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L'auteur comme personnage

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image de l’auteur » 47 . Le projet de fictionnalisation de soi phagocyte la dimensionbiographique induite par la présence de l’auteur dans son œuvre. L’écrivain perd son statutd’individu réel.Cette définition contraste avec celle que propose Vincent Colonna de l’autofictionbiographique 48 : « L’écrivain est toujours le héros de son histoire, le pivot autour duquel lamatière narrative s’ordonne, mais il affabule son existence à partir de données réelles[…] ». L’emploi de l’expression péjorative « affabule » pour désigner l’écrivain quipratique ce type d’écriture montre que l’autofiction biographique est évaluée en fonction deses rapports avec le monde réel, contrairement à l’autofiction fantastique.Les disparités entre ces deux définitions, démontrent que le degré de fictionnalitésuffit à gommer la dimension personnelle induite par l’autoreprésentation de l’auteur, pourVincent Colonna. Selon lui, dans l’autofiction biographique, le travail de transformation dela personnalité de l’écrivain est trop faible pour annihiler la portée référentielle de sesaventures.Aux yeux du critique, la réception d’une autofiction est donc intimement liée audétachement de l’auteur avec l’actualité. Dans l’autofiction fantastique, la réinvention del’écrivain est tellement importante, que la réception de son texte ne peut être quefictionnelle. Dans ce type d’œuvre, le lecteur ne peut pas assimiler le héros à son créateurcar ce dernier, complètement modifié par l’écriture, est méconnaissable. Au contraire, dansl’autofiction biographique, l’auteur reste proche du monde réel. Vincent Colonna en déduitque l’écrivain programme une double réception de son œuvre, à la fois fictionnelle etréférentielle qui laisse flotter dans l’incertitude le statut de son texte.Pour le théoricien, l’autofiction fantastique relève donc clairement de l’écriturelittéraire alors que l’autofiction biographique a un statut générique trouble, à mi-cheminentre l’autobiographie et l’imaginaire. Selon lui, à partir du moment où le romancier relatedes évènements proche de sa propre existence, il devient un « fabulateur » qui cherche àinduire son lectorat en erreur en jouant sur les deux tableaux contradictoires de la réalité etde l’imaginaire.Pourtant, la réception univoque de l’autofiction fantastique peut également être àl’origine d’une erreur d’interprétation du lecteur. Finalement rien n’empêche un auteur de47 Colonna, Vincent, Autofictions & autres mythomanies littéraires, Tristram, 2004, p.75.48 Ibid, p.93.

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