Connect N°03 09_2018
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BUSINESS MEDIA<br />
<strong>09</strong>.<strong>2018</strong><br />
voir se mettre dans la peau de l’acquéreur<br />
qui va se retrouver face à un ensemble<br />
de risques. En tant que chef d’entreprise,<br />
qu’est-ce que je vais pouvoir faire dans<br />
la façon de préparer et de présenter mon<br />
entreprise pour mettre l’acquéreur en<br />
confiance, y inclus démontrer les perspectives<br />
d’avenir et de croissance ? »<br />
DES ASTUCES<br />
POUR FACILITER LA REPRISE<br />
À un moment du processus de transmission,<br />
la question du financement va occuper toute<br />
l’attention du repreneur. Un minimum de fonds<br />
propres sera nécessaire et la capacité à séduire<br />
une banque dépendra souvent de la rentabilité<br />
future de l’affaire. L’endettement peut prendre<br />
différentes formes, chaque cas étant particulier.<br />
Les modalités de la transmission peuvent, elles<br />
aussi, être variées et contribuer à une transition<br />
en douceur. Par exemple, la reprise partielle<br />
grâce à une prise de participation majoritaire<br />
du repreneur peut être une solution pour étaler<br />
l’acquisition dans le temps, assurer la transmission<br />
des connaissances et du savoir-faire, tout<br />
té qui est le nôtre va rester en place. Rien<br />
ne va véritablement changer pour le client.<br />
Avoir une certaine réputation est un élément<br />
très important, tout comme pouvoir<br />
proposer de la marchandise qui se démarque<br />
de la concurrence. »<br />
Si dans le cas de la House of Underwear,<br />
l’identité du repreneur n’a pas tardé à être<br />
connue, dans la majorité des cas, le processus<br />
est plus long. Et le choix du repreneur<br />
peut s’avérer difficile. « L’affaire peut<br />
être reprise par quelqu’un en interne ou<br />
par une personne totalement extérieure<br />
à l’entreprise », reprend François Mousel.<br />
« Mais c’est plus encore la question<br />
du prix qui va occuper les esprits durant<br />
un bon bout de temps. Régulièrement, le<br />
cédant n’a pas d’idée précise de ce qu’il<br />
est raisonnable de demander. En la matière,<br />
il est véritablement très important<br />
de pouvoir être accompagné, conseillé et<br />
challengé. Parce qu’au-delà du prix, il faut<br />
aussi pouvoir délimiter clairement le périmètre<br />
de la reprise et ses modalités pratiques.<br />
L’un de mes conseils est de pouen<br />
mitigeant le risque. « L’idée étant de rendre<br />
le financement le plus supportable possible, on<br />
peut mentionner la clause d’earn out », précise<br />
François Mousel. Cette clause permet de faire<br />
verser par le repreneur un complément de prix<br />
en fonction des performances futures de l’entreprise.<br />
La première partie est payable au jour<br />
de la cession et la seconde sera payée plus tard,<br />
dans un délai d’un à trois ans par exemple, en<br />
fonction des performances enregistrées par<br />
l’entreprise. Ainsi, si les prévisions annoncées<br />
par le cédant se réalisent, ce dernier obtiendra<br />
le solde complet. Cette partie complémentaire<br />
et variable rassure le repreneur ainsi que ses<br />
financiers, et témoigne de la confiance du cédant<br />
dans le potentiel de son entreprise. » Dans<br />
d’autres cas, le cédant peut accepter d’être payé<br />
de manière fractionnée. C’est ce qu’on appelle<br />
la clause du « vendor loan ». L’acquéreur paie<br />
progressivement sa dette comme si le cédant<br />
lui avait accordé un prêt…<br />
D’autres formes de reprise existent comme<br />
le Management Buy-Out (MBO), l’un des<br />
exemples bien connus au Luxembourg étant<br />
le rachat par René Elvinger en 2011, de Cebi<br />
International, groupe pour lequel il travaillait<br />
depuis 35 ans… « Dans la pratique, plutôt que<br />
ce genre d’opération ponctuelle menée rapidement,<br />
on assiste davantage à des transmissions<br />
progressives du ou des associés<br />
fondateurs vers un ou plusieurs membres de<br />
l’équipe de management en place. »<br />
Vient alors le cas particulier de l’entreprise<br />
familiale, un modèle très couru au Luxembourg.<br />
« Là encore, chaque cas est différent,<br />
de la petite boulangerie à Ettelbruck à l’entreprise<br />
familiale qui occupe plus de deux cents<br />
personnes, de l’entreprise en première génération<br />
à celle passant de la 3 ème à la 4 ème génération.<br />
Toutefois, on observe souvent une<br />
même volonté forte de transmettre au sein de<br />
la famille, avec des membres familiaux actifs<br />
dans la gestion quotidienne de l’entreprise »,<br />
constate François Mousel.<br />
PROMOUVOIR LE DIALOGUE<br />
AU SEIN DE LA FAMILLE<br />
En 2016, alors âgé de 33 ans, Antoine Clasen<br />
a pris la succession de son père, Hubert<br />
Clasen, à la direction générale de l’entreprise<br />
Bernard-Massard. « Mon père est alors<br />
devenu président du conseil d’administration<br />
», explique le jeune chef d’entreprise.<br />
« À un moment donné, j’ai dû faire le choix<br />
de rejoindre l’entreprise familiale ou non.<br />
Mais à 23 ou 24 ans, après des études financières,<br />
j’avais d’autres choses en tête. Même<br />
si inconsciemment ma décision était prise, je<br />
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Le magazine de la confédération luxembourgeoise du commerce