24 1. ALGÈBRES COMMUTATIVES ET ISOMORPHISME EN COMBINATOIRE3. Profil <strong>et</strong> <strong>alg</strong>èbres d’âge <strong>des</strong> structures relationnellesLe travail que je décris dans c<strong>et</strong>te section est un élargissement naturel de l’utilisationd’outils provenant de la théorie <strong>des</strong> invariants pour traiter <strong>alg</strong>ébriquement d’autres problèmesd’isomorphisme en <strong>combinatoire</strong>. Réalisé en collaboration avec Maurice Pouz<strong>et</strong>, il s’inscrit dansla lignée de ses trav<strong>aux</strong> sur le profil <strong>des</strong> structures relationnelles (voir [Pou06] <strong>et</strong> [Pou08] pour<strong>des</strong> articles de synthèse).3.1. Âge <strong>et</strong> profil d’une structure relationnelle. Une structure relationnelle est unepaire R := (E, (ρ i ) i∈I ), où E est un ensemble (le domaine de R) <strong>et</strong> ρ i est une famille derelations m i -aires sur E. Typiquement R est un graphe simple : l’ensemble de ses somm<strong>et</strong>s estdonné par E <strong>et</strong> l’ensemble de ses arêtes est décrit par une unique relation ρ 1 binaire (m 1 = 2) <strong>et</strong>symétrique. Nous prendrons comme exemple la somme directe 3K ∞ de trois <strong>graphes</strong> compl<strong>et</strong>sinfinis.Sur tout sous-ensemble A de E, R induit par restriction une sous-structure relationnellesur A. Les notions d’isomorphisme, <strong>et</strong> de type d’isomorphie, sont définies naturellement. L’ensembleA(R) <strong>des</strong> types d’isomorphie <strong>des</strong> restrictions finies de R, appelé âge de R, a été introduitpar Rolland Fraïssé (voir [Fra00]). Le profil de R est la fonction ϕ R qui compte pourchaque entier n le nombre ϕ R (n) de types d’isomorphie de sous-structures de R induites surles ensembles à n éléments [Fra71, Exercise 8 p. 113], [Pou78].Dans 3K ∞ , les restrictions sont de nouveau <strong>des</strong> sommes directes de trois <strong>graphes</strong> compl<strong>et</strong>sau plus. Un type d’isomorphie de taille n peut donc être décrit par une partition de l’entier nà trois parts au plus. Ainsi, la série génératrice de ϕ 3K∞ (n) est donnée par :(1)∑ϕ 3K∞ (n)Z n =n∈N1(1 − Z)(1 − Z 2 )(1 − Z 3 ) .Si I est fini, ϕ R (n) est nécessairement fini. Afin de modéliser <strong>des</strong> exemples venant del’<strong>alg</strong>èbre ou de la théorie <strong>des</strong> groupes, il est cependant nécessaire d’autoriser <strong>des</strong> ensemblesd’index I infini. Le profil étant fini dans ces exemples, nous faisons toujours l’hypothèse queE est infini <strong>et</strong> que le profil ϕ R (n) est fini.3.2. Algèbre d’un âge. La construction de l’<strong>alg</strong>èbre d’âge de P<strong>et</strong>er Cameron suit unparadigme classique de réalisation d’<strong>alg</strong>èbre sur les mots, à cela près qu’elle se réalise sur lesensembles [Cam97]. On considère le sous-espace <strong>des</strong> combinaisons linéaires formelles (éventuellementinfinies, mais de degré borné) de sous-ensembles de R, que l’on muni d’un produitcommutatif gradué en étendant par linéarité le produit d’union disjoint sur les ensembles :AB = A ⊎ B si A ∩ B = ∅ <strong>et</strong> AB = 0 sinon. L’<strong>alg</strong>èbre d’âge a alors pour base les « sommessur orbites » m A = ∑ A∈AA, où A parcourt les éléments de l’âge A(R). Les propriétés de larestriction garantissent qu’il s’agit bien d’une sous-<strong>alg</strong>èbre; celle-ci est bien entendue graduéeconnexe. De plus, par construction, la série génératrice ∑ n ϕ R(n)Z n est la série de Hilbert deQ.A(R).Par c<strong>et</strong>te construction, les structures relationnelles deviennent un modèle <strong>combinatoire</strong>pour les <strong>alg</strong>èbres commutatives graduées. Ce modèle est riche, perm<strong>et</strong>tant de réaliser, outre lesinvariants de groupes de permutations, de nombreuses <strong>alg</strong>èbres <strong>combinatoire</strong>s commutativesau cœur de trav<strong>aux</strong> récents : en premier plan les polynômes quasi-symétriques qui sont aucentre de la théorie <strong>des</strong> <strong>alg</strong>èbres de Hopf <strong>combinatoire</strong>s [ABS06] <strong>et</strong> de nombreuses variantes,comme par exemple les polynômes quasi-symétriques de <strong>graphes</strong> que j’ai introduits <strong>et</strong> étudiésen 2004 avec J.-C. Novelli <strong>et</strong> J.-Y. Thibon [NTT04]. Mais aussi, par exemple, l’<strong>alg</strong>èbre <strong>des</strong>arbres planaires de Gerritzen [DG04, Ger04a, Ger04b].
3. PROFIL ET ALGÈBRES D’ÂGE DES STRUCTURES RELATIONNELLES 25La stratégie est de m<strong>et</strong>tre à jour <strong>des</strong> liens entre propriétés <strong>combinatoire</strong>s de la structurerelationnelle <strong>et</strong> propriétés <strong>alg</strong>ébriques de l’<strong>alg</strong>èbre d’âge. Par exemple, Maurice Pouz<strong>et</strong> a démontré,suite à une conjecture de P<strong>et</strong>er Cameron [Cam97] dans le cadre <strong>des</strong> groupes, quel’<strong>alg</strong>èbre d’âge est essentiellement toujours intègre [Pou08]. Il s’ensuit alors, même si celan’est pas la démonstration la plus courte, que le profil est une fonction non décroissante.3.3. Décomposition monomorphe finie. Nous nous intéressons principalement à unnouveau cadre, celui <strong>des</strong> structures relationnelles adm<strong>et</strong>tant une décomposition monomorphefinie. C<strong>et</strong>te condition est suffisamment large pour couvrir la plupart <strong>des</strong> exemples mentionnésci-<strong>des</strong>sus (sont exclus l’<strong>alg</strong>èbre <strong>des</strong> arbres ainsi que les fonctions quasi-symétriques <strong>et</strong> leursvariantes sur un alphab<strong>et</strong> infini, car leur croissance est exponentielle). Dans ce cas :Proposition 3.1 (Pouz<strong>et</strong>, T. [PT05, PT08b]). Soit R une structure relationnelle adm<strong>et</strong>tantune décomposition monomorphe finie. Alors, l’<strong>alg</strong>èbre d’âge Q.A(R) se plonge dans lespolynômes en un nombre fini de variables (ou un quotient trivial de ceux-ci).Notre premier résultat principal donne <strong>des</strong> informations très précises sur le profil.Théorème 3.2 (Pouz<strong>et</strong>, T. [PT05, PT08a, PT08b]). Soit R une structure relationnelleadm<strong>et</strong>tant une décomposition monomorphe finie avec k composantes infinies. Alors, l’âge estun langage rationnel, <strong>et</strong> le profil de la relation est une fraction rationnelle de la forme suivante :P(Z)(2)(1 − Z) · · ·(1 − Z k ) ,avec P ∈ Z[Z] <strong>et</strong> P(1) ≠ 0. En particulier ϕ R (n) ≈ n k−1 .Ce théorème confirme en particulier la conjecture 1.1 dans ce cadre.Le résultat précédent serait essentiellement trivial si l’<strong>alg</strong>èbre d’âge était toujours finimentengendrée. C’est loin d’être le cas, <strong>et</strong> notre deuxième résultat principal est une caractérisation<strong>combinatoire</strong> de ce fait.Théorème 3.3 (Pouz<strong>et</strong>, T. [PT05, PT08a, PT08b]). Soit R une structure relationnelleadm<strong>et</strong>tant une décomposition monomorphe finie. Alors, l’<strong>alg</strong>èbre d’âge est finiment engendréesi <strong>et</strong> seulement si la décomposition monomorphe est récursivement minimale. Dans ce cas,l’<strong>alg</strong>èbre est un module de type fini sur une sous-<strong>alg</strong>èbre jouant un rôle similaire à celle <strong>des</strong>polynômes symétriques.Plus généralement, notre objectif est d’étudier jusqu’à quel point il est possible de généraliserchacun <strong>des</strong> théorèmes <strong>et</strong> outils que j’ai utilisés en théorie <strong>des</strong> invariants (voir table 1).Les démonstrations reposent essentiellement sur <strong>des</strong> généralisations <strong>des</strong> techniques d’<strong>alg</strong>èbresde Stanley-Reisner utilisées dans [GS84, Thi00a] pour étudier les invariants de groupesde permutations, sur les ordres d’élimination <strong>et</strong> sur la théorie de Ramsey.C<strong>et</strong>te recherche est basée sur l’exploration d’une multitude d’exemples. C’est toute larichesse <strong>des</strong> structures relationnelles : il y a une grande souplesse <strong>et</strong>, selon les contraintes quel’on se fixe, on peut construire toutes sortes d’exemples exotiques. Le prix à payer est qu’il n’ya pas de bonne structure de données générique pour représenter une structure relationnelle;en dehors de cas particuliers, le calcul sur machine est impuissant. De ce fait, en dehors dequelques calculs élémentaires de séries, l’exploration a été réalisée entièrement au tableau noir.3.4. Perspectives. Une <strong>des</strong> approches favorites du Phalanstère est de réaliser les <strong>alg</strong>èbresde Hopf étudiées comme quotients ou sous-<strong>alg</strong>èbres de l’<strong>alg</strong>èbre <strong>des</strong> mots non-commutatifs.La <strong>combinatoire</strong> sous-jacente devient alors habituellement simple, ce qui perm<strong>et</strong> de donner<strong>des</strong> démonstrations élémentaires de la plupart <strong>des</strong> propriétés <strong>alg</strong>ébriques. C<strong>et</strong>te approche secomplète bien avec l’approche opéradique de Jean-Louis Loday consistant en particulier àcasser les opérations (produit, coproduits) en plusieurs sous-opérations (<strong>alg</strong>èbre dendriforme
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Abstract :This manuscript synthesiz
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