Connect N°03 09_2018

Carte Blanche
BUSINESS MEDIA
09.2018
À PROPOS DE L’URGENCE
D’UN CADEAU ELECTORAL
frontaliers travaillent dans les secteurs privés
exposés aux aléas économiques est ainsi délibérément
approfondie.
Le considérable coût budgétaire de cet accord
augmentera structurellement les dépenses
publiques alors que l’on sait déjà que les finances
publiques ne sont pas soutenables à
politique constante. Le secteur privé devra,
d’une façon ou d’une autre, financer les cadeaux
électoraux déplacés.
Les inévitables « contagions » entre accords
salariaux dans la fonction publique et les
rémunérations des secteurs parapubliques
(notamment les professions de la santé et du
secteur « dépendance ») vont renchérir à nouveau
la facture pour les personnes physiques,
pour les entreprises et pour les caisses de la
Sécurité sociale.
On doit finalement regretter aussi que, par pur
calcul politique, le gouvernement actuel enlève
la marge de manœuvre au gouvernement
futur en prenant des décisions qui auront un
impact politique et financier fondamental au
cours de la prochaine période législative.
Jean-Jacques Rommes
Il ne reste qu’à espérer que le futur gouvernement
prendra en compte l’enjeu que représentent
de tels accords pour l’évolution future
de notre modèle socio-économique et agira
en conséquence. Mais cet espoir-là ne vaut
pas qu’on parie sur lui.
TEXTE : JEAN-JACQUES ROMMES
IMAGE : UEL
e gouvernement n’a pas fini de surprendre
Lcomme il le prouve par le récent accord
salarial signé entre le ministre de la Fonction
publique et la CGFP.
Alors qu’il n’y avait aucune urgence d’une
nouvelle négociation salariale et que le gouvernement
avait affirmé à plusieurs reprises
ne pas vouloir s’incliner devant la revendication
de la CGFP d’abolir la règle dite du
« 80-80-90 », il a finalement résigné devant
la pression exercée par les représentants des
fonctionnaires. La mesure ne vient pas seulement
à contretemps, elle est aussi contreproductive
à plusieurs niveaux.
Cet accord ne manquera pas de creuser davantage
le différentiel existant entre les salaires
initiaux dans la fonction publique
et ceux du secteur privé, pouvant aller du
simple au double. Les aspirations salariales
excessives du secteur public le mieux payé
au monde pèsent ainsi sur les entreprises privées
qui doivent faire face à la concurrence.
L’accord fait fi de l’idée d’un stage impliquant
une formation et une adaptation à une fonction
et néglige ainsi totalement les réalités
professionnelles du terrain.
Le clivage entre étrangers et Luxembourgeois,
ces derniers délaissant le secteur privé pour
se diriger vers la fonction publique, se creuse
encore. L’évidente fissure dans la cohésion sociale
du pays qui fait que les électeurs gâtés
par la surenchère électorale travaillent dans le
secteur public et que les résidents étrangers et
08 - CONNECT
Le magazine de la confédération luxembourgeoise du commerce