la Comédie.
C’est encore au Grand-Théâtre la
jeune scène angolaise en émergence
présentée avec ses aînés musiciens
et acteurs de renoms qui livrent
avec « Luanda Smooth and Rave »
un éclairage exclusif de l’Angola.
Une évolution
mesurable, une ligne de
perspective
En deux éditions, ce sont près
de 41 créations originales, 160
artistes de 34 pays différents qui
ont convergé vers Bordeaux et ont
pu développer et partager leurs
visions personnelles appliquées à la
ville, des thèmes « Intime collectif »
et « l’Art pour une ré-évolution
urbaine». Près de 300 structures
associatives et institutionnelles
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