Ainsi, le manager cherchera le point minimum (le point mort) ou maximum (part de marché, productivité, la plus importante possible) mais en intégrant toutes lesautres variables de décision.Bien entendu, bien d’autres considérations, touchant à la philosophie moraleet politique, viennent remettre en cause la légitimité de la Science , vue comme uneactivité sociale.-En tout premier lieu, la mythification de la Science et de la technologie (ausens de Heidegger) a été le fait d’idéologies à caractère holiste, conduisant auxcatastrophes du vingtième siècle . La critique des idéologies totalitaires est aussicelle des bureaucraties , dont les théoriciens des organisations ont largement montréles déviances et les inefficiences 61-En second lieu, la mondialisation a fait prendre conscience des excèspossibles du pouvoir de la « technoscience » ,suscitant des mythes apocalyptiques,comme l’effet de serre 62 . Des contre-valeurs émergeront donc au cours de ce siècle.CHAPITRE DEUX : LA CONSTRUCTION DES THEORIESLa production de savoir scientifique repose sur l’élaboration de théories. Souscette apparence évidence , se cache naturellement un problème de définition de « cequ’est » une théorie .Dans la conception positiviste , la théorie est avant tout unehypothèse, concernant un lien de causalité , destinée à révéler un déterminismecaché entre des variables . Au sein du positivisme, un courant estime devoirprivilégier la logique formelle de la relation (le positivisme logique) , alors qu’un autrecourant met l’accent sur la vérification empirique de l’hypothèse (empirisme logique).Par exemple , les lois de Kepler-Newton constituent une formulationcomplètement axée sur la formalisation logico-mathématique ; ce n’est que bien plustard que Le Verrier put établir l’existence d’un corps céleste , alors qu’il n’avait pasété détecté jusqu’ici, grâce aux lois de gravitation. De même , le théorème derelativité restreinte d’Einstein n’a été « vérifié » (les empiristes diraient « démontré »,les poppèriens « confirmé ») qu’à l’occasion de l’observation par des satellites horsde l’orbite terrestre.SECTION I LES NIVEAUX DES THEORIES : paradigme et modèleMais une théorie n’est jamais isolée .Elle est partie intégrante d’un ensemblede productions , d’expérimentations, mais aussi de controverses. Toutefois , lesépistémologues , compte- tenu de la diversité des courants et des disciplines, maisaussi des types de disciplines, n’adoptent pas nécessairement les mêmes définitionset conventions. On peut néanmoins suggérer le « classement » en paradigmes,théories et modèles.§1 Les diverses acceptions du paradigme61 Notamment Herbert Simon dans sa thèse (« Administrative Behavior, traduit chez Economica)62 A noter que ce mythe de la « Planète en danger » se retrouve dans toutes les civilisations30
1°) Les théories s’inscrivent dans un paradigme – on n’ose dire au sens deKuhn , car celui-ci reconnaît au moins deux versions de sa main, l’une large , etl’autre étroite 63 .Convenons de conserver l’acception « parapluie » : le paradigme recouvrel’ensemble des théories , modèles, expérimentations, productions, prescriptions, etc.,qui reposent sur des convictions communes concernant les hypothèses , laméthode, les résultats obtenus ou escomptés. Ce paradigme est souvent ouvert parune « découverte », au sens de Kuhn ou Popper , induisant un changement tel qu’ilsuscite un nouveau courant de recherche .Ainsi , la découverte de l’ARN a ouvert un nouveau champ disciplinaire enmatière de génétique . Ceci étant dit , la diversité des courants sur la génétiqueentraîne la nécessité pour l’équipe de recherche de se positionner sur l’un d’entreeux (appelé souvent « paradigme »).En science économique, on pense évidemment au paradigme keynésien ,regroupant l’ensemble des recherches acceptant les hypothèses et la méthodemacroéconomique ,avec une grande diversité de courants (croissance , économiepublique, économie financière , développement, etc.)2°) Les conditions du changement de paradigme constituent en soi un objet dedébat .Certains auteurs, autour de Kuhn, optent pour une rupture brutale , avec rejetdu paradigme précédent .Nombre d’auteurs penchent pour un changement« incrémental » du paradigme dominant , quitte à ce que celui-ci « digère » lesapports novateurs.Ainsi, Oliver Williamson pense que sa théorie des coûts de transactionconstitue un nouveau paradigme , venant supplanter le paradigme des échanges parle marché .Les tenants du paradigme néo-classique pensent que les coûts detransaction ne constituent qu’un apport venant plutôt enrichir le paradigme ,constituant la « Théorie Standard Elargie ». Cependant, selon le « théorème deCoase » , les coûts de transaction sont nuls en concurrence pure et parfaite .Or, comme le rappelle Hicks dans « Value and Capital » l’hypothèse(« irréaliste ») de concurrence pure et parfaite ne saurait être abandonnée, souspeine de détruire (comme le ferait un virus informatique) l’ensemble de l’édifice del’équilibre général .On peut donc interpréter les CT de deux façons : soit ilsconstituent bien un nouveau paradigme ; soit , ils ne jouent aucun rôle dans leparadigme néo- classique.3°) Les travaux sur les changements de paradigmes ne prennentgénéralement pas en considération les pratiques de la technoscience.L’évolution des connaissances scientifiques – tirées par une demandesociale et poussées par les innovations technologiques- se traduit par des« clonages » , des « fusions » nées de coopérations entre disciplines parfois fortéloignées .En d’autres termes, la technoscience évoluerait plutôt par la constitutionde réseaux transdisciplinaires.63 Rappelons qu’il y a une vingtaine d’années, une économiste avait relevé à l’époque vingt et une définitionsdifférentes dans les travaux en Sciences Economiques : leur nombre n’a pu que s’accroître depuis .31
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