Décroissance sout<strong>en</strong>ablege des systèmes de grande distribution.Au niveau individuel, refusons les produitsemballés dans des emballagesjetables <strong>en</strong> les laissant systématiquem<strong>en</strong>tchez le commerçant, faisons du lobbypour que des lois les interdis<strong>en</strong>t.Certains déchets toxiques devrai<strong>en</strong>têtre sévèrem<strong>en</strong>t réglem<strong>en</strong>tés au niveau deleur production : tous les déchets hautem<strong>en</strong>ttoxiques, radioactifs, ne devrai<strong>en</strong>ttout simplem<strong>en</strong>t pas être produits.S’il est un processus qui augm<strong>en</strong>te demanière conséqu<strong>en</strong>te l’<strong>en</strong>tropie, c’est l’incinération.Elle r<strong>en</strong>d les matières inutilisables,les disperse, les r<strong>en</strong>d plus polluantes.Il y a certainem<strong>en</strong>t de meilleuresméthodes à adopter que celle qui consisteà brûler tous les végétaux alors que l’humusse raréfie, <strong>en</strong> premier lieu dans lespays du Sud et les régions méditerrané<strong>en</strong>nes.Arrêtons de brûler les végétauxà l’air libre alors qu’ils peuv<strong>en</strong>t être compostés.L’écobuage détruit toute vie dansun territoire. L’humus est <strong>en</strong> voie de disparition,il est primordial pour ret<strong>en</strong>irl’humidité, pour fixer les minéraux dontl’azote, pour stocker le carbone plutôtque de le laisser pr<strong>en</strong>dre la forme de CO2.En ville se développe l’incinération desdéchets, qui impose bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t de gardersur le long terme des flux de déchetspour nourrir ce système. Comm<strong>en</strong>t développerréellem<strong>en</strong>t des systèmes de prév<strong>en</strong>tiondes emballages jetables, les systèmesde recyclage des déchets ?3 - Intégrationde limitesLe troisième type, c’est l’intégrationde limites à certaines technologies.Certaines techniques ne sont pas remises<strong>en</strong> cause, mais limitées artif<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t.Limites à la vitesseLa vitesse étant un facteur importantde rebond, des limitations techniques dela vitesse peuv<strong>en</strong>t être mises <strong>en</strong> place <strong>en</strong>concevant par exemple des voitures bridées,ne pouvant se déplacer à plus de100 km/h, <strong>en</strong> créant des obstacles sur lesroutes comme les dos d’âne ou des plantationsd’arbres, à l’image de ce qui se fait<strong>en</strong> Hollande dans les Woonerf, ces quartiersoù les voitures ne peuv<strong>en</strong>t se déplacerqu’à vitesse très réduite, laissant alorsla place aux modes de transports doux età la convivialité <strong>en</strong>tre les habitants.La baisse des limites de vitesse est unemesure utile. La très off<strong>ici</strong>elle Ag<strong>en</strong>ceinternationale de l’énergie a recommandéde réduire à 100 km/h la vitesse des autoroutesdans le monde pour réduire lechoc pétrolier annoncé.Limites de la capacitéOn sait aussi que le niveau d’utilisationdes routes est lié à leur capacité (8).Lorsque la demande est très élastique,une limitation de la capacité des routes oula suppression de certains axes de circulationpeut avoir un effet très positif sur l<strong>en</strong>iveau de trafic. De même que laconstruction de grands axes routiers etautoroutiers favorise la route par rapportà d’autres alternatives, ou des activitésbasées sur une frénésie du déplacem<strong>en</strong>t,la réduction des routes crée un transfertvers d’autres modes de déplacem<strong>en</strong>t etdes activités moins gourmandes. Commeleur suppression, la réduction de capacitédes routes conduit dans de nombreux casà trouver d’autres manières de voyager.L’espace de logem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>te continuellem<strong>en</strong>t.C’est <strong>en</strong> partie dû au fait queles personnes rest<strong>en</strong>t dans les mêmeslieux alors que le couple se sépare ou queles <strong>en</strong>fants s’<strong>en</strong> vont. Il s’agit alors soit dechanger de logem<strong>en</strong>t, soit de le partager.Localisationdes techniquesOn pourrait <strong>en</strong>visager une néo-localisationde l’économie <strong>en</strong> intégrant les distancesà internet.On sait qu’internet favorise les déplacem<strong>en</strong>tsà longue distance <strong>en</strong> facilitant lescontacts <strong>en</strong>tre des individus très éloignésles uns des autres. Une manière decontrer cet effet serait de limiter l’accès decertains sites à des internautes locaux,créant de cette façon une motivation pourles li<strong>en</strong>s de proximité. Il reste à étudiercomm<strong>en</strong>t un tel dispositif pourrait fonctionnerau niveau technique mais, vu lesSILENCE N°34014Novembre 2006
prouesses techniques dans ce domaine, lamission ne doit pas être impossible.Internet pourrait être utilisé pour lancerdes appels à proximité puis, dans un périmètrede plus <strong>en</strong> plus large, pour échangerproduits et services.Un aspect important, c’est le regroupem<strong>en</strong>tdes activités, que ce soit <strong>en</strong> villeou <strong>en</strong> campagne. De façon générale,regrouper les activités à un même <strong>en</strong>droita un pot<strong>en</strong>tiel de localisation de l’économie,de retour à la convivialité, d’économied’échelle et de réduction des transportspolluants.La séparation des villes <strong>en</strong> zones“mono-fonction” a une grande responsabilitédans la frénésie urbaine pour la voiture.Il faut sans cesse voyager <strong>en</strong>tre zoned’habitation, zone verte, zone de bars etde spectacles et zone de travail. Bi<strong>en</strong> sûr,les zones à vocation agricole manqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>ville. A défaut de développer des politiquesde reconquête des ceintures vertesaccaparées par les banlieues, pourquoi nepas développer des transports <strong>en</strong> communde d<strong>en</strong>rées alim<strong>en</strong>taires depuis leszones agricoles limitrophes ? La planificationurbaine devrait donc consister àtransformer les villes <strong>en</strong> de multiplesc<strong>en</strong>tres multifonctions où toutes les activitésserai<strong>en</strong>t regroupées. Il est à noterque la transformation des villes <strong>en</strong> zonesde déplacem<strong>en</strong>t pour voiture et camionss’est fait sans concertation. Plutôt que deconsidérer comme naturel que 1/5 ou 2/5des villes occid<strong>en</strong>tales soi<strong>en</strong>t dédiés à lavoiture, demandons leur avis auxcitoy<strong>en</strong>s, débattons de cette question.Que voulez-vous dans votre espacepublic ? Des jardins, des parcs, des jeuxpour <strong>en</strong>fants, des squares, des placespubliques, des marchés, des bancs, deszones cyclables ou… des routes et desparkings ? Nous n’arriverions certainem<strong>en</strong>tpas au découpage actuel de la ville !Autre manière d’aborder le problème, neserait-il pas avisé que chaque citoy<strong>en</strong> aitune part équitable des investissem<strong>en</strong>tspublics ? Ce n’est pas du tout le cas(8) Schneider F, Nordmann A, Hinterberger F, “RoadTraffic Congestion, Ext<strong>en</strong>d the Problem”, WorldTransport Policy & Practice, Volume 8, Number 1,2002, pp34-41, http://wTransport.org.(9) Dossier « Vivre à la campagne sans voiture »,Sil<strong>en</strong>ce n°317 Décembre 2004, coordonné parFrançois Schneider.(10) Proposé notamm<strong>en</strong>t dans le dernier livre d’YvesCochet, Pétrole apocalypse, éd. Fayard, 2005.(11) Que l’on appelle <strong>en</strong> anglais « Material InputCertificates », Schneider F, Hinterberger F, MesicekR, Luks F, “Eco-Info-Society: Strategies for anEcological Information Society”, in Sustainability inthe Information Society, Hilty, M.L., P.W.Gilg<strong>en</strong> (Eds.),part 2, p.831-839, Metropolis-Verlag, Marburg.DRlorsque qu’une large partie de la ville estaffectée aux voitures, pour leur déplacem<strong>en</strong>tou leur immobilisation, alors que lemètre carré urbain coûte une fortune ; dela même manière, pr<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> compte lecoût de la pollution urbaine et celui desaccid<strong>en</strong>ts. Il est injuste que seule une partinfime des d<strong>en</strong>iers publics soit affectéeaux cyclistes et aux piétons.Pour ce qui est de la campagne, le problèmeest similaire. A quoi sert la campagne? se demand<strong>en</strong>t les polit<strong>ici</strong><strong>en</strong>s. Ilsdéfiniss<strong>en</strong>t alors des zones : zoneconstructible, zone de production agricole,zone artisanale ou zone de nature. Et lepolitique fixe ainsi des fonctions uniques àchaque zone de campagne, <strong>en</strong>tre lesquellesil faut se déplacer sans cesse. Développonsl’idée de zones multifonction où toutes lesactivités sont intégrées à la nature <strong>en</strong>vironnante.Mais, dans ce cadre, la voiture et lesroutes, tout ce qui propage cette élongationet cette int<strong>en</strong>sification des transportsdoit être sérieusem<strong>en</strong>t remis à tous lesniveaux de décision (9).Pour cette néo-localisation, il seraitimportant qu’une “Organisation Mondialede la Localisation” (OML) remplacel’OMC (10). De façon générale, le pouvoirdes institutions internationales doit diminuer,excepté celles visant une réductiondu pouvoir des institutions internationales.Le fonctionnem<strong>en</strong>t de ces institutionsest incompatible avec un fonctionnem<strong>en</strong>tau plus près de chacun. Il reste àdébattre comm<strong>en</strong>t des formes de solidaritépeuv<strong>en</strong>t toutefois se maint<strong>en</strong>ir dans lecadre d’une relocalisation choisie.Une autre limite à intégrer, c’est lalimite des prix par les écotaxes. Les techniquesécologiquem<strong>en</strong>t ou socialem<strong>en</strong>tinacceptables doiv<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ir chères parla mise <strong>en</strong> place d’écotaxes t<strong>en</strong>ant comptedes coûts globaux qu’elles font porter à lasociété. Il s’agit de taxer le kérosène, d’intégrerles coûts écologiques et desconstructions de routes dans le prix del’ess<strong>en</strong>ce... Il est important que les profitsde ces écotaxes financ<strong>en</strong>t des subv<strong>en</strong>tionsqui souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des technologies alternativesluttant contre l’effet rebond.R<strong>en</strong>dons par exemple les transports <strong>en</strong>commun gratuits grâce aux péages d’autoroutes,plutôt que de réinvestir cetarg<strong>en</strong>t dans de nouvelles constructions.En amont :extraction des ressourcesnaturellesOn a vu que les impacts écologiquesétai<strong>en</strong>t fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t liés à l’extractionde ressources. Cela signifie que l’extractionde ressources est un indicateurfondam<strong>en</strong>tal des impacts écologiques : sinous améliorons vraim<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,cela doit se traduire par une réductiondes extractions. A l’inverse, il estavisé d’agir au niveau d’une réduction desextractions de façon à réduire les impactsécologiques.Une première idée est donc de créerdes quotas dégressifs d’extraction (11).Au départ, le quota choisi serait le niveaud’extraction actuel d’une matière premièredonnée, par exemple le minerai de fer.Puis ce quota ira diminuant de manièrerégulière, par exemple de 5 % chaqueannée, de façon à pouvoir planifier surplusieurs années une décroissance del’extraction de chaque matière première.SILENCE N°34015Novembre 2006