ça ne prouve pas que les <strong>personnage</strong>s sont un aspect de moi, mais plutôt que j’ai été, moi,un aspect de mes <strong>personnage</strong>s. » En inversant les rapports de contamination entre le réel etla fiction communément admis, Colette admet qu’il existe toujours des similitudes entre ununivers fictif et celui qui en est à l’origine, mais elle sous-entend aussi que cesressemblances ne sont pas éclairantes en terme d’interprétation, car elles ne mettent en jeuque l’auteur et ses <strong>personnage</strong>s.Si l’autofiction ne peut pas être envisagée <strong>comme</strong> une sous catégorie du romanautobiographique, on peut analyser la nature du lien qui l’unit aux autres formesromanesques.B. Autofiction/ romanL’écriture d’une œuvre de fiction suppose bien souvent l’effacement du scripteur,<strong>comme</strong> le rappelle Maurice Couturier : « Le roman méta- ou monotextuel a toujourscherché à représenter de multiples manières les paroles et les pensées des <strong>personnage</strong>s,<strong>comme</strong> pour donner l’illusion que l’histoire s’énonce toute seule, sans l’intervention del’auteur » 73 .En dépit de cette délégation d’autorité, qui est un mirage produit par l’écriture ellemême,l’éviction de l’auteur n’est pas toujours intégrale. Si l’écrivain cultive l’illusion quel’histoire est narrée par une voix indépendante de lui-même, il n’est pas rare que saprésence s’inscrive malgré tout au fil du texte.L’identité de l’instance narrative est un moyen de déterminer le rapport existantentre l’auteur et son œuvre. Dans le cas du roman hétérodiégétique par exemple, la distanceentre l’auteur et le héros de son histoire est maximale, puisqu’un narrateur qui ne peut passe confondre avec lui prend en charge le récit. Ce narrateur assume dès lors le rôle demédiateur entre l’écrivain et l’univers fictif.Concernant le roman à la première personne, on peut recenser deux cas de figure :dans un texte homodiégétique, le narrateur devient le <strong>personnage</strong> central du récit. Il relatelui-même une histoire qui le concerne personnellement. Il n’y a donc pas d’instancenarrative médiatrice. Cependant, étant donné que ce <strong>personnage</strong> est la plupart du temps dotéd’une identité fictive, son discours peut difficilement être attribué à l’auteur. Dans un récitautodiégétique, le narrateur <strong>personnage</strong> est anonyme. Il est alors difficile de savoir qui73 Couturier, Maurice, La Figure de l’auteur, Seuil, coll. « Poétique », 1995, p.157.
eprésente la voix du texte en se fondant uniquement sur l’identité narrative. Le danger pourl’auteur est d’être automatiquement assimilé au « je » de son récit.Enfin, dans l’autofiction, tout dépend si l’on se fonde uniquement sur le critèrenominatif. Si l’importance de la présence du patronyme de l’écrivain transcende l’intentionde ce dernier, l’identité entre l’auteur, le narrateur et le <strong>personnage</strong> de l’histoire, est totale.Mais, <strong>comme</strong> nous allons le constater plus loin, à partir du moment où il s’affiche dans untexte d’imagination, le nom propre de l’auteur renforce la distance entre les trois figuresnarratives.fiction fiction homodiégétique 75 roman autodiégétique autofiction 76hétérodiégétique 74AAAA≠≠≠≠≠ ou = ≠ ou =≠ =N ≠ PN = PN = PN = PConcernant cette forme,l’anonymat de l’instancenarrative crée uneSelon nousambivalence quin’existe qu’en termes deAréception.≠≠N = PA = auteurN = narrateurP = protagoniste74 Genette, Gérard, « Les critères de distinction auteur/narrateur/<strong>personnage</strong> », Fiction et Diction, Seuil,coll. « Poétique », 1992, p. 85-87.75 Ibid.76 Ibid.
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