La recherche de la « vérité » repose sur un discours cohérent , le logos .Celui-ci a pour but d’expliquer l’ordre des choses , d’en dégager la raison desurvenance , au travers essentiellement de la notion de cause. Ce discours s’appuiesur des méthodes logiques d’argumentation. Mais , en amont , le recours à la logiquene saurait faire l’économie d’une réflexion d’ordre métaphysique sur la nature de la« Raison ».Dans la pensée occidentale, à partir des Temps Modernes , le Monde (laNature, etc.) est donc supposé régi par l’Ordre de la Raison. Il est soumis à desdéterminismes.2°) Le second niveau est dès lors celui de la philosophie des sciences .Si le Monde est perçu comme « rationnel »et harmonieux, il importe d’endécouvrir les lois. Ainsi s’élaborent historiquement des champs d’étude méthodique ,expérimentale , qui s’érigent, au dix-neuvième siècle , en sciences positives, pourreprendre la classification d’Auguste Comte.A la fin du dix-neuvième siècle , le positivisme repose sur une visionrationaliste de la Nature , dont il convient de retrouver les lois, les causalitésexistantes. Cette conception, qui est celle des sciences expérimentales , dited’empirisme logique , a suscité de larges débats et controverses , lesquelsconstituent l’essentiel des questions abordées dans les ouvrages qualifiés de« philosophie des sciences ».En d’autres termes , ne sont pas abordés lesproblèmes des disciplines qualifiées de « non scientifiques » : de surcroît ,nonosbtant les multiples controverses , la vision reste celle d’un Ordre du Mondeorganisé selon la Raison.A cette conception positiviste , propre à la philosophie des sciences , viendra ,dans la seconde moitié du vingtième siècle , s’opposer une conceptionconstructiviste , axée sur le sujet observant , pensant le Monde en-dehors desstricts canons de la causalité univoque et d’un déterminisme strict.Les ouvrages consacrés à la philosophie des sciences , au sens large , sontnombreux…et souvent redoutables, d’accès difficile , voire polémique. L’ouvraged’initiation le plus simple (et très représentatif du positivisme) est celui de FerdinandAlquié (La Philosophie des Sciences La Table Ronde 2002 – 7 euros). On citeraégalement le Que Sais Je ? de Dominique Lecourt (n°3624) , déjà beaucoup plusfouillé… et partisan (Lecourt est un épistémologue reconnu).Les ouvrages les plus classiques sont incontestablement le Hempel (Elémentsd’Epistémologie- Armand Colin, Collection Cursus, disponible maintenant en poche),et, bien entendu , le Chalmers ( Livre de Poche Pluriel).Toutefois, comme le noteClaude Mouchot, ces ouvrages sont axés sur les sciences de laboratoire,expérimentales. Ce n’est donc que par analogie que les travaux de Poincaré,Bachelard, Popper 6 , Kuhn, Lakatos, mais aussi de la plupart des autres« philosophes des sciences », peuvent inspirer la réflexion ontologique surl’ « économie » ou la « gestion ».Un très petit ouvrage , de lecture facile (une conférence) résume bien lapensée de Popper (Des Sources de la Connaissance et de l’Ignorance Rivages6 En témoigne l’attitude de Popper vis-à-vis de l’économie , fort ambiguë .Pour résumer, s’il reconnaît (dans lesMélanges Rueff , cités infra) que la méthode d’analyse économique peut apparaître « rationnelle », le champ,voire l’objet ou la finalité de la recherche lui semblent peu compatibles avec ses propres critères de scientificité(réfutabilité et audace de la conjecture). En revanche , lors d’une conférence , il estime que la méthode de prisede décision en management (heuristique de la décision) présente de grandes analogies avec le processus derecherche scientifique- sans qu’il faille en tirer de conclusions hâtives !6
Poche Petite Bibliothèque Payot n°241 -52 francs en 1985).Le Que Sais Je ? surPopper traite surtout de sa pensée politique.3°)La troisième approche , plus contemporaine , se veut donc comme unecritique de l’approche positiviste .Le courant qualifié de « constructiviste », ou de post-moderniste est en réalitétrès hétérogène , avec ses propres anathèmes et exclusions… La collection depoche « Sciences Ouvertes » , aux Editions du Seuil, en offre un beau panorama.Dans cette collection ,un petit ouvrage d’Abraham Moles , au titre significatif(Les Sciences de l’Imprécis, S 105) nous semble particulièrement représentatif de cenouvel « état d’esprit scientifique ».Plus complet , l’ouvrage collectif dirigé par Barberousse (Collection ChampsFlammarion – 9 euros) traite des débats contemporains dans les sciencesexpérimentales.§ 2 ) L’épistémologie, comme histoire des sciencesL’approche historique a un double mérite :1°) Elle conduit d’abord à préciser quelles connaissances relèvent de la« science » et celles qui en sont exclues.On peut en effet s’intéresser à des domaines de connaissances , en ayantrecours à des méthodes « scientifiques » , alors que ces domaines ne sont pasconstitués en un ordre susceptible de fournir une explication « rationnelle » ( pardéduction ou induction causale) des liens entre les constituants (notions,phénomènes, etc.).Par exemple, les sociologues peuvent étudier certaines croyances, certainespratiques , en ayant recours à des approches de type ethnométhodologique , à desanalyses de contenu , à des recherches- interventions, etc.2° Elle permet également de faire la distinction entre les sciences et lestechniques, tout en montrant l’interaction qui s’établit entre le développement desdeux modes de connaissance .L’image convenue dans l’approche positiviste voudrait que ce soit le« progrès dans les sciences » qui autorise le « progrès technique » , la technologiese donnant pour objet les modes de relation entre les deux types de savoirs.L’approche constructiviste s’avère plus nuancée sur le sens de la relation (larecherche scientifique peut découler de la nécessité de résoudre un problèmetechnique)Par exemple , les fusées à poudre ayant atteint un poids limite au lancement ,il s’est agi de trouver un moyen d’alléger les engins spatiaux , donc de miniaturiserles techniques de communication. Cette exigence a induit un programme mondial derecherche fondamental en cristallographie (mené notamment à Montpellier –professeur Courriut) , qui a débouché sur le procédé de fabrication de la puceélectronique , dont les concepteurs ont obtenu le prix Nobel (après l’avoir déjàobtenu pour la mise au point du transistor !)7
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