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L'auteur comme personnage

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Si les avatars fictifs de Colette et Philip Roth ont en commun d’exercer la professiond’auteur, la fictionnalisation de soi diverge des procédés spéculaires du roman. DansLes Faux-monnayeurs par exemple, la figuration du <strong>personnage</strong>-auteur a une valeurmétaphorique. Ce qui importe à Gide est de créer un effet de miroir par lequel l’œuvre sereflète elle-même. Chez nos écrivains, cet effet de miroir porte l’accent sur la figureauctoriale. Gérard Genette distingue d’ailleurs la « métalepse de l’auteur », qui donnel’impression que l’écrivain s’est introduit dans sa fiction, de la mise en abyme. La« métalepse » est le franchissement de la ligne de démarcation qui sépare le monde réel del’univers imaginaire. Cette pratique ne se restreint pas à la littérature ; elle est égalementexploitée par le cinéma, la plupart du temps dans une intention ludique. Ainsi, le filmGrosse Fatigue raconte les mésaventures de l’acteur Michel Blanc, qui conserve ici son étatcivil, tout en jouant son propre rôle pour dépeindre avec ironie les aléas de la notoriété et dumétier d’acteur.Dans l’autofiction, la « transgression ascendante de l’auteur s’ingérant dans safiction » 83 , n’est pas un effet du texte éphémère, elle devient le sujet même du récit.A. Qu’est-ce qui différencie l’autofiction de la pratique spéculaire ?Chez Colette et Philip Roth, le <strong>personnage</strong> de l’auteur n’est pas une figurefantomatique qui intervient ponctuellement pour donner son avis sur le récit en cours<strong>comme</strong> peut le faire Scarron dans Le Roman Comique. Il incarne le <strong>personnage</strong> principal durécit. On pourrait en déduire que nos écrivains poussent à son paroxysme ce procédéd’intrusion.Pourtant, Vincent Colonna pressentait déjà dans sa thèse que les intrusions d’auteur,fréquentes dans le roman, ne pouvaient se confondre avec le genre de l’autofiction, sanstoutefois en expliquer la cause : « Si l’autofiction est autre chose qu’un procédé narratif, sielle est réellement une figure d’énonciation, une posture de communication il fautdifférencier le réalisations où le représentant auctorial occupe une place centrale de cellesoù sa présence est négligeable pour la diégèse, même si elle n’est pas accessoire pour lasignification de l’œuvre » 84 .83 Genette, Gérard, Métalepse, Seuil, coll. « Poétique », 2004, p.27.84 Colonna, Vincent, L’autofiction. Essai sur la fictionnalisation de soi en littérature, doctorat de L’E.H.E.S.S.sous la direction de Gérard Genette, 1989, p.267.

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