Production Maintenance N° 66
Des solutions sur "mesure" pour la maintenance ?
Des solutions sur "mesure" pour la maintenance ?
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PRÉVENTION DES RISQUES<br />
SPÉCIAL PRÉVENTICA MARSEILLE<br />
BONNES PRATIQUES<br />
S’affranchir des risques<br />
de polyexposition à travers<br />
une démarche globale<br />
L’institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et maladies<br />
professionnelles (INRS) a publié fin 2018 un état des lieux des actions menées sur la question de la<br />
polyexposition… Un phénomène quasi-omniprésent dans l’industrie, en particulier dans les métiers de la<br />
maintenance. Détails…<br />
En novembre dernier, l’INRS et plusieurs partenaires tels<br />
que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses),<br />
la Direction de l’animation de la recherche des études<br />
et des statistiques (Dares), Santé publique France et l’Agence<br />
nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact)<br />
ont publié un rapport dans le cadre du plan Santé au travail<br />
de l’État 2016-2020. Intitulé « Action 111 Amélioration et<br />
prise en compte de la polyexposition », ce rapport de plus<br />
de soixante-dix pages a pour objectif de dresser un état des<br />
lieux des principales initiatives institutionnelles menées sur<br />
la polyexposition en santé au travail.<br />
Plus précisément, l’idée était de synthétiser l’ensemble de<br />
ces actions et des données à la fois scientifiques et reposant<br />
sur des retours d’expérience en la matière, qu’il s’agisse de la<br />
recherche, de l’ingénierie ou de la formation à la prévention des<br />
risques. « Nous en sommes aujourd’hui à la phase d’acquisition<br />
des connaissances car on a affaire à des sujets et des solutions<br />
particulièrement complexes », précise Nicolas Bertrand, ingénieur-conseil<br />
en prévention des risques professionnels et pilote<br />
de la thématique Polyexposition au sein de l’INRS.<br />
QU’APPELLE-T-ON « POLYEXPOSITION » ?<br />
Synonyme de « multi-exposition », la polyexposition est la prise<br />
en compte de l’ensemble des risques auxquels est exposé l’opérateur<br />
(qu’il s’agisse des substances chimiques, des agents biologiques,<br />
des risques physiques comme les chutes, les nuisances<br />
sonores ou autres, sans oublier les facteurs psycho-sociaux).<br />
« Il est rare qu’on ne soit exposé qu’à un seul risque, si bien que<br />
l’on distingue, dans la définition même de la polyexposition, les<br />
risques de mêmes natures et les risques de natures différentes »,<br />
explique Nicolas Bertrand.<br />
Sans surprise, ces risques concernent en grande partie l’industrie<br />
dans la mesure où les installations produisent bien souvent<br />
plusieurs types de substances chimiques, à la fois celles utilisées<br />
dans les process comme les solvants de différentes natures, mais<br />
aussi une fois que la production est lancée où d’autres agents<br />
chimiques apparaissent, sans oublier la maintenance qui utilise<br />
des solvants et des graisses parfois dangereuses pour la santé.<br />
On assiste donc à une double exposition. Autre exemple, des<br />
substances chimiques peuvent être toxiques et audio-toxiques ;<br />
celles-ci peuvent en effet attaquer l’oreille interne. Un exemple<br />
parmi tant d’autres de cas de polyexposition que l’on trouve<br />
notamment dans l’industrie métallurgique ou encore dans<br />
l’industrie mécanique ; « il nous arrive de mener des études de<br />
recherche afin de mesurer la propriété de l’oreille et détecter des<br />
risques dans le but de mettre en place des actions spécifiques »,<br />
poursuit l’ingénieur-conseil.<br />
De même, l’exposition aux agents biologiques et chimiques est<br />
particulièrement répandue dans l’industrie des déchets du recyclage.<br />
Or il s’agit d’un marché en pleine croissance qui voit naître<br />
de nombreuses installations de valorisation de bio-déchets ; les<br />
opérateurs s’exposent à des substances chimiques issues de produits<br />
de nutrition auxquelles s’ajoutent des micro-organismes comme<br />
les moisissures. Celles-ci génèrent à leur tour des microtoxines<br />
à l’exemple des allergènes biologiques qui, mélangés à d’autres<br />
substances chimiques, peuvent s’avérer beaucoup plus graves que<br />
de simples allergies. Or beaucoup d’opérations de production et<br />
de maintenance sont effectuées manuellement.<br />
74ı PRODUCTION MAINTENANCE • <strong>N°</strong><strong>66</strong> • juillet-août-septembre 2019