démiurge musical Dans la caverne de Yuksek
4 démiurge musical Ascenseur, escaliers. Noir, blanc. Petites boîtes lumineuse marquées SILENCE en rouge. Long couloir droit, quelques marches, couloir courbe, une porte blanche, un sas, un nouveau couloir, quelques marches, une seconde porte, une large pièce aveugle habillée en partie de lames de bois verticales, lumière douce, son mat, ouaté, une cabane. 11 claviers, un piano quart de queue, des synthés, des enceintes, des câbles, un ordinateur, des consoles. Antre de quelque démiurge. Oui, je sais je suis chez Winslosw Leach le compositeur fou d’amour de Phantom of the paradise (Brian de Palma – 1974). Quel est ton rythme de travail, ta méthode ? Je travaille tous les jours, je fais des journées de bureau (rires). J’adore travailler le matin, je fais rarement de pause-déjeuner. Je suis producteur c’est à dire que je travaille aussi pour les autres. Pour ma musique, je l’enregistre, je la mixe, le seul truc que je ne fais pas c’est la toute dernière étape, le mastering. Je rapproche plus mon travail de l’artisanat, je passe beaucoup de temps en faisant plusieurs choses à la fois, c’est un travail besogneux. Je n’ai pas l’inspiration qui me tombe du ciel, je la vois plus comme une épreuve de long terme. Je n’arrive pas au studio avec une chanson dans la tête, tout vient au fur et à mesure, je vais me mettre devant un synthé, faire des boucles et quelque chose vient malgré moi, c’est un puzzle qui prend forme. Ce n’est pas très réfléchi, consciemment en tout cas. _© Jérôme De Gerlache texte Jérôme Descamps portrait Benoît Pelletier reportage Vincent Van Der Hedde Comment définirais-tu le projet Yuksek ? J’ai des envies multiples. Parfois, je travaille sur des trucs très abstraits, très technos, très durs dans une période où je n’ai pas du tout envie de ce genre de musique, du coup je les mets de côté en me disant que peut-être je retraverserais un mood comme ça. C’est comme ça aussi pour le ciné, je fais des grilles d’accords, des enchaînements, des trucs avec des violons, ça ne me servira pas pour « Yuksek », mais ça me servira sûrement un jour. Pour la musique du film de Valérie Donzelli Marguerite et Julien, au générique, c’est marqué Pierre-Alexandre - Yuksek - Busson, mais à terme, Yuksek n’a pas de raison d’être au générique d’un film, surtout pas là où c’est un score de musique baroque avec un orchestre symphonique.