Connect N°03 09_2018
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En coulisse Commerce<br />
BUSINESS MEDIA<br />
<strong>09</strong>.<strong>2018</strong><br />
LE COMMERCE DE MEUBLES<br />
À L’HEURE DES DÉFIS<br />
Bien implanté au Luxembourg, le secteur de l’ameublement est aujourd’hui confronté à de nombreux enjeux.<br />
Analyse avec Jean-Pierre Thill, vice-président de la FEDAM (Fédération Luxembourgeoise de l’Ameublement), dirigeant<br />
des Ameublements Thill à Hosingen et des Meubles Oestreicher à Marnach, deux enseignes de meubles reconnues.<br />
TEXTE : JEANNE RENAULD<br />
Jean-Pierre Thill<br />
« Le secteur de l’ameublement reste spécifique<br />
au Luxembourg, explique d’emblée<br />
Jean-Pierre Thill. Contrairement à ce qui<br />
se déroule dans la plupart des autres pays<br />
européens, les leaders du marché, ici, sont<br />
encore des entreprises familiales, et non des<br />
géants de l’ameublement. » Néanmoins, ces<br />
acteurs se voient de plus en plus concurrencés<br />
par les grandes enseignes qui choisissent<br />
bien souvent, prix du terrain au Luxembourg<br />
oblige, de s’installer à la frontière. On se<br />
souvient notamment qu’en 2005, l’arrivée<br />
d’Ikea à Sterpenich, en Belgique, avait fait<br />
couler beaucoup d’encre. De l’autre côté de<br />
la frontière, c’est Möbel Martin qui s’est implanté<br />
à Konz, en Allemagne. « D’année en<br />
année, les chaînes internationales prennent<br />
de l’ampleur. Face à cette concurrence, plusieurs<br />
entreprises historiques ont déjà dû<br />
fermer leurs portes. Et d’autres sont en train<br />
de disparaître », confie Jean-Pierre Thill.<br />
SAISIR LES OPPORTUNITÉS<br />
DU DIGITAL<br />
Le digital vient lui aussi concurrencer le<br />
commerce du meuble local. « Les clients<br />
prennent aujourd’hui le temps de se renseigner<br />
en ligne avant de venir en magasin. Ils<br />
recherchent les produits qui correspondent à<br />
leurs besoins, traquent les meilleurs prix…,<br />
souligne Jean-Pierre Thill. Le trafic dans les<br />
commerces est donc beaucoup moins important.<br />
Mais une fois qu’ils ont franchi la<br />
porte du magasin, les clients ont, dans la<br />
majorité des cas, l’intention d’acheter ».<br />
Pour rester visibles, les acteurs du secteur<br />
doivent se digitaliser. « Nous sommes pleinement<br />
conscients qu’une partie de notre commerce<br />
va se faire ou se fait déjà online. C’est<br />
pourquoi nous réfléchissons à comment développer<br />
notre offre sur Internet. Nous pensons<br />
rejoindre Letzshop, la plateforme d’e-commerce<br />
luxembourgeoise. C’est une chance de<br />
pouvoir s’appuyer sur une telle infrastructure<br />
pour débuter ».<br />
DES FREINS AU DÉVELOPPEMENT<br />
DU SECTEUR<br />
Outre cet enjeu du numérique, la filière du<br />
meuble au Luxembourg doit jongler avec<br />
les particularités de son pays, et notamment<br />
de son marché immobilier. L’industrie de<br />
l’ameublement, par nature, a besoin de place<br />
afin d’exposer ses produits. « Or cet espace,<br />
sur un marché foncier saturé, devient de plus<br />
en plus difficile à trouver. Quand bien même<br />
on le trouve, encore faut-il parvenir à le payer<br />
et à obtenir les autorisations nécessaires pour<br />
construire dessus », déplore Jean-Pierre Thill.<br />
Comme beaucoup d’autres secteurs, l’ameublement<br />
est aussi confronté à une pénurie<br />
de candidats. « Nous éprouvons de plus en<br />
plus de difficultés à recruter, que ce soit au<br />
Luxembourg ou à la frontière. Pour répondre<br />
à cette problématique, il faut changer les<br />
mentalités, valoriser les métiers de l’artisanat<br />
et de la vente dans les écoles. À cause<br />
de ce manque de ressources humaines, la<br />
croissance de l’économie du pays est freinée<br />
d’1 ou 2 % ».<br />
« PLUS QUE DES POINTS<br />
DE VENTE, LES MAGASINS<br />
D’AMEUBLEMENT DOIVENT<br />
AUJOURD’HUI ÊTRE<br />
DES FOURNISSEURS<br />
DE SOLUTIONS »<br />
INNOVER, SE RÉINVENTER<br />
Pour parvenir à tirer leur épingle du jeu, les<br />
acteurs de l’ameublement doivent redoubler<br />
d’efforts. « Le sérieux est l’une des clés de notre<br />
succès. Cela fait 100 ans que nous sommes rigoureux<br />
dans notre travail. Nous fournissons<br />
des produits et un service de qualité, nous<br />
avons le meuble dans nos gènes, et les clients<br />
le ressentent », confie Jean-Pierre Thill.<br />
Plus que des points de vente, les enseignes<br />
doivent proposer un service complet pour<br />
se distinguer. « Nous devons être des fournisseurs<br />
de solutions, capables de résoudre<br />
des problèmes, explique-t-il. Au sein de<br />
nos établissements, nous proposons par<br />
exemple à nos clients d’organiser le chantier,<br />
nous mettons un technicien à disposition<br />
pour prendre les mesures nécessaires, nous<br />
reprenons les anciens meubles… Tout ça, la<br />
grande surface n’est pas capable de le faire.<br />
Pour résister, il faut bouger tous les jours,<br />
continuer à promouvoir son entreprise, proposer<br />
des choses inédites ».<br />
12 - CONNECT<br />
Le magazine de la confédération luxembourgeoise du commerce