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Marie Clem’ssée dans l’attente d’un compromis. Lesalaire est égal pour tous, le pouvoir également.Le bâtiment restauré propose, au rezde-chaussée,un bar, une grande salle derestauration, une salle d’exposition, et àl’étage, des bureaux et des chambres pouraccueillir des artistes en résidence. Ellecomprend également un dortoir pour lesrandonneurs de passage. Avec le temps,d’autres salles de travail seront aménagéesdans les étages, le bâtiment étant immense.Marginalisationet reconnaissanceLe lieu ouvre le 21 juin 1980 avec unmenu humoristique pastichant lesdrogues en vogue du moment. La cuisineest novatrice pour la commune : les produitssont biologiques provenant des producteurslocaux (2). Ces positions “révolutionnaires”leur permettent d’être enphase avec les mouvements alternatifs desgrandes villes environnantes (3)… maisprovoquent une grande défiance dans lacommune. La fermeture d’un café voisinva leur permettre de récupérer une partiede la clientèle locale qui, peu à peu, va semélanger avec une clientèle plus culturelleet politique venue de l’extérieur.Le jazz contemporain sera l’une despremières activités pérennes du lieu. Ilpermettra d’asseoir la renommée du Cafédu Soleil. La galerie d’art contemporaincomplètera cette reconnaissance dans lapresse spécialisée. Très rapidement sontmis en place des résidences d’écrivain,avec des concours de nouvelles sur différentsthèmes.Au départ, cela part un peu dans tousles sens. Les premiers salariés, autres queles six premiers, sont tout autant enthousiasteset des projets de centre de documentationet de revue voient le jour,d’autres sont débattus mais restent dansles têtes (comme une bibliothèquefemmes).La créativité part dans tous lessens : cinéma, photo, théâtre, ateliers culturelsles plus divers… mais aussi implicationdans les campagnes politiques :soutien aux réfugiés, lutte contre le racisme,maintien des emplois locaux, soutienà des luttes dans d’autres pays (Pologne,Nicaragua…). Le lieu s’abonne à de nombreusesrevues qui sont mises en lecturelibre dans le café.Les années passent, le bouillonnementne s’avère pas toujours rentable eten 1985, le déficit provoqué par la multitudede concerts n’est plus supportable.Jusqu’alors, l’ensemble des activités culturellesont été menées sans aucune subvention.Un plan de redressement estalors adopté avec une baisse des salaires,un arrêt des concerts. Les incertitudespèsent lourd et des fondateurs prennentleurs distances. Le projet est remis en discussionavec une ouverture du capital àd’autres personnes — une soixantaineinitialement, une centaine aujourd’hui —et la mise en place d’un conseil d’administrationplus formel. La SA Soleil Vertdevient SA Café du Soleil. En 1992, lesactivités sont séparées : le café-hôtel-restaurantva fonctionner de manière autonome,mais en reversant 1 % de sonchiffre d’affaires aux activités culturelles.Celles-ci vont alors devoir se gérer aveccette aide non-négligeable : 12000 € paran, soit environ l’équivalent des subventionsactuellement perçues des institutions.Les six membres fondateurs du Cafévont être élus à la fin des années 80 auconseil municipal de Saignelégier, ce quimarquera un virage et la fin de la marginalisationdu lieu. Outre les activités animéespar le collectif du Café du Soleil,une quinzaine d’associations localesbénéficient de services et de locaux ausein du Café du Soleil.Structurationet professionnalismeL’égalité des salaires est abandonnéeen 1992. Le nombre de salariés augmentejusqu’à 25 aujourd’hui, représentant 9temps pleins, et certains ne souhaitentpas participer à la gestion collective dulieu. La grille des salaires est indexée surla convention collective de la profession.Un conseil d’administration bénévolecontinue un temps à gérer l’ensemble,mais l’activité économique s’avère lourdeet en 2000, un gérant des lieux estnommé. Les bénévoles se consacrentalors à animer la coordination culturellequi rassemble aujourd’hui sept activités.Cette coordination ne compte qu’un seulsalarié :• Musiques en Franches-Montagnes,• Galerie du Soleil,• Atelier de dessin et de peinture,• Atelier de littératures,• les Matins classiques (musique classique)• Paroles et musiques (chanson)• Encore plus de Soleil.Cette dernière activité est née ennovembre 1996 pour concrétiser le projetde transformer l’ancien marché couvertde chevaux (4), voisin du Café du Soleil,en une salle de spectacle polyvalente. Il afallu réunir près de 300 000 €. Cette nouvellesalle de 135 m 2 a ouvert en 2001.Cette initiative a permis un renouvellementde génération, la salle étant géréepar des plus jeunes, plus tournés vers lerock et les musiques actuelles.(2) La préférence sera toujours donné au local avantle bio.(3) Saignelégier est l’une des dernières communesfrancophones au nord du Jura suisse et les grandesvilles voisines sont de langue allemande. Ils adhèrentdonc au Netwerk, un réseau des lieux autogérés, laplupart en Suisse alémanique. Ce réseau a disparuaujourd’hui.(4) La spécialité de Saignelégier a longtemps été l’élevagede chevaux pour la boucherie mais aussi pour lacavalerie militaire.SILENCE N°34027Novembre 2006