de B, ou A entraîne logiquement B) .Dans une démarche empiriste , on faitapparaître une relation de type probabiliste : A aura une « certaine influence » sur BToujours dans notre exemple , si l’on veut démontrer une relation entre le typed’entrepreneur et l’attitude à l’égard du profit, on peut élaborer un modèlehypothético-déductif : ainsi des auteurs néoclassiques (Fritz Machlup dans l’AER,Oliver Williamson dans sa thèse) intègrent , sous forme d’une fonction- objectif , lechoix entre maximisation de la croissance vs maximisation du profit , afin de prédirelogiquement quelle sera la conséquence en ce qui concerne l’optimisation deschoix. 84 Bien souvent, le chercheur est tenté d’opérer un « retour en arrière », et dereconsidérer les définitions en fonction des possibilités d’opérationalisation. Le risqueest alors grand d’une sorte d’ « autovérification » , qualifié parfois d’ « erreurnominaliste »Le piège classique du nominalisme se referme lorsque le chercheur proposeune typologie a priori , par exemple des types d’entrepreneurs, en définissantchaque type par certains attributs, certaines caractéristiques .Par conséquent, lechercheur ne doit pas être étonné de « vérifier » ces caractéristiques à l’issued’enquêtes de terrain !3°) Il convient maintenant d’aborder la question si controversée du réalismedes hypothèses, précédemment évoquée –une sorte de « pont- aux- ânes » del’épistémologie économique, mais aussi de certains courants gestionnaires.La thèse peut s’énoncer de la façon suivante : si l’on veut donner uneexplication logique d’une relation causale entre deux variables , nous devons, envertu du Rasoir d’Occam, « expurger » notre modèle de toutes les variables quin’apportent rien à la démonstration , oui qui risque d’affaiblir la rigueur, la cohérencedu raisonnement. Les faits doivent être « stylisés » .Ainsi, la fonction de production néoclassique ne comprend « que » deuxfacteurs .Si j’en ajoute un troisième (la terre , ou l’entrepreneur) , on complique leschoses sans rien ajouter à la démonstration des conditions d’optimisation (enquelque sorte , le « coût » marginal de l’introduction d’un troisième facteur estsupérieur à l’ « utilité » marginale retirée d’un surcroît de réalisme ). Bien souvent,l’auteur se contente d’affirmer que le raisonnement pourrait être extrapolé à « plus dedeux » .4°) Si le réductionnisme 85 peut être considéré comme consubstantiel auxmodèles hypothético-déductifs, les positivistes les plus conséquents en déduisent qu’« il faut » rechercher l’irréalisme des hypothèses.84 La raisonnement néoclassique a été également appliqué à la firme autogérée (cf. La thèse de Nicolas Daures,soutenue à Montpellier en 1975, et le cahier du Séminaire Charles Gide consacré à l’autogestion. ). Assezcurieusement , les travaux du courant théorique autogestionnaire (Pejovitch, Furubotn, Vanek) sont à la base dela théorie d’essence néolibérale sur les doits de propriété.85 Dans les sciences expérimentales ( notamment la physique et la chimie), le réductionnisme est entendu dansun sens différent : il concerne la réduction des phénomènes physiques ou chimiques à des relations de typemathématique, ou logico-mathématique (question cruciale pour l’enseignement de la physique).42
En fait, ce terme recouvre plusieurs propositions , voire niveaux de« défense » :- a) La théorie doit , pour être « pure » , refuser toute relation avec le « réel »-entendons, les phénomènes observés (les ombres de la caverne platonicienne)- ,voire aller à l’encontre de l’observation concrète .Descartes avait déjà soutenu cetteidée selon laquelle , de prémisses fausses, on peut tirer des conclusions « vraies ».L’exemple classique est l’hypothèse newtonienne de vide parfait pour énoncerla loi de chute des corps, laquelle a inspiré Walras lorsque, dans les Leçonsd’Economie Pure, il pose l’hypothèse d’une concurrence pure et parfaite ,conduisant à son système d’équilibre général, analogue aux lois newtoniennes del’attraction universelle . On rappellera le même type d’argumentation pour le modèleMM , évoqué supraDans le même ordre d’idées, la firme de la théorie pure est une abstractionirréaliste .Fritz Machlup , dans l’AER 1948 ,déclarait sans ambages : « Touteressemblance avec une entreprise réelle serait une pure coïncidence ». C’estpourquoi le reproche éternellement rebattu de la « firme théorique, simple boîtenoire » n’a guère de sens dans le cadre de la démarche H-D.-b) Le théoricien peut se contenter d’une hypothèse « irréaliste » , si elle n’apas d’importance fondamentale par rapport à la « loi » énoncée .Milton Friedman donne deux exemples . En ce qui concerne l’héliotropismedes feuilles (elles se tournent vers le soleil), on peut faire « comme si » (as if) elles lefaisaient consciemment : ça n’a pas d’influence sur l’explication physique. De même ,si l’on étudie rationnellement les coups d’un champion de billard, on peut raisonner« comme si »il était un génie des mathématiquesConcernant maintenant le décideur sur un marché , on peut raisonner« comme si » il était capable de faire tous les calculs les plus compliqués en untemps record (instantané).-Le théoricien peut enfin adopter un « profil plus bas » , et dire simplementqu’il s’agit d’une hypothèse « raisonnable » -entendons, conforme à la RaisonPratique.Si je suppose que l’entrepreneur maximise le profit , je pars du principe quecette hypothèse est plus conforme à la Raison que de supposer, par exemple, qu’ilmaximise les loisirs (« ça ne serait pas raisonnable de sa part ») .On peut alorsdéboucher sur une explication rationnelle , conforme à la logique économique.c) Enfin, il peut aller plus loin, en supposant que l’hypothèse est« vraisemblable » , sans qu’il y ait lieu de vérifier cette affirmation, cette assertion.Ainsi, dans l’article de Jensen et Meckling ,fondateur de la théorie de l’agence,les auteurs construisent un modèle hypothético-déductif , en partant de l’hypothèse« vraisemblable » selon laquelle les managers salariés travailleront d’autant plusdans l’intérêt des propriétaires actionnaires qu’ils seront fortement « rétribués » (ausens large)43
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