celle-ci connaissait une baisse historique, en faveur de leurs fermiers .Le TableauEconomique élaboré en 1758 par François Quesnay fournit une explication aussilogique que séduisante .S’appuyant sur une conception théosophique d’un OrdreNaturel, harmonieux, voulu par Dieu , il justifie au travers du concept de « ProduitNet » , le rôle moteur de la rente foncière .Le propriétaire terrien est chargé, par sesdépenses , de faire circuler les revenus parmi les classes « stériles » (manufacturiers compris).En revanche , au sortir des Guerres Napoléoniennes , David Ricardo prend leparti du lobby industriel , libre- échangiste, (« Manchestérien ») .Il développe à ceteffet la théorie de la rente foncière , avec une conséquence opposée à celle desPhysiocrates : si la différence de générosité de la terre est l’œuvre de Dieu, et nondes Hommes , cette rente doit être « récupérée » par l’Etat (quasi hégèlien…) , etaffectée à d’autres activités( l’ouvrage de Ricardo s’intitule « Principes d’EconomiePolitique et de l’Impôt »).Or, Ricardo « démontre »logiquement , dans la théorie desavantages comparés, que l’Angleterre doit se spécialiser dans la productionindustrielle , acheter la production agricole à l’étranger, et, enfin, interdire auxcolonies de concurrencer l’industrie anglaise 77 . Il importe donc de resituer cettethéorie apparemment « objective » et « universelle » dans un contexte historique trèsprécis ( le Traité de Vienne) .Au demeurant , les lainiers français protesterontvivement contre l’invasion des cotonnades anglaises .Les industriels des districts dela laine et du coton (Yorkshire et Lancashire) finiront par l’emporter sur les Landlordsde la Chambre des Pairs, le traité de Cobden , autorisant la libre entrée des produitsagricoles en Angleterre , parachevant la thèse industrialiste 78 .Plus généralement , les théories relatives à l’ « international » présentent ladouble particularité d’être « aisément » formalisables , au sens positiviste du terme(deux produits dans deux pays), et de répondre à une demande d’expertise de laPuissance Publique, préoccupée de son rang dans le Monde. Ainsi , le modèle HOSs’inscrit dans le paradigme keynésien « néo mercantiliste » , puisque les agrégatssont nationaux : le problème réside dans la nature de l’équilibrage entre lesimportations et les exportations .Après 1975, l’internationalisation des entreprises vamodifier l’enjeu du débat (vaut-il mieux aider Ford en Europe , ou Toyota aux Etats-Unis ?) , induisant d’autres modèles , tel celui de Porter relatif aux sources del’ « Avantage concurrentiel des Nations » 79 .De même, le modèle de Mundell relatif auchoix entre les parités fixes et flexibles trouve son origine dans le décrochement dudollar par rapport à l’or, et la crise du FMI au début des années 70.Le fameux « modèle MM » (Modigliani Miller) est né de la stagflationaméricaine de la fin de la présidence Eisenhower : on imputait la baisse de WallStreet à l’excès d’endettement des firmes, favorisé par l’inflation .Le modèle,hypothético-déductif « démontrait »mathématiquement qu’en situation de77 Il faudra attendre l’indépendance de l’Inde pour que celle-ci puisse importer la mule jenny et développer uneindustrie textile (d’où le symbole du rouet popularisé par Gandhi, emblème du drapeau de l’Inde)..78 Le modèle ricardien , logiquement « vrai », était « faux » en pratique, puisque la puissance de l’Angleterres’est surtout fondée sur son activité commerciale (lignes maritimes, place de Liverpool )et financière (place deLondres) ,l’apogée se situant dans les années 1860 .Le chemin de fer américain et les bourses de New- York(finance) et Chicago (commerce) prenant le relais.79 A la question d’un journaliste canadien : « Alors, Michael , pour vous, ce sont les Etats-Unis qui possèdent lesmeilleurs atouts au Monde ? » Porter répondit brièvement « oui » , entraînant un quasi incident diplomatique(l’étude de Porter étant un rapport officiel ) avec le Canada. A contrario ,Leontiev se plaisait à rappeler que soncélébrissime article sur le paradoxe , qui révélait le fait que la compétitivité internationale américaine étaitfondée sur un différentiel de productivité , non pas de son industrie, mais de son agriculture , fut refusé plusieursfois dans l’AER , avant d’être publié, car iconoclaste.38
fonctionnement « efficient » du marché financier (information parfaite, etc.), la valeurboursière était indépendante du taux d’endettement (l’effet de levier ne jouait pas).On reprocha alors au modèle d’être « irréaliste ».Or, dans une rencontre àMontpellier, Franco Modigliani (assez énervé…) expliqua l’objectif du modèle , quiétait en fait de montrer pourquoi , en pratique, il ne fonctionnait pas : en particulier ,l’évaluation boursière du risque lié à l’endettement reposait sur une informationimparfaite des « classes de risque » .Le débat qui s’en suivit est à l’origine dunouveau « paradigme financier » du MEDAF … et de quelques prix Nobel. Modiglianise défendit vivement d’être « néo-classique », rappelant même que, dans les années30, il avait dû s’exiler aux Etats-Unis, et que ses propres convictions le situaientassez loin de l’Ecole de Chicago, puisqu’il enseignait à Boston, au MIT.§ 2 La phase analytique (AMOR : Assertions,Méthodes, Outils, Résultats )Elle correspond à la production proprement dite de la recherche, et c’est ellequi a fait l’objet des débats épistémologiques les plus vifs .Ceux-ci se sont orientés etfocalisés sur quelques questions essentielles , qui touchent au statut des« assertions » ou « affirmations » , des méthodes et outils , et ,enfin, à la nature desrésultats.A)Le statut des « assertions »L’élaboration de la théorie commence par la définition des hypothèses,littéralement : les propositions édictées qui constituent le fondement (« hypo ») de la« thèse » que l’on va soutenir .Cependant, bien des confusions sont entretenues .Il convient de faire ladistinction entre les assertions (affirmations) suivantes :1°) Les postulatsLes postulats sont sans nul doute ce qui entre sans conteste dans l’heuristiquenégative de Lakatos .Il s’agit d’affirmations qui sont posées , sans devoir lesdiscuter .Evidemment en économie, on pense aux postulat de concurrence pure etparfaite.Les postulats ne sont pas « neutres » , et peuvent relever, selon l’expressionde Mrs Joan Robinson , d’une « théorisation implicite » .Ainsi, postuler laconcurrence pure et parfaite , c’est partir du principe que la concurrence estbénéfique, et nous rapproche d’un monde harmonieux .On peut alors, tels lesCambridgiens, postuler au contraire la prééminence du monopole (« la concurrencetue la concurrence »), d’un monde plus chaotique .L’exemple typique d’une « idéologie (à peine) cachée » est donnée par laThéorie des Droits de Propriété, ,un des piliers de la Nouvelle EconomieInstitutionnelle .Renvoyant aux débats philosophiques du dix-huitième siècle ,entre39
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