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AlternativesThomas SteinbergOK ChoraleCe fut la cinquième année, uneannée charnière pour ces rencontresde Chorales révolutionnairesà Saint-Amant-Roche-Savine, enpays auverpin. D’abord à cause dunombre de participants, et puis aussiparce que 150 personnes se gérant tranquillement,chantant, intervenant pour lamaternité d’Ambert, houspillant sondirecteur avec le concours de la population,ou encore chantant deux chantspour la Palestine au moment même ou leHezbollah résistait au Liban, ça faisaitchaud au cœur dans cette semaine glacialedu début du mois d’août.Si Valérie ne fait pas ses 45 ans c’estsûrement grâce à l’accordéon dont ellejoue à La Barricade de Saint-Etienne, oupas moins de 60 personnes se retrouventpour chanter « La grève générale » sachanson préférée. « Cette année lemeilleur moment aura été de chanter àl’université pendant le CPE et aussi à l’asilede nuit pour les SDF ». « A laLa compagnie Jolie Môme.Barricade on trouve des libertaires, destrotskistes, un socialiste et même quelqu’unde la CFDT » déclament la joyeusebande d’anars venue du pays desmineurs. On y chante « Mineurs deFrance » de Gabriel Mariton, stéphanois,emprisonné par les socialistes durant lagrève de 48, et on oublie un momentqu’on peut appartenir à un syndicatpatronal !Jean-Paul a un visage qu’on n’oubliepas. Une voix non plus ! Il tonitrue de savoix de basse depuis Rouen où laChorale-Ternative distribue ses textesquand elle se présente au public.Essentiellement composée de membres« Des Alternatifs », ils sont une vingtaine,jeunes ou plus expérimentés, à chanter« La Varsovienne » ou à composer desremix sur des airs connus : « le FMI surl’air de la Bastille ». Si Jean-Paul blague àl’apéro : « Je viens ici pour l’esprit révolutionnaire,la subversion… pour une foisqu’on peut fréquenter des trotskistes »s’emportant d’un rire, il explique le côtéfamilial de la chorale : « C‘est d’originecatho, gamin j’ai entendu Le temps descerises… » alors Jean-Paul transmet sesvaleurs humaines.Sandra vient d’Amiens et travailledans une agence de voyages. Sa choralec’est la Bande à Rosa. Comprenez Luxembourg,pas le jardin mais plutôt la révolutionnaireallemande. Sa chanson : « LaSemaine sanglante ». Pas folichon ? Si,justement ils le sont ceux du pays picardqui viennent pour la première fois et quitrouvent qu’on avance rapidement, qu’il ya « une profusion de chants ». Parcontre Sandra regrette les débats sur lestextes : doit-on supprimer tel passagejugé sexiste ?Les barricades de Grenoble sont venusen bataillon. Parmi eux un nouveau,Frédéric, 43 ans, enseignant, pas encarté. Ila rencontré la chorale dans une manif surle CPE : « C’est à la carte, c’est parfait ! »me dit-il. Son meilleur moment fut dechanter pour la commémoration descongés payés : « Nous n’étions quequatre à Saint-Martin-d’Hères à chanterJuillet 36 de Serge Utge Royo. L’année prochaineils s’appelleront peut-être lesNano-barricades !Il y a Laure qui vient pour la secondefois de Toulouse où elle répare des clarinettesquand elle ne chante pas « LaLega » dans la chorale de la Canaille duMidi. Son plaisir ici : « Exprimer desidées révolutionnaires de manière douce,rencontrer d’autres gens, se gérer ». Sa choraleest à dominante Cénétiste et assezféminine.Christine appartient à La belle Etoile,une chorale dirigée par Cyril , des « JolieMôme » et qui se réunit à Argenteuil.Elle adore « Anarchie ma blanche » etchante « pour porter le message ». Elleest bibliothécaire et se retrouve dans lesidées de Ras le Front. C’est en chantant auContre-salon de l’armement à la Villetteen juin qu’elle s’est le plus régalée cetteannée.Leur intervention dans l’usine Maloraen grève et occupation, Stéphane s’ensouviendra. Lui qui milite à la LCR, à laCGT et travaille à l’Insee trouve qu’ilsavaient vraiment leur rôle à chanter danscette boîte : « c’est différent que dechanter dans notre milieu d’intellos »« Militer, chanter, partager » déclare-t-ilce qui va dans le même sens que sa chansonpréférée : « l’Internationale », untube ! Aux « Sans Nom », à Nancy, ilssont soixante au bas mot dans cette choralequi existe depuis déjà six ans. Leurchef de chœur, Thomas n’a d’ailleurs passon pareil pour orchestrer « La danse desBombes » de Louise Michel. Gaffe à lavoûte !Cette année c’est une chorale composéeexclusivement de femmes, Les JosettesRouges du Havre qui avait organisé lasemaine. Faut-il y voir un clin d’œil àEddy Mitchell ? Roselyne, professeur,adhérente à Sud éducation, proche deRESF, Réseau éducation sans frontiière,défend leur choix de chants féministes etajoute qu’elles ne sont pas lesbiennes, enriant « on est là depuis le départ, c’est unmoment de rencontre, un bol d’air, unebulle pour se ressourcer » dit-elle. Les100 ans de la mort de Louise Michelfurent un grand moment cette année pourcelle qui aime particulièrement la chansonde Marmoud Darwich : « SarkhataThaer »Ajoutons que les chorales de Marseille,Limoges, ou encore celle de Coupde rouge (apéro garanti !) du Havre chantèrentà l’unisson sous la houlette des JolieMôme qui fêtait leur dixième année derésidence en Auvergne. Le souhait deMichel, le directeur artistique : « Etreencore plus nombreux l’année prochaine ! »Et on chantera en chinois s’il y a desmaoïstes ?Christophe Goby ■En choeur et encore■ Le festival “La belle rouge”, à Saint-Amant-Roche-Savine, Puy-de-Dôme, est organisé par laCompagnie Jolie Môme, BP 22, 92235Gennevilliers cedex, tél : 01 48 59 67 80.■ La Barricade à Saint-Etienne, Françoise,tél : 06 84 49 18 77.■ Chorale-ternative, à Rouen, c/o Les Alternatifs,205, rue Saint-Julien, 76100 Rouen, tél : 06 8516 46 74,http://www.alternatifs.org/76/chorale.html.■ La Bande à Rosa, à Amiens, dolle.f@clubinternet.fr.■ La Canaille du Midi, à Toulouse c/o SarahHirsch, tél : 05 61 14 13 07 ou Laure Lebrun,tél : 06 23 03 11 87.■ Les Josettes rouges, au Havre,claudine.santus@wanadoo.fr.Et d’autres encore :■ Front musical d’intervention, à Paris,http://fmi.lautre.net.■ Chorale des chants de la rue, centre Ascaso-Durruti, 6, rue Henri-René, 34000 Montpellier.SILENCE N°34031Novembre 2006