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Non-violenceRéfractaires à la guerre d’Algérie,Comme un seul homme …qu’elle réfère à un passéencore présent pour beaucoupd’entre nous, la guerre «Parced’Algérie garde encore, à bien des égards,ses mystères. Les voiles sur ces “événements”ne se soulèvent finalement quelorsque les langues de nos parents sedélient. Mais il faut du temps, beaucoupde temps pour qu’ils nous livrent, lorsqu’ilsle font, l’histoire vibrante, ardenteet éprouvante de celui qu’elle a transcendéet souvent meurtri. Et c’est cette émotionqu’ils parviennent à cristalliser dansdes mots qui jaillissent parfois au détourd’un repas de famille” (1). C’est ainsi que,plus de quarante ans après la fin de laguerre d’Algérie, un groupe d’anciensréfractaires et de solidaires ont décidé detémoigner à travers un site internet (2),un livre (3) et un film (4).Les réfractaireset solidairesDe tous ceux, divers, qui se sont opposésà la guerre d’Algérie (déserteurs, insoumis,exilés, anarchistes, anti-colonialistes,ou ayant refusé d’obéir), il est impossiblede connaître le nombre exact, qui doitapprocher les 400. Parmi eux, ceux qu’onappelle les “réfractaires et solidaires” sontdes militants de l’Action civique non violente(ACNV), association dont le sloganest alors “Essayons la paix” ! De fin 1959à fin 1963, ces femmes et ces hommesprotestent contre la torture en Algérie etl’existence des camps d’assignation à résidence,dans lesquels le pouvoir françaisde l’époque enferme un grand nombred’Algériens, de façon arbitraire. Cesmêmes personnes se solidarisent avec lesjeunes hommes qui refusent de participerà la guerre d’Algérie, organisent avec euxleur résistance et, pour transformer leur(1) Djaouida Sehili, in Réfractaires à la guerred’Algérie, Erica Fraters, 2005, Editions Syllepse (postface).(2) www.refractairesnonviolentsalgerie1959a63.org(3) Réfractaires à la guerre d’Algérie, Erica Fraters(anagramme du mot “réfractaires”), 2005, EditionsSyllepse.(4) Comme un seul homme, réalisé par FrançoisChouquet (voir le site ci-dessus pour en savoir plussur sa diffusion).(5) Christian Mellon in Alternatives Non Violentes, Ladésobéissance civile, n°108, automne 1998, 64 p.,page 8.refus en proposition constructive, se portentvolontaires pour des chantiers de servicecivil en Algérie.Le choix dela désobéissance civileLeur histoire est pratiquement méconnue.Ils sont insoumis, réfractaires,dans une démarche d’abord individuelle,puis groupés pour une action commune,non-violente, sans dogme, dans l’évidenceque la seule obéissance possible est àleur conscience, et qu’il devient obligatoirepour eux de désobéir à la loi. La plupartd’entre eux le paieront d’années deprison, parfois jusqu’en 1963, date àlaquelle fut adopté le statut d’objecteur deconscience.Aujourd’hui, ils ont décidé ensemblede se raconter et de témoigner de leurchoix de la désobéissance civile, cette“forme d’action non-violente par laquelledes citoyens, ouvertement et délibérément,transgressent de manière concertéeune (ou plusieurs) loi (décret, règlement,ordre émanant d’une autorité légale) envigueur, dans le but d’exercer soit directementsoit indirectement (par l’appel àl’opinion publique) une pression sur lelégislateur ou sur le pouvoir politique,pression visant soit la modification de laloi transgressée soit la modification d’unedécision politique, soit même — trèsexceptionnellement — le renversementde ce pouvoir” (5).Commeun seul hommeLe titre du film évoque la paradeemployée par les militants de l’ACNV lorsde l’arrestation des réfractaires. L’actionconsistait pour ces militants à adopterl’identité du réfractaire recherché. A lademande des gendarmes venant arrêtercelui qui avait refusé l’incorporation, ilsrépondaient tous être celui-ci. Sanspapiers d’identité sur eux, ils partageaientalors avec le réfractaire son arrestation,son emprisonnement et ne le quittaientque contraints et forcés, lorsque les autoritésavaient enfin déniché le “bon” parmiles “mauvais”.DR DRLe film est une série d’interviews pratiquéesaujourd’hui, confrontées à desphotos d’hier, photos de famille ou coupuresde presse illustrant bien le climat etles actions de cette époque. Il permet dedécouvrir à la fois le contexte historiqueet les raisons philosophiques de cet engagement.Il donne la parole aux anciensréfractaires mais aussi aux acteurs desréseaux de soutien, sans lesquels l’actionn’aurait pas abouti. Récits, témoignages,archives et analyses font le lien entre unesituation passée et l’actualité de la désobéissancecivile.Elsa Joyeux-Bouillon ■Non-violence XXI a soutenu financièrement la créationde ce film. Non-violence XXI est un fonds associatifentièrement dédié au financement d’une culturede non-violence, notamment dans les actionscitoyennes, militantes, politiques, etc.Non-Violence XXI soutient la non-violence ;soutenez Non-Violence XXI en faisant un don !114 rue de Vaugirard 75006 Paris – 01.45.48.37.62contact@nonviolence21.comhttp://www.nonviolence21.comSILENCE N°34029Novembre 2006