2.1 Les paysages, miroirs de notre perceptionLe paysage st aujourd’hui une notion complexe qui a subi, au cours de ces dernierssiècles, de nombreuses métamorphoses. Du Moyen Age aux temps modernes, lepaysage a signifié « région », « territoire », « pays », « étendue », « vue d’ensemble»,« milieu ». Dans la société européenne occidentale, c'est seulement vers leXV e siècle que la peinture l’a mis en valeur. Il est devenu le terme te<strong>ch</strong>nique désignantun nouveau courant de peinture : la représentation figurative de la nature.Aux XVI e <strong>et</strong> XVII e siècles, le paysage ne désignait pas un site naturel mais un tableaureprésentant la nature principalement par une vue <strong>ch</strong>ampêtre ou un jardin. AuXVIII e siècle, suite à son succès dans les arts picturaux <strong>et</strong> littéraires, ce terme estpassé dans le langage courant, associé aux qualificatifs tels que « sublime » ou« pittoresque ». Et depuis le XIX e siècle, il est utilisé dans de nombreuses disciplinesscientifiques avec <strong>des</strong> acceptions différentes, selon que celles-ci progressivementfocalisent leurs intérêts sur <strong>des</strong> aspects objectifs d’ordre morphologique <strong>et</strong>fonctionnel ou <strong>des</strong> aspects subjectifs relevant de la sensibilité, de la perception ou<strong>des</strong> représentations sociales. Actuellement, le paysage n’est plus le <strong>ch</strong>amp d’intervention<strong>des</strong> seuls artistes, il est davantage celui <strong>des</strong> aménageurs, <strong>des</strong> gestionnaires<strong>et</strong> <strong>des</strong> écologues. Se pose alors, pour l’avenir du paysage en Europe, l’émergenced’un débat sur la pertinence du clivage entre espaces protégés <strong>et</strong> les autres territoires.Dans son sillage, on assiste à l’émergence de nouvelles questions portant sur lacohérence <strong>et</strong> l’intégration <strong>des</strong> paysages fragmentés ou composites. 4La conception « <strong>Paysage</strong> suisse » propose une définition moderne <strong>et</strong> assez large dece terme :« La notion de paysage englobe l’ensemble de l’espace, à l’intérieur <strong>et</strong> à l’extérieur<strong>des</strong> agglomérations. Elle résulte de la conjonction évolutive de facteursnaturels tels que le sous-sol, le sol, l’eau, l’air, la lumière, le climat, la faune <strong>et</strong> laflore, ainsi que de facteurs sociaux, culturels <strong>et</strong> économiques. » 5C<strong>et</strong>te définition accorde une attention particulière à la relation que nous entr<strong>et</strong>enonsavec le paysage. Elle tient compte à la fois de l’environnement naturel, <strong>des</strong> réalitéssocioéconomiques <strong>et</strong> <strong>des</strong> aspects de la perception, de l’appréciation <strong>et</strong> del’identification. En eff<strong>et</strong>, ce que nous reconnaissons <strong>et</strong> ressentons comme unpaysage est déjà le refl<strong>et</strong> de notre propre regard socialement construit. Nous proposonsdonc une appro<strong>ch</strong>e globale du paysage, considéré à la fois comme un espacesupport(lieu d’activités <strong>et</strong> d’épanouissement <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> milieu vital pour lesplantes <strong>et</strong> les animaux), un espace-visible (structuré par le regard) <strong>et</strong> un espace-vécu(espace habité de manques <strong>et</strong> de proj<strong>et</strong>s). En protégeant <strong>et</strong> en entr<strong>et</strong>enant les paysages,il ne s’agit pas seulement, selon c<strong>et</strong>te appro<strong>ch</strong>e, d’assurer la survie <strong>des</strong> êtresvivants, mais de donner un sens aux relations que la société <strong>des</strong> hommes entr<strong>et</strong>ientavec le territoire.18 <strong>Paysage</strong> 2020 – <strong>Analyse</strong>s <strong>et</strong> <strong>tendances</strong>
Un milieu vitalUn environnement naturelUn lieu d'interventionculturelleUn enjeu économiqueUn lieu de découvertesUn lieu auquel ons’identifieVoici quelques aspects de la notion, fort complexe, de paysage défini à la foiscomme :• Un milieu vital pour l’être humain comme pour les 50'000 autres espèces vivantesprésentes en Suisse. 6 Selon c<strong>et</strong>te perspective, l’être humain n’est qu’un élémentparmi d’autres dans ce réseau de systèmes interdépendants. La connaissancede ces interdépendances est extrêmement importante pour son développementtant physique que psy<strong>ch</strong>ique.• La Suisse se caractérise par la diversité de son relief, de ses conditions climatiques,de ses écosystèmes <strong>et</strong> de ses espèces végétales <strong>et</strong> animales. Le Jura, le Plateau<strong>et</strong> les Alpes en sont les manifestations bien visibles. En Suisse, comme dansles autres régions de l’Europe, les zones qui ont é<strong>ch</strong>appé à l’influence humainesont rares.• Les interventions de la civilisation, telles que les déboisements, les différentesaffectations du sol <strong>et</strong> l’urbanisation ont transformé <strong>et</strong> façonné le paysage naturel.Sous l’eff<strong>et</strong> <strong>des</strong> processus naturels <strong>et</strong> de nos activités, le paysage continue à évoluer.• Par le passé, le paysage a constitué la base <strong>des</strong> activités économiques, notammentde l’agriculture <strong>et</strong> de l’économie forestière. Aujourd’hui, les paysages attractifsattirent également l’industrie, l’artisanat, les services <strong>et</strong> peuvent contribueractivement à valoriser <strong>des</strong> produits. Le tourisme suisse, en particulier, s’estdepuis le XVIII e siècle construit de « beaux paysages » à parcourir <strong>et</strong> à contempler.• Chaque jour, nous côtoyons <strong>des</strong> paysages différents. Les émotions personnellesqu’ils suscitent <strong>ch</strong>angent au fil du temps, selon nos besoins <strong>et</strong> nos humeurs, <strong>et</strong>renouvellent notre regard sur notre environnement. Parallèlement, nos aspirationssont marquées par les courants <strong>des</strong> cultures <strong>et</strong> <strong>des</strong> époques.• Le parcours de vie de <strong>ch</strong>acune <strong>et</strong> de <strong>ch</strong>acun est indissociablement lié à <strong>des</strong>paysages. Il est fréquent qu’une personne se sente pro<strong>ch</strong>e, tout au long de sa vie,du paysage qui a marqué son enfance. On s’atta<strong>ch</strong>e également aux lieux situés àproximité de <strong>ch</strong>ez soi <strong>et</strong> ceux-ci deviennent familiers. Nous nous y sentons bien.Avec la valorisation de la mobilité <strong>et</strong> la mass-médiatisation de la communication,<strong>des</strong> paysages lointains ou virtuels deviennent <strong>des</strong> références partagées dansune société urbaine aux identités multiples <strong>et</strong> éclatées. Ces dernières décennies,les bouleversements <strong>et</strong> le rythme <strong>des</strong> transformations du paysage ont déstabilisénon seulement les animaux <strong>et</strong> les plantes, mais également la société. Rétablir unlien de confiance avec le paysage environnant est nécessaire pour qu’à l’aveniraussi, <strong>des</strong> personnes soient prêtes à assumer <strong>des</strong> responsabilités sociales.La multiplicité de ces aspects montre bien que le paysage a <strong>des</strong> caractéristiques quenous percevons <strong>et</strong> que nous ressentons <strong>ch</strong>acune <strong>et</strong> <strong>ch</strong>acun à notre façon. La Suisse,avec sa superficie de 41'284 km 2 , a une structure paysagère qu’il faut totalementdifférencier de celle de son cadastre ou <strong>des</strong> diverses limites <strong>admin</strong>istratives. Laperception <strong>et</strong> l’appréciation du paysage ne s’arrêtent pas aux limites de propriétés,<strong>des</strong> communes, <strong>des</strong> cantons, du pays. Elles relèvent d’une démar<strong>ch</strong>e qui perm<strong>et</strong> unelecture sensorielle <strong>et</strong> culturelle de ce que nous regardons. Mais le paysage n’est pasque de l’ordre de l’intime, de l’individuel <strong>et</strong> du privé. Il est également un bien<strong>Paysage</strong> 2020 – <strong>Analyse</strong>s <strong>et</strong> <strong>tendances</strong> 19
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4 BibliographieADAMS, M. B. ; RAMAK
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GABATHULER, C. ; WÜST, H. 1989 : B
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MEJEAN, P. ; VIGNON, B. ; BENOIT, M
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PFISTER, G. ; RENN, O. 1996 : Ein I
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