Industrielle (au sens de Raymond Aron) 27 , elle se mue au cours du vingtième siècleen technoscience . Dans le dernier demi-siècle , les légitimités de la Sciencerationaliste (positiviste), puis de la technoscience , seront remises en cause,annonçant le post-modernisme.A ) Science et Progrès : la Philosophie des Lumières1°) La pensée occidentale…La Philosophie des Lumières recouvre en réalité un kaléidoscope de courantsparfois antagonistes , mais qui s’accordent sur quelques propositions fondamentales, répondant à l’ « Esprit des Lumières » propres à ce qu’il est convenu d’appel « laPensée occidentale ».-La première idée est que le savoir scientifique est source de progrès .En particulier , l’éducation (dont l’éducation scientifique et technique) est unfacteur d’émancipation . La filiation française sur ce point va de Condorcet(Révolution) ,puis de Comte ( première moitié du dix-neuvième siècle), à Renan(seconde moitié).-Il en découle la deuxième idée- clé : le rôle du libre-arbitre, de la faculté dedélibérer de ses choix , de développer son propre savoir , pour chaque individu.Le libre-arbitre implique également le libre examen critique , le « doutecartésien » , propre à l’état d’esprit scientifique – ce que l’on retrouve explicitementdans la notion de « falsifiability » de Karl Popper 28 .Ce libre –arbitre repose désormais, non plus sur la foi en Dieu , mais sur laRaison . Allant plus loin que Descartes, Spinoza saute le pas : la « Nature » étant ensoi rationnelle (cf. le principe de Raison Suffisante), la référence à Dieu concerneavant tout l’éthique (questions de morale , à savoir de justice et de charité, au sensd’Aristote). Il existe donc des « lois naturelles » qui régissent la vie en Société.Aussi, pour percer les mystères de ces lois naturelles , l’accumulation desavoir va reposer sur l’expérimentation et le développement de techniques , demachines . Dès la fin du dix-septième siècle , se multiplient les innovationstechniques, qui vont littéralement exploser au cours du siècle suivant (le fameux« processus de destruction créatrice » de Schumpeter).Dès lors, le logos scientifiquese double de la tecné ( Kant, dira : de la Raison Pure à la Raison pratique).2°)… faite de controverses et de débatsToutefois , les controverses et débats du « siècle des Lumières » laissaientpendantes des interrogations philosophiques :-Concernant la philosophie des Sciences , la querelle portait sur la méthode,entre l’idéalisme et l’empirisme. Les idéalistes prônaient la méthode déductive,privilégiant la formulation logico-mathématique (Leibniz , Laplace).Les empiristesprivilégiaient l’observation directe des faits , et la formulation inductive (interprétationdes « collectes » de « faits »-Hume, Berkeley, Diderot) .27 Dix-huit Leçons sur la Société Industrielle28 Notamment dans « La Société ouverte et ses Ennemis » : on est ici à l’intersection de la philosophie dessciences et de la philosophie morale et politique.18
-Concernant la philosophie morale et politique , la querelle portait sur la naturedes droits naturels . Pour les Anglais (et Voltaire) la propriété constitue un droitnaturel « et inaliénable » .Pour Rousseau et les Encyclopédistes , la propriété brisel’ « état de Nature ».La théorie actuelle dite « des droits de propriété », développée tant enéconomie qu’en gestion, se fonde très largement (certains diraient exclusivement)sur les argumentations de cette époque .Les développements « libéraux »de lathéorie au cours du dix-neuvième siècle- notamment l’ouvrage d’Adolphe Thiers 29 –n’apportent qu’une contribution marginale , par rapport aux contributions dessocialistes de tout poil – Proud’hon, Marx, Georges – et des « coopérativistes » -Owen, Charles Gide.A l’aube du dernier quart du dix-huitième siècle (1776 est une date charnière àbien des égards) , les matières à débats sont donc légion .En témoignent les hésitations d’Adam Smith , qui expriment au demeurant lesclivages à venir entre la « science économique »( voire « les » scienceséconomiques…) et l’ « économie politique ». Dans la Théorie des Sentiments Moraux, le professeur de philosophie morale de l’Université de Glasgow adopte unedémarche individualiste , axée sur les proximités interindividuelles , alors que , dansla Richesses des Nations, influencée par les encyclopédistes l’approche se fait« holiste », à la recherche de lois naturelles dans la Société. Avec sa méthode propre, les classiques anglais et français en tireront les conséquences.B) L’héritage de KantDisons-le tout net : il est difficile de comprendre comment s’est forgée la« science économique » sans faire référence à Kant (Cournot enseignait Kant et lenéo-kantisme à la Sorbonne dans les années 1830). 301°) Du syncrétisme au positivismeL’apport essentiel 31 de Kant consiste en une « réconciliation » de l’idéalismeet de l’ empirisme , en rejetant les positions extrêmes .Kant distingue en effet troisniveaux , ou trois types de savoirs :-Les savoirs fondés sur l’observation des pratiques individuelles ou socialescequ’il appelle le pragmatisme (la praxis). En tant que tels , on ne peut dire que cespratiques sont « rationnelles » -elles ont toutes chances de ne pas l’être.29 De la Propriété . Paulin, Lheureux, éditeurs, Paris 184830 Parce qu’il est peu coûteux (6 euros 50 ), court et de lecture agréable ,on mentionnera, dans la collection depoche GF Flammarion , un recueil de textes de Kant , comprenant notamment « Théorie et Pratique » (sur lesrapports entre Raison Pure, Raison Pratique et pragmatisme).31 Attention : nos propos n’ont aucune prétention philosophique. On peut même dire qu’il s’agit d’uneinterprétation « naïve »- davantage encore que ne s’en défend Mouchot dans sa « Méthodologie Economique »-surtout destinée à faire comprendre pourquoi le kantisme reste largement prédominant dans le positivismescientifique de nos jours , parfois de façon caricaturale.19
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