ECOTOURISME, ECOVILLAGE EN AFRIQUE DE L'OUEST ... - TEC

ailleurs, la plupart des musées sont sous la
tutelle du Ministère de la Culture et non du
Ministère de l'Education Nationale et de la
Recherche scientifique. C'est ainsi. Mais revenons
à notre propos.
Après avoir succinctement résumé les conditions
qui doivent prévaloir pour mettre en
place un programme écotouristique, il me reste
maintenant à définir les deux objectifs du projet.
L'objectif prioritaire à atteindre est de faire
coïncider une demande extérieure avec une
attente locale des populations, dont la préoccupation
revêt une double nature :
� préoccupation « économique » d'abord,
en tirant une ressource du mouvement touristique
;
� préoccupation « patrimoniale » ensuite,
en se réappropriant un espace qui a souvent été
retranché par la force ou sans qu'un « deal »
n'ait été passé entre les deux partenaires, la
communauté villageoise et le pouvoir de
l’administration en place, quelle soit coloniale
ou nationale.
L'objectif secondaire , qui apparaît en clair
dans le préfixe « éco », est la prise de conscience
des populations . Il sera atteint par
ricochet.
Cet objectif dit secondaire est en fin de compte
le but essentiel à atteindre, mais il ne peut être
qu'un objectif à long terme, car il faut nécessairement
amorcer le système.
Seule la ressource écotouristique pourra
faire échec au pillage actuel de la nature.
Seule la réussite de l'écotourisme pourra re -
donner aux villageois une dignité qui les
aidera à regarder autrement leur milieu et
leur cadre de vie, cet héritage légué par les
anciens et entretenu par eux.
Ce n'est qu'après la réussite de l'opération économique
que la communauté villageoise prendra
conscience de la valeur de son potentiel
naturel et de son patrimoine culturel. Ce dernier
se matérialise par des pratiques et par des
savoir-faire qui aboutissent à une construction
de paysages, trouvant sa pleine harmonie dans
l'architecture et dans la configuration de deux
lieux privilégiés : le village et le terroir.
C'est là le génie des civilisations traditionnelles
rurales africaines, qui a séparé dans une cohabitation
souvent harmonieuse le domestique et le
sauvage. C'est cet ensemble ou ce qu'il en reste
aujourd'hui qu'il faut présenter aux touristes
après l'avoir mis en scène et magnifié.
Avant de laisser la parole au prochain intervenant,
je souhaiterais demander à Monsieur le
Ministre de bien vouloir accepter d'ouvrir à nouveau
le dossier « écotourisme et écovillage »
autour de la station de Lamto. Je rappelle simplement
l'intérêt du site au contact forêt-savane,
l'énorme travail d'inventaire réalisé par les centaines
de chercheurs qui se sont succédé à la
station depuis 1962, l'attente des populations des
deux principaux villages, Ayéremou et Zougoussi,
qui ont cédé leur terre lors de l'établissement
de la station.
Il serait très facile et relativement peu coûteux
de créer une petite structure muséographique, un
conservatoire ethnobotanique, tourné surtout
vers les variétés locales fruitières et légumières,
un mini parc zoologique où seraient présentées
quelques espèces sauvages menacées ou utilisées
régulièrement par l'homme dans son alimentation.
Il serait facile également de faire découvrir la
flore par la création de sentiers botaniques et de
raconter le travail des hommes et leur effort dans
le but de domestiquer la nature et d'aménager le
territoire. Enfin, je n'oublie pas la mise en place
de petites structures d'accueil, de restauration et
d’hôtellerie, qui seraient également gérées par
les villageois. Je suis convaincu que les deux villages
se mobiliseraient immédiatement pour
réaliser ces objectifs et que de nombreux jeunes
gens, garçons et filles, seraient heureux de participer
à cette expérience, à la fois gratifiante et
intéressante sur le plan économique.
J'ajoute que l'installation récente d'une grande
plantation d'ananas ne doit pas être considérée
comme quelque chose de négatif. Il faut simplement
l'intégrer à l'environnement et la considérer
comme un agro-système qui constitue un
nouveau paysage intéressant à découvrir et à
connaître.
Il me semble que le temps est venu d'agir. De
nombreuses expériences ont été menées en Côte
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