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Bordeaux culture

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Les propositions artistiques de la<br />

compagnie Opéra Pagaï et de l’association<br />

Chahuts offrent un regard<br />

neuf sur la ville et les mondes qu’elle<br />

recèle. Caroline Melon, directrice de<br />

Chahuts, et Cyril Jaubert, fondateur<br />

du collectif Opéra Pagaï expliquent<br />

leur démarche et portent un regard<br />

croisé sur leurs expériences.<br />

De structure et d’origine différente,<br />

Chahuts et Opéra Pagaï sont-elles<br />

animées d’une même intention <br />

Caroline Melon : Notre<br />

association, Chahuts, fondée en 1991<br />

sur la pratique des arts de la parole,<br />

s’implique notamment dans une<br />

réflexion sur les mutations du quartier<br />

Saint-Michel. L’art et les gens<br />

sont au cœur de notre approche :<br />

la création permettant d’effectuer<br />

un pas de côté pour explorer notre<br />

environnement urbain ; l’échange<br />

urbain et humain étant une base<br />

pour co-fabriquer nos projets, vivre<br />

des temps collectifs et partager<br />

des aventures qui décalent notre<br />

perception du quotidien.<br />

Cyril Jaubert : De notre<br />

côté, le propos sous-jacent d’Opéra<br />

Pagaï, créé en 1998, est de déflorer<br />

des mondes inconnus que nous<br />

traversons tous les jours. En marge<br />

de représentations traditionnelles<br />

en salle, notre compagnie pratique<br />

un théâtre de la réalité. Elle vient<br />

s’immiscer dans la vie quotidienne,<br />

interpeler chacun et déjouer des<br />

certitudes intimes. Aussi, en perturbant<br />

un tant soit peu le quotidien,<br />

en y portant un regard différent<br />

et souvent décalé, on peut vivre sa<br />

ville différemment. Et lorsque l’on<br />

déplace un peu la réalité, jaillissent<br />

autour de nous des ressources<br />

insoupçonnées.<br />

Quelles formes prennent vos propositions<br />

artistiques <br />

C. M. : L’association Chahuts<br />

est active tout au long de l’année.<br />

Nous menons de nombreuses<br />

actions de sensibilisation, d’ateliers<br />

de pratique artistique, de<br />

parcours <strong>culture</strong>ls, en collaboration<br />

avec des centres d’animation<br />

et de formation, des associations<br />

socio<strong>culture</strong>lles, des structures<br />

d’insertion professionnelle et<br />

sociale, des bibliothèques, des<br />

collèges, etc. En écho à ce travail,<br />

en tant qu’opérateurs et organisateurs,<br />

nous construisons également<br />

le festival Chahuts à partir de<br />

spectacles préexistants, comme<br />

des programmateurs classiques.<br />

Par exemple, les GreetChahuteurs<br />

(de « greeter » en anglais, l’hôte),<br />

inventés pendant le festival et adaptés<br />

aux Journées européennes du<br />

patrimoine, proposent des balades<br />

personnelles, sensibles et poétiques<br />

du quartier Saint-Michel pour en<br />

faire découvrir ou redécouvrir<br />

des recoins méconnus ou oubliés.<br />

Les habitants deviennent alors les<br />

guides éphémères de leur propre<br />

quartier selon un tracé qui n’est<br />

ni patrimonial ni historique mais<br />

sensible, sentimental, lié au plaisir<br />

de chacun, au cœur de leur environnement<br />

immédiat. C’est la rue d’un<br />

premier baiser, la boulangerie de<br />

la meilleure chocolatine… Par cette<br />

approche inhabituelle nous mettons<br />

en lumière des instants fragiles, des<br />

espaces délicats, des atmosphères<br />

singulières porteuses d’imaginaire<br />

et d’invention qui se greffent et<br />

prennent vie, autour de chacun. Car,<br />

il ne s’agit pas pour nous de changer<br />

le regard des gens mais, tout au<br />

plus, en multipliant les points de<br />

vue, de remodeler le sien.<br />

C. J. : Les interventions d’Opéra<br />

Pagaï, sont elles aussi multiples et<br />

protéiformes. De la Maison sur l’eau -<br />

une famille vivant son ordinaire sur<br />

la Garonne - à Safari intime - pièce<br />

jouée et vécue chez l’habitant - nous<br />

proposons aux citadins comme<br />

aux ruraux, toujours à partir d’une<br />

perturbation du quotidien, une<br />

réflexion sur leur propre territoire,<br />

leur quartier. Cette « mise en scène »<br />

appelle la collaboration des gens qui<br />

vivent là et participent à l’écriture<br />

et la réalisation de ces projets. Ces<br />

propositions sont autant d’intrusions<br />

artistiques dans l’espace<br />

public – c’est-à-dire un espace plein,<br />

aux dimensions variées, chargé de<br />

vies et de gens. Par cette intrusion<br />

nous tentons de comprendre les<br />

enjeux sociaux et <strong>culture</strong>ls du territoire<br />

sur lequel nous travaillons. La<br />

question n’est donc pas uniquement<br />

spatiale. Ainsi, les résidences qui<br />

nous permettent de nous immerger<br />

dans un territoire constituent un<br />

travail in situ, sur mesure, pour<br />

que chaque projet colle à l’échelle<br />

humaine et à l’histoire qu’on y<br />

amène ou que l’on en dégage.<br />

L’espace urbain est donc une « matière<br />

première » de recherche, de création et<br />

d’échange <br />

C. M. : Notre propos n’est pas de<br />

savoir où l’on veut intervenir. Nous<br />

ne sommes pas face à un choix :<br />

nous prenons en compte tous les<br />

espaces quels qu’ils soient. C’est en<br />

ce qu’il a de signifiant que l’espace<br />

nous intéresse. C’est une base de<br />

travail. Chahuts, par exemple,<br />

est totalement lié au quartier où<br />

l’association intervient, ce qui ne<br />

l’empêche pas d’intervenir ailleurs<br />

comme actuellement dans le Lot<br />

et Garonne. L’important pour<br />

nous est de mener des projets<br />

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