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Décroissance soutenableimpliquera un surcroît de travail. D’autrestravaux diminueront. Tout ce qui fait partiede la production “pour produire”(citons pêle-mêle tous les produitsjetables, les armements, les produits degrand luxe, toutes les productions obsolescentesde manière planifiée…) n’auraplus à être produit, et cet abandon économiseranotre travail. Mais en règle générale,dans notre utopie soutenableoù le local prendsa force, nous réapprendronsle lien entre leniveau de confort quenous demandons et leniveau de travail que celarequiert, et ceci sansavoir recours à d’autrespour faire les sales boulots,ni exporter les problèmes,mais en développantune grande solidaritéenvers ceux et cellesqui sont en incapacité detravailler. Ceux qui voudrontun niveau deconfort élevé devront travailler plus queceux qui se contentent d’un niveau deconfort sommaire. Il ne sera plus possiblede recourir à des enfants chinois pourfaire le boulot ! Ce principe remplaceraaussi bien le précepte socialiste selonlequel chacun a droit à une voiture, unemaison, telle ou telle consommation, quele diktat capitaliste qui dit que chacundoit avoir une voiture, une maison, telleou telle consommation et doit travaillerpour les payer et être reconnu.La décroissancepeut devenirsource deconvergence pourde nombreuxmouvementsécologiques etsociaux fédérantun grand nombrede sensibilités.Prises de décisionà tous les niveauxTous les modes de décision sont utilisablesà différents niveaux de représentation.L’intérêt du consensus est qu’il nepeut rester hors du champ de l’intérêt collectif.La décision parmajorité a l’avantage del’efficacité, même avec desintervenants qui ne sontpas formés à la décisioncollective, mais n’obligepas réellement à se poserla question de l’intérêtcollectif car on peut arriverà une décision envotant pour ce qui satisfaitnotre intérêt individuelou l’intérêt du groupeque nous représentons.L’avantage de la décisionpar majorité est qu’ellefonctionne déjà dans bonnombre de structures démocratiques denos pays.Le consensus n’est pas d’arriver à unaccord sur tout. Loin de là, il s’agit detrouver des points d’entente entre desgens d’une grande diversité d’opinions etde façons de penser. Les avis de chacunsont réunis et synthétisés pour atteindreune décision finale acceptable pour tous.Le consensus nécessite un accord de basesur un objectif et sur la volonté d’y parvenirensemble.Plus grosse excavatrice au monde, en Allemagne (pour avoir l’échelle, regardez le bulldozer en bas à droite).Il ne faut pas confondre la prise dedécision au consensus et la servitudevolontaire. La prise de décision auconsensus oblige chacun à se responsabiliser.Il faut presque apprendre une autreculture. Il faut réfléchir à la meilleuredécision pour le groupe, pour la collectivité,pour le monde, suivant le niveau oùse prend la décision. On passe de lanotion d’individualisme à celle d’individuqui prend ses responsabilités dans legroupe ou la société.Lorsque cette pratique n’est pas possible,il est possible de se rabattre sur laprise de décision à la majorité.L’utopie décrite est sujette à discussion,et le sera toujours, car c’est une utopiesans cesse renouvelée. Tout n’a pas àêtre défini, il n’y aura pas de vision précisecommune. Est-il besoin de définirmaintenant si nous aurons des échangesmonétarisés, des propriétés privées, untravail ou un Etat par exemple ? De toutefaçon, nous savons que la société soutenableenglobera des visions individualisteset des visions collectivistes. Lesconflits sur ce point n’ont pas lieu d’être,les solutions ne sont pas uniques. Il seraitdommage que ce genre de débat bloqueune convergence actuelle alors que le processuspour y arriver sera long et que l’onaura maintes fois le temps de changerd’avis et de débattre de l’utopie exactevers laquelle nous allons. Ces débats nesont pas importants pour prendre labonne direction ensemble et pour mettreen place des actions concrètes. Même sinous ne voulons pas de voitures ou pas detaxes dans notre utopie, acceptons queces outils soient encore un peu utilisésdans la phase de transition, mais alorsvraiment en conformité avec l’objectiffinal.Il faut dire aussi clairement que personnene représentera la décroissance,que ce soit maintenant ou plus tard, de lamême manière que la croissance est soutenuepar un spectre politique on ne peutplus large.DRLa pistede la décroissanceBien plus importante finalement quel’objectif ultime est la question de ladirection que prennent nos sociétés. Il y aun potentiel que la décroissance devienneune grande convergence pour de nombreuxmouvements écologiques etsociaux fédérant un grand nombre desensibilités, si nous acceptons bien sûr dene plus nous titiller sur l’utopie exacteSILENCE N°3408Novembre 2006