Décroissance sout<strong>en</strong>ablePoêle économe.Cette mesure peut <strong>en</strong>core une fois se porterau niveau individuel, local, régional,national…Comme nous sommes dans une économiemondialisée, nous aurons des problèmespour mettre <strong>en</strong> place des quotassur les extractions qui serv<strong>en</strong>t à produireles bi<strong>en</strong>s et services que nous importons.Pour cette raison, aux quotas dégressifsd’extraction pourront se joindre des quotasdégressifs d’importation ; c’est le seulmoy<strong>en</strong> d’avoir un impact sur les extractionsqui se font ailleurs.Une autre idée est de créer des zonesprotégées des extractions, comme pourrai<strong>en</strong>tl’être l’Alaska ou l’Antarctique. Detelles zones devrai<strong>en</strong>t exister dans d<strong>en</strong>ombreux <strong>en</strong>droits et s’élargir. On peutaussi vouloir protéger certaines zones dedestructions supplém<strong>en</strong>taires. Dans lescas où des zones ont déjà été perturbées,l’exploitation pourrait s’arrêter au pointoù elle est arrivée. On peut inclure danscette catégorie la conservation de zonesarchitecturalem<strong>en</strong>t et historiquem<strong>en</strong>tintéressantes. Plus on laissera des ressourcesnaturelles de manière illimitéedans le sous-sol, moins il y aura de dégâtsécologiques. Ce ne sont pas des réservespour plus tard, ce sont des “oubliettes” àminéraux, des réserves naturelles.La réduction des extractions peutaussi être obt<strong>en</strong>ue par le jeu des taxes etla suppression des subv<strong>en</strong>tions à l’extraction.Par ailleurs, il est jud<strong>ici</strong>eux de remplacerdes sources non r<strong>en</strong>ouvelables pardes sources r<strong>en</strong>ouvelables exploitées aulong terme et, à un niveau plus local, delimiter les niveaux d’extraction surchaque exploitation.En aval :émissions et déchetsIl faut établir des normes de plus <strong>en</strong>plus strictes de pollution, de tox<strong>ici</strong>té, detraitem<strong>en</strong>t des déchets. C’est un moy<strong>en</strong>de réfréner la production.4 - Développem<strong>en</strong>td’alternativesCertains types de développem<strong>en</strong>t sontjustifiés : soyons pour le développem<strong>en</strong>t…de la décroissance. Il est importantde développer des alternatives, mais(12) Alain Gras, « le dirigeable, vol autorisé ? », LaDécroissance, n°30 p10.(13) Sil<strong>en</strong>ce n°290, décembre 2002, Association destransports fluviaux du midi.Laur<strong>en</strong>ce DuvalCapteur solaire pour l’eau chaude.Les r<strong>en</strong>contres des Ami-es de Sil<strong>en</strong>ce :une bonne occasion de testerles innovations frugales.celles-ci doiv<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>tremplacer des secteurs plusproblématiques et intégrerdes limites.Au niveaudes usagesPrivilégions l’usage de laforce humaine, que ce soit lamachine à laver à pédale, levélo, la marche et la randonnéeà pied. Le vélo est lemoy<strong>en</strong> de transport le plus efficace énergétiquem<strong>en</strong>t,le plus rapide à courte distance(moins de 6-7 km <strong>en</strong> ville), très sûr(sans voitures al<strong>en</strong>tour il est vrai) ; il estbon pour la santé, modérateur du trafic,convivial, pratique pour le commercelocal, peu consommateur d’espace, nonpolluant au niveau local (sauf <strong>en</strong> ce quiconcerne l’augm<strong>en</strong>tation des émissionsrespiratoires), très peu polluant au niveauglobal.On sait que certains produits deconsommation ont l’avantage de créerune réduction de la consommationd’autres produits. Ce sont notamm<strong>en</strong>t lesproduits et activités qui permett<strong>en</strong>t parleur l<strong>en</strong>teur d’apprécier le temps quipasse comme le vélo utilitaire, le jardinage,la randonnée. La bicyclette limite lesdistances parcourues. Les petites pénichesde type Freycinet vont dix foisplus l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t qu’un semi-remorquemais transport<strong>en</strong>t douze à quinze foisplus de charge (12) tout <strong>en</strong> consommant<strong>en</strong>viron cinq fois moins par tonne transportée(13). Elles sont surtout beaucoupplus conviviales.Toilettes sèches.D’autres types de consommation ontdes limites intrinsèques qui cré<strong>en</strong>t unelimite à l’explosion de la consommation.Le train restreint son aire aux gares, etcrée alors une urbanisation conc<strong>en</strong>triquequi aura t<strong>en</strong>dance à regrouper les activités<strong>en</strong> un même lieu. Pour les déplacem<strong>en</strong>ts àlongue distance, la relance des dirigeablesgonflés à l’hélium pour remplacer lesavions est une piste intéressante à explorer.Une génération moderne de bateaux àvoile est aussi une idée intéressante.Pour ce qui est de la télévision, auniveau local il est convivial d’avoir unetélévision de quartier ou de village, dedévelopper les cinémas ou vidéo de quartier.Il est intéressant de développer deschaînes locales de télévision sans publ<strong>ici</strong>té.Le partage des bi<strong>en</strong>s devrait être favorisépartout, car il permet de réduire l<strong>en</strong>ombre de produits nécessaires. Si onpartage une machine à laver <strong>en</strong>tre dixfamilles, on évite tout simplem<strong>en</strong>t la productiond’<strong>en</strong>viron neuf machines à laver.Et cela coûte moins cher. Le partage estconvivial, il permet de créer de nouveauxpôles conviviaux, peut-être parfois plusElisa SoursacVirginie PhilippeSILENCE N°34016Novembre 2006
La consommationdoit demanderplus d’effortsque l’économie.conviviaux que les bars, que l’on peutcombiner à d’autres activités, à deséchanges d’information. Partageons doncles aspirateurs, les ordinateurs, lesmagnétoscopes… Le partage ne crée pasd’effet rebond car, de toute façon, l’usagede tels objets est limité aux mom<strong>en</strong>ts oùles autres utilisateurs ne les utilis<strong>en</strong>t pas.C’est ainsi qu’il a été démontré que lesvoitures partagées avai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dance àréduire l’usage des voitures,réduisant les distancesparcourues de30 % (14). Le partagepeut aussi représ<strong>en</strong>terune étape pour réaliserque l’on peut se passerde tel ou tel produit. Lessystèmes d’auto-partagepeuv<strong>en</strong>t être vus commedes systèmes pour appr<strong>en</strong>dre à vivre sansvoiture. Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, les g<strong>en</strong>s laiss<strong>en</strong>tleur voiture pour adhérer au système,puis quitt<strong>en</strong>t le système et viv<strong>en</strong>t sansvoiture. Le partage des maisons par lacolocation et la copropriété devrait êtrefavorisé. De même que certains pays instaur<strong>en</strong>tdes péages dégressifs selon l<strong>en</strong>ombre de passagers de la voiture, ilpourrait aussi être instauré une taxe d’habitationdégressive selon le nombre d’habitantspar surface de logem<strong>en</strong>t.Un autre moy<strong>en</strong> de partager est d’utiliseret de favoriser l’usage des transports<strong>en</strong> commun <strong>en</strong> les subv<strong>en</strong>tionnant plus,<strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant leur fréqu<strong>en</strong>ce (un trainpar heure devrait être le minimum), <strong>en</strong>ouvrant des lignes. Que les frais de transportne soi<strong>en</strong>t remboursés que quand ilest fait usage de transports <strong>en</strong> commun,du vélo ou de la marche à pied, mais nonde la voiture.Toutes les énergies r<strong>en</strong>ouvelables sontà favoriser si elles remplac<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>tdes énergies fossiles ou nucléaires. Lesénergies r<strong>en</strong>ouvelables ont des limites <strong>en</strong>elles-mêmes, car elles dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du v<strong>en</strong>t,du soleil, de l’eau. A un certain mom<strong>en</strong>t,on ne pourra pas consommer plus qu’il n’ya. Le chauffage solaire crée une limite à laconsommation d’eau chaude, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avecles conting<strong>en</strong>ces climatiques. Ce développem<strong>en</strong>tdoit s’accompagner d’une politiquede maîtrise de la consommationd’énergie (là aussi, on peut viser une baissede 5 % par an), l’impact de ces énergiesr<strong>en</strong>ouvelables n’étant pas négligeable (15).Un domaine qui produit beaucoup dedéchets et qui est important pour la quantitéde matériaux utilisés (et donc dedéchets produits), c’est le secteur de laconstruction, bi<strong>en</strong> que les déchets produitssoi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t plus inertes que dansd’autres secteurs. Il faut là <strong>en</strong>core utiliserau maximum les matériaux locaux et écologiques.Il faut pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte toutela phase d’utilisation qui est longue pourles constructions, <strong>en</strong> faisant des bâtim<strong>en</strong>tsbi<strong>en</strong> isolés tout <strong>en</strong> étant respirants,utilisant au mieux les données bioclimatiques,permettant une réutilisation deseaux usées, compr<strong>en</strong>ant des toilettessèches. Un aspect souv<strong>en</strong>tmis de côté est la prise <strong>en</strong>compte des distances detransport liées à l’usagedes bâtim<strong>en</strong>ts. De manièregénérale, toute la viequi va aller avec un bâtim<strong>en</strong>tdans la conceptionécologique et néo-locale.Pr<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> compte aussila taille des logem<strong>en</strong>ts pour que le maximumde g<strong>en</strong>s puiss<strong>en</strong>t habiter dans leminimum d’espace.Certaines limites se cré<strong>en</strong>t avec l’effortlié à la consommation. Sans qu’ilfaille exagérer cette manière de faire, ilsemble logique que la consommationdemande plus d’efforts que l’économie.Or l’organisation de notre société a ainsiam<strong>en</strong>é de nombreux effets pervers. Ladéconnection du local et la production demasse a, dans certains cas, r<strong>en</strong>du la frugalitéplus ardue que le gaspillage. Il devi<strong>en</strong>tplus facile de laisser toutes les lumièresallumées que de les éteindre, de gaspillerl’eau que de l’économiser. Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t,cette facilité immédiate n’amène pas defacilité à un niveau plus large : le gaspillagede l’électr<strong>ici</strong>té paraît facile, mais iln’est pas dénué de l’effort de travaillerpour payer l’électr<strong>ici</strong>té gaspillée ; il n’estpas si facile de travailler pour construiretoutes ces infrastructures de transport etde production d’électr<strong>ici</strong>té ; il n’est pas sifacile de s’occuper de ces <strong>en</strong>fants irradiésou malades à cause des accid<strong>en</strong>ts nucléairesou autres pollutions liées à nosmodes de vie. Mais néanmoins la facilitédirecte de gaspiller pousse largem<strong>en</strong>tnotre société à l’effet rebond et au gaspillage.Un autre exemple du g<strong>en</strong>re est l’emballageconsigné. Il a été démontré que leverre consigné favorisait une consommationde proximité (16), <strong>en</strong> ram<strong>en</strong>ant lesbouteilles au détaillant qui nous les a v<strong>en</strong>duset une consommation moindre : onaura moins <strong>en</strong>vie d’acheter douze bouteillesde coca-cola s’il faut les porter à lamaison lorsqu’elles sont <strong>en</strong> verre consigné.Il n’y a pas que les externalités économiquesqui exist<strong>en</strong>t ; dans certains cas, leDRtemps perdu du système consommateurn’est pas porté par celui qui utilise ce système,ce qui nous ferait développer l’idéed’écotaxe temporelle, d’écotaxe d’effort.Une proposition est donc de développerdes systèmes frugaux, économes, quidemand<strong>en</strong>t moins d’efforts et qui offr<strong>en</strong>tplus de facilité et de confort que les systèmesconsommateurs. La toilette à compostdoit être plus facile d’accès, plusconfortable, plus belle que la toilette àeau. Le garage à vélo doit être plus faciled’accès que le garage à voiture. Les routes(à voitures) doiv<strong>en</strong>t faire de grandsdétours tandis que les pistes cyclablesdoiv<strong>en</strong>t être directes comme à Groningue,aux Pays-Bas. L’action peut se porter aussibi<strong>en</strong> sur une amélioration des systèmesfrugaux que sur une dépréciation des systèmesconsommateurs. Cette manière deprocéder aurait un effet important sur lestatut social associé aux consommationspolluantes.Le processus le plus décroissant n’apas été inv<strong>en</strong>té par les humains, mais parles plantes : il s’agit de la photosynthèse,où l’énergie du soleil est stockée au lieude se diffuser dans l’espace. Une actionhumaine primordiale est de développer laproduction végétale : plantons desarbres, développons tous les moy<strong>en</strong>s pourral<strong>en</strong>tir l’érosion : par la collecte des eauxde pluie, <strong>en</strong> évitant les labours, surtoutprofonds, <strong>en</strong> fabricant ou rénovant lespetites terrasses. De nombreuses méthodesont été développées dans le cadrede la permaculture.(14) Steph<strong>en</strong> Potter “Cutting CO2 Emissions fromPersonal Transport : a consumption system’sapproach”, The 7 th European Round Table forCleaner Production (ERCP), 2001, Workshop onrebound effect, Lund, Suède.(15) Les photopiles pos<strong>en</strong>t des problèmes de recyclage,les éoli<strong>en</strong>nes et les photopiles nécessit<strong>en</strong>t unhaut niveau de technologie.(16) Fairlie, S. (1992) “Long distance, short life”. Theecologist, vol. 22, n° 6, November/dec 92, pp. 276-283.SILENCE N°34017Novembre 2006