10 PRÉLUDEJe suis avant tout chercheur. Le travail d’implantation est intéressant dans la mesure où unnouveau problème nécessite une large part de conception <strong>et</strong> d’<strong>alg</strong>orithmique nouvelle. Il y aaussi un savoir-explorer. Quelle est la bonne question à poser? Où faut-il passer en force, oùen ratissant au peigne fin? Où tenter sa chance <strong>et</strong> lancer un hameçon au hasard? Quelleconfiance accorder à <strong>des</strong> premiers signes? Et puis celui qui tient la tronçonneuse <strong>et</strong> avancedevant a toutes les chances d’être le premier à entrevoir de nouve<strong>aux</strong> phénomènes. D’autantqu’avec le temps l’œil se forme.L’exploration informatique n’est pas une idée nouvelle en <strong>combinatoire</strong> <strong>alg</strong>ébrique. Schützenbergeren fut un pionnier dès les années 1950. Maintenant quasiment tous les chercheurs yont recours à un moment ou un autre, que ce soit en tapant quelques comman<strong>des</strong> Maple, ouen développant, trop souvent de manière isolée, <strong>des</strong> bibliothèques de plusieurs dizaines voirecentaines de milliers de lignes de code. Mon rêve : mutualiser tout ces efforts de développementpour qu’à la fin chacun ait à sa disposition les meilleurs outils, tout en perdant moins d<strong>et</strong>emps à faire de la technique. C’est tout le sens du proj<strong>et</strong> logiciel ∗-Combinat que j’ai lancéen 2000 avec Florent Hivert <strong>et</strong> que je décrirai en détail dans le chapitre 3. La stratégie est decristalliser une communauté transversale autour de ∗-Combinat, en tissant peu à peu <strong>des</strong> liensà l’échelle internationale. Partis à deux, nous sommes maintenant plus d’une vingtaine, avec130000 lignes de code. Cela nécessite de puiser dans le savoir-faire <strong>des</strong> informaticiens : d’unepart, les outils <strong>et</strong> modèles de développement collaboratifs (par ex. logiciel libre) <strong>et</strong>, d’autrepart, les techniques de conception (par ex. programmation orientée obj<strong>et</strong>) adaptés à notre situation.En bref, industrialiser le processus pour maîtriser le changement d’échelle. Et au finalperm<strong>et</strong>tre <strong>des</strong> calculs d’un niveau de complexité supérieur, intégrant simultanément plusieurstechniques <strong>alg</strong>orithmiques (comme de l’<strong>alg</strong>èbre linéaire creuse avancée, de l’élimination typebase de Gröbner <strong>et</strong> <strong>des</strong> calculs <strong>combinatoire</strong>s sur <strong>des</strong> obj<strong>et</strong>s à isomorphie près; voir section 1),ou combinant plusieurs constructions conceptuelles (dualité, tenseurs, changements de base,torsion de (co)produits, sous-<strong>alg</strong>èbres <strong>et</strong> quotients; voir section 3). C<strong>et</strong> effort de mutualisationexiste depuis longtemps dans d’autres domaines (par exemple avec GAP pour la théorie <strong>des</strong>groupes). Fait nouveau, il se m<strong>et</strong> en place à l’échelle <strong>des</strong> mathématiques (par exemple avec<strong>Sage</strong>). Ma mo<strong>des</strong>te contribution est de faire avancer la situation dans mon domaine.On l’a dit, la <strong>combinatoire</strong> <strong>alg</strong>ébrique se prête en général bien à l’exploration informatique.Mais pas toujours. Une bonne partie de mes recherches (<strong>alg</strong>èbres d’âge, théorie autour <strong>des</strong>invariants de groupes de permutations) a été faite au tableau noir, avec une bonne vieille craie.Cependant l’approche est restée la même : explorer <strong>des</strong> exemples concr<strong>et</strong>s, voir <strong>et</strong> comprendrece qui se passe, puis abstraire autant que faire se peut; bref tenter d’appliquer la maxime :The art of doing mathematics consists in finding that special case which contains all the germsof generality. –David Hilbert Quoted in N Rose Mathematical Maxims and Minims (RaleighN C 1988).L’informatique perm<strong>et</strong> d’abord l’étude d’exemples plus conséquents, ce qui peut être essentiellorsque les premiers exemples non trivi<strong>aux</strong> ne sont déjà plus traitables à la main. Maistransparaissent aussi en filigrane <strong>des</strong> questions qui me tiennent à cœur : qu’est-ce qui est calculable,en pratique? C<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> mathématique, puis-je le modéliser sur ma machine pour pouvoirensuite lui poser <strong>des</strong> questions intéressantes? Jusqu’où peut-on aller avec l’exploration informatique?J’ai ces questions en tête dès que j’aborde un nouveau suj<strong>et</strong>. Cela offre un point devue, certes forcément réducteur, mais qui donne un angle d’attaque, un fil conducteur <strong>et</strong> unesuccession de prises pour rentrer dans le suj<strong>et</strong>. Cela sans jugement de valeurs ni prétention àl’universalité : c’est ce qui fonctionne, pour moi <strong>et</strong> dans une certaine gamme de problèmes.
IntroductionCe mémoire fait la synthèse de presque quinze années de recherche, afin d’en dégager lesperspectives. Ces années ont été pour moi une période de grande liberté, pendant laquellej’ai pris le temps de me forger une voie <strong>et</strong> une démarche personnelle, à mi-chemin entrel’informatique <strong>et</strong> les mathématiques.Ce qui m’a attiré vers la <strong>combinatoire</strong> <strong>alg</strong>ébrique, c’est l’ouverture vers d’autres disciplines,en mathématiques, en informatique, ou en physique théorique. Ma démarche est en eff<strong>et</strong> deme construire, p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, une boîte à outils, en élargissant progressivement mon champ derecherches <strong>et</strong> en tissant un réseau de collaborateurs dans <strong>des</strong> communautés variées : théorie<strong>des</strong> invariants, <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>, <strong>des</strong> groupes, <strong>combinatoire</strong> <strong>alg</strong>ébrique ou non, calcul formel, <strong>et</strong>c.Lorsque, au fil <strong>des</strong> rencontres scientifiques <strong>et</strong> <strong>des</strong> séjours, j’envisage d’aborder un nouveausuj<strong>et</strong> de recherche, je me pose deux questions : « Ma boîte à outils actuelle me donne-t-elle unpoint de vue original, m’offrant une chance de voir ce que d’autres n’ont pas encore vu? »; <strong>et</strong>« Quels outils <strong>et</strong> concepts vais-je apprendre, qui seraient susceptibles de déclencher <strong>des</strong> progrèssur <strong>des</strong> suj<strong>et</strong>s en suspens? ».Pour aborder un nouveau suj<strong>et</strong>, je travaille systématiquement en collaboration. Mon oumes partenaires sont les garants de l’intérêt <strong>et</strong> de l’originalité dans un domaine où je n’aipas forcément encore de recul. En r<strong>et</strong>our, j’apporte <strong>des</strong> outils <strong>et</strong> une expertise. Mon fondsde commerce est l’exploration de domaines relativement vierges : construire <strong>et</strong> étudier <strong>des</strong>exemples, repérer <strong>des</strong> conjectures. Et surtout, chercher le bon point de vue où les énoncés <strong>et</strong>,idéalement, les démonstrations s’expriment simplement.Le langage forme souvent une barrière de communication entre domaines éloignés. C’estpourquoi, dans ma démarche, la <strong>combinatoire</strong> joue un rôle essentiel pour modéliser simplement,<strong>et</strong> souvent de manière <strong>effective</strong>, <strong>des</strong> problèmes en les abstrayant de leur contexte. Cela perm<strong>et</strong>de nouer de nouvelles collaborations sur <strong>des</strong> problèmes concr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> précis. Pour la même raison,ma question favorite est : « Comment cela se calcule? ». Si je suis capable de r<strong>et</strong>ranscrire leproblème dans un ordinateur, c’est qu’aucune subtilité ne m’a échappé; les deux parties sontbien sur la même longueur d’onde. La compréhension du contexte <strong>et</strong> <strong>des</strong> motivations, le plussouvent essentielle pour parvenir à une solution, vient ensuite naturellement au fur <strong>et</strong> à mesurede l’échange qui se m<strong>et</strong> en place.La figure 1 résume les suj<strong>et</strong>s de recherche que j’ai abordés <strong>et</strong> leurs interconnexions. Deuxthèmes princip<strong>aux</strong> se dégagent. Au cœur du premier on trouve les problèmes d’isomorphismeen <strong>combinatoire</strong> <strong>et</strong> leur <strong>alg</strong>ébrisation. Dans le second, les modèles <strong>combinatoire</strong>s deviennent unoutil pour étudier <strong>des</strong> représentations d’<strong>alg</strong>èbre. Un troisième thème essentiel de mon travail,sous-tendant les deux autres, est le développement d’outils pour l’exploration informatique, enparticulier dans le cadre du proj<strong>et</strong> logiciel international ∗-Combinat que j’ai fondé en 2000.1. Algèbres commutatives <strong>et</strong> isomorphisme en <strong>combinatoire</strong>Le premier vol<strong>et</strong> de mes recherches, présenté au chapitre 1, concerne les problèmes d’isomorphismeen <strong>combinatoire</strong>. Ces problèmes sont notoirement difficiles, l’isomorphisme de grapheétant en quelque sorte l’instance phare. Ainsi, la fameuse conjecture de reconstruction de<strong>graphes</strong> de Ulam n’est toujours pas résolue m<strong>alg</strong>ré un demi-siècle de recherches intenses. Lefil directeur de ce vol<strong>et</strong> est : est-ce que l’encodage <strong>alg</strong>ébrique <strong>des</strong> problèmes d’isomorphismepeut aider à mieux les comprendre?11
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Bibliographie[AB03][ABB04][ABS06][A
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[Hai01][Hiv04][HKO + 02][HNT06][HR0
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BIBLIOGRAPHIE 75[Pou08]Maurice Pouz
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Abstract :This manuscript synthesiz
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