INTRODUCTIONTrop souvent , la réflexion sur les deux disciplines d’économie et de gestion ,en tant qu’objets de connaissance , souffre des limites essentielles suivantes :1°)Dès l’abord, on part du principe qu’il s’agit de « sciences »…En conséquence , faute de mieux , on se raccorde aux travaux relatifs auxactivités de recherche axées sur l’ « expérimentation » , dont le but est de « vérifier »des hypothèses relatives aux liens de « causalité » « supposés » entre des variables« dépendantes » et « indépendantes ». Bien entendu , tous les mots entre guillemetssuscitent déjà quantités de débats dans les sciences dites « dures » (mot qui faitgénéralement ricaner les chercheurs de ces disciplines…) : alors, on peut imaginerles difficultés , les ambiguïtés, voire les apories lorsqu’ils sont transposés dans desdisciplines à la fois jeunes 3 et de statut très controversé .Par exemple, le « réductionnisme » propre à l’analyse économique (le fameux« toutes choses égales par ailleurs ») autorise-t-il le même type de vérificationexpérimentale , d’inférence, que dans les expériences « in vitro » , en laboratoire,derrière la paillasse ? .Pourtant , Milton Friedman (le « Parain » de l’Ecole deChicago) n’hésite pas à attribuer un pouvoir causal déterminant à la seule quantitéde monnaie en circulation ..De même, en GRH, dans l’approche « rationnelle » du comportement autravail, la théorie « classique » (béhavioriste) suppose que la performance dutravailleur est liée directement au montant librement négocié de son salaire .Il est d’ailleurs remarquable de constater que les ouvrages de philosophie dessciences ne citent JAMAIS l’économie et la gestion : ils se cantonnent , soit aux« Sciences de la Terre et de la Vie », soit aux « Sciences de l’Homme et de laSociété » .2°)… alors que leurs frontières sont imprécisesDisciplines neuves , comme bien d’autres dans les domaines cités ci-dessus ,elles souffrent de ce qui fait leur propre richesse , à savoir les nombreusespasserelles qu’elles tissent , et de façon croissante, avec une multitude d’autres3 La « jeunesse » est toute relative : le terme ne se réfère ici qu’aux diplômes mis en place dans le systèmefrançais . La licence de Sciences Economiques ne date que du début des années 60 , la maîtrise de Sciences deGestion que des années 7O. Leur création s’est faite à l’issue d’âpres combats avec les disciplines adjacentes(droit pour l’économie ,puis économie pour la gestion) . Les querelles de frontière entre les économistes et lesgestionnaires ne sont pas sans évoquer les guerres picrocholines …Mais, par exemple, Dauphine pourrait donnerl’image de l’Abbaye de Thélème.2
disciplines. Cette interdisciplinarité remet encore davantage en question le problèmede leur légitimité.Par exemple , les recherches menées en économie expérimentalenécessitent, non seulement de TRES solides connaissances en mathématiques,statistiques et informatique, mais également en psychologie expérimentale – ce quiimplique un travail en équipe … laquelle risque à la limite de n’être constituée que de« non économistes » (comme on le voit en théorie des marchés financiers).Cette « jeunesse » (du moins comme discipline reconnue par les instancesd’enseignement, et, dans une moindre mesure, de recherche) implique que lesfrontières restent encore mal délimitées entre l’économie et la gestion .Les points deconflit, mais aussi de coopération, sont finalement assez nombreux : on citera lesproblèmes de concurrence , de finance , de travail, de consommation, dedéveloppement local, etc.Notre essai sera articulé en trois points :-Dans un premier temps, on s’interrogera sur le contenu de ce que l’onrecouvre sous le terme d’épistémologie, en fait sur la nature de la connaissancequalifiée de « scientifique » .On montrera que les points de vue sont multiples ,d’abord dans les courants d’étude, ensuite dans les positions philosophiques , auregard de la nature de la « Science »-Dans un deuxième temps , on concentrera l’attention sur la nature desthéories .Celles-ci sont abordées, notamment philosophie des sciences, à plusieursniveaux . Nous proposons , pour ce qui concerne tout spécialement l’économie et lagestion, d’inclure les phases qui précèdent et qui suivent la construction analytiquede la théorie.-Enfin, dans un troisième temps, nous aborderons la question de l’identitérespective de l’économie et de la gestion. Si elles présentent des champs , voire desintérêts communs, leur légitimité passe par une séparation nette de leur épistémè, del’objet de leur activité de production de connaissances.44 Domaine des deux Prix Nobel 2002 .Rappelons que l’appellation « Nobel d’Economie » a été récusée par leshéritiers Nobel , qui rappellent que le prix avait pour but d’honorer des recherches contribuant à la paix et aubonheur de l’Humanité –ce qui ne serait pas le cas de la « science économique » à leurs yeux : vaste sujet deréflexion…3
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