galiléen (eppur, se mueve) répondait mieux aux techniques nouvelles (boussole ,gouvernail à cabestan, lunette astronomique), comme le rappelle souvent JacquesAttali .Le système copernicien et surtout newtonien s’intègre dans un ensemble pluslarge d’explication rationnelle de l’Univers. 22La recherche de la Vérité se fait désormais au travers du logos et de lamaïeutique (questions –réponses) , discours que l’on doit rendre cohérent et soumisà la logique (les sophismes , apories , incohérences sont stigmatisées).De plus , l’Homme n’est plus soumis aux Dieux. Dans le mythe biblique,l’Homme est chassé de l’Eden pour avoir goûté à l’Arbre de la connaissance . Enrevanche, le mythe prométhéen est plus ambigu : si Prométhée est enchaîné pouravoir « volé » aux Dieux le secret du feu , il n’en reste pas moins vivant , même s’il« en bave » (un aigle, l’oiseau de Zeus , lui dévore le foie –lieu de l’énergie chez lesAnciens-, mais il se reconstitue). Puis, comme le montre Vernant, les Dieux sontlittéralement humanisés et intégrés à la vie de la Cité (« politisés ») De nos jours, lemythe prométhéen est certes supplanté par le mythe faustien (« Au commencementétait l’Action ») , mais on le retrouve , par exemple, dans le mythe de l’entrepreneurschumpétérien : n’est-il pas « normal »(voire « moral ») qu’il soit puni de son audacepour avoir transgressé l’Ordre établi ? : les commentaires qui ont suivi l’éclatementde la « bulle Internet » ne sont pas éloignés de ce jugement…3°)…empiriste…L’héritage aristotélicien reviendra en Occident , au travers des traductionsjuives et arabes , et du thomisme (Saint François d’Aquin) , fondateur del’Humanisme des Temps Modernes (avec la date -clé de 1492). L’accumulation desconnaissances se fonde désormais sur l’observation –quitte à réfuter Aristote,notamment en astronomie. Il se traduit alors par le développement de l’empirisme : larecherche se fonde sur l’observation des faits , ce que Hume traduira par : « Les faitsont toujours raison ». Mais ces « faits » doivent s’intégrer dans une théorie qui lesenglobe et généralise les conclusions (ainsi, le système newtonien) , conférant auxlois explicatives un contenu , non seulement prédictif (cohérence interne) maisprévisionnel.Ainsi, la loi de gravitation universelle permit de prédire logiquement l’existencede planètes découvertes ensuite , grâce aux progrès dans l’optique, mais aussi deprévoir les orbites des corps célestes.A contrario , bien qu’inspiré de la mécanique newtonienne , le modèlewalrasien apparaît uniquement prédictif, mais certainement pas prévisionnel (Walrass’en est toujours défendu , comme le rappelait Serge –Christophe Kolm).L’empirisme s’inscrit dans une tradition anglaise , héritée de Bacon , puis deHume. La méthode repose sur la perception (perceptionnisme de Berkeley) et lessens (cf. la Lettre sur les Aveugles et les encyclopédistes français –Diderot,d’Alembert, Condillac). Si le rationalisme et le positivisme ont contribué à relativiserle rôle de l’observation directe des faits (« empirisme naïf ») le post-modernismecontribue de nos jours à réhabiliter l’observateur, puisqu’il lui appartient de« reconstruire les faits » .22 Là aussi, la « loi de gravitation universelle » ajoute à la « beauté » de la théorie newtonienne.16
La conséquence majeure de l’empirisme va résider dans le refus de s’enremettre à une Raison transcendantale (comme les monades leibniziennes). Entémoigne la thèse de conjonction constante énoncée par David Hume : si deuxphénomènes se produisent régulièrement , de telle sorte que l’un précèdeconstamment l’autre , on convient de dire que l’un est la « cause » de l’autre .MaisHume s’empresse de préciser que cela ne signifie pas nécessairement que cela seproduira toujours –la relation est seulement probable 23 .Là où Laplace-Gauss participeront du principe selon lequel les phénomènessont en fait régis par une loi d’ ordre supérieur (loi normale), les statisticiensempiristes s’en tiennent à une stricte constatation des relations , sans préjuger de lanature de l’inférence statistique. 24 Le débat est particulièrement important lorsqu’ils’agit de passer de modèles prédictifs (modèles de marchés financiers) à desmodèles prévisionnels.4°) … non harmonieuseLuc Ferry en déduit une constatation majeure : le Monde n’est plus considérécomme harmonieux 25 .A une vision irénique véhiculée par les théologiens , s’opposedésormais un Univers inquiétant , angoissant (pascalien : « Le silence de cesespaces infinis m‘ effraie ») .L’acceptation de cette harmonie déiste s’apparente à unpari : la « Vérité »ne pouvant être « connaissable » au travers de la seule Raison ( ily a une « rupture épistémologique ») , l’individu pensant doit prendre en comptedans le choix de ses actes d’autres « outils » , voire « finalités » : l’intuition (qui seracentrale chez Kant) , les affects ( la « concupiscence » pascalienne , c’est-à-dire lesappétits de sexe, de pouvoir, de savoir – ce qui conduira à la volonté de puissancenietzschéenne) , l’intérêt personnel, y compris par la violence ( Hobbes : lupushomine lupus) .Cette rupture , qui annonce le développement de la pensée rationnelle dusiècle suivant , est manifeste quand l’on observe la transition entre le « Discours surl’Histoire Universelle de Bossuet » , où tout l’Histoire de l’Humanité est guidée ,orientée par la Providence divine, et les travaux historiques de Voltaire, qui mettent àmal l’idée d’une transcendance harmonieuse ( par exemple , le discours sur letremblement de terre de Lisbonne, mais aussi les romans et contes), introduisant unscepticisme critique et une temporalité non linéaire 26 .§ 2) Le scientisme : de la philosophie à la production de scienceOn peut dire que les deux derniers siècles auront été marqués du sceau de lafoi dans le progrès de l’Humanité par la Science. Celle-ci s’est édifiée sur unfondement rationnel , cimenté par le positivisme. Génitrice ,puis fille de la Société23 Dans son Treatese on Probability, Keynes développera cette assertion , en s’appuyant sur les probabilitéssubjectives a priori24 Voir notamment , dans « La Tension Essentielle » de Kuhn, un intéressant chapitre sur « Les notions decausalité dans le développement de la physique » (pages 56 et suivantes) que devrait lire tout chercheur enéconométrie.25 Nietzsche opposera le monde apollinien , tout d’harmonie, au monde dionysiaque, tout de chaos , et qui est lavie même.26 Voir notamment K. Pomian L’Ordre du Temps NRF Gallimard (Bibliothèque des Histoires 2000), surtout lechapitre 2 (pages 37 et suivantes).17
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