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vers laquelle nous allons et abandonnonsl’idée d’une “pureté” excluante. La questionde la croissance ou de la décroissancerisque de devenir un débat fondamentalde politique qui occultera le débatdroite-gauche encore à l’ordre du jour.Soyons clairs : la décroissance n’estpas un immobilisme, un refus de la quêtedu mieux. Il ne s’agit pas de restriction,d’un passage à une société de la difficultéet du reniement. Il faudra s’entendre surles mots : si le mot progrès signifie “plusde biens”, soyons contre la notion deprogrès ; si par contre le progrès signifie“avancer vers le mieux” alors les réelsprogrès dans les pays riches impliquentd’aller vers moins de biens (et plus deliens), et nous devons simplement clarifiercette notion. Tout cela doit faire l’objetde débats à tous les niveaux.Bien souvent, les solutions acceptablesparaissent être celles qui ne remettraientpas en cause nos modes de vie etnos façons actuelles de nous organiser.On a longtemps cru que l’écologie consistaità mettre un pot catalytique sur sa voiture,à recycler quelques déchets, às’acheter un vélo que l’on utilise de tempsen temps, voire de mettre dans le fond dujardin une toilette à compost que l’on utiliserarement. En fait l’écologie ne peutfaire l’économie de la décroissance : ils’agit d’une remise en cause fondamentalede nos façons de faire actuelles. Il s’agitréellement de diminuer le nombre de voitureset les distances, la quantité dedéchets produits, le nombre de toilettes àeau…Action pourla décroissanceIl est fondamental de ne pas simplementthéoriser mais de développer unecohérence entre le discours et l’action.L’action doit combiner ouverture et cohérence.La première action à faire, c’est de lancerle débat. Remettons en cause la penséeunique pour la croissance. Développonsdes solutions au niveau localavec des rencontres locales. Ouvrons deslieux de rencontres et de débats partout,dans tous les quartiers, dans tous les villages,dans tous les voisinages pour créerune dynamique locale, base d’une économieet d’une démocratie de proximité. Lesgens d’un lieu pourront comprendre quenombre de solutions se trouvent entreleurs mains s’ils échangent ou partagentau niveau local. Pour cela, il faut bien sûrcommencer par trouver un prétexte pourinviter par lettre tous les habitants d’uncertain périmètre. On peut organiser desrepas de quartier, des manifestations festivesdans le cadre de ce qu’on peut appelerdes “actions conviviales”. Ce qui enressortira sera le choix des gens.Une technique utilisée est celle ducolportage de décroissance (12). Il s’agitde voyager de manière lente en diffusantle débat sur la croissance et la décroissancepar la distribution de journaux quiexpriment une réflexion sur la décroissance,par la tenue de conférences si possibleavec un côté participatif, par des discussionsde voisinage, par la présentationd’expositions en différents lieux.Il est intéressant de faire des statistiquesde chemin pour demander auxgens s’ils pensent que la croissance varésoudre les problèmes écologiques etsociaux du monde, si une décroissanceest envisageable et souhaitable. On estrapidement étonné de constater qu’unelarge majorité se dégage ne croyant absolumentpas aux vertus de la croissance. Ilfaut soi-même officier en “statisticien dechemin” pour s’en convaincre réellement.On constate aussi qu’une vaste majoritéest extrêmement pessimiste sur l’avenir.Nous sommes en présence d’un doublepessimisme : un pessimisme sur l’avenirdans l’état actuel, celui-ci est salvateur. Ledeuxième pessimisme concerne la possibilitéqu’autre chose soit possible, et c’esttoute la démarche de la décroissance qued’imaginer et d’œuvrer pour qu’autrechose soit possible.Développons partout des comitéspour organiser des événements, soutenirdes modes de vie frugaux par l’organisationde bourses d’échanges, de jardinscollectifs ou d’AMAP, des partages demachines à laver, voitures, vélos, aspirateurs,ordinateurs… Continuons le débatau sein du mouvement. Controns lesforces vives de la croissance en décolonisantl’imaginaire, en délégitimant lapublicité qui joue un rôle important dansl’effet rebond où l’innovation amène uneaugmentation de la consommation, ensoutenant les “casseurs de pub”. Créonsdes contre-expertises sur tous les sujetsde recherche (13).François Schneider ■(12) www.decroissance.org/francois.(13) Serge Latouche, Décoloniser l’imaginaire, éd.Parangon, 2003.SILENCE N°3409Novembre 2006