FORMATION CONTINUE | Regards et retours d’expérience14tion directement en relation avec leurexpertise métier.Y compris pour des <strong>formation</strong>snon juridiques ?Tout est ouvert pour renforcer leurcompétence et leur expertise. Commedit le dicton, il faut former pour plustard ne pas réformer. Le problèmepour nos <strong>juristes</strong> est plutôt pour euxde libérer du temps pour se former.Vos <strong>juristes</strong> forment voséquipes de vente. Sont-ilsformés à vos métiers ?A l’entrée dans l’entreprise ils suiventcomme les autres nouveaux embauchésle parcours d’intégration d’unedurée de l’ordre de trois mois où ilsdécouvriront les grands métiers del’entreprise. Une particularité à cesujet : Boulanger est une entreprisede vente pas de distribution; Plus qued’aligner des linéaires c’est du conseilà la vente qu’il faut fournir.Quand nos <strong>juristes</strong> forment nos équipesils se forment aussi aux métiersde l’entreprise.Voyez-vous une différence entrela <strong>formation</strong> des <strong>juristes</strong> et cellesdes autres collaborateurs ?Le droit est quelque chose qui évoluetrès vite et à ce titre les <strong>juristes</strong> doiventêtre en <strong>formation</strong> <strong>continue</strong> et perpétuelle.Nous avons besoin d’expertspointus, pas forcément nombreuxmais pointus. Il est clair que la <strong>formation</strong>fait partie de leur expertise. Lessujets évoluent aussi, et les domainesjuridiquement sensibles changent avecle temps. Ce ne sont pas toujours lesmêmes.Mais de façon générale la sociétéest de plus en plus sensible aujuridique.Comment travaillez-vousavec vos <strong>juristes</strong> ?Mon directeur juridique est mon brasdroit dans les négociations. En cemoment par exemple nous travaillonsensemble pour notre dossier auprèsdes autorités de la concurrence. Il esteffectivement rattaché au directeurfinancier mais j’ai de larges plagesde travail avec lui directement. Notremode de travail est très fluide et nonprotocolaire.Le juriste est là pour éclairer, mettreles garde-fous, allumer les feux vert,orange ou rouge. Mais ce n’est pasle juriste ou le droit qui doivent dirigerl’entreprise. L’entreprise ne peut pasêtre dirigée que par le droit.■Juriste d’Entreprise Magazine N°10 – Juillet 2011
Regards et retours d’expérience | FORMATION CONTINUEL’auto<strong>formation</strong> est fondamentaleEntretien avec Jean-François Guillemin, secrétaire généraldu Groupe BouyguesFace à des matières juridiques de plus en plus complexes etabondantes, le juriste d’entreprise, qui a un rôle de régulateurdans la société dans la<strong>quelle</strong> il travaille, se doit de se former enpermanence par le biais de lectures mais aussi de l’université.Jean-François Guillemin, longtemps directeur juridique dugroupe Bouygues et aujourd’hui Secrétaire Général du groupeen charge des questions juridiques, nous explique les enjeux decette auto<strong>formation</strong> et de la <strong>formation</strong> universitaire.Jean-François GuilleminQuelle est votre <strong>formation</strong>initiale ? Avez-vous complétévos bases et eu recours,en cours de carrière, à la<strong>formation</strong> permanente ?Ma <strong>formation</strong> initiale est tout à faitclassique. J’ai été étudiant à Paris IIet j’y ai obtenu un Doctorat d’État endroit privé. Pendant que je préparaisma thèse, j’ai exercé la mission d’assistantauprès de professeurs auxquelsje dois beaucoup. Je ne regretteabsolument pas cette période. Bien aucontraire, elle m’a beaucoup apporté.Certes elle me préparait à mener unecarrière universitaire, alors que j’ai unjour pris une orientation différente.Mais je n’hésite pas à affirmer quecette période m’a bien préparé à exercermes fonctions actuelles : le contactpermanent avec ces professeurs, l’enseignement,la recherche, ce lourdtravail de rédaction sous l’autorité demon directeur de thèse… c’est cela,me semble-t-il, qui m’a appris à êtreclair et à approfondir les sujets. Avec lapatience et la rigueur, la thèse apprendà maîtriser un sujet complexe et degrande ampleur. On mesure l’apportd’une telle expérience lorsqu’on esten charge d’un arbitrage important oud’une grande opération de croissanceexterne. Après avoir quitté l’université,découvrant l’activité de juriste d’entreprise,j’ai bien sûr compris très vitela nécessité de toujours poursuivre sa<strong>formation</strong>. La pratique est certes unedure école, elle nous met dans dessituations incroyablement variées etsouvent inédites. Mais l’accumulationdes expériences ne suffit pas. Il fautse former !Enseigner est un moyen particulièrementefficace. J’ai eu la chance d’êtremaître de conférences à Sciences Posous l’autorité de Bruno Oppetit. Iln’y a rien de tel que de se retrouverdevant des étudiants pour moderniseret approfondir ses connaissances !Malheureusement je n’ai pu <strong>continue</strong>rcar les dossiers s’accumulaient et jen’avais plus assez de temps. Commetous, j’assiste à des séminaires ouà des colloques, auxquels parfois« Le premier objectif me semble-t-ilest la circulation des compétences etexpériences au sein même du groupe. »j’apporte une contribution. Mais leplus important sans aucun doute estl’auto<strong>formation</strong>, cette discipline indispensableà la<strong>quelle</strong> doit s’astreindrele juriste : la curiosité quotidienne,toujours lire la doctrine en sélectionnantles bons auteurs, enrichir sabase de données ou sa documentationpersonnelle, se donner toujoursle temps de lire les textes et la jurisprudence…tout cela est élémentaireet fondamental.Comment se déroule la <strong>formation</strong>dans le groupe Bouygues pourl’ensemble des collaborateurs ?L’une des responsabilités essentiellesdes directeurs juridiques est d’aiderleurs <strong>juristes</strong> à se former. Les grandesentreprises ont des moyens mais ilfaut s’en occuper. Le risque est queles semaines, les mois passent sansque suffisamment de temps ne soitconsacré à la <strong>formation</strong>. Il faut seméfier du sentiment rassurant queprocure l’intense activité du service15Juriste d’Entreprise Magazine N°10 – Juillet 2011