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PEEL n°11

Création & culture de Reims et d'ailleurs

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démiurge musical<br />

Sur d’autre projets, j’avance un peu masqué. Par exemple,<br />

l’année dernière j’ai sorti un maxi underground, pas du tout<br />

commercialisé et de toute façon sous un autre nom, c’est un<br />

projet que je souhaite continuer.<br />

Comment gères-tu tes multiples envies ?<br />

J’ai monté un label (Partyfine Music). La façon de diffuser la<br />

musique fait qu’aujourd’hui je peux faire un morceau et le<br />

sortir demain ou tout du moins dans deux semaines. Je fais<br />

vraiment ce que je veux, je suis mon propre éditeur, je n’ai aucune<br />

contrainte. Cependant, avoir un nom connu ça enferme.<br />

Les gens n’aiment pas trop être surpris, les spectateurs comparent,<br />

préfèrent tel album ou tel autre, ils sont en attente, c’est<br />

une pression. J’ai fait des trucs qui marchent sous le nom Yuksek,<br />

mais j’accepterais sans problème de repartir à zéro sous un<br />

autre nom et sans pression.<br />

Que dirais-tu de ton rapport aux images, aux clips en particulier ?<br />

En fait, je trouve le clip compliqué. Ça ne marche pas quand<br />

c’est que de l’image, parce que ça peut devenir chiant, et si c’est<br />

trop un court-métrage, s’il y a trop de sens, ça ne marche pas<br />

non plus car l’histoire prend le pas sur la musique. Il faut trouver<br />

un juste équilibre.<br />

J’ai toujours délégué ça pour le meilleur et pour le pire, au total<br />

j’ai fait une dizaine de clips mais jusqu’à maintenant il n’y a pas<br />

vraiment de cohérence. Pour mon nouvel album, les morceaux<br />

vont à peu près dans le même sens, il y a un côté plus lumineux,<br />

plus généreux, plus dans le partage, j’avais envie d’avoir<br />

des clips qui veulent dire des choses donc je me suis plus investi.<br />

Pour Sunrise, je l’ai fait avec un copain réalisateur, Jérôme de<br />

Gerlache. Nous avons écrit ensemble, mon idée était de scénariser<br />

ma présence, ça me faisait rire d’être là sans être là.<br />

Faire un clip coûte une fortune, je trouve ça souvent pas très<br />

justifié alors que les clips les plus intéressants sont souvent les<br />

moins chers parce qu’il y a eu une idée simple et forte et que<br />

les mecs l’ont développées sans forcément avoir les moyens. Par<br />

exemple, je suis assez proche de Rubin Steiner, il vient de sortir<br />

son nouvel album et a fait un clip, Uranus Samba, avec le<br />

chorégraphe Daniel Larrieu, ce sont juste des superpositions du<br />

danseur devant des fonds de couleur qui changent, ce n’est que<br />

visuel mais il y a une vraie démarche. Je trouve ce clip très beau.<br />

Dernièrement, je suis un peu copain avec l’astronaute<br />

Thomas Pesquet. Il s’est envolé avec mon dernier<br />

album et a tourné des images sur le morceau<br />

Live Alone dont les paroles sont assez en phase avec<br />

ce qu’il est en train de vivre. On a fait un parallèle<br />

entre nos deux expériences, Jérôme a tourné des<br />

images ici et fait le montage et Thomas a fait des<br />

images dans la station, c’est assez joli.<br />

Yuksek montre la dernière version du clip sur son smartphone.<br />

Début de la diffusion, arrêt, le réseau fonctionne mal,<br />

« j’ai même pas de 3G !! »<br />

Quel ton rapport avec le cinéma ?<br />

Je ne me considère pas du tout comme un cinéphile, je vais très<br />

peu au cinéma, je n’ai pas une culture pointue, j’aime garder<br />

un côté Candide. Ce que je trouve intéressant dans la musique<br />

de films c'est qu'elle fait partie du film, elle nous porte. Quand<br />

c’est mauvais on s’en rend compte, si c’est bon on ne doit pas<br />

vraiment y penser. Ou alors, il y a des gestes artistiques comme<br />

chez Ennio Morricone ou la BO de Hans Zimmer pour Interstellar<br />

qui est complètement folle et prend parfois le pas sur le<br />

film. Globalement, c’est plus des mecs comme Cliff Martinez<br />

avec Steven Soderbergh ou Gustavo Santaolalla avec Iñárritu,<br />

qui m’intéressent. Ils sont vraiment dans l’accompagnement,<br />

le travail des ambiances. Peu de réalisateurs laissent une belle<br />

place à la musique et nous laissent nous éclater.<br />

Pour le film de Valérie (Donzelli), on n’est pas allé dans un<br />

geste artistique dément. Ça m’a éclaté d’enregistrer un orchestre<br />

symphonique, mais la proposition n’est pas excessivement originale.<br />

Sans doute parce que le film avait trop de couleurs, une<br />

époque très identifiée et un propos sombre, ce n’est pas Marie-<br />

Antoinette de Sofia Coppola où on mélange l’Histoire et un côté<br />

frivole. Dans Marguerite et Julien, il n’y a pas grand-chose de<br />

rigolo, le décalage ne marchait pas. À la base, nous étions partis<br />

sur des ambiances plus mélangées, plus électronique, plus<br />

bizarres. En parlant avec Valérie avant le tournage, j’avais fait<br />

deux thèmes à la lecture du scénario et on était plutôt content<br />

tous les deux, enfin tous les trois avec Jérémy Elkaïm qui est<br />

très investi dans ses films. On se disait que c’était le bon mood.<br />

_© Thomas Pesquet

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